aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

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tual
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par tual »

par contre, peut-on parler d'Eugène Mô comme d'un aviateur (comme l'annonce la plaque place Eugène Mô) s'il n'était que mécanicien ?

Il a été affecté en 1914 au camp militaire d'Avord dans le Cher (école de l'Armée de l'Air). Il a suivi un entraînement. Il voulait être aviateur. A-t-il alors piloter des avions ?

Il a finalement été nommé mécanicien et non pilote. Apparemment il a aussi servi comme mitrailleur. Il veut grimper et demande à effectuer une mission de renseignement (espionnage). Il a été déposé par un pilote à l'arrière des lignes puis a été arrêté... Un tribunal militaire allemand le condamne à être fusillé pour espionnage.

Sur sa citation de la médaille militaire, on le dit soldat-mécanicien et non pas aviateur. par contre, sur la tombe familiale, on le dit aviateur.


Alors, est-il vraiment un aviateur ou pas ?
"Honte à la gloire militaire, honte aux armées, honte au métier de soldat, qui change les hommes tout à tour en stupides victimes ou en ignobles bourreaux" (Henri BARBUSSE, Le Feu, pages 282-283 de l'édition Le Livre de Poche 1998).
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tual
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par tual »

De retour sur ce message !

J'ai déménagé de Nice depuis mais en tout cas voilà la photo de sa tombe au cimetière Saint-Roch à Nice.

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"Honte à la gloire militaire, honte aux armées, honte au métier de soldat, qui change les hommes tout à tour en stupides victimes ou en ignobles bourreaux" (Henri BARBUSSE, Le Feu, pages 282-283 de l'édition Le Livre de Poche 1998).
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gerault
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par gerault »

Bonjour à tous,

Comme l'histoire peut se transformer ...parfois !!
Voici ici l’extrait du roman autobiographique de Jean des Vallières “l’escadrille des anges“. Personnage au passé apparemment trouble pendant la seconde guerre mondiale (mais je n’ai pas réussi à en savoir vraiment plus !! ) Jean des Vallières fût néanmoins un grand écrivain.
Jean Renoir s’était inspiré de son roman “Kavalier Scharnhorst” pour le chef-d’œuvre qu’est “la grande illusion”. Opus II d’une trilogie ou il raconte, dans le désordre sa vie, de pilote à l’escadrille 12, sa vie de prisonnier en Allemagne et son implication dans le mouvement spartakiste.
La première partie de la trilogie “l’escadrille des anges“ ( le dernier écrit) raconte sa vie de pilote dans l’escadrille MS 12. Il y parle de la vie de l’escadrille en 1915 et début 1916 et de personnages bien connus qui étaient ses compagnons d’arme d’alors et sous les traits de Tonnerre, Cardaval, de Ronsard, le Colonel etc …. On y reconnaît des personnages aussi connus que Navarre, Pelletier-d’Oisy, de Rose, Shigeno Kiyotake, Mesguich ou Chambe !!
Un passage et consacré aux missions spéciales, et voici comment il rapporte, par l’intermédiaire d’un douanier agent spécial, l’épisode du mécanicien Eugène Mô appelé Mouy pour les besoins du roman.


Mouy, c'est une autre histoire :

