MARGUERITE III - navire français

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Terraillon Marc
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Re: MARGUERITE III - navire français

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir,

Extrait du journal de navigation de la Vedette V27 :

...
22 octobre 1917 : TENES, patrouille
26 octobre 1917 : TENES, appareillage avec V25, communique avec sémaphore de Belcoufra, croise le patrouilleur VAUTOUR escortant le navire français MARGUERITE III
30 octobre 1917 : TENES, patrouille
....


A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
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Ar Brav
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Re: MARGUERITE III - navire français

Message par Ar Brav »

Bonjour Marc,
Bonjour à tous,

Dans le Vichot, j'ai :

MARGUERITE III

Cargo réquisitionné (1915-1919)

Sinon, selon les sources, nous avons un plein bouquet de Marguerite, il ne va pas être aisé de s'y retrouver...

Amicalement en bon week-end à tous,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
olivier 12
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Re: MARGUERITE III - navire français

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MARGUERITE III

Vapeur lancé le 4 Mars 1912 aux chantiers Gray de West Hartlepool
3236 tpl
Longueur 102 m Largeur 14,5 m
1 hélice

Armateur : Compagnie des Chargeurs Français (Plisson) de Bayonne.
Transport auxiliaire réquisitionné pour le transport de charbon à l'armée d'Orient.
Armé d'un canon de 47 mm placé à l'arrière.
Capitaine Georges AUBIN CLC inscrit à Nantes. Enseigne de Vaisseau auxiliaire.
Effectue une traversée Cardiff – Bizerte.

Combat contre un sous-marin

Rapport du capitaine


Le 28 Octobre 1916 à 15h00, MARGUERITE est à 25 milles au S 70 E du cap Saint Vincent, par 34°49 N et 08°26 W, faisant route à 7 nœuds vers le détroit de Gibraltar.

Aperçu sur bâbord un vapeur italien ayant une légère gite et paraissant stoppé, ainsi qu'un vapeur norvégien. (nota : suit une longue description des deux navires).
Un autre cargo italien nous suivait et nous venions de dépasser un petit trois-mâts latin danois aux couleurs nationales peintes sur sa coque.

Aperçu alors deux baleinières qui venaient sur nous en provenance du vapeur italien stoppé. Mis le cap sur elles et préparé ce qui était nécessaire pour embarquer ces hommes (une quinzaine dans chaque canot).
Mais pressentant la présence d'un sous-marin, pris les dispositions suivantes :

- mis la machine parée à manœuvrer afin de pouvoir donner toute la vitesse.
- mis aux postes de combat et chargé la pièce
- désigné 4 matelots pour passer les munitions
- doublé la veille passerelle
- donné notre position au télégraphiste
- fait déborder les embarcations, prêtes à être rapidement amenées si besoin était.

Arrivé à ½ milles des embarcations, les gens de ces baleinières nous font de grands signes de nous éloigner.

A 15h40, une immense gerbe d'eau et de fumée, haute de 50 m, s'élève du côté bâbord du vapeur italien qui prend aussitôt une forte gite sur bâbord. Bien qu'étant à 1,5 mille de lui, n'avons entendu aucune détonation.

A 15h42, aperçu le périscope d'un sous-marin à environ 1000 m, faisant route à 8 ou 10 nœuds pour passer sur notre arrière et nous couper toute chance de faire route sur le terre et les eaux territoriales espagnoles. Venu sur bâbord et présenté l'arrière au sous-marin. Envoyé signal TSF d'alerte.

A 15h50, le sous-marin émerge subitement, très rapidement (en 5 secondes) et se dirige vers le trois-mâts danois, sans doute pour le couler. Donné l'ordre d'ouvrir le feu avec une hausse de 3000 m car le sous-marin s'éloigne. Il porte deux canons et nous canonne aussitôt avec sa pièce avant. Ses coups tombent sur tribord, le premier à une vingtaine de m sur l'avant.
Donné l'ordre d'allonger la hausse et de riposter énergiquement. Nos coups tombent très près du sous-marin. A 15h56, il plonge subitement, avant d'avoir atteint le voilier danois.

Puis il réapparaît encore plus rapidement que précédemment. Nous avons tiré 11 obus, mais le sous-marin est maintenant trop éloigné, hors de portée de notre pièce. Il se dirige vers les baleinières et reste quelques instants auprès d'elles. Puis elles font route vers la terre.

Le cargo italien qui nous suivait a filé à toute vapeur vers la terre dès le début de l'engagement.
Mais un petit vapeur à un seul mât, qui faisait route sur Saint Vincent, quoiqu'ayant assisté à toute la scène, n'a rien fait pour s'échapper et est venu bêtement se jeter sur le sous-marin.
Plus tard, à Gibraltar, j'ai appris qu'il s'agissait d'un vapeur américain qui transportait des approvisionnements pour la France.

