Bonjour
Selon les carnets de comptabilité de la 67, 2 ème trimestre 1916
Vient de l'escadrille N37
Direction du chef du service aéro du 22 mai 1916.
Evacué sur l'hôpital le 29 mai
Rentré de l'hôpital le 4 juin.
Les deux trimestres suivants de la comptabilité manquent.
Début 17 Guignard n'émarge pas à la comptabilité de la 67
Réceptionnaire correspond bien à pilote d'essai dans la mesure où il certifiait que l'avion "examiné" correspondait bien tant du point de vue technique que des performances au cahier des charges du modèle. Les réceptionnaires dépendaient du SFA (Service de fabrication de l'aviation).
A vérifier, s'ils étaient considérés "aux armées"
Cordialement
Claude
Pilote Guignand et conseil de guerre
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Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Claude Thollon-Pommerol
http://www.asoublies1418.fr accueille volontiers tout document personnel ou familial que vous souhaitez partager. Site en reconstruction. Soyez patients.
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Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Bonjour Pierre,
Il y avait bien un hôpital Saint-Antoine (il y est toujours aujourd'hui). D'après le Dictionnaire historique des rues de Paris, il porte ce nom depuis 1802.
Yves
Il y avait bien un hôpital Saint-Antoine (il y est toujours aujourd'hui). D'après le Dictionnaire historique des rues de Paris, il porte ce nom depuis 1802.
Yves
Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Concernant les articles de loi, je ne suis pas juriste, mais si je comprends bien, la loi du 19 juillet 1901 prévoit l'admission de circonstances atténuantes dans les tribunaux militaires.
Loi rendant applicable l'article 463 du Code pénal (19 juillet 1901)
A confirmer, mais apparemment l'article 233 est un des articles concernant la "désertion à l'intérieur" (plus précisément, absence de plus de six jours).
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61143801/f62
L'article 213 indique les peines prévues pour abandon de poste :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61143801/f57
L'article 135 est le suivant :
<< En cas de conviction de plusieurs crimes ou délits, la peine la plus forte est seule prononcée. >>
Source : Code de justice militaire pour l'armée de terre. Volume mis à jour à la date du 20 décembre 1918 sur gallica.bnf.fr
Yves
Loi rendant applicable l'article 463 du Code pénal (19 juillet 1901)
A confirmer, mais apparemment l'article 233 est un des articles concernant la "désertion à l'intérieur" (plus précisément, absence de plus de six jours).
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61143801/f62
L'article 213 indique les peines prévues pour abandon de poste :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61143801/f57
L'article 135 est le suivant :
<< En cas de conviction de plusieurs crimes ou délits, la peine la plus forte est seule prononcée. >>
Source : Code de justice militaire pour l'armée de terre. Volume mis à jour à la date du 20 décembre 1918 sur gallica.bnf.fr
Yves
Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Bonjour Pierre
Sur le livret militaire de mon GP, article 213 = Abandon de poste devant l'ennemi et abandon sur un territoire en état de guerre ou de siège.
Désolé, les autres articles ne sont pas mentionnés.
Cordialement
FABRICE
Sur le livret militaire de mon GP, article 213 = Abandon de poste devant l'ennemi et abandon sur un territoire en état de guerre ou de siège.
Désolé, les autres articles ne sont pas mentionnés.
Cordialement
FABRICE
Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Bonjour à tous
Merci surtout à Fabrice, Yves et Claude pour leur contribution et leur intérêt.
Voilà ce que disait la "rumeur" (à laquelle j'évite de me référer) concernant ce pilote, dans son petit village, sachant qu'il y a parfois un fond de vérité :
"aurait été abattu et capturé par les Allemands et aurait "négocié" sa libération en échanges d'informations", mais ça ne colle pas vraiment avec le jugement du CDG.
Je me rappelle que son neveu aujourd'hui décédé, m'avait dit (en 1984) qu'Urbain avait été abattu et qu'il avait conservé de cette chute d'avion des séquelles des suites desquelles il serait décédé après guerre. En tous les cas il ne m'a jamais parlé de sa dégradation et de son passage devant le CDG que je ai découvert il y a peu.
