UNION Delegrange, Bastes et Cie. Rouen/Paris

olivier 12
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Re: UNION Delegrange, Bastes et Cie. Rouen/Paris

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

UNION (Vapeur)

Vapeur de 877 tx construit en 1898 sous le nom de PEARL au chantier Wood Skinner de Bill Quay
Longueur 56 m Largeur 8,9 m

1898 PEARL J.H Wheterall Goole
1904 UNION Lloyd Bahia Blanca
SA de Nav a vapores Bahia Blanca
1909 UNION Marina Mercante Argentina Bahia Blanca
1917 UNION Delegrange Bastes & Cie Rouen/Paris

UNION a été coulé le 26 Janvier 1918 à 7 milles au Nord des Sept Iles par 48°58 N et à 03°30 W par le sous-marin U 90 du Kptlt Walter REMY

Voici la première page de son dossier aux archives de Vincennes, dossier dans lequel ne figure malheureusement aucun document (Sans doute une erreur de classement … !)

Image

Cdlt
olivier
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IM Louis Jean
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Re: UNION Delegrange, Bastes et Cie. Rouen/Paris

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,

D'après "Fortunes de mer, fortunes de guerre dans la Manche et aux abords de 1830 à nos jours : plus de 3 000 naufrages classés alphabétiquement" par Yves DUFEIL, il n'y aurait eut une seule victime. Dans le Journal officiel du 1er janvier 1920 Maria-Marguerite Anglaret, veuve du matelot Lucas disparu lors de la perte du vapeur Union, se voit attribué une pension avec jouissance du 27 janvier 1918.

Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Rutilius
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Re: UNION Delegrange, Bastes et Cie. Rouen/Paris

Message par Rutilius »

.
Bonjour à tous,


■ La victime.

— LUCAS ... 3e mécanicien, inscrit au quartier maritime d’Audierne, n° 5.315.

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 20 mars 1922 (art. 1er ; J.O. 2 avr. 1922, p. 3.653 et 3.655), inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier dans les termes suivants :

« Union. — Lucas, officier mécanicien, Audierne 5315 : disparu en mer, le 26 janvier 1918, au cours d’une attaque de son bâtiment par l’ennemi. Croix de guerre avec étoile de bronze. »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: UNION Delegrange, Bastes et Cie. Rouen/Paris

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rapport d’enquête figurant dans les archives britanniques

Le vapeur français UNION se rendait de Brest à Rouen avec 794 tonnes de charbon. Parti le 25 Janvier à 16h00, un peu en retard à cause d’une avarie survenue au guindeau en relevant son ancre, il espérait rattraper le convoi grâce à sa vitesse un peu supérieure.

Capitaine PICHON Jean-Baptiste Cancale n° 28
Navire armé d’un canon de 95 mm
Equipage de 22 hommes dont 4 militaires :
- FILY Emile QM canonnier 23668.3
- CONQUET René Canonnier breveté 106875.2
- PAULIN Abel Aide canonnier 53724.5
- LEPRETRE Ernest Boulogne 5288 Servant

Avait reçu les instructions de passer à 23 milles au large de l’île de Batz et 7 milles au large des Sept Iles.
Brise de SSW. Mer belle et beau clair de lune.

A 19h15, on entendit une explosion provenant de plusieurs milles sur l’avant et on apprit par la TSF qu’un vapeur anglais venait d’être torpillé. (Nota : il devait s’agir du vapeur EASTLANDS, 3113 t, allant de Bordeaux à Dunkerque et torpillé à 13 milles au NW de l’île Vierge par l’UB 55 du Kptlt Ralph WENNINGER). UNION se trouvait alors à 10 miles dans le NW de l’île Vierge et le capitaine crut prudent de s’écarter du sous-marin en venant sur la droite de deux quarts. A 20h30, il reprit son ancienne route au N50E. Il espérait retrouver le convoi, mais n’y a pas réussi.

A 03h10, une forte explosion ébranlait le navire. La torpille avait frappé à bâbord, juste sous la passerelle. Très rapidement, le bâtiment plongeait de l’avant. Il fut impossible d’envoyer un signal, l’antenne ayant été brisée. La baleinière de bâbord et le youyou étaient démolis. L’équipage embarqua dans la seule embarcation indemne, la baleinière de tribord où prirent place 21 hommes. La mer était heureusement très belle. Le bâtiment coulait vers 03h20. L’embarcation resta auprès des débris pour rechercher un manquant, le 3e mécanicien Lucas, Audierne 5315. Il était de quart dans la machine et on ignore comment il a disparu.

