La mission du 22 mai 1916

[alain13]

Bonsoir,
Voilà ce que raconte Le Prieur aprés sa démonstration de tir sur ballon (tout à fait concluante ) effectué devant le président Poincarré par le pilote Guiguet:
" Encouragé par la réussite de ce nouvel essai le colonel Régnier transmet au grand quartier mon projet d'équiper dix avions de chasse avec des fusées pour attaquer simultanément dix drackens dans la région de Verdun...
C'est ainsi que je peux passer quelques jours à l'escadrille du capitaine Fécamp, " (escadrille Nieuport de Vadelincourt) " à équiper d'abord les huit avions désignés pour l'entrainement et, ensuite, à profiter des moments où ils ne sont pas en mission pour leur faire exécuter les lancements de fusées sur des cibles...
Enfin, les huit avions de chasse sont équipés en avions torpilleurs. Ce sont ceux de Guignet qui a réussi sa démonstration devant le président Poincarré, de Nungesser, Chaput, de Beauchamps, Degennes, Barrau, Boutigny et de Réservat.
En face les drackens boches sont toujours aux mêmes endroits...
Une grande attaque est prèvue, au quartier général pour le 22 mai afin de tenter de reprendre le fort de Douaumont aux allemands. Aux huit avions torpilleurs de commencer l'attaque à l'aube, par la destruction des ballons observatoires allemands, ce qui aura pour effet d'empêcher
l'ennemi de régler ses tirs.
Le 22 mai, à quatre heures du matin les huit avions sont près...
Le programme s'exécute à la lettre. entre quatre heures cinquante et quatre heures cinquante et une, en moins d'une minute, six drackens sur huit attaqués sont abattus en flammes. Deux ont été manqués l'un par Barrau, l'autre par de Boutigny. Un pilote est porté manquant: Réservat. Il a réussi à descendre son boche, mais abattu par la D.C.A. sans être blessé lui même, il est parvenu à incendier sont avion au sol...
La réaction allemande est presque immédiate; sur cent kilomètres à droite de Verdun et cent kilomètresà gauche, les allemands descendent en toute hâte leurs ballons observatoires, condition excellente pour l'exécution de notre plan. "

Cordialement,
Alain

[Guy Rufray]

Bonsoir à tous,

voici à quoi ressemble un tir de fusée Le Prieur (photo SHAA B79 407)
Amicalement

[CELT 29]

Bonjour,

Votre photo illustre bien la trajectoire aléatoire de ces fameuses fusées. Je ne connais pas la portée efficace de ces engins mais elle devait être bien faible. Le tir s'effectuant par salve complète on devait compter sur le fait qu'au moins une ou deux fusées traverse le ballon pour l'incendier. Si on se réfère à l'article du Fana concernant ces fusées, il est précisé que l'apparition sur la fin du conflit des balles incendiaires en avait rendu l'usage obsolète.

Il n'en reste pas moins que la fusée Le Prieur a été l'un des premiers engins air-air non guidé utlisé opérationnellement.

Ronan

[alain13]

Impossible de louper la cible !!!

[CTP]

Bonsoir
Déclenchées électriquement, ces fusées nécessitaient de s’approcher très près de l’objectif, au risque de brûler avec le ballon attaqué. Aussi les spécialistes de l’attaque des « saucisses » -Coiffard (34 victoires dont 28 ballons), Bourjade (28 victoires dont 26 ballons), Boyau (35 victoires dont 20 ballons), Ehrlich (19 victoires dont 18 ballons), Haegelen (22 victoires dont 15 ballons), Sardier (14 victoires dont 11 ballons), Ambrogi (14 victoires dont 11 ballons), Pinsard (27 victoires dont 8 ballons)- préférèrent les balles explosives incendiaires.
Cordialement
Claude

[CELT 29]

Pas si sûr Alain, beaucoup de facteurs rentrent en ligne de compte pour réussir un bon tir.

Je ne crois pas que des statistiques étaient remplies à l'époque, mais je pense que vous seriez surpris du peu de coups au but par rapport au nombre d'engins tirés.

Deux exemples sans rapport avec la 1ère GM, mais illustrant bien ce genre de situation.

Les américains sont partis au Vietnam avec les premières versions du F 4 Phantom, tant pour l'US NAVY que l'US AIR FORCE, conçues sans armement de bord (canon), tant il étaient sûrs de la supériorité de leurs missiles air-air en combat aérien. Ils ont vite déchanté lors de leur premières rencontres avec les mig vietnamiens lorsqu'ils se sont rendus compte du peu de fiabilité et d'efficacité de leurs Sidewinder ou Sparrow. Par contre en face, les mig 17 ou 19 équipés uniquement que de canons commençaient à faire de beaux cartons sur les fleurons de la technologie américaine. Résultat, les amériacin ont développé en rattrapage un pod canon pour monter sur les premières versions du Phantom et ils ont sorti la version F4 E intégrant un canon de bord rotatif de 20 mm.