Lorsqu'un pilote est abattu par l'ennemi, y en a t-il trace automatiquement dans ses dossiers ?
En tous les cas son passage à l'hôpital Saint-Antoine (fin 17, début 18) ne semble pas en rapport avec une chute d'avion. L'affection dont il semblait souffrir se termine par ...cardie, ce qui laisse supposer un problème cardiaque.
Néanmoins, ce qui me semble le plus important c'est de conserver l'image du pilote intrépide qu'il était (3 citations, croix de guerre, médaille militaire, légion d'honneur) et qui a contribué par son exemple (il a fait la "une" de sporting) à promouvoir un élan patriotique nécessaire à cette période. C'était un héros qui sûrement a du faire un choix discutable en 1918. Mais qu'aurions nous fait à sa place ? Qu'a pensé le CDG devant un pilote aussi décoré ? Pour moi il n'est donc pas question de juger, mais juste de chercher à comprendre...
Bien cordialement
Pierre
Merci surtout à Fabrice, Yves et Claude pour leur contribution et leur intérêt.
Voilà ce que disait la "rumeur" (à laquelle j'évite de me référer) concernant ce pilote, dans son petit village, sachant qu'il y a parfois un fond de vérité :
"aurait été abattu et capturé par les Allemands et aurait "négocié" sa libération en échanges d'informations", mais ça ne colle pas vraiment avec le jugement du CDG.
Je me rappelle que son neveu aujourd'hui décédé, m'avait dit (en 1984) qu'Urbain avait été abattu et qu'il avait conservé de cette chute d'avion des séquelles des suites desquelles il serait décédé après guerre. En tous les cas il ne m'a jamais parlé de sa dégradation et de son passage devant le CDG que je ai découvert il y a peu.
Lorsqu'un pilote est abattu par l'ennemi, y en a t-il trace automatiquement dans ses dossiers ?
En tous les cas son passage à l'hôpital Saint-Antoine (fin 17, début 18) ne semble pas en rapport avec une chute d'avion. L'affection dont il semblait souffrir se termine par ...cardie, ce qui laisse supposer un problème cardiaque.
Néanmoins, ce qui me semble le plus important c'est de conserver l'image du pilote intrépide qu'il était (3 citations, croix de guerre, médaille militaire, légion d'honneur) et qui a contribué par son exemple (il a fait la "une" de sporting) à promouvoir un élan patriotique nécessaire à cette période. C'était un héros qui sûrement a du faire un choix discutable en 1918. Mais qu'aurions nous fait à sa place ? Qu'a pensé le CDG devant un pilote aussi décoré ? Pour moi il n'est donc pas question de juger, mais juste de chercher à comprendre...
Bien cordialement
Pierre
Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Salut à tous,
Ce sujet est très intéressant : Guignand était l'équipier de Navarre, le jour où celui-ci s'est fait quasiment descendre par le tir d'un mitrailleur allemand. Sérieusement blessé au bras, Navarre parvient à revenir dans ses lignes d'où il est évacué à l'hôpital. Ce sera le début de sa dépression nerveuse et sa descente aux enfers.
