Hâleur, remorqueur construit par les chantiers Claparède à Saint-Denis, Seine, commencé le 14/09/1885, mis à flot le 03/08/1886, retiré le 22/10/1935.
364 t, 37,7 x 8 x 3,4 m, 650 cv, 11,7 noeuds, coque en fer.
De caractéristiques identiques en tonnage et en puissance au remorqueur Laborieux construit par les mêmes chantiers 6 ans plus tôt, il est cependant moins long, plus large, et n'a pas de deuxième mât arrière.
Bâtiment de servitude, il accomplit au cours de sa carrière de nombreuses tâches. Affecté durant toute son existence à Brest, il pratique du remorquage, portuaire et côtier, de l'assistance aux navires, des missions de transport de personnalités, de troupes, de matériel, de nourriture pour les îles de Sein et Ouessant, de travaux hydrographiques, voire de lâchers de pigeons.
8/8/1887, remorque avec Elan, le croiseur Infernet de Brest à Cherbourg.
Exemple d'activité pour l'année 1895.
10/03/1895, remorque le torpilleur 73 du Conquet à Brest, qui avait été victime d'une explosion de cylindre au large d'Ouessant et qui avait été remorqué au Conquet par le torpilleur 78.
05/04/1895, remorque du Portzic à Brest, le cargo allemand Samos, qui avait talonné dans le Fromveur et qui était ramené à Brest par le remorqueur Laborieux.
06/05/1895, Avec le Laborieux conduit à Telgruc la 2ème compagnie d'ouvriers pour aller faire leurs tirs.
29/6/1895, Assure un lâcher de 120 pigeons à 100 milles au large de Brest pour le compte de la Fédération de colombophile de la Seine.
8/1895, remorque un dock flottant pour torpilleurs de Brest à Lézardrieux, faisant escale à l'Aberwrach.
10/08/1895, se rend sur le naufrage du cargo allemand Miranda coulé sous la Jument à Ouessant.
9/1895, remorque à Lézardrieux un dock flottant et ramène à Brest celui qui s'y trouvait.
08/10/1895, rentre au port de guerre le croiseur Le Friant.
21/10/1895, Avec la gabare Chameau, rentre au port de guerre le garde-côtes cuirassé Jemmapes.
21/11/1895 "Le cuirassé Brennus, remorqué par le Laborieux, le Chameau et le Hâleur est rentré hier à 2 h 1/2 dans le port de guerre où il va passer au bassin. En entrant dans l'avant-port de Brest, le Brennus s'est échoué devant les subsistances. Déséchoué après un quart d'heure d'efforts, il est entré dans le port de guerre sans autre incident.
18/12/1895, remorque avec le Laborieux la canonnière russe Groziastchy lors de son départ du port de guerre de Brest.
22 mai 1909, participe avec le Laborieux à la tentative de lancement du cuirassé Diderot (correction Danton) à Brest. (photo ci-dessous, archives municipales de Brest).
La fin du Hâleur.
En 1935, remisé au fond du port de Brest dans la Penfeld, le remorqueur Hâleur coule tranquillement à son poste pendant le départ pour déjeuner de ses trois gardiens, le 5 mars 1935. Renfloué avec des chaînes passées sous lui par des scaphandriers et fixées sur quatre chalands d'une force de levage de 200 t chacun avec la marée, est échoué provisoirement à proximité près du pont de Kervallon, sans arriver à la position souhaitée. Renfloué une deuxième fois, il descend la Penfeld sous l'eau, tenu par les quatre chalands et tirés par trois remorqueurs pour être échoué dans le bassin n° 8 de Laninon.
Déclaré trop cher à réparer, il sera condamné en fin d'année.
Source : Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre de française de Colbert à nos jours, tome II, 1870-2006, Rezotel-Maury, 2005.
La Dépêche de Brest et de l'Ouest, année 1895, mai 1909, mars 1935.
Cordialement.
Sur le cliché ci-dessous, on retrouve l'attelage traditionnel pour les grands navires de guerre sortant de l'arsenal de Brest et passant le pont tournant ouvert. L'ouverture dure une heure, le remorqueur Hâleur est en flèche (à l'avant), le remorqueur Laborieux sur tribord et la gabare Chameau sur bâbord. Le point le plus délicat n'est pas le passage du pont mais la courbe de la Penfeld à la sortie de l'avant-port, difficile à négocier.
