François-Joseph ― Brick-goélette de 114 t exploité par l’armement LÉANDRI Lucchino, de Marseille ; coulé le 29 août 1916 à 60 milles dans le Nord de l'île de Dragonera par l’U-38 (Korvettenkapitän Max Valentiner) (uboat.net).
Il pourrait bien s’agir du voilier figurant à l’extrême droite de cette photographie prise par Edgard Imbert dans le port de Marseille, en Avril 1905 (ECPAD ― Réf. IT-03-104).
• Commission instituée en vue de constater les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens (Décret du 23 septembre 1914), Rapports et procès-verbaux d’enquête, Rapports VI. à XI., Imprimerie nationale, Paris, 1917, p. 9 et s. « Septième rapport. Violations par l’ennemi des conventions internationales dans la conduite de la guerre sur mer », « Faits non cités dans le rapport », Pièce n° 43. (op. cit., p. 70).
« RAPPORT DE MER du capitaine LÉANDRI Lucchino, commandant le brick-goélette François-Joseph.
Parti de Beni-Saf (Algérie) avec un complet chargement (125 tonneaux) de bois de Tissera, chargé par Bergeand et fils, Oran, à destination du port Saint-Louis-du-Rhône à ordre.
Le 14 août 1916, à 21 heures, appareille avec vent à la terre, navigue par beau temps, vent de la partie est, jusqu'au 27 courant 311 matin. Je me trouve alors à vingt-cinq milles au Sud du cap Saint-Antonio (Espagne). A sept heures, j’entends six coups de canon. Le vent ayant passé au Sud, faible brise, fais route pour passer au large de l’île Dragonera (Espagne). Le 29 courant, à six heures du soir, je suis à environ soixante milles dans le Nord de ce point, lorsque, à 17 h. 30, j’entends une détonation et aperçois un sous-marin allemand.
Comprenant que c’est un avis de m’arrêter, mon canot étant depuis quelques jours prêt avec tout l’indispensable, hissé et saisi en dehors du navire sur ses palans, j’ordonne de l’amener.
La mer est très grosse, la manœuvre délicate et périlleuse. Trois à quatre minutes s'écoulent ; un autre coup de canon ; le sous-marin est à quelques cents mètres de nous. Le canot à la mer, les hommes montent dessus ; je m’affale par l’arrière, avec les papiers du bord. Aussitôt que je suis sur le canot, mon navire reçoit deux projectiles à bâbord avant. Quoique bien atteint, mon navire ne coule pas vite ; le sous-marin s’approche de lui et stoppe. Quelques minutes se passent, et mon bateau pique de l’avant, penché sur tribord, et disparaît.
Le sous-marin s’approche de nous, me demande les papiers du bord, que je passe à un des siens, qui me fait signe de m’éloigner. La mer est grosse, mauvais temps ; je file vent arrière et mets cap au nord. La mer grossit de plus en plus, vent frais, mauvais temps, gouverne toujours en fuite à la lame. Le 30 courant, mer démontée, temps à grain, pluie et vent. Je navigue ainsi, par mauvais temps et comme nous avons pu, jusqu’à midi. Le vent passe au Nord sous un grain, souffle frais ; mets vent arrière et gouverne cap au Sud.
Ce même jour, à vingt-deux heures, j’aperçois le feu de Dragonera, me dirige dessus et force rames et voile ; à neuf heures du matin, le 31, je suis près de terre, aborde à Saint-Elme à dix heures, mes hommes exténués de fatigue et de privations. Les habitants nous ont accueillis, aidés, et se sont conduits d’une façon parfaite à notre égard, et nous avons reçu tout le nécessaire.
En foi de quoi, je dresse le présent pour valoir devant qui de droit.
Ce rapport est conforme à celui déjà mis sur le forum.
Voici la signature du capitaine LEANDRI au bas de son rapport
Rapport d’enquête
Goélette française de 336 tx JB
Affréteur Borgeau d’Alger
Capitaine Lucchino LEANDRI
7 hommes d équipage en tout, dont 6 Français et 1 Marocain.
Le sous-marin portait le pavillon de guerre allemand. On l’a d’abord pris pour un vapeur espagnol et on a continué la route jusqu’à ce qu’il tire un coup de canon. Le capitaine monte et reconnaît un sous-marin. Il fait mettre en travers cap à l’Ouest et fait carguer les voiles puis évacuer le navire.
Le sous-marin était à environ 3500 m. Le voilier fut coulé d’un coup de canon.
L’embarcation a accosté le sous-marin et un homme a demandé les papiers, puis a fait signe de s’éloigner. Le sous-marin a ensuite fait route au SSW.
Réfugié dans le canot, l’équipage atterrit le 31 Août à 10h00 près du village de Saint Elme dans l’île de Majorque.
Description du sous-marin
Longueur 80 m Largeur 10 m
Blockhaus circulaire au milieu avec échelle axiale derrière pour accéder au sommet. Dimensions 4m x 3m et hauteur 2 m au dessus du pont.
2 canons probablement de 120 mm sur l’avant et sur l’arrière du blockhaus. Certainement fixes
4 gardes symétriques dans les deux sens allant de l’avant à l’arrière par-dessus le blockhaus.
Mât sur l’arrière avec pavillon rouge et jaune, ressemblant au pavillon espagnol.
Superstructures du pont peintes en blanc. Blockhaus et coque en vert foncé. En bon état.
Vu 12 personnes, toutes habillées en kaki avec cirés jaunes. Un homme portait un casque blanc, mais pas distingué les grades.
Sur un béret on a pu lire « V. FRIEDSCHASSFENS »
Le sous-marin naviguait très bien malgré la grosse mer.
Un article rédigé par un ancien capitaine (Etienne Genoud) du brick goélette FRANCOIS JOSEPH et publié en 1933 par le journal "Le Petit Marseillais" (RetroNews) :
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A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
