PAX

Rutilius
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PAX ― Cargo ― Compagnie des vapeurs français (Jean Stern) (1918~1918).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


Les circonstances du torpillage du cargo Pax par le sous-marin
allemand UC-35, survenu le 12 mai 1918


• Chalutier Louise-Marguerite ― alors commandé par l’enseigne de vaisseau Marius Alphonse LARDIER ―, Journal de navigation n° - /1918 ― 23 mars ~ 14 mai 1918 ― : Service historique de la Dé-fense, Cote SS Y 333, p. num. 230 à 232.

« Journée du 11 mai 1918.

12 h. 30 ― Appareillé de Marseille pour Villefranche avec un convoi formé du vapeur Pax (F.), Erissos (G.), Togo (I.), Vosbergen (...), Castore, escorté de la Louise-Marguerite, Ailly et Serpollet.

13 h. 05 ― Franchi les barrages.

13 h. 10 ― Stoppé pour attendre la formation du convoi.

13 h. 10 ― Jeanne-d’Arc à Louise-Marguerite
: " Connaissez-vous le nom du vapeur français ? " Réponse : " Pax. "

13 h. 35 ― Remise en route avec convoi.

13 h. 40 ― Suivi le chenal de sécurité.

14 h. 30 ― Route au Sud 40 E.

17 h. 50 ― Louise-Marguerite au convoi :
" T.U.G. Conserver la formation. "

19 h. 40 ― Par le travers de Sicié.

21 h. 45 ― Travers du Cap d’Armes.

24 h. 00 ― Vitesse moyenne de 20 h. à 24 h. (85 tours).

Journée du 12 mai 1918.

0 h. 05 ― Par le travers de Litan.

1 h. 35 ― Le vapeur français Pax est torpillé à 300 m de nous à bâbord avant. Mis nos embarcations à l’eau pour ramasser les survivants. Recueilli 15 hommes.

2 h. 05 ― Remis en marche. Avons croisé sur les lieux. Repris l’escorte.

5 h. 00 ― Louise-Marguerite au
[Torpilleur] 360 : " Il manque le vapeur italien Togo. Trois mâts, une cheminée. Je pense qu’il a dû se réfugier sous terre. "

5 h. 10 – Torpilleur 360 à Louise-Marguerite : " Le Pax est-il coulé ? " Réponse : " Il a coulé. J’ai des survivants à bord. "

5 h. 15 ― Torpilleur 360 à Louise-Marguerite : " J’ai vu un sillage suspect ce matin à la Garoupe. "

5 h. 35 ― Torpilleur 360 à Louise-Marguerite : " J’estime pour le moment utile de protéger la tête de votre convoi. "

6 h. 20 ― Louise-Marguerite répond : " Faites des zigzags sur l’avant de la route. "

6 h. 30 ― Louise-Marguerite à Ailly : " Répétez les signaux ; placez-vous à bâbord par le travers. Quand le convoi sera chenal de sécurité à Villefranche, allez à la recherche du Togo qui doit avoir fait la route entière et ramenez-le à Villefranche. Transmettez cet ordre au Serpollet. "

9 h. 10 ― Louise-Marguerite à Ailly : " Avant de partir rechercher Togo, informez-vous près arraison-neur si ce bâtiment n’est pas entré à Villefranche. "

9 h. 20 ― Franchi les passes de Villefranche.

9 h. 25 ― Mouillé sur rade de Villefranche. »

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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PAX ― Cargo ― Compagnie des vapeurs français (Jean Stern) (1918~1918).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Les opérations de recherche du cargo Togo
entreprises par le Torpilleur 360


Torpilleur 360, Journal de bord ― 28 mars ~ 10 juin 1918 ― : Service historique de la Défense, Cote SS Y 333, p. num. 457 (Colonne « Journal de navigation »).

Le Dimanche 12 mai 1918.

De Nice à Porquerolles.

Appareillé de Nice à 3 h. 30. Route sur Camarat. Bâtiment Pax torpillé.

8 h. 30 ― Rencontré vapeur italien Luizia allant à Villefranche.

8 h. 40 ― Sémaphore de Camarat signale au 360 : navigation route côtière ; escorte entre Marseille et Villefranche.

10 h. 30 ― Pêché un cadavre du Pax. Recherche du vapeur italien Togo.

