EUGENE LOUISE Trois-mâts terre-neuvier

olivier 12
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Re: EUGENE LOUISE Trois-mâts terre-neuvier

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

EUGENE LOUISE

Trois-mâts goélette de 250 tpl
Armé pour la pêche à la morue à Terre-Neuve par Mr. LE CORFF de Saint Servan.
Capitaine Pierre CATHERINE

Image

Interrogatoire de l’équipage

Le 2 Octobre 1917 après midi, le voilier, qui fait route de Saint Pierre et Miquelon sur Saint Malo, se trouve à 130 milles dans l’ouest d’Ouessant.

Un sous-marin sans pavillon est alors aperçu à 500 m du bateau et ouvre le feu au canon. Six ou sept coups sont tirés, qui passent par dessus le voilier.
Celui-ci est abandonné et l’équipage se réfugie dans les doris.
Quelques coups sont alors tirés sur la mâture, tandis que le patrouilleur CORSAIR rallie aussitôt.

Rapport du capitaine du CORSAIR adressé au commandant des patrouilleurs américains

Le 2 Octobre pendant la veille de l’après midi, le CORSAIR fait route au S89E à 12 nœuds, en zigzaguant pour rechercher les survivants du voilier français SAINT PIERRE. Vers 16h00, un trois-mâts à peine visible est aperçu dans la brume et à 16h35, une canonnade est entendue dans la direction du trois-mâts alors distant de 6 milles. La vitesse est augmentée à 17,5 nœuds, cap sur lui.

A 16h45, un grand sous-marin est vu à tribord du trois-mâts et se dirigeant sur lui. Il tire un certain nombre de coups de canons sur le voilier, qui sont vus et entendus à 16h50, puis disparaît sur un quart tribord. Il est alors à environ 4 milles.
A 17h02, lancé un « allo – voilier canonné. »
Peu de temps après, aperçu six doris qui s’éloignent du voilier, cap à l’est.

17h08, arrivé près du voilier qui est le trois-mâts français EUGENE LOUISE allant de Grand Banks à Saint Malo.
Le long sillage du sous-marin est observé ; suivi ce sillage et à 17h16, lancé une bombe anglaise de 150 livres à l’endroit où le sous-marin a disparu. Tourné autour de cet emplacement et passé près des doris ; demandé des renseignements complémentaires aux naufragés, mais ils étaient tellement démoralisés qu’ils n’ont pu donner aucun renseignement intelligible, se contentant de montrer la direction de l’ouest.
Recherche poursuivies vers l’ouest, puis revenu prendre les naufragés à 17h36.

On estima les dommages au voilier EUGENE LOUISE. Le soutien de beaupré était parti et le mât de hune et le grand mât allaient tomber. Il était alors vent AR, voiles à moitié descendues, armature avant et foc arrachés. On s’approcha du trois-mâts et on tenta de persuader l’équipage de retourner à bord et de le sauver. Le capitaine y consentit, à condition qu’on l’escorterait. Après en avoir parlé à son équipage, le capitaine demanda qu’un officier du patrouilleur donne son assurance en personne ; l’officier canonnier donna cette assurance en français à l’équipage. Une longue conversation eut alors lieu entre les Français, mais on remarqua qu’ils ne tenaient pas à retourner sur leur navire.

Remis en route et continué recherche des naufragés du SAINT PIERRE.
A 19h03, communiqué avec destroyer anglais que l’on informe de la position et des conditions de l’EUGENE LOUISE.

A 21h08, le destroyer nous informe qu’il remorque l’EUGENE LOUISE sur Scilly Islands.

Les 4 survivants du SAINT PIERRE, qui avaient été recueillis à 15h24, nous avaient dit qu’ils avaient vu trois sous-marins sur les lieux de leur naufrage.

De fait, à 16h15, le K.U.B allemand a lancé des messages. A 17h34, on entendit deux sous-marins ennemis qui communiquaient entre eux par radio. A 18h34, ce sont deux autres sous-marins qui communiquent encore entre eux. Tous ces signaux sont très forts et très proches, dans les parages des lieux d’attaque.

Nous avons alors jugé qu’il était imprudent de remorquer EUGENE LOUISE sans escorte.

Signé : KITTINGER

Commentaires

EUGENE LOUISE a sans doute été ramené dans un port, peut-être aux Scilly, ce qui explique qu’il ne figure pas sur la liste Uboat.net.
Le sous-marin attaquant est donc difficile à identifier (sauf pour les spécialistes ;) ) mais on ne peut bien sûr s’empêcher de penser à l’U 60 du KL Karl Georg SCHUSTER, qui avait la veille coulé le SAINT PIERRE.
Toutefois, il ne semble pas avoir été le seul sur zone.

