- construit en 1906 à Newcastle,
- longueur 280 mètres,
- largeur 41 mètres,
- portée en lourd 3.200 tonnes,
- tonnage brut 1985 tonnes,
- 2 chaudières S.B. et une petite chaudière de 100 Ibs,
- vitesse 14,5 n.,
- 4 canots et une chaloupe à moteur,
- armement : 3 canons de 12 livres, 2 mitrailleuses, grenades sous-marine.
Incroyable histoire que celle de l'Hélios, cargo acheté en 1916 à une société d'armement norvégienne par Joseph Crozier, industriel et financier français établi en Hollande ( par ailleurs faisant parti du 2ème Bureau de l'Etat Major et chargé de missions de renseignements dans le même pays), doté d'un capitaine hollandais, d'un équipage norvégien et armé en corsaire (si ce n'est en pirate) par les soins de l'Amirauté anglaise.
Pendant l'année 1916, ce navire sous les couleurs norvégiennes (pays neutre) que la législation maritime lui permettait de porter pendant une année,
tout en pratiquant le commerce, s'arrangeait pour se trouver sur la route de navires contrebandiers transportant des denrées au profit de l'Allemagne qu'il dépouillait avant de les envoyer par le fond (et pas que des petits).
Indépendamment de ces agissements pour le moins particuliers, il a aussi, participé au transport de matériel militaire britannique vers la France et à l'escorte de convois de navires, engagé et mis en fuite (coulé ?) un sous-marin allemand,........ avant de sombrer sur une mine.
Une photo de l'Hélios dont l'armement était masqué et qui pouvait à tout moment changer rapidement de silhouette à l'instar des Q-ships ( Pavillon Noir des Lts Desgranges et de Belleval).
Quelques précisions sur l'Hélios qui semble à priori sortir tout droit d'un roman d'aventures !
Joseph Crozier le propriétaire de l'Hélios est un indusriel français établi à Rotterdam qui s'occupe d'import export, qui vend à qui le paye, bien introduit en allemagne, et qui possède un bureau à Dusseldoff.
Mais il est aussi, sous le nom de Pierre Desgranges le chef d'une mission d'espionnage en Hollande faisant parti du 2ème bureau de l'Etat Major.
Il dispose d'un appui total de Mr Tannery, chef de la Section Economique et du Contrôle Postal de L'Etat Major de L'Armée, initiateur de la guerre économique.
Il a à sa disposition toutes les marchandises nécessaires à son activité et des facilités illimitées pour les communications postales et télégraphiques du Contrôle Interallié. Son organisation commerciale est à la base du "renseignement".
En 1916 il achète un cargo norvégien l'Hélios, s'associe avec un capitaine hollandais, recrute un équipage norvégien, et avec l'aide de Tannery, il est introduit par le délégué du Quartier Général en Angleterre auprès de l'Amirauté Anglaise.
L'amiral qui le reçoit lui accorde un armement "défensif" assez conséquent (lui est seulement refusé le canon de 102 mm qu'il avait demandé) !!!
En contrepartie l'Hélios transportera une cargaison de matériel militaire à destination de la France.
L'Hélios est armé à Queenstown par l'arsenal d'Haulbowline de trois canons de 12 livres, de deux mitrailleuses et de grenades sous-marines, dans la plus grande discrétion.
Commence alors sa carrière, entre corsaire et pirate.
Renseigné par ses services sur les ittinéraires de contrebande vers l'Allemagne et sur les cargaisons transportées, Crozier (alias Desgranges), tout en gardant à son navire un fonctionnement commercial s'arrange pour être au bon endroit, au bon moment.
Pour éviter le blocus, nombre de navires transportant des cargaisons vers l'Allemagne (notamment, norvégiens, danois, hollandais et allemands), naviguent très au nord, au sud de l'Islande et effleurent au plus près les eaux territoriales norvégiennes.
Quelques prises parmi d'autres de l'Helios dans ces eaux, Jansen (voilier danois 800t), Sirius (vapeur norvégien 3800t), Météor (vapeur danois 5000t), Fenerbo (cargo danois 1800t), Kédir (vapeur hollandais 3000t), Régina (vapeur norvégien 4700t).
L'Helios navigue sous couleurs norvégiennes, mais arbore souvent lors de ces rencontres, le pavillon de guerre allemand ce qui provoque une certaine confusion.
Le processus est toujours le même, "récupération" de ce que l'on souhaite récupérer, évacuation du navire par son équipage, navire envoyé par le fond.
Début 1917 (??), l'Hélios rencontre un sous-marin, au nord-ouest du Dogger-Bank, qui semble mal en point et qui donne de la bande.
Seul est visible le canon de 12 livres arrière. Ne répondant pas aux sommations de stopper et à un premier coup de semonce, l'Hélios dévoile ses autres pièces et plusieurs coups atteignent le sous-marin qui plonge, l'arrière fortement relevé, en laissant en surface des taches d'huile et quelques épaves.
Le lendemain en vue de Hull, une mine (ou une torpille) mettait fin à la carrière de l'Hélios.
(source, "Pavillon noir", Lt Pierre Desgranges et Lt Belleval, préfacé par le Vice-Amiral Pugliési-Conti).
Ceci dit, je ne suis pas surpris qu'il n'y ait aucune trace de ce navire dans Miramar...