Prime à "l'abattage"...!!!

[Guilhem LAURENT]

Bonjour à toutes et à tous,

Toutes mes excuses préliminaires à celles et ceux qui seraient choqués par le titre de ce sujet qui est un peu limite, j'en conviens. Mais bon, je n'ai pas pu m'empêcher de faire ce jeu de mots.

Voir ci-dessous ce que je viens de trouver dans le Journal officiel du 23 mai 1915 (page 3262). J'ai toujours pensé que la première victoire française avait été celle de l'équipage FRANTZ et QUENAULT le 5 octobre 1914. D'ou mes interrogations :

• D'autres récompenses de ce genre ont-elles vu le jour durant la guerre ?

Merci pour vos éclairages.

Amicalement

Guilhem




DOCUMENT 1

Ministère de la guerre.

Rapport au Président de la République française

Paris, le 19 mai 1915.

Monsieur le Président,

MM. Ratmanoff et Ce, constructeurs d'hélices d'aéroplanes, à Suresnes, ont offert la somme de 1 000 fr. pour être remise, aussitôt après la conclusion de la paix, à l'équipage français ou allié servant dans l'armée française qui, à bord d'un aéronef, aura détruit, le premier, dans les airs, un avion allemand.

Cette libéralité ayant pour but de récompenser un acte d'héroïsme, j'ai l'honneur, monsieur le Président de soumettre à votre approbation le projet de décret ci-joint portant acceptation du don fait par MM. Ratmanoff et Ce.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon respectueux dévouement.

Le ministre de la guerre

A. Millerand.





DOCUMENT 2

Le Président de la République française,

Sur le rapport du ministre de la guerre,
Vu l'article 910 du code civil ;
Vu la loi du 4 février 1901, sur la tutelle administrative, en matière de dons et legs :

Décrète :

Art. 1er. - Le ministre de la guerre est autorisé à accepter, au nom de l'Etat, le don de la somme de 1 000 fr., offerte par MM. Ratmanoff et Ce, constructeurs d'hélices d'aéroplanes, à Suresnes, pour être remise, aussitôt après la conclusion de la paix, à l'équipage français ou allié, servant dans l'armée française, qui a bord d'un aéronef, aura détruit, le premier, dans les airs, un avion allemand.

Cette somme sera le cas échéant, remise aux héritiers ou ayants-droit des bénéficiaires.

Art. 2. - Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel et inséré au Bulletin des lois.

Fait à Paris, le 19 mai 1915.

R. Poincaré.

Par le Président de la République :
Le ministre de la guerre,
A. Millerand.

[spad7]

Bonjour ,

Une autre récompense promise aux aviateurs ...jamais vu !..

[spad7]

.........Très Cordialement... juste un petit oubli

J-C

[Guilhem LAURENT]

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour J-C,

Merci beaucoup pour ce document.

Amicalement

Guilhem

[bruno10]

Bonjour à tous

"Toutes mes excuses préliminaires à celles et ceux qui seraient choqués par le titre de ce sujet qui est un peu limite, j'en conviens. Mais bon, je n'ai pas pu m'empêcher de faire ce jeu de mots."

Bon ,je trouve effectivement que c'est plus que limite...'
J'aurai préféré plutôt "prime de mérite" ou 'prime à la casse" même si c'est moins parlant, ne serait-ce que par respect pour ceux qui se sont fait tuer qu'on aurait tendance a assimiler pour du bétail avec votre titre
bon ce n'est simplement que mon avis perso

Cordialement
Bruno

[gerault]

En même temps, il faut remettre les choses dans leur contexte et même si, lorsqu'il se faisait cueillir par les copains d'en face, un aviateur était plutôt bien traité ... un bon boche était un boche mort.
Je ne suis, personnellement, pas spécialement choqué par la formule d'autant que la chose avait été acceptée par les plus hautes autorités de l’état.
Il me semble d'ailleurs que cela avait tout de même fini par choquer à l'époque ,non pas pour le côté chasseurs de prime, mais parce que certains en haut lieu ne comprenaient pas pourquoi les aviateurs pouvaient être rémunérés pour faire la guerre.
L'état et la société française couvraient bien, avec ces décrets, la prime à l'abattage... il fallait faire du chiffre et quoi de mieux pour cela que l'appât du gain !!
Mais c'est également une position personnelle.

