ROCHAMBEAU - Paquebot

Rutilius
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ours
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Re: ROCHAMBEAU - Paquebot

Message par ours »

Bonjour à tous,

The submarine which fired the torpedo at ROCHAMBEAU was UC 72 under the command of Oblt.z.S. Ernst Voigt.

Spindler misattributes this action, crediting UC 72 with sinking the British steamer GRETASON. It has since been established that UC 27 sank GRETASON with all hands on April 15, 1917 off the Iberian coast (43.08N, 11.32W).

Best wishes,
Michael
Bonjour à tous,

Michael, vous précisez que le Rochambeau a été attaqué par l'UC 72. Sur le site U boat.net on apprend que la veille de l'attaque du Rochambeau à l’embouchure de la Gironde, l'UC 72 coulait 4 navires près du Guilvinec en Bretagne. Est-il possible que ce sous-marin se trouve dès le lendemain sur les côtes bordelaises ? D'autant que le 2 mai, il est de nouveau sur les côtes de l'île d'yeu. En vous remerciant de votre aide,

Bien cordialement,

Laurent
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Yves D
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Re: ROCHAMBEAU - Paquebot

Message par Yves D »

Bonjour Laurent
C'est tout à fait cohérent, les 4 pêcheurs au large du Guilvinec ont été coulés en début de matinée pour 2 d'entre eux, dans la nuit 28/29 pour les deux autres. La distance parcourue dans cet espace de temps est tout à fait compatible. D'autre part je pense que Michael a précisé que c'était bien UC 72 au vu du KTB de ce sous-marin.
Cordialement
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
olivier 12
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Re: ROCHAMBEAU - Paquebot

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Image

Rencontre avec un sous-marin le 18 Avril 1918

Image

Rapport du capitaine Dominique JUHAM

Quitté Bordeaux, bouée extérieure à sifflet, le 16 Avril 1918 à 18h45 avec 229 passagers en cabine et 156 en 3e classe, poste et marchandises diverses. Sommes arrivés sous le méridien du ponton d’Ambrose le – à ----.
Traversée par petite brise de NE du départ au 21 Avril, puis par forte brise de SW à WNW jusqu’au 27, et ensuite par beau temps.
Pris la route prescrite en faisant des zigzags suivant le diagramme réglementaire.

A 19h00, par 45°56 N et 20°00 W, soit 32 minutes après avoir doublé la bouée à sifflet, le QM canonnier Daniélou et presque en même temps que lui tous les canonniers qui étaient à leur poste de combat sur la dunette virent à 350 m environ et à 130° de l’avant tribord un périscope émergeant de 3 m et dont le sillage était si apparent qu’il n’y avait aucun doute à avoir sur l’effort de vitesse que faisait le sous-marin pour pouvoir venir se placer dans une position propice pour nous torpiller. Dès qu’il a été aperçu, un premier coup d’exercice a été tiré dans sa direction, puis 4 coups à obus avec la pièce tribord arrière et 1 coup avec la pièce bâbord arrière dès que celle-ci s’est trouvée dans le champ de tir. La nuit étant noire et le navire évoluant, il ne nous a pas été permis de régler notre tir d’une façon suffisante pour pouvoir atteindre le sous-marin.
Au premier coup de canon, la passerelle a manœuvré conformément aux indications mentionnées dans les instructions générales pour les capitaines des bâtiments de commerce en vue de leur protection. Nous sommes venus en grand sur la gauche, jusqu’à mettre l’arrière en direction du sous-marin. Les zigzags ont cessé pendant que nous avions le cap au S29W et les machines ont été mises en avant à toute vitesse pendant trois heures. Nous avons pu conserver, malgré les conditions défavorables dans lesquelles nous nous trouvions, la machine tribord marchant en compound, une allure soutenue d’environ 16 nœuds.
Le sous-marin laissé dans notre sillage, nous a poursuivis pendant quelques minutes après lesquelles il a abandonné la chasse. L’aviso LA MEUSE qui nous escortait était placé au moment de l’alerte par notre travers bâbord à 400 m. Au premier coup de canon, il est venu en grand sur la droite jusqu’à se trouver dans notre sillage. Peu de temps après, nous l’entendions tirer deux coups de canon dans notre direction, et c’était la fin de l’alerte.

