GABRIELLA — Patrouilleur auxiliaire.

Rutilius
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Re: GABRIELLA — Patrouilleur auxiliaire.

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Bonsoir à tous,


Gabriella ― Patrouilleur auxiliaire (1915~1919), ex-chalutier immatriculé à Boulogne-sur-Mer sous le n° 3.057 ; n° officiel : J.H.T.V.


□ Caractéristiques.

– Longueur : 43,5 m.
– Largeur : 6,70 m.
– Tirant d’eau AR (exact) : 4,35 m.
– Jauge brute : 285 tx.
– Jauge nette : 99 tx.

□ Couchages.

– Avant : 21
– Cuisine : 2
– Poste arrière : 4
– Chambres : 3

□ Équipage : 18 hommes.


Le patrouilleur auxiliaire Gabriella fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre du 9 novembre 1915 au 20 juin 1918 [Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. : Bull. off. Marine 1922, n° 14, p. 720 et 743.].
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: GABRIELLA — Patrouilleur auxiliaire.

Message par Memgam »

Bonjour,

Gabriella, construit en 1907 chez De la Brosse et Fouché à Nantes.

une machine à triple expansion, 425 cv, 10,5 noeuds.

En 1912, indicatif JHTV, immatriculé à Boulogne, armateur Société française de pêcheries à vapeur, capitaine Coppin.

En 1908, recueille un canot au large d'Ouessant contenant 11 hommes ayant abandonné le navire argentin Impératrice de Para victime d'une explosion de chaudière à 9 h 00 le 5 janvier.
Gabriella, capitaine Pierre Evrard débarque les rescapés à Brest à 3 heures (Ouest-Eclair du 6 janvier 1908 et la Dépêche de Brest et de l'Ouest du 6 janvier 1908).

En 1910, perdu à Terre-Neuve selon François Guennoc, sauf que la perte n'est pas signalée dans les journaux (Ouest-Eclair et la Depêche de Brest et de l'Ouest), qu'il n'y a pas eu deux Gabriella à Boulogne et que Gabriella de Boulogne est signalé en pêche à la morue en 1914.

En 1915, Affecté à la 5 ème escadrille de patrouille à Marseille.

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
François Guennoc, La pêche boulonnaise du temps des chalutiers à vapeur, tome I, 1894-1920, Punch éditions.
Jacques Vichot : Répertoire des navires de guerre français, AAMM, 1967.
Jean Labayle-Couhat, French warships of world war I, Ian Allan, 1974.
Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, tome II, 1870-2006, Rezotel-Maury, 2005.

Cordialement.
Memgam
Rutilius
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Re: GABRIELLA — Patrouilleur auxiliaire.

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Bonsoir à tous,


Commandants successifs du patrouilleur auxiliaire Gabriella


... / ...


— GONET Henri Georges Jules, enseigne de vaisseau de 1re classe. Commandement pris le 17 juin 1916 au large de l’île d’Oxia (Grèce).

Né le 5 mars 1890 à ... (...) et décédé le ... juillet 1980 à ... (...).

Époux d’Henriette Augustine CHAUVIN, née le 2 novembre 1892 à Poncé-sur-le-Loir (Sarthe) et décédée le 21 février 1979 à Vendôme (Loir-et-Cher), avec laquelle il avait contracté mariage à Poncé-sur-le-Loir, le 12 juin 1922 (Registre des actes de naissance de la commune de Poncé-sur-le-Loir, Année 1892, f° 5, acte n° 11).

Carrière


Admis en 1908 à l’École navale à la suite du concours organisé la même année, étant classé 40e sur 55 élèves (Déc. min. 28 août 1908, J.O. 29 août 1908, p. 6.051).

Par décision ministérielle du 30 août 1910 (J.O. 31 août 1910, p. 7.352), nommé au grade d’aspirant de marine à compter du 1er octobre 1910, étant classé 31e sur 53 élèves.

Par décret du 11 août 1911 (J.O. 12 août 1911, p. 6.802), promu au grade d’enseigne de vaisseau de 2e classe à compter du 5 octobre 1911, étant classé 36e sur 51 élèves. Port de Cherbourg.

En Septembre 1911, destiné au cuirassé Justice, dans la 2e Division de la 2e Escadre, à compter du 1er octobre 1911 (Liste de destinations, J.O. 8 sept. 1911, p. 7.353).