La mission fatale de Navarre a lieu le 17 juin 1916, jour de visite à l’escadrille du colonel Barès. Navarre hésite à rester à l’escadrille comme le lui propose le capitaine de Saint Sauveur : il souhaite faire part au chef de l’aviation de ses doléances de pilote et en particulier le besoin pressant de voir les chasseurs français équipés de Vickers à bande. Mais comme le temps est favorable, il se décide à aller combattre et décolle à l’aube avec son vieil ami Georges Pelletier D’Oisy, alias "Pivolo". Il abat avec ce dernier au dessus de Samogneux un biplace qui lui sera homologué comme sa 12eme victoire. Puis il poursuit sa patrouille et se fait rejoindre en vol par un deuxième équipier, l’adjudant Guignand. Les trois Nieuport français remontent l’Argonne à la recherche d’une proie et aperçoivent alors un appareil de réglage près de Grand Pré. Navarre fait signe d’attaquer et pique, redressant à son niveau, puis il tourne autour de l’allemand, laissant le soin à ses équipiers de porter les premières attaques. Pivolo fait une passe de tir et dégage. Navarre ne voit pas Guignand et vire pour découvrir où il se trouve, sans succès. « La couleur rouge de mon fuselage – signe distinctif que j’avais adopté pour me faire connaître dans l’air – m’attire la colère du boche qui concentre ses efforts uniquement sur moi. Au moment où je fais un nouveau retournement, décidé à attaquer sans attendre Guignand, je sens un choc terrible au bras et à la poitrine. » Navarre crache du sang et perd l’usage de son bras. Il coupe le contact pour se poser d’urgence puis se ravise pour tenter de gagner le terrain de Sainte Menehould. « J’arrive cahin-caha au terrain de Sainte Menehould : après m’être mis face au vent au ras du sol, à la suite d’un petit virage à la « Jean » en beauté, au cas où ce serait le dernier, je me pose à terre. Des mécaniciens et des poilus jouent au football de l’autre côté du camp. Ils vont venir. J’essaie de sortir de l’appareil sans aucun secours. Mais quand je suis debout, je tombe à genoux, défaillant et j’appelle au secours. Le premier que je reconnais auprès de moi est ce brave Pivolo qui, se doutant du drame, a tenu à atterrir à mes côtés. »
Voici une photo de Guignand (à gauche) et Navarre

Cordialement,
DTB
Ce sujet est très intéressant : Guignand était l'équipier de Navarre, le jour où celui-ci s'est fait quasiment descendre par le tir d'un mitrailleur allemand. Sérieusement blessé au bras, Navarre parvient à revenir dans ses lignes d'où il est évacué à l'hôpital. Ce sera le début de sa dépression nerveuse et sa descente aux enfers.
La mission fatale de Navarre a lieu le 17 juin 1916, jour de visite à l’escadrille du colonel Barès. Navarre hésite à rester à l’escadrille comme le lui propose le capitaine de Saint Sauveur : il souhaite faire part au chef de l’aviation de ses doléances de pilote et en particulier le besoin pressant de voir les chasseurs français équipés de Vickers à bande. Mais comme le temps est favorable, il se décide à aller combattre et décolle à l’aube avec son vieil ami Georges Pelletier D’Oisy, alias "Pivolo". Il abat avec ce dernier au dessus de Samogneux un biplace qui lui sera homologué comme sa 12eme victoire. Puis il poursuit sa patrouille et se fait rejoindre en vol par un deuxième équipier, l’adjudant Guignand. Les trois Nieuport français remontent l’Argonne à la recherche d’une proie et aperçoivent alors un appareil de réglage près de Grand Pré. Navarre fait signe d’attaquer et pique, redressant à son niveau, puis il tourne autour de l’allemand, laissant le soin à ses équipiers de porter les premières attaques. Pivolo fait une passe de tir et dégage. Navarre ne voit pas Guignand et vire pour découvrir où il se trouve, sans succès. « La couleur rouge de mon fuselage – signe distinctif que j’avais adopté pour me faire connaître dans l’air – m’attire la colère du boche qui concentre ses efforts uniquement sur moi. Au moment où je fais un nouveau retournement, décidé à attaquer sans attendre Guignand, je sens un choc terrible au bras et à la poitrine. » Navarre crache du sang et perd l’usage de son bras. Il coupe le contact pour se poser d’urgence puis se ravise pour tenter de gagner le terrain de Sainte Menehould. « J’arrive cahin-caha au terrain de Sainte Menehould : après m’être mis face au vent au ras du sol, à la suite d’un petit virage à la « Jean » en beauté, au cas où ce serait le dernier, je me pose à terre. Des mécaniciens et des poilus jouent au football de l’autre côté du camp. Ils vont venir. J’essaie de sortir de l’appareil sans aucun secours. Mais quand je suis debout, je tombe à genoux, défaillant et j’appelle au secours. Le premier que je reconnais auprès de moi est ce brave Pivolo qui, se doutant du drame, a tenu à atterrir à mes côtés. »
Voici une photo de Guignand (à gauche) et Navarre

Cordialement,
DTB
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Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Bonsoir Thio, bonsoir à tous
Il ne s'agit pas de juger mais de comprendre.
