avion abattu le 6 septembre 1918

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alain13
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Re: avion abattu le 6 septembre 1918

Message par alain13 »

Bonsoir à tous,

Un avion abattu à Nancy le 6 septembre 1918 ...

Image

Je n'ai pas trouvé de quel type d'avion il s'agissait (triple gouvernail de profondeur !) et encore moins par qui il avait été abattu ???

Peut-être HAN pour HANSA, mais C I. III A ???

Cordialement,
alain
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bruno10
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Re: avion abattu le 6 septembre 1918

Message par bruno10 »

Bonsoir
Il s'agit d'un Hannover CL III A abattu a Coucy le chateau par l'adjudant Guiraud
L'Hannover n'avait qu'un double stabilisateur
Constructeur Hannoversche Waggonfavrik A.G (initiale' Han')
moteur Argus As III
La disposition particuliere de la queue de l'appareil etait conçue pour raccourcir la taille du gouvernail et donner ainsi plus
de visibilite au tir arriere du mitrailleur
Cordialement
Bruno
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gerault
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Re: avion abattu le 6 septembre 1918

Message par gerault »

Bonjour,
Objection mon cher Bruno, pour ce qui concerne le lieu et le vainqueur... je pense qu'il s'agit plutôt de l'avion abattu par le MdL Joseph Florentin de la Spa 90 à Ferrières au Sud de Nancy.
Florentin ayant trouvé la mort durant le combat.
Des informations avaient été données il y a quelques temps sur ce forum et “le rampant” avait, pour l'occasion, présenté quelques objets ayant appartenu à ce pilote.
pages1418/Pages-memoire-necropoles-MPLF ... 1537_1.htm
D'autre part, Pierre Weiss, alors commandant de l'escadrille, avait rapporté la mort de ce jeune pilote qui l'avait bouleversé dans son livre “le charmeur de nuages”
Je mettrai l'extrait du livre en ligne dès que possible.

Cordialement

Gérault
alain13
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Re: avion abattu le 6 septembre 1918

Message par alain13 »


Bonjour,

Merci Bruno et Gérault pour ces renseignements, ... en attendant d'en savoir plus sur le vainqueur !!!

Cordialement,
alain
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bruno10
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Re: avion abattu le 6 septembre 1918

Message par bruno10 »

Bonjour
Vous avez parfaitement raison Gerault....
Et puis Coucy le Château c'est pas précisément près de Nancy
Je me souviens effectivement de l'article du Rampant à propos de Florentin
Sur un autre forum(culture forum histomilitaria)
pages1418/aviation-1914-1918/portrait-s ... 1252_1.htm

http://lagrandeguerre.cultureforum.net/ ... =florentin

Pour ceux qui ne sont pas inscrits sur ce forum
Voici le post de Samuel (alias Le Rampant)


   Hommage à Joseph FLORENTIN    
le rampant


Sujet: Hommage à Joseph FLORENTIN   Mer 20 Avr 2011 - 20:05
Hommage à Joseph FLORENTIN

Il y a des jours ou l’histoire vient à vous, inattendue et bouleversante, elle s’exhume, vous oblige à participer, à creuser, à rechercher, et à la partager pour ne plus jamais retomber dans l’oubli.
C’est ce qui s’est passé il y a quelques semaines pour moi et je souhaite l’immortaliser sur notre forum.
J’ai pris l’habitude de courir autour du canal de Nancy, et de faire le même circuit pour mieux maîtriser les kms parcourus. Ce jour là, je passe devant le centre de réadaptation FLORENTIN, dénommé ainsi car il se situe dans le prolongement de la rue FLORENTIN.
Au bout de cette rue son panneau d’identification et moi….



Agrandir cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.



à l’arrêt, submergé par l’émotion, je venais de réaliser qui était cet homme et ce que je savais sur lui.

J’ai acquis il y a 8 ans un casque roold avec une enveloppe à l’attention de Mme FLORENTIN et 2 photos du pilote à l’intérieur.



Joseph est celui de gauche sur la photo




A l’époque mes recherches restèrent infructueuses et j’abandonnais donc sans trop d’attention ce casque sur une étagère. Depuis, mes rencontres avec d’autres passionnés m’ont permis de connaître l’histoire de ce jeune pilote mort pour la France.
Mort le jour de sa 1ère victoire aérienne le 6 septembre 1918. L’ennemi contraint de se poser sera fait prisonnier et l’avion resté intact fût exposé Place Stanislas comme trophée de guerre.