Début Novembre 1911, désigné au choix pour faire partie de l’état-major du contre-amiral Frédéric Paul MOREAU, venant d’être nommé au commandement de la 2e Division de la 2e Escadre (Liste de destinations, J.O. 1er nov. 1911, p. 8.782) et arborant son pavillon sur le cuirassé Justice.

En Octobre 1912, destiné au torpilleur d’escadre Hallebarde (Liste de destinations, J.O. 16 oct. 1912, p. 8.848). Alors embarqué sur le cuirassé Démocratie.

Par décret du 30 août 1913 (J.O. 1er sept. 1913, p. 7.870), promu au grade d’enseigne de vaisseau de 1re classe à compter du 5 octobre 1913.

Le 16 juin 1916, prend le commandement du patrouilleur auxiliaire Gabriella, de la 5e Escadrille de patrouilles de la Méditerranée orientale.

Par décret du 3 août 1918 (J.O. 5 août 1918, p. 6.784), promu au grade de lieutenant de vaisseau (2e tour ; ancienneté).

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 1er septembre 1920 (J.O. 2 sept. 1920, p. 12.860), inscrit en ces termes au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier à compter du 16 juin 1920 :

« Gonet (Henri-Georges-Jules), lieutenant de vaisseau : officier d’une grande bravoure, ayant fait ses preuves aux fusiliers marins et en patrouille. Une citation. »

Au second semestre 1920, exerce le commandement du chalutier-sondeur Alidade, de la Mission hydrographique de Syrie, en réserve à Toulon.

A compter du 3 janvier 1921, en mission temporaire au Service hydrographique, à Paris (Liste de destinations, J.O. 23 déc. 1920, p. 21.358), demeurant commandant de l’Alidade.

Par décision du Ministre de la Marine en date du 5 février 1921 (J.O. 11 févr. 1921, p. 1.870), breveté officier fusilier.

A compter du 28 novembre 1921, de nouveau en mission temporaire au Service hydrographique, à Paris (Liste de destinations, J.O. 17 nov. 1921, p. 12.712) ; toujours commandant de l’Alidade.

En Octobre 1924, destiné au torpilleur d’escadre Deligny en qualité de second (Liste de destinations, J.O. 9 oct. 1924, p. 9.142).

Par décret du 14 mars 1925 (J.O. 16 mars 1925, p. 2.783), nommé au commandement du transport Seine.

Par décret du ... (J.O. ..., p. ...), promu au grade de capitaine de corvette à compter du 17 janvier 1928.

En Janvier 1929, nommé sous-chef d’état-major à l’État-major des forces navales d’Extrême-Orient, à bord du Waldeck-Rousseau, à Toulon (Liste de destinations, J.O. 17 janv. 1929, p. 620).

Le 1er février 1931, détaché au 3e Bureau de l’État-major général de la Marine (au choix) (Liste de destinations, J.O. 29 janv. 1931, p. 1.034).

Par décret du 7 septembre 1932 (J.O. 10 sept. 1932, p. 9.925), promu au grade de capitaine de frégate.

Par décret du 3 juillet 1933 (J.O. 7 juill. 1933, p. 7.070), promu au grade d’officier de la Légion d’honneur dans les termes suivants :

« Gonet (Henri-Georges-Jules), capitaine de frégate ; 24 ans 9 mois de services, dont 8 ans 9 mois à la mer ; 8 campagnes. Chevalier du 16 juin 1920. »

Par décret du 19 juin 1934 (J.O. 23 juin 1934, p. 6.219), nommé au commandement de l’École des officiers et des marins fusiliers, à Lorient – fonction qu’il exercera du 15 octobre 1934 au 1er juillet 1936.

Par décret du 7 avril 1936 (J.O. 9 avr. 1936, p. 3.928), désigné au commandement de l’aviso colonial D’Entrecasteaux – commandement pris le 13 aout 1936 à Montréal (Canada).

Médaille d’honneur de l’éducation physique et des sports – argent – au titre de l’École des officiers et des marins fusiliers (Arr. 10 nov. 1936, J.O. 21 nov. 1936, p. 12.076 et 12.077).

En Juin 1938, désigné comme commandant en second du 5e Dépôt des équipages de la flotte, à Toulon (Liste de destinations, J.O. 9 juin 1938, p. 6.502). Fonctions prises le 5 novembre 1938 (Liste de destinations, J.O. 6 oct. 1938, p. 11.685).

