As de la Spa 90

Aéronautique, unités, avions & aviateurs
alain13
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Re: As de la Spa 90

Message par alain13 »

Bonjour à tous, bonjour Claude,

De par leur situation, Ambrogi et Bizot doivent être éliminés d'entrée.
Quant au pilote en question le nombre de victoires annoncé (homologuées ou pas), est le sien, et a peu de chances de correspondre exactement aux chiffres officiels.
Compte tenu du nombre de pilotes ayant contesté une non homologation par manque de témoignages autres que le leur, (et puis les ballons, c'est à un, à deux, même à trois ...), il se peut que celui-ci ait rajouté deux victoires qui lui sont effectives, même non homologuées.
En tout état de cause (et si les renseignements de Philippe sont fiables), un seul pilote à mon sens, Jean Pezon, reste en course.
Il faudrait bien sûr retrouver des traces de sa carrière dans l'Aviation, au delà de 1919 (rien sur Leonore) pour avoir confirmation (ou pas)...
Je pense aussi que Philippe, jusque là muet, pourrait donner quelques précisions sur le document dont il dispose.

Cordialement,
alain

Merci à Doudou pour le renseignement.
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dtb
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Re: As de la Spa 90

Message par dtb »

Salut à tous,

Je confirme que c'est bien Pezon. Il a été affecté à la SPA 103 en 1919.

Cordialement
DTB
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bruno10
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Re: As de la Spa 90

Message par bruno10 »

Bonjour
Suggestion: peut-étre l'auteur de la lettre a apposé sa signature ?
Suffirait de comparer avec celle de sa fiche MDH
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... em_zoom=31
alain13
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Re: As de la Spa 90

Message par alain13 »

Bonjour à tous,

L'aboutissement au pilote Jean Pezon résultait d'une série d'impossibilités concernant tous les autres pilotes de la 90 et de la 103.
Donc, Pezon ou pas, mais en tout cas personne d'autre.
Merci à David pour la confirmation.

Cordialement,
alain

Ce serait sympa que Philippe nous en apprenne un peu plus sur son document ...
DOUDOU44
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Re: As de la Spa 90

Message par DOUDOU44 »

Bonsoir !
D'après l'ouvrage édité par le S.H.A.A., Jean PEZON livre combat à deux monoplaces qu'il abat près de PARROY, le 24 mars 1918. Mais le troisième témoignage obligatoire pour homologuer ces victoires ne vint pas.
Bien à vous.
DOUDOU44
alain13
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Re: As de la Spa 90

Message par alain13 »

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tattu
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Re: As de la Spa 90

Message par tattu »

bonsoir
Vous avez une photo de Jean Pezon dans le tome I de D Porret page 251
cdlt olivier
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dtb
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Re: As de la Spa 90

Message par dtb »

bonsoir
Vous avez une photo de Jean Pezon dans le tome I de D Porret page 251
cdlt olivier
Oh là là, Porret... :sarcastic:

Ses deux bouquins ont pas mal d'erreurs. Mais à sa décharge n'a sans doute pas eu accès à tous les documents qu'on a à notre disposition aujourd'hui et semble ne s'être basé que sur les citations pour établir les palmarès. Mais malgré cela, il y a toujours un truc qui m'insupporte : un ton empesé, lourd, lourd, lourd... Un mot savant me vient : thuriféraire. Un ton plus neutre n'aurait pas nui à ses ouvrages. Enfin, c'est mon avis que je partage avec moi-même.

Mais pour en revenir à Pezon, voici ce que j'ai rassemblé sur le bonhomme, en prenant pour source son dossier individuel au SHD. C'est dommage qu'il n'ait pas été interrogé par les gens du service histoire orale SHD, car il est décédé en 1980 et aurait eu des tas de trucs à nous dire.