Le lendemain matin au petit jour, après lui avoir donné par Scott tous les renseignements qu’il avait demandé au sujet du « Allo » que nous avions lancé la veille, le commandant nous a fait savoir que des hommes de son bord avaient cru apercevoir un périscope dans notre sillage.
En attendant au mouillage du Verdon l’heure qui avait été fixée pour notre départ, un appel général aux postes d’abandon avait été fait. Les passagers et les hommes d’équipage étaient vêtus de leurs ceintures de sauvetage.

Comme nous le faisons à tous les voyages, les embarcations furent mises en dehors et toutes les dispositions furent prises pour pouvoir les mettre à la mer le plus vite possible en cas de besoin. Au premier coup de canon tiré, chaque homme s’est rendu au poste qui lui était assigné et la conduite de chacun a été digne de tous les éloges. Les passagers, qui étaient à table à ce moment-là, ont eu pendant quelques minutes une émotion facile à comprendre. Leur courage a été ranimé par la présence du commissaire et du docteur qui ont eu la présence d’esprit de ne pas quitter la salle à manger ce qui a évité une panique qui aurait pu avoir des conséquences fâcheuses.
Le personnel de la machine a été aussi admirable de sang froid et a fait sous la direction du chef mécanicien Monsieur LANNE et de l’officier chef de quart Monsieur MIOSSEC, tout ce qu’il y avait à faire en la circonstance : fermeture des portes étanches, montée en allure, ouverture des registres et maintien de l’ordre.
Si des récompenses devaient être accordées, je me fais un devoir de signaler les noms de ceux qui les ont le plus méritées :
- Monsieur MIOSSEC, officier mécanicien de quart, remarquable par son sang froid, sa compétence et l’autorité exercée sur ses hommes. Il était déjà de quart lors du torpillage du ROCHAMBEAU le 30 Avril 1917.
- DANIELOU, quartier maître canonnier. Veille irréprochable et très grand sang froid ? C’est lui qui le premier a vu le périscope, comme il avait vu le premier, le 30 Avril 1917, la torpille se dirigeant vers nous. Il avait alors été porté à l’Ordre de la Brigade et avait reçu la Croix de Guerre.
- Monsieur LANNE, chef mécanicien, pour son sang froid et la promptitude avec laquelle il s’est rendu à son poste dans la machine.
- Monsieur CLOCHE, officier de quart sur la passerelle, qui a bien fait son devoir.

Rapport du Lieutenant de Vaisseau GUERIN, commandant LA MEUSE

LA MEUSE a appareillé de Brest le 15 Avril à 15h30 pour aller prendre l’escorte du ROCHAMBEAU devant partir du Verdon le 16. A l’arrivée au Verdon, le commandant de l’escadrille de patrouille du Verdon ayant dit que le ROCHAMBEAU ne partirait que le 20 et sue d’autre part le TEMERAIRE ne pouvait arriver à temps pour escorter le PEROU, j’ai appareillé pour aller chercher le PEROU.
A 23h00, j’étais rappelé, le départ du ROCHAMBEAU étant fixé le 18 et non le 20 (erreur de chiffrage d’un télégramme).
Après ravitaillement à La Pallice, j’ai appareillé le 18 Avril à 17h00 avec le ROCHAMBEAU.

A 19h18, à 7,5 milles au S47W de la bouée d’observation de la passe Nord, ROCHAMBEAU a ouvert le feu sur un point situé sur son arrière à tribord. Nous étions à bâbord de ROCHAMBEAU et avons mis à toute vitesse pour faire route sur ce point. De la passerelle, personne n’a rien vu qu’un sillage huileux sur l’arrière de ROCHAMBEAU, presque dans son sillage. Mais les gradés et marins groupés autour de la pièce bâbord milieu affirment avoir aperçu un objet noir, en forme de dôme, surmonté d’un tube. Tous affirment avoir vu un sillage tout à fait analogue à celui d’une torpille, venant de ce point et passant à 40 m sur l’arrière de ROCHAMBEAU. L’objet noir a disparu à notre premier coup de canon.