Par décret du 14 février 1940 (J.O. 16 févr. 1940, p. 1.187), promu au grade de capitaine de vaisseau à compter du 15 février 1940.


— EVENOU Francis Julien Marie, enseigne de vaisseau de 2e classe de réserve (11 oct. 1915), puis enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve (2 juin 1917) ; port de Brest. Commandement pris en Juillet 1917.

Né le 4 mai 1892 à Pléguien (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor) et décédé le ... à ... (...).

Fils de Julien Grégoire EVENOU, né le 9 mars 1865 à Lanvollon (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor), marin puis marchand-colporteur, et d’Anne Marie LE GONIDEC, née le 5 janvier 1858 à Trévérec (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor), « ménagère » ; époux ayant contracté mariage à Pléguien, le 21 novembre 1888 (Registre des actes de mariage de la commune de Pléguien, Année 1888, f° 6, acte n° 5. – Registre des actes de naissance de la commune de Pléguien, Année 1892, f° 5, acte n° 8).

Époux d’Anaïse Marie Françoise LE BRETON, avec laquelle il avait contracté mariage à Plouha (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor), le 26 décembre 1918 (Ibid.).


Carrière


Inscrit maritime au quartier de Binic sous le n° 8.117 le 8 avril 1911. Classe 1912, n° 1.812 au recrutement de Saint-Brieuc.

Par décision du Ministre de la Marine en date du 22 octobre 1914 (J.O. 23 oct. 1914, p. 8.401), nommé second maître élève officier de réserve. Alors élève de la marine marchande.

Par décret du 28 octobre 1915 (J.O. 30 oct. 1915, p. 7.838), nommé au grade d’enseigne de vaisseau de 2e classe dans la réserve de l’armée de mer à compter du 11 octobre 1915.

Par décret du 2 juin 1917 (J.O. 5 juin 1917, p. 4.386), nommé au grade d’enseigne de vaisseau de 1re classe dans la réserve de l’armée de mer.

Félicité en 1926 pour la bonne tenue du navire Flore, dont il exerçait alors le commandement (Déc. Sous-secrétaire d’État chargé des Ports, de la Marine marchande et des Pêches, 7 avr. 1926, J.O. 9 avr. 1926, p. 4.287 et 4.295). Alors capitaine au long-cours.

Par décret du Président de la République en date du 10 octobre 1928 (J.O. 12 oct. 1928, p. 10.085), étant alors lieutenant de vaisseau de réserve, nommé dans les termes suivants au grade de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur :

« EVENOU (Francis-Julien-Marie), lieutenant de vaisseau de réserve ; 14 ans 10 mois de services, dont 10 mois à la mer ; 5 campagnes. »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: GABRIELLA — Patrouilleur auxiliaire.

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Bonsoir à tous,


■ Historique.


— Mars à Décembre 1915 : Affecté comme patrouilleur-arraisonneur à la Flottille des chalutiers de la Manche.


— 1916 : Affecté à la 5e Escadrille de patrouilles de la Méditerranée (3e Section ; Station de Méditerranée orientale).


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— 2 décembre 1917 : Recueille 37 membres de l’équipage de La Rance, cargo de 2.611 t armé par la Compagnie générale transatlantique, coulé le même jour par le sous-marin allemand UC-67 (Oberleutnant zur See Karl NEUMANN), à 22 milles dans le Sud de l’île du Planier, alors qu’il allait de Marseille à Alger. Les débarque le soir à Marseille.


● Patrouilleur auxiliaire Gabriella – alors commandé par l’enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve Francis Julien Marie EVENOUJournal de navigation n° 3 / 1917 - 17 oct. ~ 20 déc. 1917 – : Service historique de la défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 246, p. num. 661.


« Journée du 2 décembre 1917.

............................................................................................................................................................................................................................................................

Quart de 8 heures à 12 heures.


8 h. 00 – Grosse mer.

11 h. 30 – Route sur bâtiment f.
[faisant des] S.O.S.

Quart de 12 heures à 16 heures.

12 h. 15 – Aperçu Rance coulant par l’arrière.

12 h. 30 – Poste de combat. Commencé le feu, pièce avant, 6.000 m, sur le sous-marin au vent de la Rance. Le sous-marin se place parallèlement à la Rance et plonge après le 10e coup.

Aperçu
[et] recueilli une embarcation de 4 hommes.

