Bonjour à tous
Un autre petit cargo de la compagnie Paquet
Single Ship Report for "1102793" (Miramar)
IDNo:1102793
Year:1893
Name: OLIVE
Keel:
Type:Cargo ship
Launch Date:15.6.93
Flag:GBR
Date of completion: 8.93
Tons:455
Link:1548
DWT:
Yard No:133
Length overall:
Ship Design:
LPP:52.8
Country of build:GBR
Beam:8.1
Builder:Harkess
Material of build:is
Location of yard:Middlesbrough
Number of
screws/Mchy/
Speed(kn):
1T-
Naval or paramilitary marking :
A:*
End:1950
Subsequent History:
13 LOUKKOS - 23 HERMES - 23 LA CORSE - 29 CAID-HASSAN
Disposal Data:
BU Casablanca 9.50
A bientot [:administrateur:2]
LOUKKOS - Cargo
Re: LOUKKOS - Cargo
Cordialement / Best regards
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
-
- Messages : 4029
- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: LOUKKOS - Cargo
Bonjour à tous,
LOUKKOS était l’ancien OLIVE, construit en 1893 à Middelsbrough pour l’armement Burnett Frères et Fils de Newcastle.
Longueur 54 m Largeur 8 m TPL 590 t TE 3,40 m
Il avait été acheté par la Compagnie Paquet en 1913 et rebaptisé LOUKKOS, nom d’un fleuve du nord Mali.

Rapport de mer du capitaine AGOSTINI 22 Décembre 1915
Quitté Marseille le 16 Décembre 1915 à 10h15 avec 345 tonnes de divers pour Larache et Kénitra.
Le gros mauvais temps et la mer démontée nous ont obligés à relâcher à Port Vendres du 19/12 à 13h30 au 20/12 à 13h00. Repris notre voyage et passé devant Barcelone le 21/12 et fait route au S47W puis S78W pour longer la côte espagnole, et enfin au S11E après avoir passé l’est du cap del Termino pour passer à environ 3 milles du cap Tortosa.
A 09h06 l e 21, étant seul sur la passerelle, j’aperçois un sous-marin sur bâbord arrière qui nous rattrape à environ 12 nœuds. Il vient de la direction de Salou. Monté à l’allure maximum (9,5 nœuds) et le sous-marin nous tire trois coups de canon. Venu de 25 degrés sur tribord avec l’intention de mouiller par des fonds de 5 m sous le vent du cap Tortosa. L’état de la mer et la violence du vent ne permettent pas de déborder les embarcations.
A 09h35, mouillé. Le navire chasse, tombe en travers et nous nous échouons. Le sous-marin diminue alors son allure puis s’éloigne vers le sud.
Hissé les signaux de détresse pour demander du secours. Sondé les cales. Pas d’entrée d’eau. Le navire est échoué par l’avant, l’arrière restant à flots. Mouillé une ancre à jet sur tribord arrière et battu en arrière toute en virant dessus. Mais ces manœuvres sont vaines car le mauvais temps nous drosse vers la terre.
A 14h00, envoyé une embarcation à San Carlos armée par le 2e capitaine, le 3e mécanicien et 5 hommes, pour prévenir le consul de France le plus proche, tandis qu’un canot de sauvetage venu de l’Ebre tente vainement de nous accoster.
Dans la nuit, le temps devient très mauvais. Le navire s’incline sur tribord et les lames le frappent avec une extrême violence. Le 22/12, voyant que nous sommes en péril et après consultation des principaux de l’équipage, décidé de quitter le bord avec l’intention d’y revenir dès que le temps le permettra. Mis bas les feux. Relevé l’ancre de tribord pour éviter que le navire ne se crève dessus.
A 07h00, le youyou quitte le bord avec 5 hommes. Quand il est à 600 m du bord, le canot de sauvetage sort de l’Ebre et lui porte secours. Quitté le bord le dernier dans la 2e embarcation qui est secourue par le canot de sauvetage hors de la portée des brisants.
Je signale la bonne conduite et le sang froid de tout l’équipage qui est resté à son poste sans s’effrayer, ainsi que le dévouement du port de Tortosa et des hommes du canot de sauvetage.
Rapport de l’officier enquêteur, le CF FAURE Marseille 3 Mars 1916
Celui-ci reprend les éléments du rapport du capitaine avec quelques précisions.
Le capitaine est Toussaint AGOSTINI, CLC, inscrit à Bastia n° 274
Le navire s’est échoué à l’embouchure de l’Ebre à 0,8 mille du feu du cap Tortosa. Il avait mouillé à 09h25 à 1,3 mille du feu par des fonds de 5 m. Selon le chef mécanicien, il a touché alors que la machine était encore en marche car le vide au condenseur est brusquement tombé, indiquant un engorgement des tubes. Selon le maître d’équipage, il a touché après avoir mouillé, mais l’ancre n’a pas dérapé.
Après allègement, le navire a été déséchoué sans avarie graves le 2 Janvier 1916. Il a alors gagné Tarragone où il a repris son chargement, a fait visiter sa carène, puis a repris son voyage sur Gibraltar et Kenitra le 6 Janvier.
D’après ces renseignements, on peut reconstituer les manœuvres du LOUKKOS


