Bonjour à tous,
Naufrage du 15 Septembre 1917
Navire armé de 2 canons de 90mm à l’avant et à l’arrière.
Rapport du capitaine
Quitté Barry à destination de Bizerte le 15 Septembre à 07h00 avec un complet chargement 3000 t de charbon. Beau temps, horizon brumeux. Suivi la côte Nord de Bristol channel. Passé Nash Point à 09h00. Canonniers et hommes de vigie sont aux postes de veille. Plusieurs navires en vue dont deux destroyers et un chalutier anglais. Route vers Milford Haven pour prendre le convoi de Gibraltar.
A 16h30, à 6 milles de la côte et 5 milles de Saint Anne Head, sans que rien ne l’ait laissé prévoir, ressenti un choc violent et une formidable détonation par le travers bâbord. Nous étions torpillés. La machine stoppe immédiatement et l’eau envahit tout le compartiment. Une énorme colonne d’eau recouvre tout le navire, brisant la baleinière bâbord. Le matelot Josse est projeté du spardeck sur le pont et blessé légèrement. Le navire est secoué violemment et prend de la gite sur tribord. L’eau balaye le pont.
Voyant le navire perdu et prêt à s’enfoncer, je fais disposer les embarcations. L’équipage prend place dans les canots avec un calme parfait et sans affolement. Il manquait 5 hommes qui se trouvaient dans la machine au moment de l’explosion et qui ont dû être tués sur le coup. Pas eu le temps d’émettre un signal de détresse par TSF, les appareils étant été complètement détruits. Le variomètre étant tombé, poste principal et poste de secours ont été paralysés.
La pièce de l’arrière, submergée, était inutilisable. L’armement de l’avant a rejoint son poste de combat et a commencé à charger sa pièce. Mais au bout de 5 minutes, il a du embarquer dans les canots.
Après avoir fait des signaux de détresse au sifflet j’ai quitté le bord le dernier, voyant qu’il n’y avait plus rien à faire, et les canots sont restés auprès du navire. Le sous-marin qui nous avait torpillés montre alors son périscope et passe entre nos embarcations. Apercevant deux torpilleurs, il disparaît immédiatement. Quelque temps après, le chalutier SIDMOUTH nous recueille à son bord et, voyant le navire encore à flot, me demande de le remorquer à la côte pour essayer de le sauver. Un remorqueur arrive (FRANCES BATEY) et prend la remorque, mais quelques minutes plus tard la bande augmente et le navire chavire sur tribord. Nous voyons par le travers de la cheminée une déchirure de 12 à 15 m de long sur 4 m de hauteur.
Le chalutier nous ramène à Milford Haven où nous débarquons à 18h30.
Je tiens à signaler l’attitude disciplinée de tout l’équipage qui a perdu tous ses effets et ses papiers.
Rapport de la Commission d’enquête
Elle reprend tout le déroulement des faits et signale que tout le personnel de quart dans la machine, plus deux hommes du quart précédent, soit 3 chauffeurs et deux soutiers, ont disparu. Il n’y a pas de doute sur le fait qu’ils ont été tués car l’explosion a eu lieu par le travers de la machine et le 2e mécanicien Bouillet, passant deux minutes après l’explosion dans la coursive longeant la machine, a vu que l’eau arrivait déjà au dessus des plateaux des cylindres. Aucun de ces 5 hommes n’a eu le temps de monter sur le pont.
Conclusions :
La commission reconnaît que le capitaine SIMON a fait strictement son devoir. Elle regrette toutefois :
- Qu’il ne soit pas descendu dans sa cabine pour prendre les documents secrets et les immerger.
- Qu’après avoir fait embarquer ses hommes dans les canots, voyant que le navire ne coulait pas immédiatement, il ne soit pas resté sur le gaillard avec l’armement de la pièce avant encore en état de tirer.
Il faut toutefois reconnaître que la gite étant très forte et l’eau arrivant aux hiloires de panneaux, il était en droit de supposer que le navire allait sombrer très rapidement. Peut-être valait-il mieux éviter de compromettre la vie de l’armement de la pièce.
La commission tient compte du fait que la capitaine SIMON a été cité à l’Ordre de la Brigade pour un combat soutenu avec succès contre un sous-marin par le vapeur SAINT ANDRE, à 60 miles au large de Belle Ile le 8 Juin 1917. En conséquence, elle ne propose ni sanction, ni récompense, et lui conserve la faculté de commander.
Le capitaine SIMON reprendra donc le commandement du SAINT ANDRE après son naufrage sur le SAINT JACQUES. Mais, fort malchanceux, il sera finalement coulé trois mois plus tard, le 19 Décembre 1917, par l’UB 58 du Kptlt Werner FURBRINGER.
Voir ce lien :
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas
Le sous-marin attaquant
C’était l’UC 51 de l’Oblt Hans GALSTER.
Toutefois, il ne semble pas qu’il ait lancé une torpille sur la SAINT JACQUES. C’est plutôt une des mines qu’il venait de larguer qui aura provoqué cette énorme brèche dans la coque du vapeur.
UC 51 sautera lui-même sur une mine anglaise le 17 Novembre suivant par 50°08 N et 03°42 W, et disparaîtra avec tout son équipage de 29 hommes.
Cdlt