15 h. 10 ― Signalé à … par B… :
« Je n’ai vu passer que le Luizia seul, ce matin, à 8 h. 20. J’ai un ca-davre du Pax à bord. »

15 h. 35 ― Hydravion jette une planche avec inscription : « Pouvez-vous venir me parler à l’endroit où je vais amerrir ? » Suivi l’avion.

16 h. 00 ― Continué recherche du vapeur Togo sans résultats, puis route sur Toulon.

18 h. 00 ― Déposé le cadavre à Saint-Mandrier.

18 h. 45 ― Amarré à Toulon.

22 h. 00― Appareillé de Toulon. Patrouille entre Sicié et Porquerolles.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Gastolli
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Re: PAX

Message par Gastolli »

Daniel

thank you for this details !!!

Oliver
Rutilius
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Message par Rutilius »

oOo
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GENEAMAR
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Re: PAX

Message par GENEAMAR »

Bonjour à tous,

Paru ce jour sur le blog généalogie de GENEANET :


"Léon Etienne Ribourel, décédé en mer

Il y a longtemps que nous n'avions pas publié l'un de vos témoinages dans notre rubrique consacrée aux "tranches de vie" de vos ancêtres.
Voici l'histoire de Léon Etienne Ribourel, par Stéphanie Guillot, son arrière-petite fille, qui a souhaité lui rendre ce bel hommage.
D'autres témoignages ont été publiés, vous pouvez vous en inspirer pour vous lancer dans l'opération délicate du devoir de mémoire.

Image

J'aimerai vous présenter Etienne Léon RIBOUREL.
Il m'a intrigué parce que je savais qu'il était né à Marseille, qu'il s'était marié en Algérie et qu'il était "mort en mer à la suite du torpillage du PAX" en 1918.

Etienne est né le 19/09/1875 à Marseille. Son père Jean Pierre a 32 ans, il est marchand de vin et sa mère Marie DAURELLE 28 ans, née à Ambialet (81) est ménagère. Les RIBOUREL sont originaires de Marseille depuis le 17è siècle. Les DAURELLE eux, sont originaires de Curvalle (81) depuis la même époque.

Il mesurait 1m71, avait les cheveux et les yeux chatains.

Après ses classes dans l'armée en 1895, il a été "réformé et déclaré impropre au service à la mer mais reconnu utilisable dans un service à terre" pour cause d'acuité visuelle insuffisante (1/5 dans chaque oeil).

Il commence sa carrière dans la Marine Marchande à Alger en 1894 avec l'accord de son père comme "soutier" et en avril 1896 il y est définitivement incorporé. Il est alors "1er chauffeur" puis passe mécanicien et chef mécanicien grâce à diverses formations.

Il est parti de Marseille une dernière fois avec le Pax le 25/8/1917 et n'est pas revenu, il a disparu avec le torpillage de son bateau le 12/5/1918.

A titre posthume, il a reçu en 1922 la Croix de Chevalier de la Legion d'Honneur ainsi que la Croix de Guerre avec étoile en bronze.

Il s'est marié en aout 1903 à Alger avec Joséphine BRIGNATZ et a eu 3 enfants : une première fille décédée à l'age de 1 an et deux garçons. Ses fils Maurice et Gabriel avait respectivement 12 et 10 ans lors de sa disparition.

Après toutes ces découvertes une cousine a pu aller chercher le dossier du PAX aux Archives de la Marine et c'est non pas l'histoire de sa vie que j'ai découvert mais plutôt celle de sa mort...

Je vous livre donc la retranscription du dossier :

Convoi du 19 mai 1918

Le PAX faisait partie d'un convoi de 5 bâtiments escortés par 3 chalutiers allant de Marseille à Villefranche, le PAX et le TOGO ont été coulés la même nuit par le même torpilleur ennemi

Les bâtiments étaient :
- le PAX, un vapeur français de 542 t, il était armé d'un canon
- le TOGO, un vapeur italien de 1800 t de charbon à bord, il n'était pas armé
- le VOSBERGEN
- le ERISSOS
- le CASTORE

Les chalutiers étaient :
- le SERPOLLET
- le LOUISE MARGUERITE
- le AILLY

Rapport de mer du Capitaine du PAX

Il s'agit du rapport que fit l'officier de quart au sujet de l'attaque fatale du 12/05/1918 :