De même durant la 2ème GM, les pilotes anglais de TYPHOON se sont rendus compte assez rapidement du manque de précision et d'efficacité de leurs roquettes air-sol sur des objectifs en dur (bunkers) et de petite taille
(blindés). De fait il était préférable de recourir à la bonne vieille bombe de 250 kg lachée en semi-piqué pour détruire le Panther ou le Tigre embossé.

[Guy Rufray]

Bonjour à tous,

L'armement air-sol le plus difficile à tirer est sans aucun doute les roquettes. Elles demandent une grande précision dans les paramètres de tir (vitesse, angle de piqué, altitude et distance de tir) et surtout une extrême stabilité de l'avion au moment du tir. Même en respectant scrupuleusement ses éléments, les roquettes n'atteignent pas toujours leur but. On comprend pourquoi en voyant des photos de tir en salve. Il peut y avoir des écarts d'une dizaine de degrés entre deux roquettes tirées en même temps. Pourquoi ? Je n'ai malheureusement jamais eu la réponse.
Des essais de tir de roquettes de 68 mm en air-air ont eu lieu dans les années 60 à partir de F-84F ; essais très vite abandonnés devant l'imprécision de ces tirs.

[alain13]

Bonjour à tous,

J'aurais peut-être du dire impossible de manquer la cible s'il s'agit d'un Zeppelin ou d'un gros ballon, et encore, puisque certains l'ont manquée le 22 mai 1916.
Mais pour Le Prieur le but n'était d'en faire un projectile de précision mais de trouver un moyen plus efficace que les balles incendiaires de 8mm qui n'arrivaient pas à enflammer les ballons, avec une mise en oeuvre simple et rapide. Il avait d'ailleurs proposé en même temps que ses fusées un obus de 37 contenant un liquide incendiaire.
Ses fusées de feux d'artifice ont tout de même servi un an et demi avant d'être remplacées par des mitrailleuses à balles incendiaires de calibre 13/2 tout à fait adéquates pour incendier les ballons.

Cordialement,
Alain

[Cyril Cary]

Bonsoir
Dans le superbe album qui a été vendu hors de prix ( http://cgi.ebay.de/ws/eBayISAPI.dll?Vie ... :IT&ih=013 ) , il y a des photos de l'aerodrome allemand à Spincourt dans la Meuse.

Sur certaines des ces photos, il y a un aviateur français capturé avec un uniforme blanc (et médaille) et pantalon foncé à bandes claires, il s'agit de Réservat Henry qui fut abattu entre Maucourt et Gincrey lors de cette mission.

Son avion est loin d'avoir été incendié par le pilote, Reservat écrira ces mémoires aprés guerre et expliquera qu'il n'a pas incendié son avion.
De plus, il existe des photos des Allemands camouflant l'avion avec des branchages; aucun doute sur l'avion, Reservat avait fait peindre un grand "R" sur le fuselage . Cette carcasse est bien reconnaissable à une aile voilée et une roue doite pliée à l'équerre. La photo de l'album, présente bien l'avion de Reservat mais remis en place et incendié par les Allemands, et la roue redressée, donc soit ils l'ont déplacé, soit ils ont mis un leurre pour les Français (et cela à bien fonctionner). Ils allaient pouvoir étudier le nouveau système "anti-ballon" mis au point par l'ennemi.

Donc sur les photos de Celt 29, la photo n°4: à gauche et de dos , le pilote reconnaissable à son uniforme est Reservat, et sur la photo n°5, à partir de la gauche le troisième personnage au premier plan est toujours Reservat Henry.
Sur la photo de Bruno10, Reservat est le 4eme au premier plan à partir de la gauche.
Je n'y connais rien en uniforme, mais celui de Reservat semble particulier, de quelle arme est il?

Cordialement
Cyril

[albin denis]

Bonsoir à tous,


L'adjudant Henri Réservat de la N 65 a été fait prisonnier avec le Nieuport 16 n° 959
or l'avion brulé porte distinctement son numéro de série sur chaque extrémité d'ailes, soit le 1182.

Le Nieuport 16 n° 1182 est connu car c'est l'avion du Ltt André Dubois de Gennes fait prisonnier, le 01.07.1916.

Pour les uniformes :

- l'Adjudant Henri Réservat était détaché du 131ème régiment d'infanterie
- le Ltt André Dubois de Gennes était détaché du 7ème régiment de chasseur à cheval.

Donc l'aviateur photographié est le Ltt André Dubois de Gennes, capturé le 1er juillet 1916.

Bien cordialement

Albin