Etant donné ses états de service et son expérience de pilote, Guignand avait sans doute ses raisons qu'il serait intéressant de connaître, de même que les circonstances de cette "reconduite" à son affectation d'origine.
Beaucoup de pilotes, et non des moindres se sont souvent trouvés sur le "fil du rasoir". Et Navarre en est un exemple.
Fin mai pas de Guignand abattu dans le FASWC de Bailey et Cony.
Son hospitalisation a une autre cause, mais on remarquera qu'elle st de courte durée (29 mai au 4 juin)
DTB (décidément ces pseudo...) quelle est l'origine de cette superbe photo?
A suivre donc
Cordialement
Claude
Il ne s'agit pas de juger mais de comprendre.
Etant donné ses états de service et son expérience de pilote, Guignand avait sans doute ses raisons qu'il serait intéressant de connaître, de même que les circonstances de cette "reconduite" à son affectation d'origine.
Beaucoup de pilotes, et non des moindres se sont souvent trouvés sur le "fil du rasoir". Et Navarre en est un exemple.
Fin mai pas de Guignand abattu dans le FASWC de Bailey et Cony.
Son hospitalisation a une autre cause, mais on remarquera qu'elle st de courte durée (29 mai au 4 juin)
DTB (décidément ces pseudo...) quelle est l'origine de cette superbe photo?
A suivre donc
Cordialement
Claude
Claude Thollon-Pommerol
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Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Bonsoir
DTB (décidément ces pseudo...)
Je crois pas qu'il t'en voudra si tu l'appelles David...
Cordialement
Bruno
DTB (décidément ces pseudo...)
Je crois pas qu'il t'en voudra si tu l'appelles David...
Cordialement
Bruno
Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Bonsoir à tous
Merci pour cette superbe photo, c'est bien notre homme que j'ai eu le plaisir de découvrir en photo il y a une trentaine d'années.
Il a moins changé que moi
J'ai bien connu son frère cadet, décédé au bel âge de 99 ans. Il était le doyen français des chasseurs, à 97 ans, il chassait encore ! J'ai eu le triste honneur d'écrire sa nécrologie..mais c'est une autre histoire.
Je vous fais partager la citation paru au JO du 7/04/1916 : "Pilote de tout premier ordre, d'une bravoure et d'une audace exceptionnelles. A toujours attaque l'ennemi avec la plus ardente énergie partout où il l'a rencontré et sans se laisser intimider par le nombre des adversaires. A engagé 16 combats aériens avec 26 avions ennemis dont 5, très atteints, ont du atterrir précipitamment dans leurs lignes. Après de rudes combats contre plusieurs avions ennemis a été lui même contraint à l'atterrissage le 21 et le 24 février 1916, dans des conditions extrêmement périlleuses en raison des avaries graves de son avion et n'a du la vie sauve qu'à son sang froid et à sa très grande habileté de pilote"
C'est à cette occasion que lui a été attribuée la Légion d'Honneur.
Cordialement
Pierre
Merci pour cette superbe photo, c'est bien notre homme que j'ai eu le plaisir de découvrir en photo il y a une trentaine d'années.
Il a moins changé que moi

J'ai bien connu son frère cadet, décédé au bel âge de 99 ans. Il était le doyen français des chasseurs, à 97 ans, il chassait encore ! J'ai eu le triste honneur d'écrire sa nécrologie..mais c'est une autre histoire.