"Je soussigné BESSIL, Marius, Capitaine au cabotage, 2d maître de manoeuvre temporaire, embarqué en qualité de Lieutenant sur le vapeur PAX de la Cie. des Affréteurs Réunis, affrété par le Transit Militaire Maritime, armés à Marseille sous le n°983, certifie ce qui suit :
Le 12 mai 1918, à 0 heure (Europe Occidentale Eté) avoir pris le quart faisant route au N72E du monde, dans les environs Sud-Est du feu de Titan (Iles du Levant). A 1h20 ordre est donné par le Capitaine de venir sur la gauche au N38E du monde ; route qui nous fait passer par des fonds supérieurs à 200 mètres ainsi qu'il est prescrit par les instructions.
Le ciel est couvert, la mer belle, une légère brise de Sud-Est règne, l'horizon est embrumé, le convoi est à peine visible sauf un bateau Italien qui se trouve entre la terre et nous ; ce dernier éclairé par le feu de Camarat se distingue très bien et chaque fois que le faisceau lumineux passe vers nous, il semble que nous sommes éclairés par un projecteur électrique.
A 1h55, je me trouve sur la passerelle Babord et entend distinctement deux sons brefs paraissant venir de Tribord avant. Après avoir passé à Tribord pour m'assurer et ne voyant rien, j'ordonne au timonier de venir sur la gauche et pour plus de sûreté instantanément je préviens le Capitaine qui sommeillait sur son canapé dans sa chambre située sur l'arrière de la chambre de veille.
Aussitôt rendu à Tribord le Capitaine ayant reconnu une torpille et après l'avoir prononcé à haute voix, commande aussitôt "Babord toute", commandement exécuté à la lettre, mais quelques secondes s'écoulent à peine, un choc formidable se produit à Tribord avant et à quelques mètres sur l'AR de la hauteur du mât de misaine.
Renversé par le choc, aveuglé et noyé par la trombe d'eau, je m'efforce de gagner la chambre de veille pour donner la position approchée au Radiotélégraphiste, mais je ne trouve pas de lumière. Ressortant aussitôt j'entend le Capitaine qui donne l'ordre d'évacuer le navire ; à ce moment je me trouve sur le pont supérieur où je vais essayer aidé de quelques hommes, d'amener une embarcation.
Cependant le navire s'enfonce rapidement, quelques voix réclament des bouées de sauvetage, ce que je m'empresse de faire (il y en avait une quinzaine en suspens sur la passerelle). A partir de cet instant, j'ai donné une bouée de sauvetage au soutier sénégalais qui se trouvait auprès de moi et n'ai pas eu le temps de m'en capeler une que je me suis senti englouti avec le navire, entraîné par le remous.
Après quelques secondes d'angoisse et un effort surhumain, je parvins, à bout de souffle, à émerger et me cramponner sur les débris du radeau AV qui avait dû se briser lors de la chute du mât de misaine. Reposé quelques instants et voyant qu'un radeau intact chargé de plusieurs hommes se trouvait à une trentaine de mètres, j'abandonnais l'épave sur laquelle je me trouvais et me rendis sur ce radeau, épuisé de fatigue.
Quelques minutes plus tard nous fûmes receuillis à bord du chalutier "LOUISE MARGUERITE" où les premiers soins nous furent donnés ; il était alors deux heures.
La veille était assurée comme suit ; deux hommes sur la passerelle : un à babord, l'autre à tribord ; un canonnier sur le gaillard AV, l'autre sur l'AR, au canon, et l'Officier de quart.
Sur trente hommes composant l'équipage, quinze ont pu être receuillis sur le chalutier "LOUISE MARGUERITE". Au moment du tropillage, le chalutier qui nous a secourus se trouvait à environ 300 mètres et à deux ou trois quarts sur Tribord AR ; le navire Italien se trouvant à notre gauche était un peu sur l'AR babord à nous.
Du moment du choc au moment où le navire à complètement disparu, il s'est écoulé un maximum de deux minutes, ce qui explique que l'équipage surpris dans son sommeil n'a pas eu le temps matériel de faire le sauvetage.
Arrivé à Villefranche à 8h30 du matin où nous avons débarqué deux hommes des survivants qui ont été dirigés immédiatement sur l'hopital, ces hommes étant blessés assez grièvement.