Le sous-marin attaquant
C’était un grand sous-marin entre 75 et 95 m de long
Kiosque entouré de rambarde et périscope de 1 m sur l’avant du kiosque. Mât de 2 à 3 m sur l’arrière.
Un canon sur l’avant, supérieur à 47 mm
Peint en gris clair et peinture paraissant vieille
Trois hommes aperçus, un sur le kiosque et deux derrière le canon, habillés en noir avec une sorte de passe montagne sur la tête.
A tiré 3 coups de canon, mais n’a pas lancé de torpille.
Silhouette

Ce sous-marin n’est pas identifié. Il semble d’ailleurs qu’aucun sous-marin allemand ne se soit trouvé dans les parages à cette époque (à moins qu’il ne s’agisse d’un sous-marin en transit de mer du Nord vers Cattaro… ?)
Suite de la navigation du LOUKKOS
Ce navire reprendra donc ses rotations entre Marseille et le Maroc. C’est ainsi que le 9 Janvier 1919, il figure dans les entrées à Marseille, sous les ordres du CLC Bramès, venant de Kenitra avec 332 tonnes de figues, dattes et œufs.
Il sera vendu en Avril 1923 à l’armement grec Coulouthros et rebaptisé HERMES
1924 Vendu à l’armement Maestracci et rebaptisé CORSE
1929 Vendu à l’Union des Entreprises Marocaines et rebaptisé CAÏD HASSAN
Démoli en 1950 après 57 années de bons et loyaux services.
Sources
Archives de Vincennes
Histoire de la Compagnie de Navigation Paquet Bernard BERNADAC Editions Tacussel 1991
Cdlt
LOUKKOS était l’ancien OLIVE, construit en 1893 à Middelsbrough pour l’armement Burnett Frères et Fils de Newcastle.
Longueur 54 m Largeur 8 m TPL 590 t TE 3,40 m
Il avait été acheté par la Compagnie Paquet en 1913 et rebaptisé LOUKKOS, nom d’un fleuve du nord Mali.

