Une équation à multiples inconnues

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CTP
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Re: Une équation à multiples inconnues

Message par CTP »

Bonjour

Article de fin décembre 1915 dont je vous propose de résoudre les inconnues.

"Voici maintenant ce que le système actuel s'apprête à en tirer. Voici une brève analyse, succincte, mais exacte, du programme de construction qui vient d'être arrêté. C'est le programme dit de transition, c'est-à-dire de réalisation immédiate. Il indique ce que nous aurons, ou plutôt ce que nous n'aurons pas demain. Et nous n'aurons à la date fixée rien d'autre c'est-à-dire que nous n'aurons rien.

Pour des raisons faciles à comprendre, nous n'avons donné aucun chiffre, aucune puissance de moteur, et nous avons remplacé Ie noms de marques par des lettres, en affectant même, à dessein, des lettres différentes à des types de moteurs ou d'appareils d'une même marque.

Aussi bien la partie statistique de ce travail avec les noms et les chiffres a-t-elle été présentée à la commission aéronautique de l'armée par son distingué rapporteur, M. Flandin.
Le mode de classement, au moins original, est rigoureusement exact

I— Appareils dont le premier exemplaire complet n'existe pas encore

1°- Appareil A, munis d'un moteur B.
2°- Appareils G, munis de moteurs D.
3°-Appareils F, munis d'un moteur B.

Le moteur B, puissant, un peu lourd, mais robuste, et qui a fait ses essais au banc existe.
B a pris part au concours d'octobre sur un appareil d'une autre marque qui ne s'est pas classé. Un troisième type d'appareil, encore différent vole avee ce moteur, mais n'est pas en service.

Le moteur D, chef d'oeuvre de mécanique a été présenté en janvier, et examiné en Juillet. Aussi, vient-il seulement de terminer au banc ses essais très brillants. Il va donc exister industriellement dans quelques mois.
Donc, deux moteurs de type, de poids, de date de livraison, d'emploi différents.
En revanche, unité parfaite des appareils. Aucun n'est construit, fût-ce à un exemplaire.
Les marques qui les étudient sont très sérieuses, mas l'appareil A aura plus du double de puissance que l'appareil le plus puissant construit jusqu'ici par la même marque.
L'appareil C est un multi-moteur dont il n'existe pas encore d'analogue, même de puissance inférieure, dans la marque qui le construit. La puissance passe ici de 1 à 4. Pour l'appareil E, le poids du moteur comparé à celui du type précédent passe de 1 à 3.
Les vitesses d'hélices sont également changées. On peut hardiment parler de problèmes nouveaux ! Les résoudra t'on ? A quelle époque ? Nul ne peut répondre.
Enfin, nous avons un quatrième groupe, ainsi défini : Appareils X, munis de moteur H.
La marque X n'est pas encore désignée, et l'on n'a pas encore fini de dessinerle moteur H.
C'est une double garantie de sécurité pour l'avenir.

II. — Appareils dont un exemplaire existe, mais sans avoir été reçu

1°- Appareils I, munis de moteurs B.
2°- Appareils J. munis de moteurs K.
On connaît le moteur B. Le moteur K n'a pas été, reçu aux essais, mais il est, néanmoins, en service sur d'autres appareils. C'est le développement d'un type très connu.

L'appareil I a pris part au concours d'octobre avec l'appareil J. Tous deux ont été éliminés. L'un d'eux eut un accident. On sait que c'est le concours dont les gagnants ne furent pas choisis.
La marque très sérieuse a d'ailleurs fait ses preuves sur d'autres types d'appareils, moins puissants qui ne sont l'objet d'aucune commande. L'ingénieur-directeur, une des gloires de notre aviation, pilote hors ligne, savant modeste, vient de se tuer avec l'un des deux types d'appareils adoptés aux derniers essais.