Quant à l’équipage de l’EUGENE LOUISE, il n’a sans doute pas été félicité pour son peu d’empressement à sauver le navire, même sous escorte…

Cdlt
olivier
Michael Lowrey
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Re: EUGENE LOUISE Trois-mâts terre-neuvier

Message par Michael Lowrey »

Bonjour à tous,

I have U 60's KTB and can confirm that it was the U-boat responsible for shelling EUGENE LOUISE.

Will also add it in to the uboat.net database. This incident is not mentioned in Spindler's official history and not described in much detail in the damaged ship section of "Lloyd's War Losses" so Yves and I weren't previously aware of its existence. Thanks for calling it to our attention.

The DANFS entry on CORSAIR: http://www.hazegray.org/danfs/patrol/corsair.htm

Best wishes,
Michael
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Yves D
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Re: EUGENE LOUISE Trois-mâts terre-neuvier

Message par Yves D »

Merci Olivier, Michael
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
Rutilius
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EUGÈNE-LOUISE — Trois-mâts goélette terre-neuvier — Armement Eugène Adam, Saint-Servan (1913~1928).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Eugène-Louise — Trois-mâts goélette terre-neuvier — Armement Eugène Adam, Saint-Servan (1913~ 1928).

Le trois-mâts goélette terre-neuvier Eugène-Louise fut lancé en Février 1913 par le chantier Gustave GAUTIER, de Saint-Malo, pour le compte de l’armateur Eugène ADAM, de Saint-Servan, qui le destina à la Grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve. En 1916, il avait pour signal distinctif J.V.D.L.

Avarié au canon le 2 octobre 1917 par le sous-marin allemand U-60 (Kapitänleutnant Karl-Georg SCHUSTER), à 120 milles dans l’Ouest de l’île d’Ouessant, alors qu’il rentait de Saint-Pierre-et-Miquelon avec le produit de sa pêche, il fut alors remorqué sous escorte jusqu’aux îles Scilly. Il fut manifestement réparé ultérieurement, puisqu’il reprit la mer en Avril 1919 pour une nouvelle campagne de pêche à Terre-Neuve.

En Août 1928, étant toujours la propriété de l’armement Eugène Adam, il fut incendié par son équipage sur les Bancs, ayant été victime d’une voie d’eau que ne purent étaler les pompes. Tout son équipage fut alors recueilli par la goélette terre-neuvière Servannaise, du port de Saint-Malo, qui le débarqua à Saint-Pierre (Îles Saint-Pierre-et-Miquelon).

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L’Ouest-Éclair — éd. de Rennes —, n° 5.171, Jeudi 22 mai 1913, p. 6.

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L’Ouest-Éclair — éd. de Rennes —, n° 9.797, Mardi 21 août 1928, p. 6.

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Le Nouvelliste de Bretagne, n° 303, Lundi 5 novembre 1928, p. 3.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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EUGÈNE-LOUISE — Trois-mâts goélette terre-neuvier — Armement Eugène Adam, Saint-Servan (1913~1928).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


L’armateur du trois-mâts goélette Eugène-Louise


— ADAM Eugène Aristide, né le 17 janvier 1889 à Cancale (Ille-et-Vilaine), décédé le 28 juin 1980 à Saint-Malo (– d° –) (Registre des actes de naissance de la commune de Cancale, Année 1889, f° 2, acte n° 4).

• Fils d’Aristide Eugène ADAM, né le 6 octobre 1889 à Cancale, décédé le 3 juillet 1893 à Saint-Pierre (Îles Saint-Pierre-et-Miquelon) (Registre des actes de décès de la commune de Cancale, Année 1894, acte n° 30), armateur, et de Joséphine Perrine CŒURET, née le 18 mai 1857 à Cancale et y décédée le ... février 1938, sans profession ; époux ayant contracté mariage à Cancale, le 21 février 1876 (Registre des actes de mariage de la commune de Cancale, Année 1876, f° 7, acte n° 14).

• Époux de Louise Désirée LEHOËRFF, née le 6 février 1890 à Cancale, décédée le 6 juin 1980 à Saint-Malo (Registre des actes de naissance de la commune de Cancale, Année 1890, f° 35, acte n° 155), sans profession, avec laquelle il avait contracté mariage à Saint-Servan, le 9 mai 1913 (Registre des actes de mariage de la commune de Saint-Servan, Année 1913, f° 26, acte n° 46) (1) (2).

Fille de Pierre François LEHOËRFF, né le 27 avril 1853 à Cancale et y décédé, le 15 juin 1926, armateur, et de Désirée Joséphine MOREL, née le 19 septembre 1855 à Cancale, sans profession ; époux ayant con-tracté mariage dans cette commune, le 16 janvier 1882 (Registre des actes de mariage de la commune de Cancale, Année 1882, acte n° 14).