Un de nos meilleurs mécanos, ce grand garçon osseux avec des cheveux en broussaille et un regard bleu nostalgique. Son idée lui et venue en en voyant d'autres partir. Le bureau reçut de lui une demande adressée au ministre, où il se proposait pour une mission spéciale dans la région de Vouziers. Références : il avait monté, avant la guerre, un petit atelier de réparations dans un faubourg de la ville et il y trouverait toutes les complicités désirables.
Le capitaine lui passa un poil maison. Non que Mouy ne fût dégourdi; mais il avait une drôle de tête, une vraie tête de guignard, et les bons mécanos ne sont pas légion. Que des gens dépourvus de connaissances techniques fassent cette besogne, par bien des côtés déplaisante, en dépit du courage qu'elle exige, soit
Mouy, lui, était plus utile à l'escadrille.
Sans compter que le premier venu ne s'improvise pas espion. Il faut avoir des dispositions qui te manquent certainement, et c'est tout à ton honneur! Un espion reste un espion, même quand il travaille pour son pays. Tu vaux mieux que ça.
Aucun argument, hélas ! n'eut raison de son entêtement. Obligé de transmettre la demande, le capitaine 1'apostilla de la façon la plus défavorable et il obtint que Rapart, à l'armée, en fît autant.
- Il n'y a qu'à le regarder, mon commandant: la poisse et inscrite sur sa figure ! Il ferait prendre tout le monde.
Mais on doit manquer d'espions. Un télégramme du ministère nous enleva Mouy. Il revint peu après, annoncé par un ordre qui nous enjoignait de le lâcher dans les lignes allemandes, avec l'attirail habituel de pétards et de pigeons.
Personne ne l'interrogea; il passa la dernière soirée avec ses anciens camarades et un brillant atterrissage de Pagotini à l'aube, non loin de Vouziers, lui valut la médaille militaire.
Quant à votre cinglé de mécano, ronchonne le brigadier, il avait roulé le deuxième bureau de main de maître. Ça aurait mis la puce à l'oreille, si on avait su qu'il était jeune marié et que sa femme habitait là bas un pavillon contigu à son ancien atelier; on se serait demandé s'il ne tentait pas le coup tout bonnement pour la revoir. Et c'était bien ça; le reste, il s'en fichait. comme d'une guigne.
Sans quelques amis sûrs dans le pays, naturellement, on n'arrive à rien. Mais il ne faut pas qu'il vous touchent de trop près. Mêler la famille à ces histoires là en triple les risques et la dernière chose à faire et de s'aventurer dans un coin où tout le monde vous connaît. Mouy prit quelques précautions. Il se contenta, le premier soir, d'observer les environs de sa piaule. Le lendemain, il attendit pour s'y glisser que la nuit fût tombée et personne ne le vit ce qui fut un miracle; car il ne s'était même pas avisé que la plupart des gens, en zone occupée, sont astreints à loger des militaires allemands; or l'Oberleutnant qui habitait chez Mme Mouy et qui avait une permission pour Berlin n'était parti que depuis un quart d'heure.
"Jugez par là de son émotion, quand elle se trouva face à face avec Mouy que tout le quartier l'Oberleutnant compris savait mobilisé dans l'armée française. Ajoutez y, pour compléter le tableau, que la rumeur publique ne l'accusait pas à tort d'être au mieux avec l'Oberleutnant.
Moi, mon idée et qu'une femme sans reproche aurait aussitôt recouvré son sang froid et fait filer Mouy. Si elle l'a gardé, ce fut pour prévenir ses soupçons, parce que sa conscience n'était pas tranquille.
"Sur le front, pendant ce temps là, cinq de nos divisions passaient à l'attaque; un contre ordre stoppa tous
les permissionnaires boches à la gare et l'auto de l'Oberleutnant le ramena vers minuit. Il entra tout droit dans la chambre de Mme Mouy.
A l'en croire, le feutre oublié par son mari dans l'entrée fut cause de tout. En vain prétendit elle que c'était un parent de passage qui n'avait pas trouvé à se loger en ville et à qui elle avait cédé le canapé de sa chambre. L'empreinte de Mouy creusait encore les draps et il y avait, au dessus du lit, deux grands portraits agrandissements exécutés à la veille de la guerre, quand Georges Mouy et sa cousine Fernande Robin s'étaient mariés. Cette grande gueule osseuse et broussailleuse du mari avait depuis longtemps frappé l'Oberleutnant...
L'attaque rendait ces messieurs très nerveux. Georges Mouy, à qui l'on ne permit même pas de se rhabiller, fut fusillé en chemise devant le pavillon. Votre capitaine avait vu jute: dans notre métier, il faut avoir une tête comme tout le monde.
Pas émotif pour deux sous, le vieux douanier; il nous bredouille ce récit dans sa moustache sur un ton placide et presque bonhomme; pour un peu même, il le trouverait bouffon. La pêche et le seul sujet qui ranime un semblant de vivacité dans ses yeux éteints.

Tout n’y est peut-être pas exacte, mais je pense qu’il y a dans ce texte une grande part de vérité sur le déroulement des faits.
Ce roman est à lire dans sa totalité bien sûr ... ainsi que les deux autres !! C'est un vrai régal !!

Cordialement
Gérault
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tual
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par tual »

Merci pour cette source. Cependant, êtes-vous sûr qu'il s'agit bien de l'histoire d'Eugène Mô qui est comptée là ? Beaucoup d'éléments sont inexacts ou rajoutés mais il s'agit sans doute de romancer l'histoire...
"Honte à la gloire militaire, honte aux armées, honte au métier de soldat, qui change les hommes tout à tour en stupides victimes ou en ignobles bourreaux" (Henri BARBUSSE, Le Feu, pages 282-283 de l'édition Le Livre de Poche 1998).
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gerault
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par gerault »