Rapport de mer du capitaine AGOSTINI 22 Décembre 1915
Quitté Marseille le 16 Décembre 1915 à 10h15 avec 345 tonnes de divers pour Larache et Kénitra.
Le gros mauvais temps et la mer démontée nous ont obligés à relâcher à Port Vendres du 19/12 à 13h30 au 20/12 à 13h00. Repris notre voyage et passé devant Barcelone le 21/12 et fait route au S47W puis S78W pour longer la côte espagnole, et enfin au S11E après avoir passé l’est du cap del Termino pour passer à environ 3 milles du cap Tortosa.
A 09h06 l e 21, étant seul sur la passerelle, j’aperçois un sous-marin sur bâbord arrière qui nous rattrape à environ 12 nœuds. Il vient de la direction de Salou. Monté à l’allure maximum (9,5 nœuds) et le sous-marin nous tire trois coups de canon. Venu de 25 degrés sur tribord avec l’intention de mouiller par des fonds de 5 m sous le vent du cap Tortosa. L’état de la mer et la violence du vent ne permettent pas de déborder les embarcations.
A 09h35, mouillé. Le navire chasse, tombe en travers et nous nous échouons. Le sous-marin diminue alors son allure puis s’éloigne vers le sud.
Hissé les signaux de détresse pour demander du secours. Sondé les cales. Pas d’entrée d’eau. Le navire est échoué par l’avant, l’arrière restant à flots. Mouillé une ancre à jet sur tribord arrière et battu en arrière toute en virant dessus. Mais ces manœuvres sont vaines car le mauvais temps nous drosse vers la terre.
A 14h00, envoyé une embarcation à San Carlos armée par le 2e capitaine, le 3e mécanicien et 5 hommes, pour prévenir le consul de France le plus proche, tandis qu’un canot de sauvetage venu de l’Ebre tente vainement de nous accoster.
Dans la nuit, le temps devient très mauvais. Le navire s’incline sur tribord et les lames le frappent avec une extrême violence. Le 22/12, voyant que nous sommes en péril et après consultation des principaux de l’équipage, décidé de quitter le bord avec l’intention d’y revenir dès que le temps le permettra. Mis bas les feux. Relevé l’ancre de tribord pour éviter que le navire ne se crève dessus.
A 07h00, le youyou quitte le bord avec 5 hommes. Quand il est à 600 m du bord, le canot de sauvetage sort de l’Ebre et lui porte secours. Quitté le bord le dernier dans la 2e embarcation qui est secourue par le canot de sauvetage hors de la portée des brisants.
Je signale la bonne conduite et le sang froid de tout l’équipage qui est resté à son poste sans s’effrayer, ainsi que le dévouement du port de Tortosa et des hommes du canot de sauvetage.
Rapport de l’officier enquêteur, le CF FAURE Marseille 3 Mars 1916
Celui-ci reprend les éléments du rapport du capitaine avec quelques précisions.
Le capitaine est Toussaint AGOSTINI, CLC, inscrit à Bastia n° 274
Le navire s’est échoué à l’embouchure de l’Ebre à 0,8 mille du feu du cap Tortosa. Il avait mouillé à 09h25 à 1,3 mille du feu par des fonds de 5 m. Selon le chef mécanicien, il a touché alors que la machine était encore en marche car le vide au condenseur est brusquement tombé, indiquant un engorgement des tubes. Selon le maître d’équipage, il a touché après avoir mouillé, mais l’ancre n’a pas dérapé.
Après allègement, le navire a été déséchoué sans avarie graves le 2 Janvier 1916. Il a alors gagné Tarragone où il a repris son chargement, a fait visiter sa carène, puis a repris son voyage sur Gibraltar et Kenitra le 6 Janvier.
D’après ces renseignements, on peut reconstituer les manœuvres du LOUKKOS


Le sous-marin attaquant
C’était un grand sous-marin entre 75 et 95 m de long
Kiosque entouré de rambarde et périscope de 1 m sur l’avant du kiosque. Mât de 2 à 3 m sur l’arrière.
Un canon sur l’avant, supérieur à 47 mm
Peint en gris clair et peinture paraissant vieille
Trois hommes aperçus, un sur le kiosque et deux derrière le canon, habillés en noir avec une sorte de passe montagne sur la tête.
A tiré 3 coups de canon, mais n’a pas lancé de torpille.
Silhouette