Je vous fais partager la citation paru au JO du 7/04/1916 : "Pilote de tout premier ordre, d'une bravoure et d'une audace exceptionnelles. A toujours attaque l'ennemi avec la plus ardente énergie partout où il l'a rencontré et sans se laisser intimider par le nombre des adversaires. A engagé 16 combats aériens avec 26 avions ennemis dont 5, très atteints, ont du atterrir précipitamment dans leurs lignes. Après de rudes combats contre plusieurs avions ennemis a été lui même contraint à l'atterrissage le 21 et le 24 février 1916, dans des conditions extrêmement périlleuses en raison des avaries graves de son avion et n'a du la vie sauve qu'à son sang froid et à sa très grande habileté de pilote"
C'est à cette occasion que lui a été attribuée la Légion d'Honneur.
Cordialement
Pierre
Re: Pilote Guignand et conseil de guerre
Salut à tous,
La photo vient du SHD.
Quant aux pilotes, Guignand ne serait pas le premier à avoir refusé de retourner au casse-pipe.
J'ai eu le cas de Louis Paulhan, le célèbre pilote d'avant guerre (brevet n°10), qui réalise une brillante campagne de Serbie dans l'escadrille MF 99 S en 1915. J'en ai écrit l'histoire dans le Fana de l'aviation pour ceux qui l'ont lue, et vous en avez un résumé sur le site d'Albin (à la page de l'escadrille 525). Paulhan a remporté 1 victoire officielle plus une autre, bien réelle, mais non revendiquée. Fin 1915, la Serbie est attaquée de toute parts et la MF 99S doit battre en retraite à travers les montagnes enneigées d'Albanie. Paulhan s'envole dans la crasse avec un Farman poussif, qui ne grimpe pas plus haut que 1200 mètres, alors que les montagnes l'Albanie culminent à 1500... Il évacue son camarade Stéfanik, trop malade pour marcher. Quand la brume se dissipe, les falaises des montagnes sont tout près !
Bref, l'aventure à la Indiana Jones.
De retour en France, le grand Paulhan est couvert de médailles. Il demande un détachement à l'arrière (avec son mécanicien perso) pour bosser en usine. Bonne pâte, le QG lui accorde. Puis, elle est renouvelée, de 6 mois en 6 mois... Jusqu'à ce qu'un officier demande une enquête, qui conclut que le détachement est accordé de manière abusive, et que les inventions que promettait de développer Paulhan ne sont que du vent. Il doit alors revenir en escadrille, fait un petit tour et puis s'en va à la N 85. Car un copain constructeur (je ne sais plus si c'est Blériot ou Voisin) envoie une lettre au QG pour dire qu'il a ab-so-lu-ment besoin du grand aviateur dans son usine. On lui accorde le détachement jusqu'à la fin de la guerre.
Je n'invente rien dans tout ça : c'est dans son dossier individuel. Il a dû estimer qu'il en avait assez fait et ne voulait plus retourner au casse-pipe. D'autre comme lui ont dû avoir ce raisonnement, mais sans avoir ses relations.
Ne pas oublier le raisonnement de Pierre Rougevin Baville, vieux pilote de Nieuport à Verdun en 1916 et chef de la SPA 99 en 1918, qui a laissé ceci dans son témoignage oral au SHD :
" Au début de la guerre, c’était des types qui avaient envie d’aviation. Cela ne s’est pas passé comme ça en 1918 où l’on a ouvert plein d’écoles et où se sont réfugiés tout un tas de types qui n’avaient pas envie de se faire trouer la peau dans les tranchées. C’était des gars dont on peut dire qu’ils n’étaient pas gonflés, qui trainaient d’école en école jusqu’au jour où on les expédiait au front. Un beau jour, je faisais alors figure de vieux pilote avec 1 an et demi d’instruction, je me suis retrouvé à la tête d’une escadrille avec une majorité de types qui ne voulaient pas me suivre. A ce moment là, le chef de patrouille battait des ailes pour dire « serrez sur moi, on va attaquer ». Eux, au lieu d’attaquer, ils se mettaient plus haut pour prendre de la hauteur, ou comme nous disions prendre un fauteuil de balcon. C’était complètement idiot parce que les Allemands, eux, étaient déjà disciplinés et volaient en étages superposés. Tous les isolés étaient invariablement nettoyés. J’ai eu des pertes et beaucoup de chagrin de voir mes pilotes disparaître, irresponsables et trouillards. L’esprit était différent du début où c’était des gars qui en voulaient."