Aperçu à 2 h 30
[14 h 30] une embarcation de 13 hommes.

Quart de 16 heures à 20 heures.

16 h. 00 – Continué les recherches des naufragés.

16 h. 30 – Aperçu un radeau. Reconnu le cadavre d’un naufragé.

17 h. 10 – Aperçu une embarcation avec des naufragés. Embarqué 20 hommes. Fait route sur Marseille.
»



Commandant Émile VEDEL : « Quatre années de guerre sous-marine », éd. Plon-Nourrit, Paris, 1919, p. 276 à 278.

« [...] Le 2 décembre [1917] au matin, le S.S. français Rance, commandé par le capitaine au long-cours Gaillard, se trouvait à 25 milles au Sud de l’île Planier (atterrages de Marseille), lorsque l'officier de quart vit arriver une torpille, qui, suivant sa direction, devait frapper le navire par le travers des machines. Ayant mis immédiatement la barre toute à gauche, il obtint que la Rance fût atteinte beaucoup plus sur l'arrière, ce qui rendit les conséquences de l'explosion un peu moins foudroyantes. La pièce de poupe se trouvant hors de combat, le commandant ordonna d’armer celle de l'avant, mais le sous-marin ne se montra pas tant que le navire ne fut pas évacué.
Etant chargé de fûts vides, la Rance se maintenait à flots, mais s’enfonçait progressivement par l’arrière. Comme l’eau commençait à gagner les machines, le signal d'abandon fut donné, et l’équipage s'affala dans les embarcations. La mer était très grosse, et un canot où vingt-et-un hommes avaient pris place se défonça contre le bord. Ce que voyant, le commandant Gaillard fit immédiatement pousser la dernière baleinière, avec les 13 marins qu’elle portait, afin qu’il ne leur arrivât pas le même accident. C’était se sacrifier volontairement. Il savait d’ailleurs qu’il restait encore, sur la Rance, un officier mécanicien occupé à faire passer à la baleinière de quoi vider l’eau, et le télégraphiste en train de demander du secours. Tous trois disparurent avec le bâtiment, ayant accompli magnifiquement leur devoir.
Prévenu à 11 h. 25 par le S.O.S. de la Rance, le patrouilleur Gabriella arrivait une heure plus tard, surprenant le sous-marin, qui, maintenant qu’il n’y avait plus de danger, achevait sa victime à coup de canon. A peine la Gabriella avait-elle ouvert le feu sur lui qu’il plongeait. Le patrouilleur manœuvra alors pour recueillir les embarcations, opération rendue très difficile par les lames déferlantes.
Quatre hommes dans un youyou furent les premiers sauvés. A 2 heures de l’après-midi, ce fut le tour de la baleinière et des treize marins qu’elle contenait. A 4 heures, on accostait un radeau sur lequel ne se trouvait qu'un seul naufragé, mais qui glisse entre ses planches, au moment où on va le repêcher. En réalité, il venait de mourir d’épuisement. N’en sachant rien, deux hommes de la Gabriella sautent sur le radeau pris à la remorque, et brisent les planches avec une hache pour en retirer celui qui n’est plus qu’un cadavre. Mais l’amarre casse, et il faut exécuter une manœuvre des plus risquées pour rejoindre le radeau parti à la dérive et rembarquer ses occupants. Enfin, à 5 heures du soir, le dernier canot est atteint, celui qui s’était à moitié brisé contre le bord.
Tels étaient les dangers journellement encourus par nos marins de commerce, pour nous ravitailler, et par nos marins de l’État, pour les protéger et les sauver. Oh ! comme j’espère que cette fraternité dans le péril, la plus vraie de toutes, les aura rapprochés à jamais.
[...] »


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— 20 mars 1918 : Recueille le capitaine et 36 hommes d’équipage du cargo italien Matteo Renato Imbriani, qui, après avoir heurté à midi, à 6 milles dans le Sud-Ouest de l’île du Planier, une mine posée par le sous-marin allemand UC-67 (Kapitänleutnant Karl NEUMANN), avait coulé à 22 h. 35, à 15 milles au Sud de La Ciotat.