Jean Pezon

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Fils d’avocat ayant grandi aux colonies

Jean André Pezon nait le 10 mars 1898 à St-Pierre-le-Moutier dans le département de la Nièvre, dans un milieu aisé puisque son père exerce la profession d’avocat. Il semble qu’il n’y soit pas resté très longtemps car son nom n’apparaît pas sur les listes du recensement de 1901 de cette commune : ses parents se sont probablement installés en Tunisie, où on le retrouve le 4 septembre 1915 quand il vient à la mairie de Tunis contracter un engagement volontaire pour la durée de la guerre, alors qu’il est à peine âgé de 17 ans.

Engagé volontaire à 17 ans

Incorporé le 11 septembre 1915 au 5e régiment d’artillerie d’Afrique comme canonnier conducteur de 2e classe, il est muté le 15 janvier 1916 au 58e régiment d’artillerie de campagne puis le 19 février 1916 au 5e groupe d’artillerie de campagne d’Afrique, où il sert sur le front au bois des buttes à Verdun et se distingue en obtenant une citation à l’ordre de son régiment qui lui est décernée le 26 mars 1917 : « Téléphoniste plein de courage et d’entrain. Toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses. S’est particulièrement distingué le 20 septembre 1916 sur la Somme en installant et entretenant une ligne téléphonique avancée sous un bombardement intense de projectiles de 15 centimètres. »

Il n’est plus dans son unité quand il reçoit cette citation : s’étant porté volontaire dans l’aviation, il a été accepté comme élève-pilote le 28 février 1917. Après avoir rejoint l’école de Dijon pour y suivre une formation théorique, et part ensuite à l’école de pilotage d’Etampes le 12 mars 1917 où il obtient son brevet de pilote militaire (n° 6 487) le 22 mai suivant.

En escadrille

Il gagne ensuite l’école d’Avord le 7 août 1917, où il est promu au grade de brigadier, puis l’école d’acrobatie de Pau le 3 septembre 1917 où il est formé au pilotage des avions de chasse Nieuport. Il est ensuite envoyé au Groupement des Divisions d’Entrainement (GDE) le 1er octobre 1917 et ne reçoit que le 1er janvier 1918 son affectation dans une unité opérationnelle, l’escadrille N 90 du capitaine Pierre Weiss qui stationne sur le front de Lorraine et dont les appareils sont décorés d’un coq de bruyère.

Le secteur est réputé assez calme et l’escadrille est encore dotée de Nieuport 24 et 27 quelque peu dépassés. Le capitaine Weiss n’effectue pas de vols opérationnels… Mais promettra à ses pilotes des médailles s’ils lui rapportent des victoires. Le message sera entendu et un petit groupe d’entre eux, le S/Lt Marius Ambrogi, le MdL Maurice Bizot et l’Adjudant Macé auxquels se joindra Pezon, vont accumuler les victoires contre les ballons captifs allemands, les Drachen. Ils constituent une proie abondante un ciel de Lorraine peu fréquenté par les avions allemands et théoriquement faciles à viser, mais difficile à abattre en raison de la très forte DCA qui les protège, quelquefois renforcée d’avions de chasse patrouillant à haute altitude.

Plusieurs victoires non homologuées

Pezon entame sa carrière opérationnelle en obtenant plusieurs succès qui ne lui seront pas homologués. Ainsi le 24 mars 1918 vers 15h15 il tire un biplace sur Château-Salins en compagnie du MdL Bizot et du caporal Sullivan, qui ne leur sera pas compté. Promu maréchal des logis le 16 mars, il récidive le 24 mars sans plus de succès en s’attaquant à un chasseur ennemi revendiqué à Parroy avec l’Adjudant Macé.
C’est le 27 mars 1918 qu’il réalise sa première attaque de Drachen en tirant deux d’entre eux sans parvenir à les enflammer, mais dont il voit les observateurs sauter en parachute. Le 30 mars, il mitraille un train de permissionnaires quittant la gare de Château-Salins et revient avec son Nieuport criblé de balles. Un médecin alsacien enrôlé dans l’armée allemande, le docteur Wolff, témoignera après la guerre qu’ « Au mois de mars il a été évacué sur Strasbourg un transport de 17 morts et 28 blessés ayant fait partie d’un train de permissionnaires qui avait été mitraillé au départ de Château-Salins par avion Nieuport français ».