Le vapeur italien, le vapeur norvégien et le vapeur américain ont donc été coulés. En revanche, le voilier danois n'a pas été inquiété.

Nous avons fait route tous feux éteints dans les eaux espagnoles et sommes arrivés à Tarifa le 29 à 10h00. Toute la nuit j'ai lancé des messages d'alerte par TSF, mais aucune station n'a répondu. C'est seulement le 29 à 06h00 que l'Amirauté britannique m'a donné l'ordre de rentrer à Gibraltar pour faire un rapport sur cette affaire et prendre des instructions.

Très bonne tenue de l'équipage, calme et discipliné. J'avais du laisser mon fusilier breveté à l'hôpital de Cardiff, mais j'avais fait faire des exercices répétés à mes matelots. Le tir a été régulier, sans à coups, rapide et d'une grande précision. Le commandant du sous-marin a jugé plus prudent de plonger au bout de quelques minutes. Il est regrettable que notre faible calibre ne nous ait pas permis de poursuivre le combat.

Description du sous-marin

Longueur environ 80 m.
2 canons, sur avant et arrière, mais d'un calibre beaucoup plus important que le nôtre, sans doute 100 mm.
2 périscopes au dessus du kiosque.
Peinture gris sombre
Grande vitesse de plongée.

Image

Note de l'Amiral Guépratte, Préfet Maritime de Bizerte au Ministre

J'ai grand plaisir à constater la belle attitude de l'Enseigne de Vaisseau Aubin, capitaine du MARGUERITE III, qui contraste avec l'abandon honteux du MOGADOR. Bon capitaine, l'EV Aubin a su utiliser sa seule pièce de 47 pour forcer l'ennemi à abandonner MARGUERITE qui n'a du son salut qu'à cette courageuse attitude.
Les canonniers de MARGUERITE se sont aussi fort bien conduits.

Récompenses

Quatre Croix de Guerre et Citations à l'ordre de la Brigade

AUBIN Georges CLC Enseigne de Vaisseau auxiliaire Nantes 5862

« Belle attitude lors d'une rencontre avec un sous-marin ennemi. Par son heureuse initiative, a réussi à sauver son bâtiment. »

COTARD Louis Matelot Binic
HAYS Jean-Marie Matelot Vannes
SANTONI Constant Matelot Bastia

« Belle tenue sous le feu lors de l'attaque de leur navire par un sous-marin ».


Le sous-marin attaquant

C'était l'U 63 du KL Otto SCHULTZE.

Ce même jour il avait donc coulé :

SELENE italien 3955 t à 30 milles au SE cap Santa Maria Traversée Norfolk-Italie
TORSDAL norvégien 3621 t à 25 milles cap Saint Vincent Traversée Civitta Vecchia – Barry sur lest
LANAO américain 692 t 36°45 N 08°25 W Traversée Saïgon- Le Havre avec du riz

A ces trois navires notés par le capitaine Aubin, il faut ajouter

RIO PIRAHY anglais 3561 t à 60 milles au sud du cap Saint Vincent Traversée Livourne – Barry sur lest.

Le récit du capitaine de MARGUERITE est assez précis et il serait intéressant de savoir ce que Schultze a noté sur le vapeur français dans son journal de guerre.

Le commandant Georges Aubin


Né le 9 Juin 1889 à Trentemoult, Georges Aubin avait embarqué à 14 ans comme mousse sur le trois-mâts SAINT JEAN et effectué une campagne de 28 mois autour du monde. En 1906, ayant suivi les cours de l'hydro de Nantes, il avait embarqué comme élève officier sur le trois-mâts barque BABIN CHEVAYE, puis comme lieutenant sur le vapeur LOIRE, transport des forçats. Il navigua aussi sur BEAUMARCHAIS et GENEVIEVE MOLINOS.
Capitaine au Long Cours en 1913, il embarqua à 25 ans comme commandant du MARGUERITE III sur lequel il demeura pendant toute la guerre, livrant en 1916 un brillant combat contre l'U 63.

Sorti indemne du conflit, il fera naufrage avec MARGUERITE le 23 Janvier 1919, en mer d'Irlande, vers Fleetwood (entrée de la rivière d'Heysham) lors d'une terrible tempête. Malgré des conditions épouvantables, il parviendra à sauver tout son équipage.

Plus tard, Georges Aubin deviendra l'un de nos grands écrivains maritimes.

