NOTRE-DAME-DE-LOURDES — Sloop — Navire à passagers.

Rutilius
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Re: NOTRE-DAME-DE-LOURDES — Sloop — Navire à passagers.

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


Notre-Dame-de-Lourdes — Sloop — Navire à passagers, Ouessant.


La Dépêche de Brest, n° 11.312, Jeudi 20 juillet 1916, p. 2, en rubrique « Chronique locale ».


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La Dépêche de Brest, n° 11.314, Samedi 22 juillet 1916, p. 2, en rubrique « Chronique locale ».


« Le naufrage du sloop "Notre-Dame-de-Lourdes"

LES VICTIMES


Nous avons annoncé, mercredi, que le sloop Notre-Dame-de-Lourdes, capitaine Avril, qui faisait un service régulier entre Brest et Ouessant, avait sombré, mardi, alors qu’il faisait route sur l’île d’Ouessant.
C’est vers midi, à la jonction des courants du Fromveur et de la Jument, que ce naufrage s’est produit. La mer était mauvaise et les décharges du courant très fortes. Les lames embarquaient à chaque instant à bord du voilier, qui, outre l’équipage, avait pris à Brest dix passagers, parmi lesquels deux femmes et deux enfants, et un chargement de marchandises diverses.
Le navire arrivait à l’entrée du Fromveur lorsqu’une énorme vague s’abattit sur le pont, brisant la porte de la cabine arrière, dans laquelle l’eau s’engouffra.
Il n’y avait plus un instant à perdre. Le capitaine Avril ordonna à ses hommes de mettre le canot à la mer ; on y fit d’abord descendre les femmes et les enfants, puis les autres passgers. Trois d’entre eux, MM. Boussu, artiste peintre ; Clairon, voyageur de commerce à Brest, et Malgorn, de Ouessant, rentrant d’un voyage au long cours, n’eurent malheureusement pas le temps de sauter dans le canot, et sombrèrent avec le voilier, qui s’enfonça brusquement.
Le vapeur Travailleur, ancien bateau postal, affrété par M. Sauvion pour le renflouement de l’Ashby, se trouvait heureusement dans les parages. Il fit immédiatement route sur la "coque de noix", où se cramponnaient les survivants, grelottant de frayeur et de froid, et les recueillit à son bord.
Ce naufrage fut signalé par les guetteurs sémaphoriques au commandant d’arme, à Ouessant, qui fit mettre à l’eau le canot de sauvetage. Celui-ci, armé par un équipage de fortune, se rendit sur les lieux, mais ne trouva pas trace des trois passagers.
Ce terrible accident vient appuyer les protestations des habitants d’Ouessant, qui ne cessent — avec le conseil général — de réclamer le rétablissement du service postal entre Brest et l’île par un bâtiment à vapeur.
Nous souhaitons, avec tous les insulaires et les nombreux Brestois, que le projet voté par l’assemblée départementale soit mis le plus rapidement possible à exécution.
»



Le Matin, n° 11.857, Lundi 14 août 1916, p. 2.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: NOTRE-DAME-DE-LOURDES — Sloop — Navire à passagers.

Message par Rutilius »



Passagers disparus le 18 juillet 1916 avec le sloop Notre-Dame-de-Lourdes

[3]


Jugement déclaratif de décès rendu le 12 juin 1918 par le Tribunal civil de Brest et transcrit à Brest le 17 juillet 1918 (Registre des actes de décès de la ville de Brest, Année 1918, Vol. II., f° 160, acte n° 1.344).


« Attendu que les ci-après nommés ont disparu avec le sloop Notre-Dame-de-Lourdes ; quétant donné l’état de la mer qui était très grosse, la violence des courants dans les parages où eut lieu le naufrage, et l’éloignement de la côte, il est certain qu’ils ont péri.

Par ces motifs : Déclare constant les décès des nommés ...
»


— MALGORN Jean Marie, né le 21 décembre 1894 à Ouessant (Finistère) et y domicilié. Inscrit au quartier du Conquet, n° 5.021.