Pezon reçoit sa première citation à l’ordre de l’aéronautique pour cette mission et continue ses attaques au sol le 4 avril où il mitraille avec Macé des détachements d’infanterie sur lesquels ils viennent de lâcher des tracts… Il combat un avion de chasse ennemi le 2 mai 1918 et un autre le 16 mai à Goincourt, parmi un groupe de six adversaires, et ne sera pas homologué bien qu’il affirmera avoir eu la certitude de le voir tomber. Mais il a sa revanche le lendemain 17 mai en obtenant son premier succès homologué contre un Drachen, attaqué à Juville avec le S/Lt Ambrogi. Les deux aviateurs français mitraillent même férocement l’observateur qui saute en parachute et qui d’après les archives allemandes a pu en réchapper car on ne trouve aucune perte humaine répertoriée dans les archives du Balloonzug 143 qui reconnait en revanche la perte d’un ballon.

Image

Écarté du front suite à un accident

Cependant, aussi intense que puisse être la guerre aérienne, elle n’est pas sans risque pour les pilotes français. Quelques jours plus tard, le 21 mai 1918, Pezon patrouille avec Macé et Ambrogi et attaque avec eux un biplace allemand à Juville dont le mitrailleur arrière se bat avec acharnement. Son tir touche l’avion de Pezon en lui coupant des câbles de cellules, l’obligeant à abandonner le combat et à rentrer péniblement à Lunéville où il s’écrase.
Pezon se relève de l’épave passablement secoué et va souffrir de vertiges et torticolis, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre le combat dans l’immédiat et de remporter une seconde victoire officielle en incendiant le 25 juin 1918, en compagnie du S/Lt Ambrogi, un Drachen qui explose à 17h40 sur la commune de Goin-en-Moselle. Les archives allemandes confirment la perte d’un Drachen du Balloonzug 152.

Notre pilote est promu adjudant ce même jour mais souffre de plus en plus. Le capitaine Weiss l’envoie alors le 29 juin 1918 consulter son propre père, le professeur Weiss, doyen de la faculté de Nancy, qui lui diagnostique un léger traumatisme à la tête et la colonne vertébrale et lui prescrit un long repos. Quittant l’hôpital le 4 juillet 1918, il part le 8 juillet 1918 pour une longue permission.

Engrange des victoires deux mois avant l’armistice

Il ne reprendra sa place en escadrille que le 31 août 1918, à une date où l’armée allemande reflue de toutes parts et où la fin des combats ne fait aucun doute. Cela n’empêchera pas notre jeune pilote de 20 ans de multiplier les missions et d’engranger les victoires. Dès le 2 septembre 1918, il flambe son 3e Drachen (du Balloonzug 36) à 9h30 sur la commune de Geline, en compagnie d’Ambrogi et de Bizot, opération qui ne s’est pas faite sans quelques frayeurs comme en témoignera l’intéressé : « Le 2 septembre 1918, autre attaque d’une saucisse. Je passe après Ambrogi sur le Drachen de Geline, nous ouvrons le feu à bout portant. Je n’avais pas vu l’incendie s’allumer sur l’autre côté du Drachen. Après une rafale, au moment où j’allais la sauter, la flamme s’éleva brusquement. Je n’eus pas le temps de l’éviter. Je fermais les yeux. Une sensation de chaleur inoubliable. J’étais passé, le fuselage de mon SPAD était quelque peu roussi. L’homologation de ce Drachen fut une compensation à cette frousse. »

Un pilote de l’escadrille de reconnaissance SAL 50, le pilote Jean Dumont, est témoin du retour : « après avoir reçu un éclat dans la joue, J. Pezon perd connaissance et son appareil traverse en vrille les flammes de la saucisse. Reprenant ses sens, il redresse à quelques mètres du sol. Il souffre tellement que sans attendre, il saute à terre non loin de moi. Il était alors adjudant. » Il rapporte également que Pezon, qui se taille une réputation de spécialiste de l’attaque des Drachen que les français appellent aussi « Saucisses », est alors surnommé couramment « Le charcutier » !
Il abat un nouveau Drachen, seul, le lendemain 3 septembre toujours à Goin-en-Moselle (Balloonzug 152) d’où il revient avion criblé et réservoir crevé. Un autre suit le 15 septembre à Avricourt, où il doit également mettre en fuite un chasseur allemand de protection.

