Bonsoir à toutes et à tous,
Un message qui me tient à coeur.
Aujourd'hui nous sommes le 17 avril 2007. Hier, de nombreuses cérémonies ont marqué le 90e anniversaire du début de la bataille du Chemin des Dames... Et comme d'habitude, on oublie que le lendemain, le 17 avril 1917, à l'est de Reims, la IVe armée du général Anthoine commençait son offensive sur les Monts de Champagne.
Qui connaît aujourd'hui ces combats d'avril - mai 1917 ?
Et pourtant...
On parle en ce moment beaucoup du Chemin des Dames, et ce, à juste titre, mais pourquoi rien ou si peu sur la prise du massif de Moronvilliers ?
Je me pose cette question... Pas à la Mode... ?!?
Afin de rendre hommage aux hommes de la IVe armée qui sont tombés sur cette terre de Champagne, je vais vous retranscrire la journée du 20e RI (JMO). Une journée comme tant d'autres... Ce jour là, la vie de mon arrière-grand-oncle, Auguste LOUVIER s'est arrêtée. Il n'avait pas encore 27 ans. Il était brancardier à la CHR du régiment de Marmande.
"A été tué au cours de l'attaque des tranchées allemandes alors que sous un violent tir de barrage il établissait une ligne téléphonique." Citation à l'ordre du CA, ordre général n°241 en date du 23 mai 1917.
Auguste LOUVIER repose aujourd'hui dans la nécropole de Sept-Saulx (tombe 2139)

JMO 20e RI de Marmande
17 avril 1917
L'attaque est fixée pour le 17 avril et doit se déclarer à 4h 45
Dispositif du régiment
- Bataillon de 2e ligne : 2e Bataillon
- Bataillon de réserve de brigade : 3e Bataillon. Ce bataillon est à Moscou [Ferme de Moscou] et ne doit partir qu'à H+1.
A l'heure H, le 1er bataillon s'élance d'un seul bond vers les tranchées ennemies, précédé par un barrage d'artillerie roulant et immédiatement suivi par le 2e bataillon. La 1re ligne est bientôt atteinte et enlevée sans opposer aucune résistance. La 3e compagnie passe à l'O. du Bois Horizontal ; mais arrivée à la lisière N. de ce bois, elle reçoit de violents feux de mitrailleuses venant d'un fortin intérieur. Elle se trouve ainsi coupée en deux ; une fraction est rejetée à gauche sur le bois de la mitrailleuse. L'autre à droite sur le bois du Chien. Mais le lieutenant Paussonne a vu le vide se former. Sans un instant d'hésitation, et de sa propre initiative, il déploie la 1re compagnie, et veut occuper l'intervalle. La ligne est rétablie et la progression continue.
A ce moment, une cinquantaine d'ennemis situés dans la tranchée reliant les points (72-76) sont affolés par la progression résolue de la 1re compagnie, vigoureusement attaquée par l'équipe de nettoyeurs de tranchée du sous-lieutenant Bouchard. Ils se rendent sans opposer uen grande résistance.
A droite, la 2e compagnie est parvenue sans grandes difficultés, au mileu du bois du Chien, mais là, la résistance commence quelques éléments ennemis, restés dans les éléments de tranchée, se défendent énergiquement à la grenade. Une mitrailleuse restée à la corne N.O. du bois a ouvert un feu très violent sur les assaillants. Tandis que trois sections de la 2e compagnie continuent leur progression en combattant à la grenade. La section du sous-lieutenant Leduc, fait face à la mitrailleuse et l'attaque au fusil, à la grenade, au V.B. Entre temps deux sections du 2e bataillon, une de la 5e compagnie (sous-lieutenant Lagane) une de la 6e compagnie (sous-lieutenant Borel) viennent appuyer le mouvement de la 2e compagnie. Toutes deux s'emploient à faire tomber la mitrailleuse en la tournant par l'Est. Une section de la CM1 est venue s'adjoindre à ce détachement et ouvre le feu sur la mitrailleuse ennemie à une vingtaine de mètres. Après un combat acharnée au cours duquel le sous-lieutenant Leduc est tombé mortellement frappé d'une balle à la tête, alors qu'il faisait le coup de feu, la mitrailleuse se tait et tombe entre nos mains tandis que tous les mitrailleurs ennemis sont tués à coup de grenades.
La progression reprend et d'un bond, le 1er bataillon atteint la tranchée N. du bois du Chien ; mais la prise de ce bois a été très dure et les pertes sont sérieuses. Au cours du combat, le commandant Montauriol a été mortellement blessé et le capitaine Dutreix atteint de deux balles à la cuisse et au bras.
Après avoir enlevé la croupe 188, le 1er bataillno doit s'arrêter un moment, car des feux violents de mitrailleuses installées dans les bois K51, 304, 306, 307 empêchent toute progression en terrain découvert et gênent considérablement la circulation dans les boyaux de Posen et du Marteau, tous deux particulièrement nivelés.