Matteo Renato Imbriani – Cargo de 5.842 t. jb construit en 1911 sous le nom d’Albany par le chantier naval J. C. Tecklenborg A.G., de Geestemünde (Land de Brême, Allemagne) pour le compte de la Deutsche-Australische Dampfschiffs Gesellschaft, de Hambourg (Allemagne). Interné en 1914 à Syracuse (Sicile, Italie), est saisi en 1915 par l’État italien qui le cède en 1918 à la société d’armement Ferrovie Dello Stato, de Gênes. Alors renommé Matteo Renato Imbriani.


• Canonnière Impatiente – alors commandée par le lieutenant de vaisseau Olivier Zabulon DIAZ de SORIA –, Correspondance du commandant – 20 mars 1918 ~ 24 déc. 1919 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 276, p. num. 975.


• Patrouilleur auxiliaire Gabriella – alors commandé par l’enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve Francis Julien Marie EVENOUJournal de navigation n° 5 / 1918 – 11 févr. ~ 30 mars 1918 – : Service historique de la défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 246, p. num. 737 et 738.



« Appareillage du 20 mars 1918.

Quart de 4 heures à 8 heures.

7 h. 11 – Largué et appareillé.

7 h. 30 – Passé château d’If et mis à petite vitesse en attendant convoi.

8 h. 00 – Les bâtiments sont en vue. Croisé vapeur Nice dans le chenal de sécurité.



Quart de 8 heures à 12 heures.


8 h. 30 – Pris le chenal de sécurité avec convoi 4 bateaux.

10 h. 00 – Quitté le chenal.

11 h. 30 – Par le travers de Planier.


Quart de 12 heures à 16 heures.


12 h. 00 – Ligne de file ; vapeur italien Matteo Imbriani derrière nous.

12 h. 45 – Aperçu fumée blanche puis noire s’élever au dessus du vapeur italien et perçu détonation. Poste de combat.

Mis en route et venu sur la gauche ; hissé au convoi l’ordre de rentrer à Marseille (appuyé de deux coups de canon). L’équipage du vapeur italien embarque dans les canots de sauvetage. Aucune trace de sous-marin.

13 h. 30 – Sauvé première embarcation de 17 hommes. A 14 h. 00, sauvé l’embarcation de 30 hommes, dont le commandant. Aperçu troisième embarcation sauvée par Taronak.

14 h. 30 – Envoyé embarcation avec le second et quatre hommes du Gabriella ainsi que des marins et officiers italiens pour tenter le remorquage. Première remorque casse. 2e essai : Gabriella ne peut déplacer le bateau et se met en travers, puis derrière le Matteo, debout à la lame. Situation critique. Commandant donne l’ordre de couper la remorque ; celle-ci arrache le chaumard et casse la plateforme arrière. L’équipage abandonne le vapeur sur l’ordre du commandant italien.

19 h. 00 – Manœuvré pour les recueillir. Impossible de continuer les essais. Stoppé près du vapeur qui coule lentement.



Quart de 20 heures à 24 heures.

20 h. 00 – On suit le vapeur abandonné qui dérive.

21 h. 00 – La brise tombe.

21 h. 10 – Le Goliath se met à nos ordres.

22 h. 35 – Le navire coule tout à coup en moins de 10 secondes.

23 h. 00 – Le Crabe et le Jean-Doré sont derrière en ligne de file. Liberté de manœuvre au Goliath.
»


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— 4 avril 1918 : Recueille les naufragés du cargo Libéria, de la Compagnie française de navigation à vapeur (Cyprien Fabre & Cie), torpillé et coulé par le sous-marin allemand UC-35 (Oberleutnant zur See Hans Paul KORCH), à environ 62 milles dans le S.-E. de Hyères, par 42° 04’ N. et 7° 02’ E – 42° 04’ N. et 7° 00’ E. selon le Journal de navigation du patrouilleur auxiliaire Gabriella. Les débarque le 5 avril, à 14 h. 00, au Vieux-Port de Marseille.

Le Libéria, qui allait de la côte Ouest de l’Afrique à Marseille, naviguait en convoi avec les cargos Draa (Compagnie de navigation marocaine et arménienne N. Paquet & Cie, Marseille), Clearpool (Sir Robert Ropner & Sons Ltd., Stockton) et Gregory [Booth Steamship C° Ltd. (Booth Line), Liverpool]. Ces bâtiments s’étaient détachés d’un convoi plus important, remontant vers le Nord, escorté notamment par le patrouilleur auxiliaire Ailly.