Il ne m’est pas possible, en raison de l’imprécision des descriptions qui ont été faites, d’affirmer de façon absolue que nous avons été en présence d’un sous-marin. Après plusieurs évolutions infructueuses autour de ce point, n’ayant pas d’écouteurs pour entreprendre une recherche méthodique, nous avons fait route pour rejoindre le ROCHAMBEAU avant que la nuit ne soit devenue plus sombre.
Nous avons continué l’escorte sans autre incident jusqu’à 20h00 le 19 Avril et fait ensuite route sur La Pallice. Au retour, par 45°33 N et 03°55 W, nous avons rencontré une mine que nous avons coulée à coups de fusils.

Rapport de la commission d’enquête

Elle reprend tout le déroulement des faits et souligne :

La veille était bien faite. On se trouvait d’ailleurs dans les meilleures conditions, une heure après l’appareillage, à la chute du jour, dans une zone qu’on savait dangereuse. Il résulte, tant de l’enquête que de l’épreuve d’entraînement subie par le personnel militaire de ROCHAMBEAU à son retour à l’AMBC, que le service de veille est bien fait à bord de ce bâtiment.
En outre, le personnel commercial affecté à l’armement des pièces a rejoint son poste très rapidement et les passages de munitions ont fonctionné régulièrement.
Les moyens de défenses ont été mis en œuvre efficacement. Le capitaine est venu sur bâbord avec décision et rapidité afin de présenter l’arrière au sous-marin. C’était la manœuvre indiquée.
Chacun a fait son devoir. La commission estime qu’il n’y a pas lieu à récompense.

Lettre de la Compagnie Générale Transatlantique à l’Administrateur du quartier de Saint Tropez. 19 Septembre 1917

Nous avons l’honneur de vous accuser réception de la lettre que vous nous avez écrite le 12 Septembre pour nous demander notre appréciation sur le Capitaine au Long Cours JUHAM, commandant les paquebots de notre Compagnie.
Monsieur le Commandant JUHAM est entré à la Compagnie Générale Transatlantique le 29 Septembre 1892. Depuis 1906, il a commandé nos paquebots d’une façon si remarquable que nous n’avons pas hésiter à lui confier en 1910 le commandement de NIAGARA, paquebot de notre ligne de New York, et en 1916 le commandement de notre paquebot ROCHAMBEAU qui est actuellement une des unités les plus puissantes de notre Compagnie.
C’est vous dire en quelle estime nous tenons le commandant Juham qui a toujours fait preuve envers la Compagnie d’un zèle et d’un dévouement remarquable.

Veuillez ….

Note du 24 Septembre 1917 de l’Administrateur ROUAULT DE COLIGNY (de Saint Tropez) au Ministre de la Marine

Je m’empresse de vous faire connaître que Monsieur le Capitaine au Long Cours JUHAM sert à la Compagnie Générale Transatlantique depuis le 29 Septembre 1892. Les renseignements fournis par cette compagnie sont tout à l’éloge de ce capitaine qui a commandé depuis 1910 un paquebot de la ligne de New York et qui a maintenant sous ses ordres le ROCHAMBEAU, une des plus belles unités de notre flotte de commerce.
Tenu en grande estime par la Compagnie en raison de son rôle et de son dévouement remarquable, Monsieur Juham, qui a déjà reçu plusieurs distinctions, jouit d’une grande notoriété dans la région et son nom est entouré d’une légitime et très grande considération.

Récompenses obtenues :

- 04/03/1912 Félicitations de Ministre de la Marine pour la bonne tenue de son navire, le vapeur NIAGARA
- 23/12/1914 Décret confirmant campagne de guerre contre l’Allemagne du 2 Août au 23 Décembre 1914 à bord de l’éclaireur auxiliaire NIAGARA.
- 17/10/1916 Félicitations du Sous Secrétaire d’Etat pour la bonne tenue de son navire, le vapeur ROCHAMBEAU. Lettre de félicitations.
- 24/05/1917 Citation à l’Ordre de la Division pour l’esprit de décision et de sang froid dont il a fait preuve lors de l’attaque de son navire par un sous-marin. Croix de Guerre avec Etoile d’Argent.

Etats de service de Dominique JUHAM, Capitaine au Long Cours, Lieutenant de Vaisseau auxiliaire.