Le 1er bataillon, déjà mélangé avec quelques unités du 2e bataillon qui ont appuyé sa progression, se trouve déployé à la croupe 188 en assez grand désordre. Ses unités profitent de cet arrêt forcée pour se réorganiser, tandis que le 2e bataillon achève de gravir la croupe 188.
Le 2e bataillon a eu, lui aussi, pour affectuer son mouvement à vaincre, une assez grande résistance. Tandis que la 2e compagnie progressait à l'intérieur du bois du Chien, des ennemis restés jusque là dans les abris des tranchées au Sud de ce bois sortaient et mettaient des mitrailleuses en batterie. Ainsi, là, le lieutenant-colonel Martinet et sa liaison se trouvent arrêtés un instant dans le boyau qui réunit le bois Horizontal et le bois du Chien et pris entre les feux de mitrailleuses provenant de ces deux bois. Les défenseurs du bois Horizontal, se voyant cernés, cherchent à se frayer un passage à la gauche. La situation devient critique. Le sous-lieutenant Caillot s'élance bravement contre ces grenadiers et est tué raide d'une balle à la tête. Le sous-lieutenant Bardot est tombé au début de l'opération. Le sous-lieutenant Bergé qui a progressé avec ses pionniers vers le bois du Chien tombe aussi mortellement frappé. Le lieutenant-colonel Martinet tombe blessé d'une balle à la cuisse. Tandis qu'on se précipite autour de lui, il refuse tout secours et donne à chacun l'ordre de le laisser et de poursuivre le combat. Et c'est étendu dans un trou d'obus, au milieu de morts et de blessés qu'il suivit des yeux son régiment qui montait à l'assaut de la cote 188.
Cependant le 2e bataillon s'est rendu maître de ces ilots de résistance et il rejoint le 1er bataillon à la tranchée du bois du Chien.
Le 3e bataillon arrive à son tour. La disparition du colonel, du commandant Montauriol, du capitaine Dutreix ont provoqué un certain affolement. L'arrêt a été de 45 minutes. Le commandant Géhin prend le commandement du régiment, le capitaine Barthe le commandement du 1er bataillon.
Ordre est donné à la 1re compagnie de pénétrer dans les tranchées d'Oldenburg par le boyau du Marteau, à la 2e compagnie par le boyau de Posen, à la 3e compagnie d'appuyer le mouvement.
Les boyaux sont pris d'enfilade par des mitrailleuses et la progression rendue de ce fait très difficile, s'effectue lentement. Entre temps, le lieutenant Biesse, n'écoutant que sa bravoure, s'est élancée à la tête d'une poignée d'hommes en terrain découvert ; il progresse de trous d'obus en trous d'obus et est le premier à sauter dans les tranchées d'Oldenburg qu'il trouve évacuée par l'ennemi. Les sous-lieutenant Bouchaud et de Marion arrivent chacun avec leur section, puis les 2e, 1re et 3e compagnies viennent occuper cette tranchée.
Les unités du 1er bataillon se reforment et s'apprêtent à reprendre le mouvement, mais toute progression est arrêtée par des mitrailleuses qui rasent la tranchées d'Oldenburg sur toute sa longueur et qui enfilent les boyaux de Posen et du Marteau.
Trois fois dans le courant de l'après-midi, la 1er compagnie précédée de l'équipe de grenadiers du sous-lieutenant Bouchaud essaie de progresser dans le boyau du Marteau. Chaque fois, l'attaque est arrêtée net par un violent feu de mitrailleuses. Cette compagnie subit de ce fait, des pertes sérieuses. Le sous-lieutenant Mourgues est blessé.
De son côté, la 2e compagnie essaie à quatre reprises diffférentes avec la section du sous-lieutenant de Marion de progresser par le boyau de Posen. L'opération est arrêté chaque fois par les mitrailleuses du bois 304. Mais à 17h 45 après un tir de 75 sur ce bois, la section de Marion l'enlève facilement. La tranchée d'Oldenburg est tenue à droite par la 2e compagnie, au centre par la 3e compagnie, à gauche par la 1re compagnie. Le 2e bataillon a suivi de très près le mouvement du 1er bataillon et se tient prêt, dans les boyaux, à appuyer ce dernier en cas de contre-attaque.
Le 3e bataillon est à la lisière N. du Bois du Chien, ou s'organise sur les positions pour passer la nuit.
Pendant cette première journée, le régiment a progressé de 1800 mètres, fait plus de 100 prisonniers, pris un minenwerfer et plusieurs mitrailleuses.
Pertes du 17 avril pour le 20e RI :
- Disparus : 18
Bien cordialement
Guilhem LAURENT