LA BANCHE — Trois-mâts barque — Armement Jean-Baptiste Étienne, Nantes

Rutilius
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LA BANCHE — Trois-mâts barque — Armement Jean-Baptiste Étienne, Nantes

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

La Banche — Trois-mâts barque — Armement Jean-Baptiste Étienne, Nantes.


• Louis LACROIX : « Les derniers grands voiliers »,
éd. J. Peyronnet & Cie, Paris, 1937, 510 p. et deux cartes.

« Grand amateur de navigation dès son jeune âge, et yachtman émérite, Monsieur Jean-Baptiste Étienne, quand il décida de faire de l’armement, tint à donner aux deux navires qu’il fit construire, des noms rap-pelant des endroits qui lui étaient familiers. C’est ainsi que les platures de la Banche et l’îlot du Pilier, qui marquent l’entrée de la Loire et l’extrémité de la baie de Bourgneuf, donnèrent leur nom à ses deux belles unités.
La Banche lancée à Nantes aux chantiers de la Loire était du type D. de ce chantier.
D’une solidité remarquable et possédant les derniers perfectionnements et innovations apportés à la fin de la construction des grands voiliers, ce fut un de nos plus beaux navires.
Faits pour porter lourd, La Banche et Le Pilier ne firent jamais de traversées record mais ils n’eurent jamais d’avaries désastreuses.
En Août 1916, La Banche, que commandait le capitaine Lorant, chargea à Durban (Sud-Afrique) du charbon pour Montevideo. Toutes les précautions d’usage furent prises et malgré cela, le feu, qui sans doute couvait dans la cale depuis le départ, se déclara brusquement le 16 août. Tout fut fait pour com-battre énergiquement le feu dès son apparition mais ce fut en vain. Après quelques heures de lutte achar-née, il fallut se résoudre à abandonner le malheureux navire à son destin. Par un heureux hasard, un autre trois-mâts barque nantais, le Général-de-Sonis, capitaine Bénard, se trouvait en vue. Il fut assez heureux pour recueillir tout l’équipage de ce beau trois-mâts barque qui sombra peu après. » (op. cit., p. 407).

Type D. des Chantiers de la Loire, construits en 1900~1901

« Ce type offre de grandes différences avec les précédents. Navires portant en lourd 3.360 tonneaux pour une jauge brute de 2.579 tonneaux et 1.959 tonneaux net, ils mesuraient sensiblement les mêmes dimen-sions que les autres, c’est-à-dire 79 m. 55 de longueur, 12 m. 25 de largeur, 7 m. 29 de creux, tirant d’eau : 6 m. 20. Il furent représentés à Nantes par Le Pilier et La Banche et furent reproduits sur les navires de Marseille N.-D.-de-la-Garde, Château-d’If, Cannebière et sur la Ville-d’Orléans. Ils avaient une très longue dunette, un très long gaillard laissant seulement un puits au tiers avant du navire et avaient 2.631 m² de voilure. » (op. cit., p. 238).
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Daniel.
Memgam
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Re: LA BANCHE — Trois-mâts barque — Armement Jean-Baptiste Étienne, Nantes

Message par Memgam »

Bonjour,

<< Le trois-mâts La Banche en feu au cap de Bonne-Espérance.