Commence à naviguer à l’âge de 13 ans sur des navires à voiles, au cabotage tout d’abord, puis au long cours pendant 6 ans.
4 ans de service militaire dans la Marine.
Reçu Capitaine au Long Cours à Saint-Tropez le 28 Mai 1891.
06/91 – 02/92 Embarque comme lieutenant sur ANATOLIE de la Compagnie Paquet sur la ligne de mer Noire.
03/92 Entre à la Cie Gle Transatlantique (Cadres de la Méditerranée). Embarque comme lieutenant sur plusieurs paquebots attachés au port de Marseille jusqu’en Septembre 1895. Admis alors aux cadres de l’Atlantique comme lieutenant de 2e classe et embarque 10 mois sur VILLE DE BORDEAUX navire affecté à la ligne inter-coloniale Martinique, Antilles, New York.
08/97 Embarque comme lieutenant sur SAINT LAURENT, ligne Le Havre – Colon.
09/98 Embarque sur LA NAVARRE, puis LA CHAMPAGNE et LA NORMANDIE.
06/1901 Embarque 2e capitaine sur LA GASCOGNE, puis SAINT SIMON.
1902 Désigné pour commander une annexe à Fort de France.

Commande ensuite HUDSON 1905-1906, SAINT LAURENT 1906-1909, CALIFORNIE 1909-1910, NIAGARA 1910-1916, ROCHAMBEAU depuis le 23 Septembre 1916.

Depuis le début de la guerre jusqu’à Août 1917 il avait effectué 28 voyages postaux sur la ligne de Colon et 27 sur la ligne Bordeaux New York.

Cdlt
olivier
brizardchristi
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Re: ROCHAMBEAU - Paquebot

Message par brizardchristi »

Bonjour à tous,

[url]http://imagizer.imageshack.us/v2/xq90/924/FHOREw.jpg[/URL]

Rencontre avec un sous-marin le 18 Avril 1918

[url]http://imagizer.imageshack.us/v2/xq90/922/ZvgsRN.jpg[/URL]

Rapport du capitaine Dominique JUHAM

Quitté Bordeaux, bouée extérieure à sifflet, le 16 Avril 1918 à 18h45 avec 229 passagers en cabine et 156 en 3e classe, poste et marchandises diverses. Sommes arrivés sous le méridien du ponton d’Ambrose le – à ----.
Traversée par petite brise de NE du départ au 21 Avril, puis par forte brise de SW à WNW jusqu’au 27, et ensuite par beau temps.
Pris la route prescrite en faisant des zigzags suivant le diagramme réglementaire.

A 19h00, par 45°56 N et 20°00 W, soit 32 minutes après avoir doublé la bouée à sifflet, le QM canonnier Daniélou et presque en même temps que lui tous les canonniers qui étaient à leur poste de combat sur la dunette virent à 350 m environ et à 130° de l’avant tribord un périscope émergeant de 3 m et dont le sillage était si apparent qu’il n’y avait aucun doute à avoir sur l’effort de vitesse que faisait le sous-marin pour pouvoir venir se placer dans une position propice pour nous torpiller. Dès qu’il a été aperçu, un premier coup d’exercice a été tiré dans sa direction, puis 4 coups à obus avec la pièce tribord arrière et 1 coup avec la pièce bâbord arrière dès que celle-ci s’est trouvée dans le champ de tir. La nuit étant noire et le navire évoluant, il ne nous a pas été permis de régler notre tir d’une façon suffisante pour pouvoir atteindre le sous-marin.
Au premier coup de canon, la passerelle a manœuvré conformément aux indications mentionnées dans les instructions générales pour les capitaines des bâtiments de commerce en vue de leur protection. Nous sommes venus en grand sur la gauche, jusqu’à mettre l’arrière en direction du sous-marin. Les zigzags ont cessé pendant que nous avions le cap au S29W et les machines ont été mises en avant à toute vitesse pendant trois heures. Nous avons pu conserver, malgré les conditions défavorables dans lesquelles nous nous trouvions, la machine tribord marchant en compound, une allure soutenue d’environ 16 nœuds.
Le sous-marin laissé dans notre sillage, nous a poursuivis pendant quelques minutes après lesquelles il a abandonné la chasse. L’aviso LA MEUSE qui nous escortait était placé au moment de l’alerte par notre travers bâbord à 400 m. Au premier coup de canon, il est venu en grand sur la droite jusqu’à se trouver dans notre sillage. Peu de temps après, nous l’entendions tirer deux coups de canon dans notre direction, et c’était la fin de l’alerte.