II - Appareils nouveaux, voisins de typesexistants.
1° Appareil L, muni d'un moteur K.
L'appareil L est l'adaptation d'un type connu ayant fait ses preuves, avec un moteur moins puissant, au moteur K, qui, nous l'avons explique, est en service, mais n'a pu encore passer ses essais. On a commandé plus de mille moteurs de ce type.
2° Appareil M, muni de moteurs H.
L'appareil, à l'étranger, a fait campagne avec un premier type de moteurs. On a construit l'engin, mais avec deux types de moteurs différents entre eux, et différents du premier. On l'emploiera avec un quatrième type de moteur, inconnu, dont les poids sont différents et dont les essais ne sont pas terminés. Le constructeur déclare, d'ailleurs, qu'avec ces nouveaux moteurs l'appareil ne quittera pas le sol.

3° Appareil 0, muni de moteurs P.
L'appareil et le moteur ont fait ensemble de longues et brillantes campagnes. Ils formaient, dans le projet, le seul ensemble, déjà consacré. Aussi vient-on de décider, immédiatement, de supprimer le moteur qui peut avoir ses défauts (tous en ont, d'ailleurs), et de le remplacer par un autre moteur qui, n'étant pas encore choisi, ne prête à nulle critique.
Tout ce qu'on sait c'est qu'il n'aura ni le même poids, ni la même puissance, ni le même encombrement, ni la même hélice.

4° Appareils R, munis de moteurs S.
Le moteur S fut jadis proscrit, lui aussi.
C'est même pour cela qu'on a modifié le type des appareils M et I. Interdit formellement sur ces avions, nous le retrouvons sur ceux-ci, mais avec une modification nouvelle, naturellement, dans le nombre des moteurs employés.
A proprement parler, le nouvel appareil n'existe pas. Nous admettons, toutefois, qu'on peut l'extraire du premier — ou même simplement y revenir. C'est d'ailleurs prévu au programme.
Et c'est tout. Je n'aurai pas la cruauté inutile d'ajouter un mot de commentaire. ¡ ,

Concluez vous-mêmes !
Le terme de néant n'était pas trop violent pour qualifier, par avance, cette laborieuse gestation d'une organisation anarchique, sans idées générales, sans direction, vouée par avance à la stérilité.
S nous étions encore en paix, j'en aurais ri, peut-être. Nous sommes en guerre, et quelle guerre ! Celui qui voit, qui sait et qui ne dit rien, quand il peut dire, est, à mon avis, moralement complice du mal qu'il laisse s'accomplir.
Je ne le serai point. J'ai analysé ce programme, qui résume toute notre aviation de demain, sans haine, sans parti pris, en donnant même à chacun des éléments inassemblés de ce projet d'irréel les éloges qu'il mérite par le labeur industriel propre qu'il résume, et où vous n'êtes pour rien, vous qui devriez guider et prévoir.

Le bon sens public n'en jugera que plus sévèrement ce que vous en avez composé, et qui est votre œuvre propre.

Voilà ce que la France vous a donné, nous en avons fait le décompte. Voilà ce qu'à la veille de l'effort décisif de la race vous vous apprêtez à lui rendre.
Faites-en le décompte vous-même.
GEORGES PRADE.

Cordialement
Claude
Claude Thollon-Pommerol
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Flamel
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Re: Une équation à multiples inconnues

Message par Flamel »

Bonjour,
une diatribe contre le STAé ...

compliqué d'identifier les inconnues ...

Georges Prade était journaliste au journal "Le Journal". Gallica nous permet de lire l'article complet. C'est le numéro du 26 Décembre 1915.
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fredo64
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Re: Une équation à multiples inconnues

Message par fredo64 »

bonjour à tous,

la seule chose que j'ai pu trouver, ce sont les références exactes de la source: Le Journal, n°8491 du 26.12.1915, p.1 et 2.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7 ... 1.image.r=

ma recherche dans le JORF des débats parlementaires ne donne rien ...

cdlt,
Fred
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CTP
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Re: Une équation à multiples inconnues

Message par CTP »

Bonsoir

C'est bien "Le Journal" du 26 décembre.
Si c'était facile d'identifier les avions et les moteurs je n'aurai pas fait appel à vous.

Un bon exemple des polémiques de l'arrière.
Il est vrai que la "lecture" de la politique de rénovation des avions bien nécessaire fin 1915 n'est pas facile.
GQG, STAé, constructeurs, parlementaires, responsables d'aéronautique d'Armée...ne sont pas en phase...

Cordialement
Claude
Claude Thollon-Pommerol
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