De type assez rapproché du Turgot, le trois-mâts nantais La Banche, lancé au début du siècle n'était pas un navire de marche supérieure, mais un voilier de solidité remarquable et d'un port en lourd avantageux.
Jusqu'en août 1916, La Banche avait navigué normalement et son armateur, M. J.B. Etienne, heureux de la voir moins exposée aux attaques des sous-marins allemands, avait appris avec satisfaction que le gouvernement français venait de l'affréter en charbon pour aller de Durban (Sud Afrique) à Montevideo.
Au bout de quelques jours de mer, une température anormale fut constatée au grand panneau. On était alors en pleine guerre ; la consommation de charbon pour les besoins des alliés était énorme, et sitôt la houille extraite, elle était embarquée sur les transports, toujours attendus avec impatience dans les ports de ravitaillement.
Dès que le capitaine, M. Lorant, eut connaissance de la menace suspendue sur son bâtiment, il prit les mesures d'usage que j'ai décrites aux pages précédentes, mais ne put arriver à maîtriser l'incendie.
Abandonner un navire en plein Atlantique sud, à la hauteur du cap de Bonne-Espérance, était la seule ressource risquée qui s'offrait au capitaine quand sa vigie, qui scrutait anxieusement l'horizon, aperçut un navire coupant sa route et qui fut identifié assez rapidement pour un Nantais, le trois-mâts Général de Sonis, capitaine Benard.
C'était une chance inattendue de sauver son équipage qui s'offrait au capitaine Lorant. Il fit prendre aussitôt les dispositions recommandées en pareil cas ; la situation du navire qu'il avait encore sous les pieds était désespérée et la mâture pouvait tomber d'un moment à l'autre.
On était au coeur de l'hiver austral, en des parages de mauvais temps fréquents, au moment des jours les plus courts de l'année, et il fallait profiter sans perdre un instant de la brise maniable qui régnait, pour abandonner le navire en feu et utiliser la présence inespérée du Général de Sonis, pour y transporter l'équipage épuisé par de longues heures de lutte contre l'incendie.
C'était une question de vie ou de mort pour les hommes de La Banche, et on peut imaginer l'ardeur qu'ils mirent pour préparer l'évacuation que chaque minute écoulée rendait plus urgente.
A bord du Sonis, le capitaine Benard avait fait disposer ses embarcations avec une activité fébrile en prévision du rôle qu'elles pourraient avoir à jouer au cours du va-et-vient envisagé d'un navire à l'autre et qui dépendrait de la façon dont les choses se passeraient.
Il était en effet indiqué pour le capitaine Benard de venir se placer au vent de son collègue pour éviter tout risque d'incendie, et pouvoir lui envoyer plus aisément les secours dont il aurait besoin puis de laisser culer, en contrebrassant son grand phare, pour reprendre avec plus d'aisance les canots sous-ventés en leur facilitant leur tâche.
Tout se passa pour le mieux, et moins d'une heure après que le capitaine Lorant eut quitté le dernier son bâtiment, il le vit s'embraser entièrement et s'abîmer dans les flots.>>

Source : Louis Lacroix, Les tragédies de la mer aux derniers jours de la voile, L. Durance, 1958, pages 32-33.

Cordialement.
Memgam
Rutilius
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LA BANCHE — Trois-mâts barque — Armement Jean-Baptiste Étienne, Nantes

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Bonsoir à tous,

L’Ouest-Éclair — éd. de Rennes —, n° 891, Jeudi 23 janvier 1902,
p. 2, en rubrique « Marine et colonies ~ Marine de commerce ~ Nouveaux longs-courriers ».



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L’Ouest-Éclair — éd. de Nantes —, n° 6.247, Samedi 9 septembre 1916,
p. 4, en rubrique « Dernière heure ».


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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: LA BANCHE — Trois-mâts barque — Armement Jean-Baptiste Étienne, Nantes

Message par Memgam »

Bonjour,


La Banche, Barque, Chantiers de la Loire, Nantes, 1902.
2384 tjb, 2100 tjn, 84,31 x 12,29 x 6,87 m, une chaudière à 6 kg.

En 1912, indicatif JVQL, armateur J.B. Etienne, Nantes, capitaine Lorant.

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.

Plan du type D,

Source : Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937.

Cordialement

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Memgam
Rutilius
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LA BANCHE — Trois-mâts barque — Armement Jean-Baptiste Étienne, Nantes

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Bonsoir à tous,


La Banche — Trois-mâts barque en acier lancé le 22 janvier 1902 à Nantes par la société anonyme dite « Société de Chantiers et ateliers de la Loire » [Siège social : Paris, 11bis, Boulevard Haussmann (IXe Arr.), avec établissements à Saint-Denis, Nantes et Saint-Nazaire. ~ Capital social (au 14 janvier 1893) : 10.000.000 fr.] pour le compte de l’armateur Jean-Baptiste ÉTIENNE, établi à Nantes, au 2, rue Linné. Type D. de ce chantier. Bâtiment francisé le 17 avril 1902 à Nantes, n° 3.596 ; immatriculé le 19 avril 1902 dans ce quartier, f° 201, n° 598.

Jauge initialement retenue : 2.552,29 tx jb et 1.737,61 tx jn. — Jauge révisée le 22 juin 1904 : 2.384 tx jb et 2.099,97 tx jn. — Indicatif d’appel : J.V.Q.L.

Abandonné en mer le 25 août 1916, par 32° 47’ S. et 52° 20’ W., par suite d’un incendie qui s’était déclaré au large du Rio de la Plata dans la cargaison de charbon qu’il avait chargée à Durban (Afrique-du-Sud) à destination de Buenos-Aires (Argentine).

Ayant été armé administrativement au long-cours le 17 août 1915 à Nantes pour un voyage à Coquimbo (Chili), via Ardrossan (Écosse, Royaume-Uni), le bâtiment fut désarmé administrativement le 11 novembre 1916 à Nantes, n° 416.