Il compte maintenant 5 victoires homologuées et devient officieusement un « as » mais n’en tire aucune publicité car le seuil pour être cité nommément au communiqué aux armées a été fixé à 10. Mais la guerre n’est pas encore terminée… Le lendemain 16 septembre 1918 commence une patrouille fructueuse avec le S/Lt Ambrogi et le caporal Rivière. Les trois pilotes font exploser à Cirey un Drachen du Balloonzug 141 vers 10h30 mais Rivière est descendu par la DCA et doit se poser dans les lignes allemandes où il est capturé. Ambrogi et Pezon s’attaquent alors à un biplace cinq minutes plus tard qui est descendu à Allarmont mais ne leur sera pas homologué (les archives allemandes confirment pourtant la perte d’un appareil du FA 10 sur le secteur) ; puis Pezon, infatigable, tire ses dernières cartouches sur un nouveau Drachen sans parvenir à l’enflammer.

« Le charcutier »

Pezon est alors décoré de la médaille militaire le 28 septembre 1918. Il détruira deux nouveaux Drachen les 10 octobre (Balloonzug 36, à Geline) et le 21 octobre 1918 (Balloonzug 217, Avricourt), portant son score à 8. Les allemands apprennent à se méfier du « charcutier » et de ses camarades qui font flamber leurs saucisses et leur tendent alors un piège : « Le 27 octobre 1918, un traquenard m’était réservé. Temps superbe, Macé et moi nous patrouillons. A 150 m une saucisse nous frappe. Il me la signale, je lui réponds. Nous passons les lignes et nous piquons droit sur elle. Chose que je n’ai jamais comprise, elle descendait plus vite que nous. Nous la rattrapons au treuil. Aucun observateur n’avait sauté. Une cinquantaine de mitrailleuses la gardaient. Nous fûmes pris dans un jet de traçantes d’une intensité inouïe. La saucisse ne brûle pas mais en revanche Macé a 34 balles dans son appareil. Comment sommes-nous revenus ? Je ne saurais le dire, ce n’était pas l’heure. »

A deux semaines de l’armistice Pezon va remporter ses derniers succès, en descendant avec l’adjudant Macé un biplace Hannover CL au Nord de Champenoux le 28 octobre (un avion du FA 266), puis le lendemain un dernier Drachen avec l’adjudant Bizot et le caporal Alliot. Les archives allemandes mentionnent effectivement l’attaque à 15h04 d’un Drachen du Balloonzug 62 mais précisent qu’il n’a pas été enflammé.

Dernier as du communiqué

Ces deux victoires aériennes sont néanmoins dûment homologuées et valent à Pezon d’atteindre le total de 10 succès, ce qui lui vaut l’honneur, en compagnie de son camarade Macé, d’être le dernier as français à être cité au communiqué aux armées le 30 octobre 1918. Il en tire une certaine célébrité car ce communiqué est repris par les journaux nationaux. Comme beaucoup d’aviateurs, il va fêter l’armistice à Paris comme en témoigne le pilote Charles Dumont : « Comme nous voyagions ensemble à Paris, il fut porté en triomphe par les gens qui avaient aperçu toutes ses décorations. »

Il termine la guerre avec 160 missions à son actif représentant 263 heures de vol sur les lignes ennemies. Mais en plus de ses décorations il a également ramené sa blessure du 21 mai qui le suivra toute sa vie durant. Souffrant toujours de vertiges, il doit entrer à l’hôpital du 27 novembre au 9 décembre 1918. Il revient ensuite à son escadrille qui stationne en Allemagne occupée, réalisant un convoyage d’un avion allemand capturé du 18 au 25 janvier 1919.