Joseph Florentin sera inhumé à Ferrières(54) à l’endroit même où il fût abattu.

http://www.aerosteles.net/fiche.php?cod ... -florentin

Les comptes rendus militaires sont souvent vides de toutes sensibilités, une simple description des faits avec un léger soupçon d’empathie…et pourtant Pierre WEISS commandant de l’escadrille au moment du drame honora la mémoire de Joseph FLORENTIN par un bouleversant témoignage :
« Depuis la guerre, le sens de tant de mots s'est périmé dans la fumée de l'él oignement qu'en feuilletant leur
collection on les prend pour de petites guêpes desséchées, recroquevillées et ridicules.
Hélas ! ces avortons nous ont jadis empoisonnés et beaucoup de peaux n'ont pas expulsé le dard. Ma peau, si, et
dès le premier coup de canon. Voilà pourquoi, le 14 août 1918, après avoir pratiqué sur le front de bataille
pendant quatre ans toutes les familles spirituelles de la France (que Barrès nous aida si bien à découvrir), j'ouvris
les bras à l'adversaire politique (ce mot est de toutes les guêpes la plus desséchée), un jeune sergent chouan de
mon village, que le hasard affectait sous mes ordres.


Ah ! s'il pouvait vivre, pensai-je. L'escadrille Spad 90 avait assez de tours dans son sac pour sauvegarder le
nouveau pilote parmi l'aveuglante poussière des balles. Le jour de la victoire qui s'approchait frémissante,
réalisée par le don des meilleurs, mon chouan retrouverait le foyer d'où montait pour lui, je le savais, les prières
les plus chrétiennes.


Joseph Florentin appartenait à une famille catholique de foi ardente. Lui-même était de ces âmes si
profondément pétries de religion et de droiture qu'on écoutait en silence, avec respect, tinter
les pensées de son Coeur, comme ces sons de cloche mystiques que le soir apporte, et dont le plus païen
des rêveurs garde la brûlure.
La haine commune du boche fit aussi qu'entre les délicatesses de ce coeur et les inconvenances de mon éducation
voltairienne de sans-culotte, il n'y eut même pas l'ombre d'un désaccord. Quelque chose d'ailé barrait le chemin
chez l'un et chez l'autre aux souvenirs de la terre.


Nous volions de conserve. Par son adresse, sa vigilance, son effort de s'opposer à toute menace contre moi, le
sergent Florentin semblait me défier de tenir mon serment de sauvegarde. C'était un chasseur à pied, blessé et
cité dans son arme, qui avait voulu boire du vin rude de la guerre céleste, un grand garçon, mince, vigoureux,
d'une fierté modeste, campé sous son bouclier de fourrure comme un jeune patricien de Vecelli imberbe avec des
yeux pleins de jour débordant d'au-delà, un croisé en partance éternelle, réfractaire à tout calcul, toute vilenie,
toute faiblesse. Il incitait sa gloire à produire le bien.


Le 6 septembre 1918, à midi, joseph Florentin, assis dans la carlingue de son Spad, ajustait ses instruments de
bord. Le terrain de Manoncourt s'était vidé des pilotes et des mécaniciens partis déjeuner au pays.
La pluie avait ruisselé de bonne heure, et des vapeurs passaient qui ne présageaient pas le drame aérien à basse
altitude qui allait se dérouler à trente kilomètres des lignes. La grisaille du temps, sous le soleil cadenassé,
insinuait au contraire dans l'âme la certitude du répit.


-La journée est finie, dis-je à Florentin, rentrons.
Mais soudain attentif et debout, il me fit signe qu'il démêlait contre le vent le son d'un moteur.
Un avion déboucha des nuages.
-Un boche ! J'y vais.
C'est le cri de Florentin aussitôt replongé dans sa carlingue, la main sur la magnéto de départ.
Des croix noires défilaient au-dessus de nos tètes. Un boche égaré sans doute, qui rythmait par des coups de
manette de gaz ses zig-zags de bête traquée.
Le garde-Bessonneau de service s'est précipité sur l'hélice Florentin décolle sans prendre la précaution de
chauffer son moteur. Son visage m'offrit un dixième de seconde l'image d'un masque indicible de courage et de
volonté. L'autre témoin, le soldat Foissac, traduisit la vision en style mécano
-V'là un p'tit gas qui s'dégonfle jamais
Le boche vit le Spad surgir à cinquante mètre. sous son fuselage et les deux mitrailleuses de capot se cabrer. II
cessa de tournoyer et, complètement désorienté, fonça vers l'ouest, le Spad à ses trousses.


L'intrus était éventé les mitrailleuses des cantonnements crépitèrent. Les deux avions disparurent parmi les
sifflements derrière la crête de Burthécourt-aux-Chênes.


De Manoncourt, l'escadrille, tassée dans mon auto, se ruait vers ses armes naturelles. Il est impossible de
comprendre, sans être aviateur, la fascination qu'exerce sur des pilotes le terrain -le terrain, ville sainte quand il
y a du boche en l'air.
Je sautai sur le marchepied en criant -Direction Ferrièrcs, vite ! Le boche est foutu Florentin le tient.


L'auto s'engouffra. Des soldats américains cantonnés aux alentours couraient joyeusement sur la route et nous
lançaient des indications, en agitant leur calot.


