Entre les lignes...

A Malinowski
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Re: Entre les lignes...

Message par A Malinowski »


Place de Cormicy Le 27 Août 1915


Rapport du Sous-Lieutenant Dantart, faisant fonction d’Adjudant de garnison, sur l’accident survenu dans les caves de la mairie, par suite de l’éclatement d’un obus allemand.

-Objet-
Au sujet de l’accident
occasionné par un obus.

Le 27 Août 1915 à 9 h. 45, me trouvant au poste de Police, situé sur la place de la Mairie, passant mon inspection quotidienne de visite des postes, un fort bombardement ennemi commença avec des obus de gros calibre, du 210 très probablement.
Les deux premiers obus tombèrent dans la rue Saint Thomas ne causant que des dégats matériels.
Immédiatement je sortis pour m’assurer qu’aucun homme ne circulait dans la rue et je vis qu’un certain nombre se réfugiait dans la cave de la Mairie. A ce moment le sifflement d’un nouvel obus, très rapproché, m’obligea a me garantir moi même, dans le couloir du Poste et l’éclatement survint presqu’aussitôt.
L’obus venait de tomber précisément sur le coin de la Mairie où se trouvait l’entrée de la cave, produisant l’éffondrement de l’édifice sur celle-ci.
Immédiatement j’ordonnai au sergent de garde de prévenir, la compagnie de Piquet et le poste de secours du 1er Régiment d’Infanterie et je fis également prévenir par le gendarme Douce, la compagnie 1/4 du génie, pour procéder aux travaux de sauvetage. Ceux-ci commencèrent dès l’arrivée, de quelques hommes de la compagnie de Piquet, qui malgré le bombardement procedèrent à l’agrandissement d’un soupirail correspondant à la cave et par où on entendait des demandes de secours, l’entrée de la cave étant complètement obstruée.
A l’arrivée de la compagnie du génie, on commença les travaux de déblaiement de l’accés de la cave. Par l’ouverture du soupirail agrandi, penétrèrent plusieurs officiers et hommes de troupe attachés avec des cordes, afin de retirer les victimes qui étaient atteintes d’asphyxie.
Au fur et à mesure de leur extraction, elles étaient réanimées, par les soins de Mr. le médecin chef du 1er Régiment et conduites au Poste de secours.
Sous les décombres de l’escalier on découvrit un grand nombre d’hommes décédés.


Les travaux d’extraction des victimes et de déblaiement se sont terminés vers 18 h. 30 et la cave ayant été reconnu vide, il résulte que le nombre des victimes a été de :
Vingt deux morts appartenant aux corps suivants :
1 er R.I. _ Sergent Decobert, de planton en ville et 1 soldat .
45 ème R.I. _ 1 Caporal et 8 hommes ( venus en corvée ) .
84 ème R.I. _ 1 soldat
284 ème R.I. _ 2 soldats
412 ème R.I. _ 5 soldats
3 ème Génie _ 1 soldat
2 ème artillerie Coloniale _ 2 cannoniers
Et parmi les blessés atteints d’asphyxie, il y a plusieurs des sauveteurs, leur nombre est de douze. Soit :
Mr Delval Sous Lieutenant de la 5ème Cie du 1 er Sauveteur
Saumail, Adjudant du 1 er R.I. Sauveteur
Vasseur, Caporal du 1 er R.I. Sauveteur
1 er R.I. _ 1 soldat Se trouvait dans la cave
45 ème R.I. _ 4 soldats d°
84 ème R.I. _ 2 soldat d°
412 ème R.I. _ 1 soldats d°
3 ème Génie _ 1 sapeur d°

Ont également contribué au sauvetage :
Mr. le Commandant Frère du 1 er régiment d’Infanterie.
De la Compagnie 1/4 du 3 ème Génie :
_ Les caporaux Moulard et Delcour ; soldats Deblanc et Mathieu.
Du 1er Régiment d’Infanterie :
_ Mr. le Médecin aide major Leblanc, le sergent Tisan, le caporal Maton, les soldats Appourchaux et Baucotie.
M.M. les docteurs Danthuile du 1 er régiment d’Infanterie et Fichux du 84 ème.
Est aussi à signaler, le zèle et activité avec laquelle les gendarmes Douce et Aussagnes ont prêté leur concours dès le premier moment de la catastrophe.

Le Sous-Lieutenant Adjudant de garnison.