Fait à Villefranche, le 12 mai 1918.
Le Lieutentant Officier de quart,
signé BESSIL"

Liste des naufragés du PAX :

Sur les 30 passagers, 15 disparurent et 3 furent blessés.

Louis AUFFRET, capitaine, matricule 555 à Paimpol, disparu
Alcide FRESLON, 2d capitaine, matricule 255 à Cancale
Marius BESSIL, lieutenant, matricule 45 à Cette
Etienne RIBOUREL, chef mécanicien, matricule 1208 à Alger, disparu
Prosper ROBERT, 2d mécanicien, matricule 49.394-5 au 5è dépôt
Georges LOIRET, 3è mécanicien, matricule 2315 à St Nazaire
Toussaint BURLOT, maître d'équipage, matricule 2243 à Binic
Gaetan STRINA, matelot, matricule 2220 à Cette
Pierre BLOCH, matelot, matricule 2697 à Audierne
Joseph SAUVAN, matelot, matricule 59.603-5 au 5è dépôt, blessé
Armand MORGAT, matelot, matricule 3452 au Croisic, disparu
Guillaume LE BOURHIS, matelot, matricule 2675 à Morlaix, disparu
Eugène LE DORIOL, matelot, matricule 8725
Yves EVEN, 1er chauffeur, matricule 2621 à Treguier, blessé
Edouard LE CAR, chauffeur, matricule 5090 à Concarneau, disparu
Emile ORHAN, chauffeur, matricule 2655 à Binic, disparu
Antoine RAYMOND, chauffeur, matricule 1784 à Marseille, disparu
Koné CIRE, sujet indigène, matricule 1607 à Dakar
Kounda DIO, sujet indigène, disparu
Joseph VAILINO, cuisinier, matricule 05487 à Marseille, blessé
Yves BODEUR, novice, matricule 23.014 à Paimpol, disparu
Ylisse TELLIER, mousse, matricule 28425 à Marseille, disparu
Albert LARGER, radio TSF, disparu
Pierre GARRAT, AMBC, matriucle 64.965-5, disparu
Marius CHEVALLET, AMBC, matricule 65.998-5, disparu
Emile REYBAUD, AMBC, matricule 1435 au 5è dépôt, disparu
Arsène THOREL, AMBC, matricule 971 à Honfleur, disparu
Marius ANDRE, QM canonnier, matriucle 53.660 au 5è dépôt
Joseph-A FRIOUS, matelot canonnier, matricule 1033 à Noirmoutier
Pierre THEODEN, matelot canonnier, matricule 109.5032

[ La fiche d'Etienne Ribourel sur l'arbre de Stéphanie Guillot ]

:hello: Cordialement Malou


Cordialement. Malou
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Yves D
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Re: PAX

Message par Yves D »

Bonjour à tous

Voici les caractéristiques du vapeur PAX lancé en 1907
OCEANO BZ 1T
798 Fry, Miers & Co., Rio de Janeiro 210.0 x 33.0
C Caledonian Eng. & SB. Co., Preston (3) #195
12 - ARASSUAHY Empreza Brazileira de Navegação (Prates, Magalhães & Co.), Rio de Janeiro
18 - PAX Cie. des Vapeurs Français (Jean Stern), Marseille FR
Torp. and sunk by UC 35, 12 May 1918, 5 miles off Cap Camarat, voy. Marseille - Piraeus
Source : Starke Register 1907

Le sous-marin UC 35, Oblt z.See Hans Paul Korsch n'allait pas survivre bien longtemps puisque le 17 mai il était à son tour envoyé par le fond au SW de la Sardaigne vers le point 3948N 0742E par l'Ailly dont il avait déjà croisé la route le 12. Avec le sous-marin 20 hommes dont le commandant disparaissaient, 5 étaient sauvés.

Cdlt
Yves

http://www.histomar.net/documents/uc35.pdf
Page du PAX sur le site histomar.net

PS Il est à noter que le vapeur italien Togo qui faisait partie du même convoi a été lui aussi coulé ce même jour.
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
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Gastolli
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Re: PAX

Message par Gastolli »

Bonjour à tous

I can add, that the PAX carried an load of "450 t war material for greek army" according to british files.


Cdlt
Oliver
olivier 12
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Re: PAX

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément sur le torpillage du PAX


Le navire portait un canon de 90 mm à l’arrière. Il faisait route de Marseille sur Le Pirée.