-Farther, farther on... they have passed this way... the French will have him !



The French wil have him. Personne n'en doutait. La victoire de Florentin était sûre : ce visage qui regarde ersonne n'en doutait. La victoire de Florentin était sûre : ce visage qui regarde en
face et qui se possède... cette volonté emportée... un boche désemparé... le combat livré chez nous
Tout à coup, dans les champs, à notre droite, surgit la vision souhaitée : paysans et poilus en cercle autour du
foudroyé.
-Victoire
Nous courons au monceau de toile et de ferrailles et dans un éclair -ô paroxisme des émotions humaines ! -le
chaos des débris informes me jette en pleine poitrine -comme un coup de fusil -son secret. Deux cocardes
tricolores émergent. L'avion écroulé, c'est le Spad.
Là, appuyé au genou d'un médecin américain, ce soldat dont la bouche laisse échapper un filet de sang, c'est
Florentin -Florentin que j'ai fait serment de sauver ! Le major m’exprime d'un geste que les soins sont inutiles.
Un gémissement s'échappe de la poitrine du blessé. Je soulève son beau front d'idéaliste qui continue son rêve
d'éternité. Il retombe. Florentin pousse un soupir et meurt au milieu de son escadrille et des tommies. Et pendant
que les officiers de la compagnie américaine me font à mots entrecoupés le récit du combat, car c'est une balle
mortelle qui a déterminé la chute du Spad, un cavalier met pied à terre et rend compte :
-Les aviateurs boches sont prisonniers.

Leur avion, criblé de balles par Florentin, avait été contraint d'atterrir à deux kilomètres de Ferrières. Avant de
tomber, Florentin avait vaincu.


L'histoire ne reprochera pas à ma génération d'avoir apporté au chevet de ses morts la sensibilité du siècle.
Notre idylle avec la jeunesse fut un déjeuner de soleil. A l'heure où nous tâtions le pouls des philosophies, un
roulement de tambour a couvert la voix des belles déesses, et ce sont des amazones farouches qui se sont jetées à
la traverse de notre printemps.
Nous avons préféré dire adieu à la vie plutôt que de rougir de vivre. Mais devant le corps transpercé d'Euryale, je
me suis senti in Nisus d'un bien pauvre argile, désarmé par la douleur et les regrets.
Pourquoi au milieu de l'hécatombe certaines morts plus que d'autres font-elles défaillir ?


De quoi tiennent-elles ce pouvoir (le vous hanter, comme des Erynnies de deuil toujours présentes ?


Elles sont là quelques-unes, enfonçant dans les points sensibles de ma mémoire leurs serres d'oiseaux noirs aux
yeux caves.


Visions à peine entrevues... Dans les blés, un zouave les bras en croix (que mon cheval faillit piétiner, en
traversant au galop le plateau de Fisme ; à Courtacon, qui flambait, un chasseur debout, mort à l'affût ;
Florentin, brisé au fond de la campagne lorraine, rendue après une fusillade forcenée à sa paix et à son silence...


Un officier était allé chercher à Nancy la famille du sergent Florentin. Nous l'attendions sans mot dire en veillant
le jeune héros dans la salle basse du château de Manoncourt. Chacun était à ses pensée. La folie du néant me
battait aux tempes. Il y avait une heure à peine que de ce corps immobile et Froid comme le marbre, avait jailli le
cri de joie : Un boche, j'y vais ! Alors, c'en était fait de lui à jamais
Aujourd'hui, je me dis parfois Qu'importe après tout ! Le plaidoyer pour la vieillesse de Cicéron n'est-il pas de
tous le plus vain, une fausse note dans son art léger ?
Ces corps déchirés, ces jeunes chairs sanglantes, toutes ces images de mort ne valent-elles pas mieux que la plus
noble statue d'un vieux rhéteur ?
La nature à sa source, même douloureuse, respire encore sous sa douleur. Destinés à l'écrasement, n'avons-nous
pas accepté, nous autres aviateurs, comme le bien suprême la certitude de ne pas vieillir ?


Voici que pénétraient dans l'ombre de la chambre mortuaire, les parents e Florentin. Ils savaient.
Dans la faible nappe de jour qui baignait le seuil de la pièce ils étaient toute la tendresse et toute la
résignations chrétiennes. Moi, qu'aucun soupçon de religiosité n'a jamais effleure, n'ai-je pas, en cet
instant de confrontation, mesuré que le divin est moins que le doux plaisir de vivre â la merci de la
tempête ?
L'effluve invisible n'a fait que traverser mon coeur. Mais aujourd'hui où plus que jamais j'ai conscience de la
chaîne ininterrompue qui me relie à tant de poussière, j’ai voulu rendre au pilote le plus épris de clarté que j’ai
connu, l’hommage du souvenir.
Il vivra Joseph Florentin, au livre des pilotes tombés, “ si quid mea carmina possunt ” »
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