Bonjour à tous,
VILLE D'ORAN
Rencontre avec un sous-marin le 16 Août 1916
Rapport du capitaine au CA commandant Marine Marseille
J’ai rencontré à 12h20 le 16 Août un sous-marin qui a émergé à 1,5 mille sur l’avant tribord d’un transport de troupe anglais. Il a évolué rapidement sur tribord puis a fait des routes en lacets, d’abord suivi, puis précédé d’un contre torpilleur anglais qui le convoyait.
Poursuivis nous-mêmes par ce sous-marin, d’abord en surface, puis en plongée, nous avons repris la direction de Bône en faisant des routes en lacets et avons envoyé des signaux d’appel. Mes signaux ayant été entendus, le contre-torpilleur RAPIERE m’a dit de faire route au Nord à toute allure.
A 12h55, le sous-marin a disparu. Continué route au Nord et, à 14h45 croisé RAPIERE qui faisait route au Sud à petite vitesse. Vers 16h00, avons entendu des coups de canon dans le Sud. Continué ma route sans incident.
Rapport de l’officier enquêteur
Traversée Bougie – Marseille.
Capitaine COUVIN François. CLC Marseille 540
Paquebot armé d’un canon de 47 mm matricule 1885
Canonniers :
- QM fusilier SAMARNI Pierre Bastia 4216
- Canonnier auxiliaire LE ROHELLEC Charles Auray 6273
- Matelot canonnier PAOLI Antoine 42130.5
Equipage 56 hommes + 1 femme de chambre
Passagers 42 tous civils, dont 1 femme Très bonne attitude
Le sous-marin a été aperçu le 16 Août à midi vingt par 37°20 N et 08°26 E
(nota : au NW de l’écueil des Sorelles au large de La Galite)
VILLE D’ORAN faisait route à 11,5 nœuds sans zigzaguer. Beau temps calme. Horizon brumeux. Le sous-marin a émerger sur l’avant d’un transport anglais à 1 mille et à 5 quarts sur bâbord. VILLE D’ORAN a alors zigzagué de 20° de chaque bord de la route au Nord. Le sous-marin est resté deux minutes en surface, puis a plongé. Il a émergé de nouveau 10 minutes plus tard à 1 mille et 4 quarts sur l’arrière di travers tribord. Il avait cap au Nord comme VILLE D’ORAN. Le paquebot est alors venu sur la gauche pour présenter l’arrière au sous-marin, machine à toute vitesse. Mais le sous-marin a plongé à nouveau dès le début de l’évolution et a continué la chasse en plongée sans que l’on puisse voir autre chose que son remous. Il marchait 10 nœuds en plongée.
A midi 55, perdant de vue le remous, le paquebot est revenu au Nord sur un signal de RAPIERE.
Quand il a émergé pour la première fois, le transport anglais et son convoyeur étaient à 1,5 mille de lui et faisaient route vers l’Est à 13 ou 14 nœuds. Le sous-marin a émergé à 250 m sur l’avant tribord du transport et celui-ci est venu sur tribord, tout en gardant le sous-marin par tribord. Il s’est placé sur l’arrière du convoyeur qui était à l’origine à 800 m derrière lui. Cette manœuvre du transport a empêché le convoyeur d’ouvrir le feu avant que le sous-marin ne plonge. Le transport était chargé de troupe et les deux navires ont continué leur route.
VILLE D’ORAN n’a fait aucun signal de détresse. Il possède la TSF et a fait le signal réglementaire. RAPIERE lui a répondu de continuer sa route. Un quart d’heure après, VILLE D’ORAN a signalé que le sous-marin avait plongé et cessé la poursuite.
A 14h25, VILLE D’ORAN a croisé RAPIERE qui faisait alors route au Sud. Entre 15h45 et 15h00, des coups de canon ont été entendus dans le Sud.
Description du sous-marin
Dimensions n’ont pu être appréciées. Le sous-marin n’a monté que son blockhaus et son avant.
Sans doute deux objets lumineux sur l’avant et l’arrière du blockhaus. Impossible d’affirmer qu’il s’agissait des canons.
Pas distingué le périscope
Couleur se confondant avec la mer.
Voici la silhouette approximative
Conclusion de l’officier enquêteur
Le capitaine de VILLE D’ORAN a manœuvré correctement suivant les instructions reçues. Il a fait preuve d’intelligence et de sang froid.
Le sous-marin aperçu
N’est pas identifié, mais pourrait bien être l’U 35 du Kptlt Lothar von ARNAULD de la PERIERE
Cdlt