Ce sous-marin n’est pas identifié. Il semble d’ailleurs qu’aucun sous-marin allemand ne se soit trouvé dans les parages à cette époque (à moins qu’il ne s’agisse d’un sous-marin en transit de mer du Nord vers Cattaro… ?)
Suite de la navigation du LOUKKOS
Ce navire reprendra donc ses rotations entre Marseille et le Maroc. C’est ainsi que le 9 Janvier 1919, il figure dans les entrées à Marseille, sous les ordres du CLC Bramès, venant de Kenitra avec 332 tonnes de figues, dattes et œufs.
Il sera vendu en Avril 1923 à l’armement grec Coulouthros et rebaptisé HERMES
1924 Vendu à l’armement Maestracci et rebaptisé CORSE
1929 Vendu à l’Union des Entreprises Marocaines et rebaptisé CAÏD HASSAN
Démoli en 1950 après 57 années de bons et loyaux services.
Sources
Archives de Vincennes
Histoire de la Compagnie de Navigation Paquet Bernard BERNADAC Editions Tacussel 1991
Cdlt
olivier
Re: LOUKKOS - Cargo
Bonjour Olivier, bonjour à tous
Je confirme, aucun U-Boot ne se trouvait dans le secteur à cette date, ni en opérations ni en transit vers Cattaro. C'est vite vu, il n'y avait alors que 5 grands sous-marins en Méditerranée et le 21 dec seul U 38 était à la mer en Méditerranée orientale.
Etrange histoire...
Amts
Yves
Je confirme, aucun U-Boot ne se trouvait dans le secteur à cette date, ni en opérations ni en transit vers Cattaro. C'est vite vu, il n'y avait alors que 5 grands sous-marins en Méditerranée et le 21 dec seul U 38 était à la mer en Méditerranée orientale.
Etrange histoire...
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
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- Messages : 4029
- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: LOUKKOS - Cargo
Bonjour Yves, bonjour à tous,
Effectivement, il y a un mystère dans cette histoire.
L'officier enquêteur précise bien
- que le LOUKKOS s'est échoué après avoir mouillé
- que la machine a été stoppée après échouage
- que le sous-marin est ensuite passé au large, au ralenti, à 1,5 mille, puis a disparu sans doute en plongée.
Il ajoute qu'avec un peu d'attention, le capitaine du LOUKKOS aurait pu éviter l'échouage de son navire et tous les ennuis consécutifs, mais précise encore : "En raison de l'unanimité des dépositions, la présence du sous-marin auprès du LOUKKOS ne paraît pas devoir être mise en doute".
Alors, fausse manoeuvre qui aurait été expliquée par la poursuite menée par un sous-marin? Cela me paraît quand même un peu gros et les enquêteurs auraient vite trouvé des contradictions dans les dépositions des uns et des autres (Il y avait 18 hommes d'équipage sur le vapeur).
En revanche, la présence d'un sous-marin allié qui ne se serait pas rendu compte de l'échouage du LOUKKOS (dont il a sans doute vu la chaîne d'ancre qui suggérait un mouillage correct) peut être envisagée.
Le dessin -très succinct- du sous-marin pourrait d'ailleurs faire penser aux sous-marins anglais du type E 11 à E 20... (bien que je ne sois pas un spécialiste). Ce n'est bien sûr qu'une hypothèse. Il faudrait rechercher dans les journaux de bord des sous-marins alliés...!
Cdlt
Effectivement, il y a un mystère dans cette histoire.
L'officier enquêteur précise bien
- que le LOUKKOS s'est échoué après avoir mouillé
- que la machine a été stoppée après échouage
- que le sous-marin est ensuite passé au large, au ralenti, à 1,5 mille, puis a disparu sans doute en plongée.
Il ajoute qu'avec un peu d'attention, le capitaine du LOUKKOS aurait pu éviter l'échouage de son navire et tous les ennuis consécutifs, mais précise encore : "En raison de l'unanimité des dépositions, la présence du sous-marin auprès du LOUKKOS ne paraît pas devoir être mise en doute".
Alors, fausse manoeuvre qui aurait été expliquée par la poursuite menée par un sous-marin? Cela me paraît quand même un peu gros et les enquêteurs auraient vite trouvé des contradictions dans les dépositions des uns et des autres (Il y avait 18 hommes d'équipage sur le vapeur).
En revanche, la présence d'un sous-marin allié qui ne se serait pas rendu compte de l'échouage du LOUKKOS (dont il a sans doute vu la chaîne d'ancre qui suggérait un mouillage correct) peut être envisagée.
Le dessin -très succinct- du sous-marin pourrait d'ailleurs faire penser aux sous-marins anglais du type E 11 à E 20... (bien que je ne sois pas un spécialiste). Ce n'est bien sûr qu'une hypothèse. Il faudrait rechercher dans les journaux de bord des sous-marins alliés...!
Cdlt
olivier
Re: LOUKKOS - Cargo
Bonjour Olivier, bonjour à tousA 09h06 le 21, étant seul sur la passerelle, j’aperçois un sous-marin sur bâbord arrière qui nous rattrape à environ 12 nœuds. Il vient de la direction de Salou. Monté à l’allure maximum (9,5 nœuds) et le sous-marin nous tire trois coups de canon. Venu de 25 degrés sur tribord avec l’intention de mouiller par des fonds de 5 m sous le vent du cap Tortosa. L’état de la mer et la violence du vent ne permettent pas de déborder les embarcations.
Soyons un tantinet mauvaise langue...
L'irruption non vérifiée mais fort à propos d'un sous-marin dans les parages pourrait-elle servir à masquer une faute de navigation et à dédouaner le captain ? Unanimité des dépositions certes mais seul le captain sur la passerelle. Un sous-marin allié qui tire au canon sur un vapeur français ?
Reste quand même un doute qu'à l'évidence a eu également l'officier enquêteur, lui qui ne savait pas à cette date qu'aucun U-Boot n'était à la mer dans ce secteur.
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
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Re: LOUKKOS - Cargo
Bonsoir à tous,
• Le Temps, n° 19.894, Samedi 25 décembre 1915, p. 2, en rubrique « Sur mer ».

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.