Maintenu dans l’armée d’active

Il peut bénéficier d’une longue permission du 5 février au 10 mars et peut voir sa photo figurer dans la revue spécialisée « La guerre aérienne illustrée » de Jacques Mortane, lequel s’insurge qu’un tel as ne soit pas décoré de la légion d’honneur. C’est pourtant chose faite le 20 juin 1919 où il reçoit la décoration de chevalier, puis se voit accorder le 9 juillet une nouvelle permission de 32 jours au cours de laquelle il apprendra sa nomination au grade de sous-lieutenant à titre définitif le 9 août.

En 1919 l’armée ne sait que faire de ses pilotes et les démobilise à tour de bras. Néanmoins, Pezon, avec son passé d’as de guerre et ses nouveaux galons d’officier, est admis sur sa demande à rester dans l’armée d’active et est alors muté à la prestigieuse escadrille SPA 103, l’escadrille de Fonck. Il reste qu’un jeune pilote enthousiaste de vingt ans ne fait pas forcément un bon officier en temps de paix, comme le notent à plusieurs reprises ses nouveaux supérieurs qui louent sa témérité mais soulignent le besoin qu’il a d’être « sérieusement dirigé ». Envoyé au mois de décembre 1920 en école d’application d’artillerie, il revient de son examen avec des notes particulièrement médiocres qui montrent son manque de sérieux que déplorent ses chefs. Il poursuit néanmoins sa carrière dans l’active en étant promu lieutenant le 16 août 1921 ; puis, le 19 mai 1922, il obtient l’autorisation de ses supérieurs pour se marier à Paris avec Mlle Elefterie Kyriacopoulos.

Une carrière de planteur colonial

En 1923 il déclare devoir abandonner l’aviation en raison de ses vertiges et torticolis persistants. Il obtient alors le 24 juin 1923 un congé avec solde d’absence pour se rendre à Conakry en Guinée (alors colonie française) pour y entamer une carrière de directeur d’une plantation de bananes et d’ananas située à Linsan (cercle de Kindia) qui emploiera jusqu’à 175 personnes. Son congé de l’armée sera ainsi plusieurs fois prolongé pour aboutir sur une démission de l’armée d’active qui sera accordé le 22 août 1928.

Sa société ayant ses bureaux à Marseille, il se rend périodiquement en France durant les années 1920 et 1930 tout en ayant de la famille en Tunisie, et se signale en 1932 en effectuant une période d’entrainement volontaire au Bourget où il démontre qu’il n’a rien perdu de ses qualités de pilote. Comme le souligne le commandant Pelletier Doisy, chef de l’aviation de l’Afrique Orientale Française, Pezon possède un petit avion de tourisme avec lequel il vole fréquemment autour de sa plantation.

Maintenu dans le personnel naviguant de l’armée de l’air en étant classé « B » (c’est-à-dire apte à l’aviation de bombardement) le 27 mars 1934, il sera promu officier de la légion d’honneur en 1936, puis nommé capitaine de réserve le 14 juillet 1937.

Chef d’une escadrille côtière d’AOF en 1939

Quand survient la seconde guerre mondiale, le capitaine de réserve Jean Pezon est rappelé en activité et affecté sur la base de Thiès, près de Dakar, au Sénégal. Pelletier-Doisy lui confie le commandement de l’escadrille n°2 équipée de Potez 25 et chargée d’effectuer des missions de patrouille côtière. Il réalisera alors effectivement 26 missions de guerre totalisant 110 heures de vol durant cette période. Le 17 mai 1940, alors que l’attaque allemande a lieu sur la France, l’état-major de Dakar décide de son envoi en métropole mais cet ordre ne pourra être exécuté qu’après l’armistice, le 19 juillet. Il embarque alors sur le navire « Ville d’Alger » qui le débarque trois jours plus tard à Casablanca au Maroc, où il est pris en subsistance par le bataillon de l’air n°209 et finalement affecté comme officier adjoint au chef du parc aérien local.