Le Gabriella avait appareillé de Marseille le 3 avril 1918, à 6 h. 00, avec le patrouilleur auxiliaire Automne (Premier maître de manœuvre Julien Louis JOUÉO, inscrit à Saint-Brieuc, n° 3.300) pour aller au devant du convoi, afin d’escorter ces quatre cargos jusqu’au port de Marseille.


• Patrouilleur auxiliaire Gabriella – alors commandé par l’enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve Francis Julien Marie EVENOUJournal de navigation n° - / 1918 – 4 avr. ~ 20 mai 1918 – : Service historique de la défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 246, p. num. 755 à 757.


« Journée du 4 avril [1918].


Quart de 0 h. à 4 h.

3 h. 10 – Arrivé au point où doit arriver le convoi.

Quart de 4 h. à 8 h.

4 h. 30 – Aperçu le convoi venant du Sud.

5 h. 00 – Communiqué au Colomb avec convoyeur.

6 h. 30 – Quitté convoi pour rejoindre les 4 bâtiments destinés à Marseille : Libéria, Draa, Clearpool, Gregory.


[En marge : « L. = 43° 11’ N. ~ G. = 8° 26’ E. »]


Quart de 8 h. à 12 h.


8 h. 00 – Route à bâbord arrière du convoi qui fait des lacets. Automne à tribord, Ailly en éclaireur ; rien de particulier.


Quart de 12 h. à 16 h.


14 h. 00 – Deux bâtiments du convoi signalent un sous-marin en vue par tribord. L’Ailly met le cap sur le sous-marin et le convoi fait route au Sud. Après pourparlers avec Draa et Liberia, on envoie un allo. C’est bien un sous-marin qu’ils ont aperçu.

Ailly rejoint le convoi.

[En marge :

« 13 h. 30 – L. = 42° 44’ N. ~ G. = 7° 47’ E.
13 h. 00 – L. = 42° 38’ N. ~ G. = 7° 43’ E.
14 h. 15 – L. = 42° 38’ N. ~ G. = 7° 30’ E.
»]


Quart de 16 h. à 20 h.


19 h. 30 – Le Libéria est torpillé. En route toute. Poste de combat.

19 h. 35 – Jeté deux grenades qui explosent
.

[En marge : « L. = 42° 04’ N. ~ G. = 7° 00’ E. » ].

19 h. 45 – Recueilli une embarcation avec naufragés. Recueilli une deuxième embarcation.

20 h. 00 – Le Libéria coule. Nous recueillons une troisième embarcation et continuons à patrouiller sur les lieux.



Quart de 20 h. à 24 h.


20 h. 00 – Décrit des cercles sur les lieux du torpillage. Aperçu plusieurs fois des embarcations et radeaux vides ainsi que des épaves.

22 h. 30 – Route sur le Cap d’Armes.

24 h. 00 – Nuit noire, temps pluvieux, forte houle.


Journée du 5 avril.

..............................................................................................................................................................................................................................................................

Quart de 12 h. à 16 h.


12 h. 00 – Donné dans le chenal de sécurité [du port de Marseille] suivi du Grégory et un vapeur norvégien.

14 h. 00 – Manœuvre terminée. Amarré au Vieux Port.
»


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— Nuit du 6 au 7 octobre 1918 : Recueille l’équipage du cargo mixte Madeira, bâtiment de 4.792 t. armé par l’État portugais, torpillé par le sous-marin allemand UB-105 (Oberleutnant zur See Rudolf PETERSEN), à 8 milles au large de l’île de San-Pietro (Sardaigne), alors qu’il allait de Milo à Marseille, via Bizerte.


● Patrouilleur auxiliaire Gabriella – alors commandé par l’enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve Francis Julien Marie EVENOU –, Journal de navigation n° - / 1918 – 7 oct. ~ 20 déc. 1918 – : Service historique de la défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 246, p. num. 793 à 795 (Extraits).


« Journée du 7 octobre 1918.

De 4 h. à 8 h.


Poste arrière du convoi. Rien de particulier.

De 8 h. à 12 h.

9 h. 30 – Change de route. Venu au N. vrai. Loch 59.2

De 12 h. à 16 h.

12 h. 30 – Point par 38° 16’ de latitude et 7° 26’ de longitude.

16 h. 30 – Diminué de vitesse et cessé les zigzags pour attendre le Saint-Barnabé qui est en avarie de l’appareil à gouverner.
Mis à 80 tours.
Poste avant du convoi.