Vers 03h30, le sous-marin parut et appela à son bord le capitaine auquel il posa les questions habituelles. Le commandant parlait très bien le français. Il dit au capitaine Pichon : « Vous n’avez pas tiré et vous avez très bien fait ». Au bout de 10 minutes, il s’éloigna et disparut. Après le départ du sous-marin, l’embarcation où étaient 21 hommes s’est dirigée vers la terre et est arrivée à Perros Guirec à 10h15.

Le capitaine PICHON, vieillard de 68 ans, a éprouvé une violente commotion à la suite du torpillage de son bâtiment. Projeté violemment sur les parois de sa cabine, il a reçu sur la tête de nombreux débris et est resté longtemps dans une sorte d’hébétement. C’est son second qui a dirigé l’évacuation et le retour à terre.

Arrivé à Perros, le capitaine Pichon a donné comme position 5 milles au Nord des Sept Iles. Comme je lui faisais remarquer qu’il aurait dû en passer à 7 milles au moins conformément à ses instructions, il m’a affirmé, et il a paru sincère, qu’il en était passé à 10 milles au moins et qu’à son premier interrogatoire il était dans un tel état qu’on ne devait pas raisonnablement tenir compte de ce qu’il avait dit. En réalité, il a été impossible de reconstituer le chemin réellement parcouru depuis le 19h15 la veille. On a navigué uniquement à l’estime, sans prendre aucun relèvement et à minuit on aurait été à 13 milles dans le Nord de l’île de Batz. Il est donc très difficile de savoir exactement où était le vapeur quand il a été torpillé. Au moins, il est un fait certain : c’est que l’UNION a été torpillé et que le sous-marin est venu en surface 10 ou 12 minutes après la disparition du navire et a interrogé le capitaine.

Celui-ci, qui est un homme très digne, n’a plus les qualités nécessaires pour commander, surtout dans les circonstances actuelles. Il a déjà servi pendant la guerre de 1870 ; il a été coulé l’année dernière sur ITALIA ; l’an dernier il a perdu ses deux fils au front ; il a voulu encore servir pendant cette guerre, mais ses forces trahissent sa bonne volonté ; il est très sourd. Dans son intérêt comme dans l’intérêt général, il faut lui retirer, au moins pour la durée des hostilités, la faculté de commander, mais cette mesure doit être prise en usant de ménagements envers ce très brave homme, très éprouvé. On pourrait justifier cette mesure par son grand âge, en raison de sa surdité, à l’exclusion de toute sanction disciplinaire.

Le sous-marin attaquant

Longueur 60 m
Etrave droite haute de 1,20 m
Pont droit
2 tubes lance-torpilles
Kiosque elliptique avec partie supérieure à 2 m au dessus de la plateforme à laquelle on accédait par 5 marches
Projectiles rangés dans des alvéoles en tôle autour du kiosque
2 canons de 105 mm à 2 m sur avant et arrière du kiosque
Peinture toute récente gris bleu.

Ce sous-marin était donc l’U 90 du Kptlt Walter REMY

Tous mes remerciements à Michael Lowrey qui m’a communiqué ces documents.

Cdlt
olivier
kgvm
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Re: UNION Delegrange, Bastes et Cie. Rouen/Paris

Message par kgvm »

olivier 12
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Re: UNION Delegrange, Bastes et Cie. Rouen/Paris

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous, Bonjour kgvm,

Une autre photo d'un PEARL qui paraît présenter des ressemblances avec le cliché précédent. Toutefois, je ne suis pas certain qu'il s'agisse bien du navire de ce sujet, le futur UNION. Retirerai la photo s'il y a erreur...

Image

Cdlt
olivier
olivier 12
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Re: UNION Delegrange, Bastes et Cie. Rouen/Paris

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un complément sur UNION

Des documents sur UNION se trouvent en fait dans un deuxième dossier classé en Mars 18 aux archives.

