France II : Armé/désarmé ?

Ecole de Treguennec
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Re: France II : Armé/désarmé ?

Message par Ecole de Treguennec »

Bonjour à tous :hello: ,
Nous continuons notre travail sur le France II à l'aide des documents de Valérie. Nous avons trouvé ce passage sur les voyages du voilier et nous ne comprenons pas pourquoi il était armé/désarmé/armé ... en si peu de temps. Colonnes 7 et 8 surtout.
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Merci d'avance :jap: .
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Memgam
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Re: France II : Armé/désarmé ?

Message par Memgam »

Sur les grands voiliers, les contrats d'embarquements sont signés au voyage. Ce voyage peut-être très court, d'un port européen à un autre, par exemple, départ à vide (mais sur lest) de Dunkerque à Port Talbot (Grande-Bretagne) pour charger du charbon et un autre voyage de Port Talbot à Iquique (Chili) et retour. Les temps d'escale étant très variables, (durée du déchargement, recherche d'un autre fret de retour, temps de chargement) on ne garde pas d'équipage à bord, sauf le capitaine et parfois le second.
Dans le cas de France II, il a désarmé dès son arrivée à Dakar, port alors français où il n'a pas eu trop de difficulté à renouveler son équipage. Il a de nouveau désarmé à Saint-Nazire et ainsi de suite.
Exemple : Conditions d'engagement d'équipage (Société anonyme des Voiliers Nantais). A bord de Mac Mahon, le 2 mai 1907.
Conditions générales. - L'équipage s'engage à suivre le navire, sans augmentation de salaires, dans toutes ses destinations et escales hors d'Europe et à le ramener au port d'armement ou dans tout autre port de France. Les escales faites au retour dans les mers d'Europe, soit en France, soit à l'Etranger, avec une expédition ferme ou à ordres n'interrompront pas l'engagement qui n'expirera, au gré des Armateurs, qu'au dernier port d'où le navire sera réexpédié pour une nouvelle traversée de long cours. Cette réexpédition terminera définitivement le voyage, rendra le débarquement obligatoire et entraînera le rapatriement de l'équipage aux frais de l'armement.
Memgam
Rutilius
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Re: France II : Armé/désarmé ?

Message par Rutilius »


Bonsoir les petits Bretons,

L'explication est fort simple : l’ « armement » des voiliers longs-courriers se faisait au « voyage ». En voici les raisons de droit :

L’article 1er du décret 19 mars 1852 concernant le rôle d’équipage et les indications des bâtiments et embarcations exerçant une navigation maritime (Bull. des Lois, n° 519, p. 993, Texte n° 3.951) avait rendu obligatoire la détention d’un rôle d’équipage « pour tous bâtiments ou embarcations exerçant une navigation maritime » (al. 1), c’est-à-dire une navigation « sur la mer, dans les ports, sur les étangs et canaux où les eaux sont salées, et, jusqu’aux limites de l’inscription maritime, sur les fleuves et rivières affluant directement à la mer » (al. 2).

« Cette obligation, soulignait l’exposé des motifs du décret, n’a rien que de normal si l’on considère que le rôle d'équipage peut seul constater valablement la navigation donnant lieu à l’inscription des gens de mer et leur ouvrant des droits à la pension dite demi-solde ; les conventions passées entre eux et les armateurs [...] ; que cette pièce acquiert plus d’importance encore en ce qu’elle offre un supplément aux registres de l’état civil pour tout individu embarqué, et un contrôle signalétique de toutes les personnes confiées au capitaine et dont il doit compte à l’État. »

Le rôle d’équipage renfermait notamment des indications se rapportant au genre de navigation que devait effectuer le navire, ainsi qu’à la nationalité et la qualification des marins engagés à son bord. Dans le cas des navires armés au cabotage ou à la petite pêche, il devait être renouvelé tous les ans (D. du 19 mars 1852, art. 2) ; en revanche, s’agissant de ceux armés au long-cours, tels les grands voiliers cap-horniers, cette formalité devait être accomplie avant chaque voyage (même art.), le terme « voyage » s’entendant du « temps qui s'écoule entre le départ d'un navire expédié de France pour une destination de long-cours et son retour dans un port de la métropole » (D. du 19 mars 1852, exposé des motifs).

Selon les termes de l’article 377 du Code de commerce de l’époque, étaient réputés voyages au long-cours « ceux qui [s’effectuaient] au delà des limites ci-après déterminées :

Au Sud, le 30e degré de latitude Nord ;
Au Nord, le 72e degré de latitude Nord ;
A l’Ouest, le 15e degré de longitude du méridien de Paris ;
A l’Est, le 44e degré de longitude du méridien de Paris.
»

Toute navigation qui n’entrait pas dans la définition qui précède constituait soit une navigation « au cabotage », soit une navigation « au bornage ». Ainsi, était réputés voyages au cabotage international, « ceux qui se font en deçà des limites assignées aux voyages au long-cours, s’ils ont lieu entre les ports français, y compris ceux d’Algérie, et les ports étrangers, ainsi qu’entre les ports étrangers » (Loi du 30 janv. 1893, art. 1er). De même, mais par exception aux dispositions précitées de l’article 377 du Code de commerce, l’Islande, y compris ses eaux territoriales, était considérée comme rentrant dans les limites du cabotage international (Loi du 19 avr. 1906, art. 15).
______________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: France II : Armé/désarmé ?

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Pour compléter les informations de Daniel, signalons qu'un grand voilier long courrier pouvait être armé au cabotage pour une traversée seulement.
J'ai ainsi l'exemple du GRANDE DUCHESSE OLGA, armé au cabotage du 10 Juin 1904 au 16 Juin 1904, le temps d'une traversée Liverpool - Saint Nazaire, en remorque, et avec un équipage réduit, de dix hommes, sous les ordres du capitaine Guriec.

Désarmé à l'arrivée, il fut réarmé au long cours le 17 Juin 1904 et repartit sous les ordres du capitaine François Hervé pour un voyage particulièrement dur : Saint Nazaire - New York - Saïgon (par Bonne Espérance) - Newcastle d'Australie - San Francisco - Tacoma - Queesntown d'Irlande (par le Horn). Ce voyage dura deux ans jour pour jour, l'arrivée à Queesntown ayant eu lieu le 18 Juin 1906.

Les salaires au cabotage étaient un peu moins élevés qu'au long cours. Ce changement d'armement, même pour une courte période, permettait quelques économies à l'armateur

Cdlt
olivier
Ecole de Treguennec
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Re: France II : Armé/désarmé ?

Message par Ecole de Treguennec »

Bonjour à tous :hello: ,
Merci de nous avoir donné toutes ces informations et ces exemples. Nous avons compris ce que voulait dire armé et trouvé pourquoi le
France était armé/désarmé. :jap:
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