Bonjour à tous,
Complément sur le naufrage d’ATALANTE. Interrogatoire de l’équipage.
ATALANTE. Voilier français de 124 tonnes.
Navire non armé
Armateur Olivier LIBOUBAN. Affréteur Docteur ROUCHE, de Bougie.
Effectue une traversée Bougie – Port Saint Louis du Rhône avec un chargement de vin, liège, bouchons et divers.
Le 15 Juillet 1917 à 17h00, à 180 milles de Bougie et 100 milles des Baléares, par 39°34 N et 12°40 E, le voilier est canonné par un sous-marin. Mer houleuse. Ciel clair. Le sous-marin est aperçu sur l’arrière, faisant route à environ 6 nœuds. 5 coups sont tirés avant l’abandon, puis 3 coups sur l’embarcation. Le tir était rapide, mais le navire et l’embarcation ne furent pas touchés. Les projectiles sont tombés à une vingtaine de mètres, et un tout près de l’embarcation.
Le sous-marin accosta le navire et une partie de l’équipage allemand est monté à bord et y est resté jusqu’à 20h00. Le voilier a ensuite été coulé par dépôt de bombe dans les cales, le navire s’enfonçant par le côté. Le commandant du sous-marin n’a pas interrogé le capitaine et n’a fait aucun signe. Sitôt le navire coulé, le sous-marin a plongé.
L’équipage s’est réfugié dans l’embarcation et a accosté 53 heures plus tard, le 17 Juillet à 21h00, à Fornells (nota : sur la côte Nord de Minorque). Le capitaine a fait ses points par Polaire et Soleil. De là, il a rejoint l’Espagne à bord du torpilleur espagnol n° 13, sur ordre du commandant de la Marine à Ciudadela. Ce torpilleur les a tout d’abord conduits à Port Mahon, d’où un courrier les a emmenés à Barcelone.
L’agent consulaire à Ciudadela signale que les autorités maritimes et civiles ont pris toutes les dispositions pour recevoir les naufragés dès leur arrivée à Mahon. Nourriture et passage ont été donnés gratuitement par la compagnie maritime.
Description du sous-marin
80 m de longueur environ
Blockhaus et passerelle au dessus du blockhaus
Un périscope rentré
Antenne TSF allant du blockhaus à l’arrière
Pas de mât
Peint en gris clair. Peinture récente
Vu 14 hommes dont un officier, sans doute le commandant, vêtu de blanc avec une casquette blanche. Un autre officier portait une vareuse kaki. Le reste de l’équipage était « dans la tenue habituelle de pirates »
(Nota : Sans doute tenue de travail normale, mais probablement sans tricorne, bandeau sur l’œil ou sabre d’abordage…
)
Voici la silhouette du sous-marin dessinée par le capitaine Libouban. Il s’agissait donc de l’U 38 du Kptlt z/s Max VALENTINER.
Rapatriement en France
De Barcelone, les hommes d’ATALANTE furent rapatriés sur Cette. Voici le document qui leur servit de passeport.
Conclusions de la commission d’enquête
Elle émet l’avis que le capitaine, après avoir bien commandé son bâtiment, a très bien commandé son embarcation pendant les 120 milles qu’il a du parcourir pour atterrir à Minorque, ramenant ainsi tout son monde sain et sauf, seule chose qu’il pouvait faire.
La commission estime qu’on doit lui maintenir l’autorisation de commander et lui décerner des félicitations.
Note d’Août 1917 sans signature
Je vous fais connaître les informations suivantes reçues au sujet du sauvetage de l’équipage de la goélette ATALANTE, coulée le 15 Juillet 1917 près des îles Baléares.
L’équipage au complet a pu débarquer au complet le 17 Juillet à 21h00 à Fornells et les autorités locales ont témoigné de la plus grande complaisance.
Le commandant de la Marine à Mahon a donné l’ordre au torpilleur n° 13 qui était à Ciudadela, de s’arrêter à Fornells au cours de son voyage de retour pour ramener à Mahon l’équipage naufragé. Le délégué du Gouvernement à Minorque est venu recevoir en personne, avec notre agent à Mahon, nos marins. Il avait prescrit au maire de Mercadal de se rendre à Fornells et de prendre toutes mesures utiles. La Compagnie de Navigation « La Maritima » a hospitalisé à bord du MAHON nos compatriotes et les a transportés gratuitement le 19 courant à Barcelone, les défrayant de tout. Un autre gite leur a été offert par la municipalité de cette ville, à l’hôpital.
Je vous serais très obligé de bien vouloir transmettre au Gouvernement espagnol tous mes remerciements pour le traitement réservé à nos marins.
Cdlt