L’auteur indique au début du livre qu’il est une œuvre d’imagination dont les héros, faits de traits empruntés aux uns et aux autres ne correspondent exactement à aucun personnage réel … cependant chaque chapitre du livre fait vivre au quotidien des personnages qui lorsque l’on connaît un peu l’histoire de chacun (tout au moins pour les pilotes les plus connus) et celle de l’escadrille ne laisse planer aucun doute sur le fait que ce qui est écrit dans son ouvrage l’est sur la base d’éléments vécus.
Cette histoire concerne bien Eugène Mô, j’en suis certain, maintenant dans quelle mesure le récit qu’il fait de cette histoire ce rapproche t’il de ce qui c’est réellement passé !! Je ne le sais pas !!
Plusieurs missions spéciales ont été effectuées par la MS 12 dans cette période et, peut-être a-t-il mélangé plusieurs personnages.
Mais il y a quand même une question à ce poser.
Pourquoi Mô mécanicien de son état à l’escadrille avait-il été missionné pour un fait de guerre réservé le plus souvent à des douaniers, ou tout au moins à des gens aptes à faire du renseignement et surtout par des gens devant au moins connaître très bien le secteur dans lequel ils étaient transportés.
Eugène Mô Mécanicien Niçois lâché en plein milieu d’un secteur qu’il ne connaissait pas étonnant, non ??
Quelle et la part de vrai dans cette histoire, il serait peut-être intéressant de chercher à en savoir plus sur le passé de cet homme. Même s'il savait sûrement piloter un avion, comme pas mal de mécanicien, Eugène Mô n'était en tous cas pas un aviateur breveté.

Un autre fait particulier à l’histoire de la MS 12 est rapporté dans le livre, il concerne une école de pilotage interne organisé par René Mesguich, pilote d’avant guerre.
Un jeune mécanicien prometteur avait trouvé la mort lors de son instruction. Nous en avions parlé ici :

pages1418/aviation-1914-1918/ecole-mesg ... 1748_1.htm

Même si son auteur s’en défend, ce livre est plus proche de la réalité qu’il ne semble l’affirmer. Les noms et les lieux sont changés, les dates rarement précisées, mais lorsque l'on rassemble le puzzle !!
Gérault
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tual
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par tual »

Le parcours d'Eugène Mô pose en effet un certain nombre d'interrogations.

J'avais également soulevée des interrogations sur le choix d'un mécanicien envoyé pour ce type de mission d'infiltration mais apparemment, il y a d'autres cas.

Je me demandais s'il s'agissait d'Eugène Mô surtout pour la situation évoquée concernant son épouse qui le trompe avec un gradé allemand... Eugène Mô n'étais pas marié et était originaire de Nice donc pas grand chose à voir avec Vouziers. De même, il n'a pas été arrêté chez lui ni fusillé en chemise devant le pavillon mais arrêté au cours d’une mission de renseignement où il devait atterrir dans les territoires occupés près d’Attigny, dans les Ardennes, puis incarcéré à Rethel et finalement fusillé à Amagne-Lucquy (Ardennes), le 6 août 1915.

Sur le reste, il y a cependant des recoupements à faire avec l'extrait du livre que vous avez cité sur les autres aspects. Une maîtresse dans le secteur peut-être... Mais de là à écrire qu'il n 'a été volontaire pour la mission que pour aller la retrouver, c'est exagéré je pense.

Cordialement,

Jimmy.
"Honte à la gloire militaire, honte aux armées, honte au métier de soldat, qui change les hommes tout à tour en stupides victimes ou en ignobles bourreaux" (Henri BARBUSSE, Le Feu, pages 282-283 de l'édition Le Livre de Poche 1998).
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gerault
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par gerault »

Il est probable, bien sûr également, que l'histoire d'Eugène Mô ait seulement servi de support à l'imagination romanesque de Jean des Vallières présent à l'escadrille au moment des faits.
Les protagonistes n'étant plus de ce monde !!

Cordialement,

Gérault
Piou-Piou
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par Piou-Piou »

par contre, peut-on parler d'Eugène Mô comme d'un aviateur (comme l'annonce la plaque place Eugène Mô) s'il n'était que mécanicien ?

Il a été affecté en 1914 au camp militaire d'Avord dans le Cher (école de l'Armée de l'Air). Il a suivi un entraînement. Il voulait être aviateur. A-t-il alors piloter des avions ?

Il a finalement été nommé mécanicien et non pilote. Apparemment il a aussi servi comme mitrailleur. Il veut grimper et demande à effectuer une mission de renseignement (espionnage). Il a été déposé par un pilote à l'arrière des lignes puis a été arrêté... Un tribunal militaire allemand le condamne à être fusillé pour espionnage.

Sur sa citation de la médaille militaire, on le dit soldat-mécanicien et non pas aviateur. par contre, sur la tombe familiale, on le dit aviateur.


Alors, est-il vraiment un aviateur ou pas ?
Bonsoir à toutes et tous,

Je me renseigne.
Ne dit-on pas que tout personnel faisant partie de l'aviation est aviateur ?.
Celui qui (conduit) un avion est lui, pilote dans l'aviation ?.

J'ai des amis dans l'aviation, rampant, sur les listings repris comme aviateurs, personnel non naviguant.
Je vole sur planeur, vole à voile, sur mon brevet pilote sur planeur etc etc....

Cordialement.
Phil.
Phil.
bernard berthion
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Re: aviateur niçois Eugène Mô fusillé par les allemands

Message par bernard berthion »

Bonjour,
sur le MaM de 08 Lucquy, avec une erreur dans le prénom:
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Cordialement BB
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.
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