
Bonjour à tous,
Je peux répondre facilement pour la première partie de ce sujet.
Quand le premier "Paris kanonen" (Wilhelmgeschutze) a tiré sur Paris, le réflexe a d'abord été de chercher dans le ciel des avions allemands qui bombardaient la capitale.
Les escadrilles du secteur, situées entre la forêt de Saint Gobain et Paris, prirent l'air pour intercepter ces avions invisibles.
La SPA 103 était basée à Lhéry, jusqu'au 24.03.1918, puis tranférée sur le Mesnil-Saint-Georges, jusqu'au 28.03.1918.
En consultant les pertes de la SPA 103, on trouve à la date du 23.03.1918, l'Adj Gaston Tasqué tué dans un accident aérien à Chery (51)
C'est la seule perte au voisinage de cette date.
Pour la petite histoire, très vite le capitaine François Coli, commandant l'escadrille SPA 62, escadrille de chasse et de reconnaissance aérienne de la 6ème armée, se rappelle de l'interrogatoire de prisonniers allemands qui avaient déclarés de très importants travaux de voies ferrées dans la proximité immédiate de la forêt de Saint Gobain et l'arrivée d'un super canon sur un train spécial.
C'est donc dans ce secteur que les aviateurs vont chercher.
C'est l'association de deux escadrilles qui va permettre la découverte de la première pièce.
Pour contrer efficacement la pièce à longue portée allemande (en réalité 3), les français déplacent un certain nombre de pièces lourdes sur voie ferrées.
Au service de cette artillerie sur VF est affectée l'
escadrille BR 219.
Comme les observateurs de la 62, et plus particulièrement, le Ltt Brumauld des Allées, leur chef, connaissent parfaitement cette zone où ils sont stationnés, l'escadrille BR 219 va prêter plusieurs Breguet 14A2 aux équipages de la SPA 62.
J'ai d'ailleurs retrouvé une photo d'un Breguet 14A2 de la Br 219 portant en plus l'insigne du coq de la 62.
Voir ces liens :
http://html2.free.fr/canons/canparis.htm
attention cette page présente des erreurs et la photo montrant la pièce dans la forêt est un trucage.
http://albindenis.free.fr/dossiers/page7.1.html
Extrait d'un article puru après guerre et racontant cette mission : (les noms sont les bons)
"
COMMENT MES CAMARADES ET MOI AVONS REPERE LES PREMIERES «BERTHAS»
C'est dans la matinée du samedi 23 mars 1918, vers dix heures, que vint à mon escadrille le commandant de l'aéronautique de l'armée à laquelle j'appartenais. Le commandant nous apprit qu'une pièce boche à longue portée avait commencé à bombarder Paris à six heures quarante-cinq du matin et qu'il fallait coûte que coûte la découvrir. Il s'agissait donc d'aller photographier l'emplacement des pièces, mais où ? Personne n'en savait trop rien. Enfin nous décidâmes d'aller prendre des clichés aux environs de la forêt de Saint-Gobain. Je fus désigné pour accomplir cette mission avec comme observateur le lieutenant Théry (SPA 62) et comme certainement il devait y avoir du Boche en l'air, six avions dé chasse devaient nous protèger. Après l'installation de l'appareil photographique et une rapide préparation de l'avion effectuée par mes vaillants mécaniciens, nous étions, mon observateur et moi, en tenue de vol, prêts à partir.
Nous donnons rendez-vous aux six Spads qui doivent nous escorter à une hauteur de 4.000 mètres, puis je décolle à onze heures.
Je prends de l'altitude; le temps est peu favorable; aussi jusqu'à 1.500 mètres de haut nous sommes très chahutés, car il y a des nuages épais à 2.000 mètres qui nous donnent des remous continuels.
Mon altimètre indique 4.000 mètres: c'est la hauteur du rendez-vous fixé; aussi tous mes compagnons viennent se grouper autour de moi, mais il n'y en a que quatre au lieu de six (deux ayant été obligés de redescendre par suite de panne de moteur). Je continue ma montée jusqu'à 5.000, tout en restant coude à coude avec les Spads qui me protègent.
Arrivé à 5.000 mètres, par un signe convenu à l'avance, je fais comprendre à mes compagnons que nous prenons la direction des lignes. Nous voilà chez les Boches. Pas encore un coup de canon sur nous, c'est mauvais signe: il doit y avoir des patrouilles ennemies en nombre; puis tout à coup, au nord-est de la forêt de Saint-Gobain. la D. C. A. boche commence à nous arroser copieusement d'obus qui nous arrivent bien exactement à même hauteur; aussi, pour me dégager, je joue avec les flocons noirs.
Mon observateur a commencé à prendre les clichés et nous voilà au-dessus de Crépy et les batteries continuent à nous sonner consciencieusement. A un moment donné, les spads, qui ne m'avaient pas, lâché une minute, piquent au-dessus de moi dans la direction de six avions de chasse boches qui, après avoir descendu un des nôtres, se dirigent vers Marie. Est-ce un boche que je viens de voir descendre en vrille ou un français? C'est ce que j'ai su cinq minutes plus tard, quand je m'aperçus, en passant nos lignes, que seulement trois spads me suivaient, mais j'avais encore espoir que notre camarade n'était que blessé. La mission est terminée et j'atterris le premier et, à mesure que chacun atterrit, nous accourons tous auprès de l'appareil afin d'avoir des détails. Quand tous les appareils furent au sol, nous constatons que c'est le lieutenant (Pierre) Lecoq qui manque et nous apprenons un peu plus tard que c'est bien lui qui a été descendu par six boches dans nos lignes et que son corps a été percé de nombreuses balles.
Les clichés n'étaient pas excellents, mais ils donnaient l'emplacement exact des « Berthas » et l'on put commencer à régler le tir de nos pièces d'artillerie destiné à la destruction des « kolossals canons ». Au cours de cette expédition, un de mes camarades, l'adjudant pilote Quette (dix victoires, descendu depuis), a vu une lueur qui était bien un des départs des pièces de Crépy. Quelques jours plus tard, de nouveaux clichés photographiques étant jugés nécessaires pour compléter les renseignements recueillis au cours de la première excursion et pour constater l'efficacité de nos tirs de destruction, je fus à nouveau désigné avec, comme observateur, le lieutenant Brousse (SPA 62) et avec un autre équipage. Le pilote était l'adjudant Fabien Lambert (SPA 62), qui avait comme observateur le lieutenant des Allées (chef des observateurs de la SPA 62). Malgré le temps défavorable, le barrage dense et précis des pièces antiaériennes, malgré la surveillance constante de l'aviation de combat ennemie, de nouveaux clichés ont été pris.
Pendant cette mission, un des pilotes de Spad, Bosson (SPA 62), abat deux triplans Fokker.
Au retour, mon camarade Fabien Lambert ,et moi constatons que chacun nous avons notre appareil criblé d'éclats d'obus.
Le repérage par le son vient à l'appui des audacieuses explorations de nos pilotes: nos batteries à longue portée arrosent d'obus les « Berthas » de Crépy-en-Laonnois. Malgré le camouflage destiné à les dérober à la vue de nos avions, les gros canons allemands ne résistent pas longtemps: l'un d'eux éclate; un autre, celui dont nous donnons la photographie de la plate-forme, est démonté par le tir de nos batteries. Le 1er mai, les « Berthas » de Crépy-en-Laonnois sont réduites au silence."
entre parenthèses, mes ajouts de 2008.
Bien cordialement
Albin