Bonjour,
Au 26ème salon des Arts plastiques de La Rochelle, intitulé cette année "Hommage au Massif Central, ses Artistes, ses Grands Hommes", je suis tombé sur une rétrospective de la vie du Docteur Eugène Chassaing (1876-1968), pionnier visionnaire de l’aviation sanitaire. Voici ce que j’ai pu glaner :

A l’entrée en guerre de la France, le docteur Chassaing est réformé pour insuffisance cardiaque, mais animé par un fort sentiment patriotique il demande à repasser devant un conseil de réforme à Paris. Reconnu apte, il est affecté aux trains sanitaires comme médecin aide-major de 2ème classe le 19 août 1914. Il participe à ce titre à plusieurs évacuations de blessés dans le nord, le nord-est de la France et en Belgique, jusqu’en mai 1916. Constatant la relative lenteur des évacuations qui ralentissent le traitement des blessés et réduisent leurs chances de survie, il adresse plusieurs propositions d’amélioration au service de santé de l’armée : aménagements mieux adaptés des trains sanitaires, système de brancard extensible à toile mobile. Promu médecin aide-major de 1ère classe, il est affecté entre le 15 mai 1916 et juillet 1918 à l’ambulance auto chirurgicale n°21, spécialement destinée au traitement des grands blessés sur les champs de bataille du nord de la France. Toujours attentif aux problèmes de rapatriement sanitaires, il signale à sa hiérarchie des cas d’asphyxie mortelle survenus dans les autos sanitaires à cause des gaz de moteur. Pendant cette période, il accomplit également une mission dans les 3ème et 4ème armées italiennes, afin d’y étudier leur service de santé. Confronté directement aux insuffisances du rapatriement sanitaire et passionné d’aéronautique, le médecin Chassaing profite de ses relations ministérielles pour déposer, le 23 février 1917, une question officielle concernant la constitution de sections d’avions sanitaires. Convaincu du bien fondé de son projet et pour éviter tout atermoiement, il n’hésite pas à s’adresser à l’opinion et suscite, pour ce faire, un article, "Le traitement des blessés et l’avion sanitaire", publié dans
Le petit parisien du 14 mars 1917. Malgré quelques oppositions, il obtient l’autorisation de transformer un avion de guerre déclassé en prototype d’avion de rapatriement. Les aménagements sont réalisés par le capitaine Dalsace aux ateliers de réparation de l’aéronautique installés à saint-Cyr et dirigés par le lieutenant-colonel Dorand, d’où le nom quelquefois donné à l’avion modifié : le
Dorand-Dalsace. Les travaux consistent principalement à enlever tout ce qui est inutile dans l’appareil, afin de dégager un espace suffisant à l’intérieur du fuselage pour installer deux brancards superposés. Le premier essai du prototype a lieu à Villacoublay le 22septembre 1917 : Chassaing prend à cette occasion la place du blessé sur le brancard supérieur. Cet essai est vite complété par d’autres à proximité du front, notamment au Moulin de Laffaux, dans l’Aisne. Les résultats sont probants, mais la hiérarchie militaire tergiverse. Finalement, le docteur Chassaing obtient l’aménagement de six avions du même type, mais la guerre se termine sans que ces appareils soient mis en service. Quoiqu’il en soit, l’aviation sanitaire est née et elle est promise au plus bel avenir. En effet, dès novembre 1918, le général Lyautey, Résident général au Maroc, saisit l’intérêt d’un tel service aérien. Eugène Chassaing met au point un projet d’évacuation sanitaire dès 1919, puis quatre des six avions qu’il avait fait aménager en France sont livrés au 37ème régiment d’aviation du Maroc. L’aviation sanitaire sera largement utilisée par la suite lors de la guerre du Rif en 1925-1926.
Une toile de Daniel Delacuvellerie : "Hommage au docteur Chassaing- Illustration sur l’Auvergne".
Détail du tableau.
Maquettes réalisées par Jean-Paul Chassaing, le fils d'Eugène Chassaing.


Cdlt
BB
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - (Éditions des Indes Savantes) - "Le lieutenant de Mandchourie" (Éditions de L'Harmattan)