Tombé malade au Maroc, sa convalescence, combinée au manque de moyens de transports, retarde son retour en AOF et sa démobilisation qui survient le 17 avril 1941. De retour à sa plantation, il se serait, selon le général Corniglion-Molinier, montré résolument hostile à l’armistice et au gouvernement de Vichy et aurait contribué à favoriser le départ d’officiers souhaitant rejoindre le général de Gaulle. Il aurait ainsi été en contacts avec les cercles pro-gaullistes de la colonie qu’il aurait tenté de rallier à la France libre. Après que l’AOF ait rejoint les alliés suite au débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942, Pezon est rappelé sous les drapeaux à sa demande le 10 février 1944. Il sert à l’État-major de l’armée de l’air en AOF, comme officier de liaison auprès des armées anglo-américaines, puis, le 21 mai 1944, embarque de Dakar pour Casablanca. Il y arrive 10 jours plus tard et est de nouveau pris en compte par le dépôt du personnel 209. Détaché à l’état-major général de la zone, est affecté à un emploi administratif.

Sur le front d’Alsace en 1945

Promu commandant de réserve le 24 juin 1944, il est nommé le 28 septembre suivant commandant-adjoint de la base aérienne n°320 d’Alger. Puis, le 27 novembre 1944, il est nommé à la tête de la Compagnie de Révision et de Réparation (CRR) n°86, une petite unité technique qui est envoyée participer à la campagne d’Alsace à partir du 19 mars 1945.

Le commandant Jean Pezon quittera son commandement le 13 août 1945, après la capitulation de l’Allemagne. Si on sait assez peu de choses sur la compagne de la CRR 86, la manière de servir de son commandant est connue et laisse quelque peu à désirer, comme l’indique la notation cinglante du colonel Boulmer, commandant du secteur de l’air n°3, le 21 août 1945 : « A encore montré de belles qualités de soldat lors du bombardement de son unité par l’artillerie ennemie en mars 1945. N’a par contre pas les qualités requises pour exercer le commandement de l’unité technique qui lui était confiée, dont le rendement, bien que d’une importance capitale, s’est révélé nettement insuffisant ».

Pezon n’aura de fait aucune décoration pour son action durant la seconde guerre mondiale et est démobilisé le 5 décembre 1945 à Dakar-Ouakam où il a débarqué le 6 octobre précédent. Il est placé dans les réserves de l’air d’AOF et déclare se retirer à Conakry dans la plantation Makam.
Il sera promu au grade de lieutenant-colonel de réserve le 1er janvier 1952 et l’armée de l’air note une nouvelle adresse à Marseille à la fin de l’année. C’est là qu’il obtiendra sa promotion au rang de commandeur de la légion d’honneur le 31 décembre 1952 – son dossier, patronné par le général FFL Corniglion-Molinier, mentionne ses opinions gaullistes pendant la seconde guerre mondiale.

Il retournera dans sa plantation en 1953 avant de la quitter définitivement en 1958, expulsé par le gouvernement de Sékou Touré qui souhaite une rupture radicale avec l’ancienne puissance coloniale. Rayé des cadres de l’armée de l’air l’année suivante du fait de la limite d’âge, il se retirera sur la côte d’Azur à Vallauris Golfe Juan (près d’Antibes) jusqu’à son décès survenu le 24 août 1980.
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CTP
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Re: As de la Spa 90

Message par CTP »

bonsoir

Etant donnée la bio il faut que ce soit lui!.
Cdlt
Claude
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Re: As de la Spa 90

Message par alain13 »

Bonsoir à tous,

Image


Cette belle photo dédicacée de Jean Pezon (par ailleurs beau gosse de tout juste 20 ans), ainsi qu'un courrier détaillant son activité aérienne, envoyés au docteur Fernand Fossier au début des années 1970, ont été publiés par Ronan (Celt 29) dans le post ci-après.

pages1418/aviation-1914-1918/pilotes-ev ... 2232_1.htm

Il y évoque ses deux fameuses victoires que l'on ne lui a pas homologuées.

Cordialement,
alain
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