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Stephan @gosto
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Re: Entre les lignes...

Message par Stephan @gosto »

Bonjour Alain,

Quelques mois plus tôt, non loin de là, quasiment le même scénario. Dommage que les conseils de prudence (que j'ai soulignés dans le texte) avancés par ce rapport n'aient pas été relayés jusqu'à Cormicy...


COMPTE-RENDU

5e D.I.
Le 30 mars 1915


Compte rendu au sujet du bombardement de Merfy et de Chenay dans la journée du 29 mars.

1. – Bombardement de Merfy

Le 29 mars 1915, vers 10 h. 15, aux environs de Merfy, tomba un premier obus de gros calibre. De 10 h. 15 à 12 h. 55, cinq autres gros obus suivirent aux heures approximatives suivantes : 10 h. 45, 10 h. 55, 11 h. 15, 11 h. 45, 12 h. 45.

Dès le premier obus, les hommes s’étaient réfugiés dans les caves. Se figurant que le bombardement était fini, ils en sortirent l’après-midi.

A 15 h. 30, les 1ère et 2e Cies du 74e R.I. se préparaient dans les cantonnements aux revues que devaient passer les capitaines, lorsqu’un nouvel obus – qu’on estima à ces effets être du calibre de 150, et qui paraît être, d’après les éclats retrouvés, du calibre de 210 – tomba en pleine rue centrale de Merfy, à proximité de la mairie. La sentinelle du poste de police fut blessée très grièvement ; les éclats traversèrent deux portes et vinrent atteindre, dans le local où ils travaillaient, les hommes de la 11e escouade de la 1ère Cie du 74e, dont un fut tué et six blessés assez gravement. Trois hommes étaient atteints dans la cour du même immeuble ; un sergent et un soldat étaient frappés dans la rue. Total : 12, dont un tué.

Les blessés furent immédiatement transportés à l’infirmerie où ils furent pansés. Le cycliste BROUSSE alla chercher les voitures automobiles de Chenay, et l’évacuation fut faite très promptement.

Vers 16 heures, au moment où une deuxième voiture automobile de transport de blessés allait partir, un dernier obus de même calibre vint s’abattre sur une maison située au carrefour des routes Merfy – Saint-Thierry et Pouillon – ferme des Marets. Cet obus fit encore de nombreuses victimes (12 comme les premiers), parmi lesquelles : quatre soldats de la 3e Cie du 74e R.I., en corvée, dont deux furent tués et deux blessés, un artilleur, et six soldats du 75e R.I.T. ; un de la 2e Cie, et cinq muletiers de la compagnie de mitrailleuses – ces derniers revenaient de la promenade. Après avoir reconduit leurs mulets à leur écurie à Merfy, ils se dirigeaient en ordre vers Saint-Thierry, lorsqu’ils furent atteints dans la rue. Trois ont été évacués dont un a la jambe droite fracturée. Assez loin du lieu de l’explosion, dans la rue, un sergent de la 2e Cie du 74e qui venait d’aider au transport des premiers blessés, fut légèrement atteint à la tête.

Les deux compagnies du 74e R.I., celle du 75e R.I.T., les conducteurs et muletiers de ce der-nier régiment, sont cantonnés à Merfy dans des maisons pourvues de bonnes caves ; ces caves ont toutes été vérifiées. A la première alerte, les hommes doivent y rentrer, mais il est très difficile de les y faire séjourner en permanence.

Toutes les parties de la localité ont, tour à tour, été atteintes par des obus. Il serait donc préférable, maintenant que l’hiver paraît terminé et que la température est plus douce, d’évacuer ce village et de s’installer dans le voisinage, soit dans les bois de Maco et de Châlons, comme l’artillerie, soit le long des pentes, entre Chenay et Trégny.

2. – Bombardement de Chenay

Nombre de coups : quatre. Heures : 15 h. 15, 15 h. 30, 15 h. 45, 16 h. 05. Calibre : semble être du 210 (ci-joints éclats). Points de chute :

a. Vallon entre Chenay et Châlons.
b. Chenay, n° 14, au-dessus d’une cave où les hommes s’étaient réfugiés.
c. Chenay, à gauche de la route conduisant à Cahâlons, en face de la scierie.
d. Jardin de la maison occupée par l’état-major de la 185e brigade.

Pas de pertes.

_______

Amicalement,

Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme

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