Cordialement

Gérault

[Guilhem LAURENT]

Bonjour à toutes et à tous,

Loin de moi, la volonté d'assimiler quiconque à du bétail... Je reconnais que ce titre n'est pas à la hauteur du sujet. Mais, je suis assez déçu par l'absence de débat sur ce fil. Personnellement, la mise en place d'une telle "prime", appelez là comme bon vous semble, me semble bien plus choquante que le mauvais jeu de mot d'un instant, un siècle plus tard.

Ce sujet méritait un meilleur titre, je le conçois et m'en suis au préalable excusé, mais il est dommage, hormis J-C pour son document, et je l'en remercie à nouveau et Gérault, que le fonds ne soit pas traité.

En effet, j'ai été très étonné de découvrir ce décret, qui m'interroge sur l'image que j'ai de l'aviation durant la Première Guerre mondiale. Avec ces quelques lignes officielles l'esprit chevaleresque en prenait un coup. J'espérais avoir des infos... L'idée que j'avais des chasseurs de prime, s'arrêtait à Josh Randall, interprété par Steve McQueen, dans la série télévisée "Au nom de la loi", bien loin de l'aviation de chasse 14-18. C'est mon côté limité... Ne voyait pas dans ce parallèle une quelconque envie de faire de la provocation. C'est bien l'image que j'avais des chasseurs de primes.

Avant que l'on me tombe dessus, je précise que j'ai bien conscience que les primes n'étaient pas le moteur de ces hommes courageux. Mais officiellement, on ne peut nier leur existence.

J'aurais bien aimé savoir si ces primes étaient restées au stade des "textes", si c'était une spécificité de l'aviation française...

Tant pis !

Je retourne donc modestement, aux sujets qui concernent : la piétaille.

Amicalement

Guilhem

[CTP]

Bonsoir

Il faut replacer les choses dans leur contexte.

En ce qui concerne "l'esprit chevaleresque" il était surtout un argument de propagande.
J'ai déjà signalé la lettre de Mesguish relatant son combat (c'est moi qui met en gras)
"La danse commença; elle fut infernale — après coup, je m'en rends compte, oh! Combien! — De 3 000 à 2 000 mètres, cela se passa. Je calmai d'abord mon tireur, le sous-lieutenant Jacottet, impatient de faire un carton; je lui amenai ensuite plusieurs fois le gibier à bonne portée, à des distances variant de 10 à 50 mètres. Le s... d'Allemand tirait toujours; la plupart de ses balles portaient bien, puisque nous comptâmes autour de nous huit trous de balles.
Jacottet méprisa et fut brutal. Il méprisa, car il ne tira que trois balles; il fut brutal, car il envoya l'une dans la tête du pilote, L’autre dans l'estomac du passager et la troisième dans un organe du moteur."

En ce qui concerne la prime, elle m'apparaît surtout comme une opération publicitaire, comme d'ailleurs le "million".

Mille francs c'est à peine deux fois la solde d'un pilote lambda, et encore les "bons mois"

Voici la solde d'un pilote de bombardement de nuit en août 1918.
1 Solde et supplément 171
2 Rappel de solde
3 Rappel ind. de combat du 26/2 au 20/7
4 Ind. de combat du 21/7 au 20/8 12
5 Ind. de cherté de vie
6 Ind. Pour usure d’effets 30
7 Ind. pour charge de famille
8 Ind de fonction 120
9 Prime d’alimentation à 6.24 90.72
10 Rappel dif.P.A. du 18/7 au 31/7 à 0.18
11 Entrée en campagne
12 Entretien du harnachement
13 Première mise d’équipement
14 Prime de tabac 1.55
Total 431.27
A déduire 8 en timbre
Total 423.27 en espèces

Pour le même pilote en octobre 1918
1 Solde et supplément 171
2 Rappel de solde
3 Ind. de combat du 21/9 au 20/10 3
4 Ind. de cherté de vie
5 Ind. Pour usure d’effets 30
6 Ind d’eau de vie 6.19
7 Ind de fonction 120
8 Ind. pour charge de famille
9 Prime d’alimentation à 6.24 ou 0.24 68.64
10 Entrée en campagne
11 Première mise d’équipement
12 Entretien du harnachement
13 Prime de tabac 1.10
Total 399.93
A déduire
Délégation 34.20
Timbre de pécule 2

Reste net 363.73


Le sujet de la rémunération des combattants est encore vierge. Il mériterait d'être ouvert, pas seulement au sujet des primes ou autres "déviances".

Cordialement
Claude