Contrairement à ce qu’avancent Louis LACROIX et Henri PICARD, la destination de la traversée au cours de laquelle fut perdue La Banche n’était pas Montevideo (Uruguay), mais Buenos-Aires. Ceci résulte de la mention suivante, apposée le 24 mai 1916 à la rubrique « Mouvements » du rôle d’équipage par le vice-consul de France à Durban : « Autorisé par télégramme du Ministère de la Marine en date du 17 mai 1916 à partir pour Buenos-Aires. », ainsi que de la mention usuelle « Expédié le 24 juin pour Buenos-Aires ayant 24 hommes à bord. »

L’équipage, composé de 24 hommes, fut recueilli par le trois-mâts nantais Général-de-Sonis [Capitaine Jean-Marie BESNARD, capitaine au long-cours inscrit au quartier de Saint-Malo, n° 757], de la Société nouvelle d’armement, qui, à ce moment et par le plus grand des hasards, se trouvait à proximité du lieu de l’abandon. Il fut débarqué le 5 septembre 1916 à Bahía Blanca (Argentine).

Lors de la perte de ce bâtiment, son état-major était de la sorte constitué :

— Capitaine : LORANT François Louis Marie, né le 17 septembre 1877 à Langueux (Côtes-du-Nord — aujourd’hui Côtes-d’Armor). Capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Saint-Brieuc, f° 57, n° 114 [Initialement inscrit au même quartier, f° et n° 3.065] ; classe 1897,n° 1.230 au recrutement de Saint-Brieuc.

— Second capitaine : GARNIER Ange François Marie, né le 26 décembre 1869 à Kérity (Côtes-du-Nord — aujourd’hui Côtes-d’Armor). Officier de la Marine marchande, inscrit au quartier de Binic, f° 87, n° 112 [Initialement inscrit au même quartier, f° 2.027 et n° 4.053] ; classe 1889,n° 2.212 au recrutement de Saint-Brieuc.

— Lieutenant : LEQUIMENER Martin François Marie, né le 25 novembre 1869 à Piriac (Loire-Inférieure — aujourd’hui Loire-Atlantique). Maître au cabotage, inscrit au quartier du Croisic, f° et n° 173 ; classe 1889, n° 602 au recrutement de Nantes.

[Décédé en mer le 3 août 1917 lors du 4e voyage du cinq-mâts France-II, de la Compagnie française de marine et de commerce.]

A cette date, étaient embarqués en qualité de :

— Maître d’équipage : BERTHO Alexandre François, né le 7 novembre 1872 à Binic (Côtes-du-Nord — aujourd’hui Côtes-d’Armor), inscrit au quartier de Binic, f° 196, n° 1.592.

— Mousse : DEVANNES François Marcel, né le 25 août 1899 à Binic (Côtes-du-Nord — aujourd’hui Côtes-d’Armor), inscrit provisoire au quartier de Binic, n° 4.046 [Inscrit définitif au même quartier le 26 août 1917, n° 8.391] ; classe 1919, n° 1.233 au recrutement de Saint-Brieuc.

Au mouillage d’Ardrossan, deux femmes, qualifiées de « maîtresses d’hôtel » sur le rôle d’équipage, séjournèrent à bord du 7 au 31 août 1915 :

— Anne Marie JOBÉ, épouse du capitaine ;

— Anne Louise DUCHÊNE, née le 15 novembre 1881 à Binic, épouse du maître d’équipage.

**********

Le trois-mâts barque La Banche était le sister ship du trois-mâts Le Pilier, lancé le 28 janvier 1902 par le même chantier pour le compte du même armateur. Type D. de ce chantier. Bâtiment francisé le 12 juin 1902 à Nantes, n° 3.597 ; immatriculé le même jour dans ce quartier, f° 202, n° 601.

Jauge initialement retenue : 2.549,86 tx jb et 1.738,71 tx jn. — Jauge révisée le 22 juin 1904 : 2.427 tx jb et 2.035,67 tx jn. — Indicatif d’appel : J.W.K.B.

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Sources

Inscription maritime de Nantes ~ Matricule des bâtiments de commerce, f° 201, n° 598 : Archives départementales de la Loire-Atlantique, Cote 7 R 4 / 1322.

— Louis LACROIX : « Les derniers grands voiliers », éd. J. Peyronnet & Cie, Paris, 1937, 510 p. et deux cartes. — Spécialement p. 407.

— Henri PICARD : « La fin des cap-horniers. Les dernières aventures des long-courriers français. », éd. Édita, Lausanne, 1976. — Spécialement p. 98.

Inscription maritime de Nantes ~ Désarmement des bâtiments de commerce, 11 novembre 1916, n° 416 : Archives départementales de la Loire-Atlantique, Cote 7 R 4 / 786 (1916).
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