De 16 h. à 20 h.

Madeira guide de navigation.

17 h. 47 – Saint-Barnabé guide de navigation. Prenez vos postes.

17 h. 50 – Poste derrière le convoi.

De 20 h. à 24 h.

Saint-Barnabé torpillé par tribord.



[En marge : « P.V. : Une ligne de loch s’est cassée aux environs du couronnement. Cette ligne [qui] était usagée a été complètement perdue avec son hélice. »]


Journée du 8 octobre 1918.

De 0 h. à 4 h.


Continué le sauvetage des naufragés du Madeira par les embarcations armées par l’équipage du bord.



[En marge : « P.V. : Pendant le sauvetage des naufragés du Madeira, par nuit noire et grosse mer, une touline en filin de 80 m/m et de 50 mètres de long s’est engagée dans l’hélice et s’est perdue. »]


De 4 h. à 8 h.

Continué le sauvetage des naufragés.

7 h. 00 – Le sauvetage est terminé.

De 8 h. à 12 h.

Route sur Bizerte avec le Bleuet.

De 12 h. à 16 h.

Continué la route sur Bizerte avec le Bleuet.

De 16 h. à 20 h.

Continué la route sur Bizerte avec le Bleuet.

18 h. 10 – Aperçu la Galite au Sud.

19 h. 30 – Aperçu un feu à éclats devant. Loch 2. Continué la route.

De 20 h. à 24 h.

Continué la route sur Bizerte avec le Bleuet.

23 h. 25 – Par le travers du cap Serrat. Loch 22.


Journée du 9 octobre 1918.

0 h. 20 – Avarie de machine.

1 h. 00 – Donné la remorque au Bleuet.

De 4 h à 8 h.

Route sur Bizerte, remorqué par le Bleuet.

7 h. 20 – La remorque casse.

7 h. 40 – Donné une deuxième remorque au Bleuet.

De 8 h. à 12 h.

Continué la route sur Bizerte.

8 h. 45 – Embarqué la remorque pour franchir l’entrée des jetées. Mouillé dans la baie de Sebra.

9 h. 50 – Débarqué les naufragés au quai de la gare.
»



Société centrale de sauvetage des naufragés ― Annales du sauvetage maritime, 1er et 2e trim. 1919 : Bâtonnier Busson-Billaut et Commandant de Larosière, « Rapport sur les récompenses attribuées aux sauveteurs de la mer », p. 47 et 48.


« SAUVETAGE DES ÉQUIPAGES DES VAPEURS " MADEIRA "
ET " RANCE " TORPILLÉS


Médaille d'or de Mme Pauline Camps et prix de 300 francs à l’enseigne de vaisseau auxiliaire Evenou, commandant le patrouilleur Gabriella.

Médaille d'or au 1er maître Lemée, du chalutier Bleuet, et prix de 400 francs à répartir entre l’équipage.

Plaquette d’Honneur au chalutier Gabriella, et prix de 600 francs à répartir entre l’équipage.

Prix de 350 francs, à répartir également entre : MM. Le Gars, 2e maître de timonerie ; — Bailly, matelot canonnier ; — Marchadour, matelot sans spécialité ; — Queré, fusilier ; — Tromeur, second-maître de timonerie; — Fauquenbergue, chauffeur ; — Le Pape, chauffeur.

Dans la nuit du 6 octobre, les chalutiers Gabriella, capitaine Evenou, enseigne de vaisseau et Bleuet, capitaine Lemée, 1er maître de manœuvre, accompagnaient un convoi dont deux bâtiments furent torpillés coup sur coup. Pendant que le Bleuet assure le sauvetage de l’équipage du Saint-Barnabé, le Gabriella opère celui des hommes du Madeira. L'obscurité et l’état de la mer rendent sa tâche et celle de ses embarcations difficiles ; il est obligé de se guider sur les cris et les appels des naufragés, sous la menace constante d’un ennemi invisible et qui a suffisamment prouvé son acharnement. Enfin, à 6 heures du matin, il achève sa noble tâche, qui a consisté à recueillir 200 survivants, dont 4 blessés. Déjà, le 3 décembre 1917, le Gabriella, même capitaine, a sauvé par coup de vent, en combattant un sous-marin ennemi, les survivants du vapeur Rance.
»



Journal officiel du 24 décembre 1918, p. 11.086.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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