Fils de Michel Marin MALGORN et d’Anne STÉPHAN, son épouse. Célibataire.


— BOUSSU Émile Louis, né le 11 décembre 1889 à Rennes (Ille-et-Vilaine) et domicilié à Saint-Gilles-sur-Vic (Vendée). Artiste peintre.

Fils d’Émile Valéry Louis BOUSSU, né vers 1864, licencié en droit, et d’Eugénie Laurence Blanche DELACOUR, née vers 1851 à Le Sars (Pas-de-Calais), « propriétaire », son épouse. (Registre des actes de naissance de la ville de Rennes, Année 1889, f° 278, acte n° 1.649). Célibataire.


— CLAIRON Adolphe Marie, né le 10 septembre 1860 à Loguivy-Plougras (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –) et domicilié à Lambézellec (Finistère). Employé de commerce.

Fils de Jean CLAIRON, né vers 1825, marchand de draps, et de Jeanne DRONIOU, née vers 1831, « ménagère », son épouse. Époux d’Angélina LE ROUX, avec laquelle il avait contracté mariage à Lesneven (Finistère), le 9 janvier 1900. (Registre des actes de naissance de la commune de Loguivy-Plougras, Année 1860, f° 40, acte n° 78).
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: NOTRE-DAME-DE-LOURDES — Sloop — Navire à passagers.

Message par Memgam »

Bonjour,

L'évènement de mer signalé ci-dessus par Rutilius, le naufrage du sloop Notre Dame de Lourdes dont l'équipage et les passagers sont en partie sauvés par le Travailleur, montre une certaine ironie du sort.

En effet, c'est ce même Travailleur qui assurait la liaison d'Ouessant, depuis 1909, avec une subvention de l'administration des Postes, du ministère de la Guerre, et du département. En 1916, au renouvellement de la précédente convention qui date de 1911, les Vapeurs brestois, armateurs du Travailleur, demandent que la subvention passe de 24 000 à 39 000 francs ce que l'administration refuse. Le service est arrêté et c'est de nouveau des voiliers qui assurent le service postal (la Reine de France), et d'autres voiliers pour le fret et les passagers. C'est ainsi qu'on en arrive au naufrage du Notre Dame de Lourdes, cependant pas aussi dramatique que celui du Saint-Jean (21 disparus en 1876) et de deux autres voiliers en 1877 (une dizaine de diparus) qui avaient conduit à affréter le vapeur Louise, de 1880 à 1909. Cette fois-ci, une convention est passée avec l'armateur Blasse de Nantes, pour une subvention de 33 000 F. C'est ainsi qu'entre en scène le vapeur ile d'Ouessant, construit en 1917 à Binic. Les relations seront difficiles avec le nouvel armateur qui interrompra le service le 10 juin 1918. Ile d'Ouessant est alors réquisitionné par la Marine américaine comme transbordeur à Brest. Un torpilleur assure l'intérim, jusqu' à la déréquisition de l'ile d'Ouessant qui reprend du service mais fera naufrage en heurtant une roche le 6 juin 1924, sans faire de victimes. Equipage et passagers évacués dans des canots seront recueillis par le baliseur Eugène Potron.

Source : Marc Esciduié, Molène et Ouessant : le courrier des îles, chasse-marée n°26, novembre 1986.
Bernard Cadoret, Dominique Duviard, jacques Guillet, Henry Kérisit, François Vivier, Ar Vag III, voiles au travail en bretagne atlantique, Editions de l'estran, 1985, Photo page 320.
Bruno Jonin, Paul Marec, Mémoires englouties, Plongées, Histoires sur les épaves du Finistère, Aseb Edition, tome 1, 1994.

La photo ci-dessous, prise en baie de Lampaul à l'île d'Ouessant, montre un sloop, chargé de bois de feu, en attente de déchargement, analogue à Notre Dame de Lourdes, et en arrière plan, le Travailleur.

Cordialement.

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Memgam
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