Tous les pilotes n'étaient pas des furieux, loin de là, quoiqu'en disent les récits cocardiers de la presse de l'époque.
DTB
La photo vient du SHD.
Quant aux pilotes, Guignand ne serait pas le premier à avoir refusé de retourner au casse-pipe.
J'ai eu le cas de Louis Paulhan, le célèbre pilote d'avant guerre (brevet n°10), qui réalise une brillante campagne de Serbie dans l'escadrille MF 99 S en 1915. J'en ai écrit l'histoire dans le Fana de l'aviation pour ceux qui l'ont lue, et vous en avez un résumé sur le site d'Albin (à la page de l'escadrille 525). Paulhan a remporté 1 victoire officielle plus une autre, bien réelle, mais non revendiquée. Fin 1915, la Serbie est attaquée de toute parts et la MF 99S doit battre en retraite à travers les montagnes enneigées d'Albanie. Paulhan s'envole dans la crasse avec un Farman poussif, qui ne grimpe pas plus haut que 1200 mètres, alors que les montagnes l'Albanie culminent à 1500... Il évacue son camarade Stéfanik, trop malade pour marcher. Quand la brume se dissipe, les falaises des montagnes sont tout près !
Bref, l'aventure à la Indiana Jones.
De retour en France, le grand Paulhan est couvert de médailles. Il demande un détachement à l'arrière (avec son mécanicien perso) pour bosser en usine. Bonne pâte, le QG lui accorde. Puis, elle est renouvelée, de 6 mois en 6 mois... Jusqu'à ce qu'un officier demande une enquête, qui conclut que le détachement est accordé de manière abusive, et que les inventions que promettait de développer Paulhan ne sont que du vent. Il doit alors revenir en escadrille, fait un petit tour et puis s'en va à la N 85. Car un copain constructeur (je ne sais plus si c'est Blériot ou Voisin) envoie une lettre au QG pour dire qu'il a ab-so-lu-ment besoin du grand aviateur dans son usine. On lui accorde le détachement jusqu'à la fin de la guerre.
Je n'invente rien dans tout ça : c'est dans son dossier individuel. Il a dû estimer qu'il en avait assez fait et ne voulait plus retourner au casse-pipe. D'autre comme lui ont dû avoir ce raisonnement, mais sans avoir ses relations.
Ne pas oublier le raisonnement de Pierre Rougevin Baville, vieux pilote de Nieuport à Verdun en 1916 et chef de la SPA 99 en 1918, qui a laissé ceci dans son témoignage oral au SHD :
" Au début de la guerre, c’était des types qui avaient envie d’aviation. Cela ne s’est pas passé comme ça en 1918 où l’on a ouvert plein d’écoles et où se sont réfugiés tout un tas de types qui n’avaient pas envie de se faire trouer la peau dans les tranchées. C’était des gars dont on peut dire qu’ils n’étaient pas gonflés, qui trainaient d’école en école jusqu’au jour où on les expédiait au front. Un beau jour, je faisais alors figure de vieux pilote avec 1 an et demi d’instruction, je me suis retrouvé à la tête d’une escadrille avec une majorité de types qui ne voulaient pas me suivre. A ce moment là, le chef de patrouille battait des ailes pour dire « serrez sur moi, on va attaquer ». Eux, au lieu d’attaquer, ils se mettaient plus haut pour prendre de la hauteur, ou comme nous disions prendre un fauteuil de balcon. C’était complètement idiot parce que les Allemands, eux, étaient déjà disciplinés et volaient en étages superposés. Tous les isolés étaient invariablement nettoyés. J’ai eu des pertes et beaucoup de chagrin de voir mes pilotes disparaître, irresponsables et trouillards. L’esprit était différent du début où c’était des gars qui en voulaient."
Tous les pilotes n'étaient pas des furieux, loin de là, quoiqu'en disent les récits cocardiers de la presse de l'époque.
DTB