SAINT CHARLES
Goélette de Terre Neuve construite en 1903 aux chantiers Gaultier et Fils de Saint Malo.
521 tx JB (renseignements pris sur uboat.net, mais la jauge brute paraît énorme)
En 1914 on trouve aussi sur les rôles de Saint Malo une goélette de Terre Neuve dénommée SAINT CHARLES, construite en 1911 à La Richardais (chantier de Saint Malo) pour l'armateur Ch. MAHE, immatriculée alors à Cancale n° 123, et dont les caractéristiques sont :
421 tpl 331 tx JB 263 tx JN
Ne serait-ce pas le même navire, revendu pendant la guerre à l'armateur de Fécamp?
Armateur en 1916 : La Morue Française et Sécheries de Fécamp.
Capitaine : PELTIER
La perte de SAINT CHARLES
La goélette fait route de Terre Neuve sur Fécamp et transporte 225 tonnes de morues et 130 tonnes de sel.
Le 28 Octobre 1916, elle se trouve à l'entrée de la Manche, au sud de Lizard, par 49°26 N et 06°58 W, cap au N52E à 2 noeuds.
Petite brise d'est hâlant au SW qui deviendra très forte et tournera au coup de vent la nuit suivante.

A 16h00, un sous-marin est aperçu à un quart sur tribord arrière. Il tire deux coups de canon à blanc. Cargué les voiles, venu sur bâbord travers au vent et mis sept doris à la mer. Un 3e coup de canon est alors tiré et le capitaine Peltier fait accélérer l'évacuation.
Le commandant du sous-marin demande à Peltier de venir le long du bord et lui demande en français sa nationalité et les papiers.
Puis il lui demande s'il possède suffisamment d'eau douce et de biscuit dans les doris. Sur sa réponse négative, Peltier est invité à retourner sur la goélette pour compléter ses approvisionnements et prendre un autre doris car le sien fait eau. Pendant toute l'opération, le sous-marin tourne lentement autour du voilier en se tenant à 70 m.
Ayant pris de l'eau et des vivres, Peltier est rappelé le long du sous-marin. Deux hommes descendent alors dans le doris, munis de deux bombes. Le commandant leur demande aussi de rapporter un panier de poissons. Les deux marins montent sur SAINT CHARLES, placent leurs bombes, emplissent un panier de morues et reviennent à leur bord 10 minutes plus tard.
Les bombes explosent 8 minutes plus tard et SAINT CHARLES coule en 3 minutes.
Le sous-marin s'éloigne et plonge.
Il était 17h00 et la nuit tombait. Les sept doris font route vers Lizard, mais leur situation devient vite périlleuse car le vent de SW force et la mer grossit.
A 20h00, un vapeur est aperçu faisant route au SW. C'est le VOLNAY, 7000 t, de Glasgow, non armé.
Il recueille tous les hommes du SAINT CHARLES et veut alors faire route sur Falmouth. Mais le coup de vent de SW l'en empêche et les naufragés sont finalement débarqués sains et saufs à Plymouth le 28 Octobre.
Description du sous-marin
Sous-marin de petit modèle, environ 35 m de long.
1 canon sur l'avant.
Haubans pare-filets sur le kiosque courant de l'avant à l'arrière.

Commandant très jeune, 25 ou 26 ans (nota : il avait effectivement 26 ans), brun, parlant très correctement le français avec un accent tudesque assez prononcé. (nota : accent germanique ancien; on se demande d'ailleurs comment l'équipage de SAINT CHARLES a pu reconnaître cet accent). Vêtu d'une grande capote cirée.
Aperçu 7 hommes en cirés sur le pont.
Le sous-marin attaquant
C'était l'UB 29 de l'OL Herbert PUSTKUCHEN.
Ce sous-marin disparaîtra six semaines plus tard dans le sud de Goodwin Sands, avec tout son équipage (22 hommes), peut-être coulé par l'HMS LANDRAIL. Il venait de repartir en patrouille sous le commandement de l'OL Erich PLATSCH.
Quant au commandant Pustkuchen, né le 28 Décembre 1889, il disparaîtra lui aussi avec tout son équipage (23 hommes) le 12 Juin 1917, en Manche, à bord de l'UC 66.
Voici sa photo (source uboat.net)

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