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Déposition du chef mécanicien DANTAN

Quitté Brest après le convoi à destination de Cherbourg. Forcé la machine pour essayer de rattraper le convoi.
Vers 03h00 du matin, le 3e mécanicien Lucas était de quart dans la machine quand nous avons été torpillés par bâbord avant, un peu sur l’avant de la passerelle. A ce moment, j’étais dans ma cabine et je suis descendu immédiatement dans la machine que le 3e mécanicien venait de stopper. J’ai donné l’ordre à Lucas de monter sur le pont pour se sauver et j’ai battu en arrière pour étaler le navire et permettre la mise à l’eau des embarcations. L’eau gagnant dans la machine, je suis remonté sur le pont arrière après avoir été prévenu par le second mécanicien Lunot que le navire avait été abandonné par tout l’équipage. J’ai retrouvé sur le pont les 2e et 3e mécaniciens et j’ai mis la pression sur le treuil arrière pour tenter la mise à l’eau du radeau. Mais nous n’avons pu le mettre à la mer et nous nous sommes retrouvés, Lunot et moi, lui accroché à l’échelle de coupée et moi à un fumigène. Après être restés plusieurs secondes sous l’eau, entraînés par le remous. L’embarcation revenait à ce moment là et nous a sauvés.
Je n’ai ni entendu crier Lucas, ni aperçu depuis le moment où l’arrière s’est enfoncé. Je l’ai appelé et nous sommes restés environ dix minutes au milieu des épaves à en faire le tour. Nous ne l’avons pas retrouvé.

Déposition du second mécanicien Gaston LUNOT

J’avais quitté le quart à minuit et était couché dans ma cabine lorsqu’à 03h00 du matin j’ai été réveillé par une très forte explosion. Je me suis précipité sur le pont et j’ai coupé avec mon couteau toutes les saisines d’embarcations. J’ai été voir dans la machine si le chef mécanicien avait besoin de mes services. Comme la machine tournait toujours en arrière et que personne ne commandait de stopper, je suis remonté sur le pont où je n’ai plus vu l’embarcation de tribord. J’ai crié au chef mécanicien de stopper et de remonter car on nous avait abandonné à bord. Le canot bâbord et le youyou étant démolis, nous nous sommes précipités, le chef mécanicien, le 3e mécanicien et moi vers le radeau dans l’espoir de le mettre à la mer. Nous n’avons pu y réussir. Le navire s’est enfoncé et je me suis trouvé, après plusieurs secondes d’immersion, accroché à l’échelle de coupée. Le chef mécanicien était près de moi, accroché à un fumigène. Nous avons crié tous deux pour appeler Lucas, mais ce dernier n’a pas répondu. Je l’ai aperçu jusqu’au moment où le navire s’est engouffré. A mon appel, le canot est venu nous sauver.

Rapport de l’officier AMBC

Impossibilité de se servir de l’artillerie.
Au moment de l’explosion, les parcs à munitions ont été arrachés et projetés à la mer ainsi que les caillebotis de la plateforme d la pièce.
A 19h30, un navire avait été torpillé en vue de l’UNION et l’équipage avait été mis aux postes de combat. La pièce était chargée avec un obus d’exercice et le canon prêt à tirer au moment de l’action.
Le canonnier servant LEPRETRE, de service à la pièce, a été projeté sur le pont et légèrement contusionné.
Le canonnier breveté CONQUET est aussitôt monté sur le pont et s’est rendu sur la plateforme. Il s’est assuré que malgré le choc produit par la torpille, le canon était en état de tirer. Mais il a du redescendre et se rendre au poste d’évacuation, le navire s’enfonçant rapidement.
La veille de jour était assurée par le QM chef de section FILY.
Rôles de veille, de combat et d’évacuation tenus à jour et affichés dans les locaux.
Service de veille assuré de façon satisfaisante étant donné le petit nombre de marins d l’équipage commercial. (Deux hommes par bordée, soit un homme à la barre et un homme de veille).
Evacuation s’est déroulée en bon ordre, bien organisée par le second capitaine.

Lettre de Monsieur Delagrange (armateur) au Chef d’Etat Major de la Marine

Nous considérons comme un devoir de vous signaler le courage et le sang froid dont a fait preuve le chef mécanicien DANTAN Paul à bord de notre S/S UNION torpillé le 26 Janvier 1918 au large des Sept Iles et de vous demander une citation en sa faveur.

A défaut du capitaine, étourdi par un coup sur la tête, Dantan a fait le nécessaire pour sauver l’équipage et ensuite, coulant avec le navire en même temps que les deux autres mécaniciens, LUNOT Gaston, 2e mécanicien et LUCAS, 3e mécanicien. Ce dernier a malheureusement disparu, probablement tué par une épave.
Nous serions injustes en ne vous signalant pas également l’attitude digne d’éloges du second mécanicien Lunot sur lequel nous attirons votre bienveillante attention.

Cdlt
olivier
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