Voici les instructions de route et de formation qui avaient été données au convoi.

Image

Le rapport de mer a été rédigé par le second capitaine Alcide Freslon, le commandant ayant disparu. C’est d’ailleurs le seul rapport que retint la commission d’enquête, les autres comptes-rendus d’interrogatoires, et notamment celui de l’officier de quart, le lieutenant Marius Bessil, étant tout à fait conformes à celui du second.

Le 2e capitaine précise que le youyou seul a pu être mis à l’eau sur bâbord. Plusieurs hommes, dont le capitaine, y auraient pris place. Mais le PAX, en coulant, s’est couché sur bâbord et le youyou a été englouti dans le remous provoqué.
Il insiste sur le fait que les éclats du phare de Camarat permettaient de très bien voir le bâtiment italien en tête de convoi. Le sous-marin, qui était au large et a attaqué par tribord, a sans doute très bien vu la silhouette du PAX.
Aucune embarcation n’a pu être mise à l’eau.
Le TOGO, dont le feu de poupe était allumé et qui avait aussi un feu sur la passerelle est venu cap au Sud et est passé derrière le PAX en train de couler. Il a lui-même été torpillé deux heures plus tard.

Conclusions de la Commission d’enquête

Elle attire l’attention sur la trop grande luminosité du phare de Camarat dont les éclats trop vifs font ressortir de façon très nette les silhouettes des bâtiments d’un convoi. Pour un sous-marin se trouvant au large, l’attaque est facilitée.
Elle estime que, bien que ce feu soit un feu d’atterrissage, ses éclats devront être atténués comme ce fut le cas pour Palamos.

Les escorteurs n’ont pas vu le sous-marin qui devait se trouver devant LOUISE MARGUERITE.

La commission estime qu’il n’y a pas lieu de proposer des récompenses.

Récit du commandant du torpilleur 360

Un récit très personnel, et sous une forme littéraire, a été fait par le commandant du torpilleur 360 sur les recherches effectuées le matin du torpillage. Le torpilleur avait quitté Nice dès l’annonce du torpillage et est arrivé sur les lieux au petit jour après avoir parcouru environ 40 milles à vitesse maximum.

Il va trouver de nombreux débris parmi lesquels des radeaux, une caisse pleine de draps, couvertures, selles et harnachements, et une autre pleine de bâts et de cacolets (nota : bâts équipés de deux sièges que l’on mettait sur le dos de la bête et servaient à ramener les blessés). Les deux caisses seront hissées à bord. On trouve aussi une barrique pleine …… d’huile de graissage, ce qui déçoit fort l’équipage qui s’était donné beaucoup de peine pour la monter à bord. Enfin, on aperçoit une belle armoire en teck, pleine de livres, ceux du commandant sans doute…

L’officier poursuit :

« Voici un cadavre. Il est tout proche. Seul le haut de la tête est visible. Le malheureux a été tué sur le coup car il ne flotterait plus s’il s’était noyé. La face est tournée vers le fond, le corps penché en avant, les bras ballants. Etre mangé par les poissons ou par les vers, c’est bien la même chose. Un cadavre ne compte pas…
Mais il vient de mourir, ce petit. Il y a sûrement quelqu’un qui tient à lui. Dans son malheur, il sera content de savoir que la mer ne l’a pas gardé. Pauvre gosse !
Avec d’infinies précautions, comme s’il était encore vivant, on le monte à bord. Il est roulé dans les draps mêmes échappés de son bateau et recouvert de son pavillon. Personne ne dit mot.
On trouve aussi une planche avec un seul mot : « PAX ». Quelle ironie ! Quelle conclusion cruelle quand tout repose dans un matin lumineux ! Je la recueille… pour la mettre au cimetière. Mais personne ne reverra plus le PAX… ! »

On peut penser, d’après ce récit, que le corps repêché est celui du mousse Ulysse Tellier, inscrit à Marseille n° 28425, ou peut-être du novice Yves Bodeur, inscrit à Paimpol n° 23004. Les mousses avaient en effet moins de 16 ans et les novices entre 16 et 18.

Le sous-marin UC 35

Quant au sous-marin UC 35, comme on peut le lire dans le récit d’Yves, il fut coulé 5 jours plus tard par l’AILLY, le patrouilleur même qui escortait ce convoi.