On lui doit les ouvrages suivants :

- Un Cap-Hornier autour du monde
- En bourlinguant sur les sept océans
- Les hommes en suroit
- La mer douce et cruelle
- L'empreinte de la voile (un livre admirable)
- Une énigme des mers du Sud
- Nous les Cap-Horniers
- Dans le vert sillage des Cap-Horniers (un bijou d'humour)
- L'amour en matelote

Georges Aubin était l'ami du capitaine au Long Cours Georges Bichon, que nous avons déjà rencontré à de nombreuses reprises, notamment sur BABIN CHEVAYE et LOIRE. Georges Bichon avait passé toute la Grande Guerre, comme Georges Aubin, au ravitaillement en charbon de la Flotte d'Orient sur SAINT PIERRE, SAINT SIMON et SAINT MARC, de la SNO. Il avait été torpillé le 3 Avril 1917 sur le SAINT SIMON au large de Bizerte et on peut lire son histoire sur ce lien:

http://www.histomar.net/GSM/htm/simon.htm

Lors de son décès, en Octobre 1958, Georges Aubin envoya à son frère le dernier ouvrage qu'il venait de publier avec cette belle dédicace :

« En très amical hommage à Victor Bichon, officier mécanicien de 1ère classe de la Marine Marchande et en souvenir de son frère, mon vieux camarade Georges parti dernièrement pour le dernier voyage.
Un de « NOUS LES CAP-HORNIERS» qui se rappelle non sans émotion les heures de jadis où Georges Bichon et l'auteur communiaient avec ferveur dans l'espoir de devenir un jour des capitaines au long cours.
Et qui n'a pas oublié qu'il fut le premier à se rendre au chevet de son vieux camarade à l'hôpital de Bizerte, en 1917, après le naufrage du SAINT SIMON dont il fut un des rescapés après avoir frôlé la mort de bien près.
La vie passe... Elle est passée pour lui... Souvenir ému de l'auteur. »


Cette dédicace nous permet de dire que MARGUERITE était à nouveau en escale à Bizerte au début d'Avril 1917.

Voici le texte de la dédicace de 1958

Image

et la signature de Georges Aubin au bas de son rapport d'Octobre 1916.

Image

Georges Aubin est décédé en 1982.

Cdlt
olivier
Memgam
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Re: MARGUERITE III - navire français

Message par Memgam »

Dans plusieurs de ses livres, le CLC Georges Aubin raconte aussi des anecdotes de ses navigations sur Marguerite III qui fut son premier commandement. Dans "La mer douce et cruelle", le premier récit s'intitule "Magie d'Orient" et relate le transport de 1200 hommes à Constantinople en octobre 1918. "Une lumière dans la nuit" relate le remorquage du Yunnan par l'Anglet.
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Memgam
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Re: MARGUERITE III - navire français

Message par Memgam »

D'autres anecdotes dans "L'amour en matelote", une autre photo de Marguerite en ravitaillement, vue d'avant cette fois-ci.Image
Memgam
Rutilius
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Re: MARGUERITE III - navire français

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


■ Traversées.

— 4 ~ 14 novembre 1918 : Transporte de Dedeagatch (Turquie) – aujourd’hui Alexandroupouli (Grèce) – à Constantinople (Turquie), avec escale d’attente en rade de Moudros (Île de Lemnos, Grèce) du 5 au 12 novembre, le 2e Bataillon du 84e Régiment d’infanterie.

Les autres éléments de ce régiment embarquèrent le même jour à bord de l’Amiral-Ganteaume (État-major et 1er Bataillon) et de La Gaule (3e Bataillon).

Alors commandé par le lieutenant-colonel Marie Roger BARBARY de LANGLADE et dépendant des Troupes d’occupation en Turquie, le 84e Régiment d’infanterie venait d’être chargé d’occuper les forts du Bosphore, à la suite de l’armistice conclu avec l’Empire ottoman, entré en vigueur le 1er novembre 1918 à 12 h.

Au 31 octobre 1918, il comptait :

– 53 officiers ;
– 2.154 hommes de troupe ;
– 74 chevaux ;
– 166 petits chevaux ;
– 337 mulets ;
– 60 voitures.

(Journal des marches et opérations du 84e Régiment d’infanterie – 1er nov. 1918 ~ 29 août 1919 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote 26 N 666/5, p. num. 3.)

________________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: MARGUERITE III - navire français

Message par Rutilius »


Re,
Dans plusieurs de ses livres, le CLC Georges Aubin raconte aussi des anecdotes de ses navigations sur Marguerite-III qui fut son premier commandement. Dans "La mer douce et cruelle", le premier récit s'intitule "Magie d'Orient" et relate le transport de 1.200 hommes à Constantinople en octobre 1918.
Eu égard à ce qui précède, Novembre 1918.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: MARGUERITE III - navire français

Message par Memgam »

Bonjour,

Source : Aubin, opus cité ci-dessus.

Cordialement.

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Memgam
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