ROBINSON
Brick-goélette de 250tx, construit au chantier Tranchemer de La Richardais en 1894
Immatriculé à La Rochelle
Armateur : Georges DUPOUY 25 rue Dupaty La Rochelle
Capitaine: HARS, capitaine au cabotage inscrit à Dunkerque, domicilié à Fort Mardyck
7 hommes d'équipage en tout dont :
Augustin BLANQUART, 42 ans, fonction non indiquée, domicilié à Fort Mardyck, qui sera interrogé par l'Administrateur de Dunkerque. Le Capitaine Hars sera interrogé par un officier enquêteur à Brest.
La perte de ROBINSON
La goélette effectue une traversée Newport – La Rochelle avec 250 tonnes de charbon.
Le 2 Décembre 1916 à 13h00, elle se trouve par 48°32 N et 05°25 W (donc dans le WqNW d'Ouessant, entre les rails montant et descendant d'aujourd'hui) et fait route au plus près à 5 nœuds.
Beau temps légèrement brumeux. Visibilité 5 à 6 milles. Brise force 5 et mer forte.
Un vapeur est aperçu en train de couler, ainsi qu'un sous-marin sans pavillon faisant route sur la goélette et se trouvant à 1,5 mille environ. Mis en panne. Le sous-marin passe sur l'arrière et son commandant demande d'abandonner le navire et de venir sur le sous-marin. Il fait monter le capitaine et 4 hommes (dont Blanquart) sur le submersible tandis que les deux derniers conduisent 1 officier et 2 marins allemands porteurs de bombes sur le voilier.
Ils prennent un rouleau de toile à voile, du filin neuf et une caisse de biscuits, mais qu'ils laisseront dans le canot pour les naufragés. Ils placent leurs bombes et reviennent sur le sous-marin. La goélette coule à 13h45.
Le canot fait alors route vers la terre à l'aviron, puis à la voile.
Le commandant du sous-marin a coulé le voilier à la seule vue de sa nationalité, sans demander ce qu'elle transportait, d'où elle venait et où elle allait. Il n'a même pas regardé le connaissement qu'avait apporté le capitaine Hars. Mais il a laissé à l'équipage le temps d'évacuer et s'est inquiété des vivres dont disposaient les naufragés. Le capitaine avait fait préparer des vivres dans le canot. Mais l'Allemand lui a donné deux bouteilles de vin, deux boites de conserves et la caisse de biscuits.
Vers 15h30, les hommes ont vu le sous-marin se diriger vers un vapeur danois, mais l'arrivée de la canonnière ARDENT, qui a ouvert le feu sur lui, l'a fait plonger avec rapidité (en 3 minutes).
A 16h00, l'ARDENT a récupéré les naufragés et les a conduits à l'anse de Bertheaume où un torpilleur les à pris et ramenés à la flottille.
Description du sous-marin
Longueur 30 à 40 m (évidemment sous-estimée écrit l'officier enquêteur)
Blockhaus et petite passerelle
Un canon sur l'avant semblant à poste fixe. Les Allemands ont dit que c'était un 77 mm.
Filière autour du plancher entourant le kiosque.
Le sous-marin était en demi plongée et souvent recouvert par les lames. Les détails de la coque n'ont donc pu être observés. D'ailleurs, les hommes du ROBINSON, comme les marins allemands, avaient parfois de l'eau jusqu'à la ceinture
Voici le dessin fait par Blanquart.
Commandant
Grand, blond, barbe rasée, yeux enfoncés et visage très fatigué.
Parlait très bien le français.
Selon Blanquart, il a eu une conversation banale avec le capitaine Hars : prévisions météo, hausse du baromètre... Puis il a demandé : « Que pensez-vous de la guerre? ». A tout hasard le capitaine a répondu « C'est malheureux ».
- « Les Anglais, eux, ne souffrent pas de cette guerre; ils ont peu de régiments » a répondu l'Allemand.
Puis il a fait monter le capitaine sur le kiosque et lui a montré le point exact sur la carte. Il lui a aussi montré un carnet de silhouettes de sous-marins et lui a désigné le sien. Mais il n'y avait ni lettre, ni numéro.
Il a offert des cigares aux hommes du ROBINSON (mais Blanquart dit qu'il a refusé le sien).
Le sous-marin attaquant
C'était l'UC 21 de l'OL Rheinhold SALTZWEDEL.
Le vapeur vu en train de couler devait être le Grec DEMETRIOS INGLESIS, 2088 t, qui faisait route de Rosario sur Hull avec un chargement de maïs.
Le même jour (peut-être en soirée), il coulera encore le vapeur espagnol URIBITARTE 1756 t, allant de Bilbao à Cardiff avec du minerai de fer.
Cdlt