Cdlt
olivier
olivier 12
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Re: PAX

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément sur le torpillage du PAX

Rapport complet du 2e capitaine Alcide FRESLON

Quitté Marseille le 11 Mai 1918 à 12h50 à destination du Pirée, ayant à bord un chargement de divers. Vers 13h30, passé le barrage et débarqué le pilote. Fait route en convoi, escorté par trois chalutiers.
Tout se passe bien jusqu’au 12 mai à 01h30. A ce moment, étant dans la lueur des éclats du phare de Camarat à environ 7 ou 8 milles, l’officier de quart entend comme deux coups de sifflet par tribord. Se trouvant à bâbord, il vient s’assurer et fait mettre en même temps la barre à bâbord,
croyant que c’est un signal pour venir sur bâbord et avise le capitaine. Celui-ci, arrivé sur la passerelle, crie « La barre à bâbord, une torpille » ! Deux secondes après, le choc se fait sentir, arrachant tout sur le pont avant, démâtant le mât de misaine qui en tombant écrase le 2e radeau. La torpille est entrée à tribord sur l’arrière du mât de misaine. Le bateau commence à s’enfoncer par l’avant et l’ordre est donné d’amener les embarcations. Mais le navire disparaît trop vite, en moins de deux minutes et il n’y a plus apparence de rien.

D’après l’officier de quart, le youyou a été mis à la mer et le capitaine, qui se trouvait autour, aurait embarqué dans cette petite embarcation avec plusieurs hommes de l’équipage qui restaient à bord. Mais le navire s’est couché sur bâbord en disparaissant, et le youyou, qui se trouvait de ce côté, a été entraîné dans le remous. Cinq minutes après, le chalutier LOUISE MARGUERITE, qui se trouvait aux alentours, est arrivé sur les lieux. Il a recueilli avec ses embarcations les hommes accrochés à des épaves ou des radeaux. A bord du chalutier, après avoir fait l’appel, j’ai constaté qu’il ne restait que 15 survivants. Comme il faisait beau temps, presque calme, il n’y avait plus rien à prétendre pour sauver le reste car le convoyeur était resté assez longtemps sur les lieux pour s’en assurer.

La veille était assurée par un canonnier sur le gaillard, 2 matelots sur la passerelle et 1 canonnier à la pièce arrière.
Vers 02h15, fait route sur Villefranche et rejoint le convoi. Entré à Villefranche à 08h00, où nous avons été mis à la disposition du commandant de la Marine.

Rapport du LOUISE MARGUERITE sur le torpillage du PAX

Rapport établi d’après les témoignages de :

- COADOU Jean QM timonier
- MONIER Edmé Matelot canonnier
- BLANCHET Aimé Matelot gabier
- LEDRE Louis Matelot sans spécialité

Tous embarqués sur LOUISE MARGUERITE

LOUISE MARGUERITE était près du PAX, à 500 m sur la hanche bâbord. TOGO était par le travers bâbord de LOUISE MARGUERITE à 300 m. On voyait le 2e bateau de la 2e ligne et les autres étaient assez éloignés pour qu’on ne les voit que par moments. La nuit était très noire, mais le convoi était assez bien groupé.

Au moment du torpillage de PAX, TOGO est venu en grand sur la gauche et l’autre bateau a continué sa route. Le reste du convoi, que nous n’avons pas vu passer pendant que nous opérions le sauvetage des naufragés, a dû aussi continuer puisqu’au jour, nous les avons trouvés groupés.

SERPOLET nous a rejoints sur le lieu du torpillage 15 minutes après l’explosion. Le commandant de LOUISE MARGUERITE lui a dit de croiser sur les lieux pendant 20 minutes, et de rejoindre ensuite le convoi. LOUISE MARGUERITE est reparti à la suite du convoi dès que le sauvetage a été terminé. Un peu avant le jour, nous arrivions au contact du convoi et nous n’avons alors vu que trois bateaux. Le commandant de LOUISE MARGUERITE, constatant qu’il manquait TOGO, a envoyé le 360 à sa recherche.


Cdlt
olivier
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markab
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Re: PAX

Message par markab »

Bonjour,

Extrait du Journal Officiel du 15 mars 1922 :

PAX JORF 1922-03-15.jpg
PAX JORF 1922-03-15.jpg (74.77 Kio) Consulté 403 fois

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
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