Récompense

□ Par décision du Sous-secrétaire d’État à la Marine marchande en date du 29 avril 1914 (J.O. 1er mai 1914, p. 3.937), félicité pour la bonne tenue des postes d’équipage du trois-mâts goélette Eugène-Louise.

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(1) D’où le nom donné la même année au trois-mâts goélette : Eugène [Adam] – Louise [Lehoërff].

(2) Était témoin de mariage Jean-Baptiste OXOAIX, dit APPECEIX, armateur des trois-mâts goélettes Bidartaise et Havana, du port de Saint-Servan.

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L’Ouest-Éclair — éd. de Rennes —, n° 9.005, Jeudi 17 juin 1926, p. 6.

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L’Ouest-Éclair — éd. de Rennes —, n° 15.081, Mercredi 23 février 1938, p. 6.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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EUGÈNE-LOUISE — Trois-mâts goélette terre-neuvier — Armement Eugène Adam, Saint-Servan (1913~1928).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Eugène ADAM, classe 1909, n° 724 au recrutement de Saint-Malo, fut rappelé au service par l’effet du décret du 1er août 1914 prescrivant la mobilisation des armées de terre et de mer (J.O. 2 août 1914, p. 7.054). Dès le 3 août 1914, il arriva au 7e Régiment d’artillerie de campagne, à Rennes, où il avait servi du 4 octobre 1910 au 25 septembre 1912, et fut affecté au service auxiliaire, matricule n° 07.368.

En sa qualité d’armateur, il fut placé en position de sursis d’appel du 1er février au 10 mars 1916, puis du 10 au 31 mars 1916. Rentré au dépôt le 1er avril 1916, il fut à nouveau placé dans cette position du 13 octobre au 31 décembre 1916, puis y fut maintenu jusqu’au 31 janvier 1917, « comme armateur du navire Eugène-Louise ». Rentré au dépôt le 1er février 1917, il fut, une fois encore et pour le même motif, placé en position de sursis d’appel du 7 au 28 février 1917, sursis qui fut prolongé jusqu’au 20 avril 1917.

Rentré de sursis le 21 avril 1917, il fut affecté le 25 mai 1917 au 10e Escadron du train des équipages militaires, en garnison à Fougères, matricule n° 07.368. Le 11 octobre 1917, il fut à nouveau placé en position de sursis d’appel jusqu’au 10 novembre 1917, « comme armateur pour la Grande pêche à Saint-Servan ».
Enfin, il passa le 3 janvier 1918 au 20e Escadron du train des équipages militaires, en garnison à Versailles, matricule n° 104.174.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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EUGÈNE-LOUISE — Trois-mâts goélette terre-neuvier — Armement Eugène Adam, Saint-Servan (1913~1928).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

□ Pour les besoins de sa campagne de pêche 1917 sur les bancs de Terre-Neuve, au retour de laquelle il fut avarié par le sous-marin allemand U-60, le trois-mâts goélette Eugène-Louise alla d’abord charger du sel au Portugal. Début Mai 1917, il relâcha à Lisbonne. Fut alors admis à l’Hôpital français Saint-Louis de la ville et y décéda le 11 mai le matelot Célestin François Guillaume LEFAUCHOUX, né le 25 février 1863 à Créhen (Côtes-du-Nord — aujourd’hui Côtes-d’Armor), inscrit au quartier de Dinan, n° 34.033.

• Fils de Guillaume Pierre LEFAUCHOUX, né le 13 octobre 1816 à Créhen, laboureur, et de Félicité Anne TROTIN, née le 17 août 1817 à Créhen, « ménagère » ; époux ayant contracté mariage dans cette commune, le 13 octobre 1847 (Registre des actes de mariage de la commune de Créhen, Année 1847, acte n° 8 ~ Registre des actes de naissance de la commune de Créhen, Année 1863, f° 4, acte n° 5).

• Époux de Césarine Rosalie ROLLAND, née le 22 août 1865 à Ploubalay (Côtes-du-Nord — aujourd’hui Côtes-d’Armor), domestique, avec laquelle il avait contracté mariage à Saint-Jacut-de-la-Mer (– d° –), le 12 février 1897 (Registre des actes de mariage de la commune de Saint-Jacut-de-la-Mer, Année 1897, f° 4, acte n° 3). Domicilié en dernier lieu à Jacut-de-la-Mer.

[Acte de décès établi le 11 mai 1917 au Consulat de France de Lisbonne (Registre des actes d’état civil du Consulat, Année 1917, f° 322, acte n° 9 ; transcrit le 15 juin 1917 à Saint-Jacut-de-la-Mer : Registre des actes de décès de la commune de Saint-Jacut-de-la-Mer, Année 1917, f° 7, acte n° 12)]
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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