Le lendemain matin au petit jour, après lui avoir donné par Scott tous les renseignements qu’il avait demandé au sujet du « Allo » que nous avions lancé la veille, le commandant nous a fait savoir que des hommes de son bord avaient cru apercevoir un périscope dans notre sillage.
En attendant au mouillage du Verdon l’heure qui avait été fixée pour notre départ, un appel général aux postes d’abandon avait été fait. Les passagers et les hommes d’équipage étaient vêtus de leurs ceintures de sauvetage.

Comme nous le faisons à tous les voyages, les embarcations furent mises en dehors et toutes les dispositions furent prises pour pouvoir les mettre à la mer le plus vite possible en cas de besoin. Au premier coup de canon tiré, chaque homme s’est rendu au poste qui lui était assigné et la conduite de chacun a été digne de tous les éloges. Les passagers, qui étaient à table à ce moment-là, ont eu pendant quelques minutes une émotion facile à comprendre. Leur courage a été ranimé par la présence du commissaire et du docteur qui ont eu la présence d’esprit de ne pas quitter la salle à manger ce qui a évité une panique qui aurait pu avoir des conséquences fâcheuses.
Le personnel de la machine a été aussi admirable de sang froid et a fait sous la direction du chef mécanicien Monsieur LANNE et de l’officier chef de quart Monsieur MIOSSEC, tout ce qu’il y avait à faire en la circonstance : fermeture des portes étanches, montée en allure, ouverture des registres et maintien de l’ordre.
Si des récompenses devaient être accordées, je me fais un devoir de signaler les noms de ceux qui les ont le plus méritées :
- Monsieur MIOSSEC, officier mécanicien de quart, remarquable par son sang froid, sa compétence et l’autorité exercée sur ses hommes. Il était déjà de quart lors du torpillage du ROCHAMBEAU le 30 Avril 1917.
- DANIELOU, quartier maître canonnier. Veille irréprochable et très grand sang froid ? C’est lui qui le premier a vu le périscope, comme il avait vu le premier, le 30 Avril 1917, la torpille se dirigeant vers nous. Il avait alors été porté à l’Ordre de la Brigade et avait reçu la Croix de Guerre.
- Monsieur LANNE, chef mécanicien, pour son sang froid et la promptitude avec laquelle il s’est rendu à son poste dans la machine.
- Monsieur CLOCHE, officier de quart sur la passerelle, qui a bien fait son devoir.

Rapport du Lieutenant de Vaisseau GUERIN, commandant LA MEUSE

LA MEUSE a appareillé de Brest le 15 Avril à 15h30 pour aller prendre l’escorte du ROCHAMBEAU devant partir du Verdon le 16. A l’arrivée au Verdon, le commandant de l’escadrille de patrouille du Verdon ayant dit que le ROCHAMBEAU ne partirait que le 20 et sue d’autre part le TEMERAIRE ne pouvait arriver à temps pour escorter le PEROU, j’ai appareillé pour aller chercher le PEROU.
A 23h00, j’étais rappelé, le départ du ROCHAMBEAU étant fixé le 18 et non le 20 (erreur de chiffrage d’un télégramme).
Après ravitaillement à La Pallice, j’ai appareillé le 18 Avril à 17h00 avec le ROCHAMBEAU.

A 19h18, à 7,5 milles au S47W de la bouée d’observation de la passe Nord, ROCHAMBEAU a ouvert le feu sur un point situé sur son arrière à tribord. Nous étions à bâbord de ROCHAMBEAU et avons mis à toute vitesse pour faire route sur ce point. De la passerelle, personne n’a rien vu qu’un sillage huileux sur l’arrière de ROCHAMBEAU, presque dans son sillage. Mais les gradés et marins groupés autour de la pièce bâbord milieu affirment avoir aperçu un objet noir, en forme de dôme, surmonté d’un tube. Tous affirment avoir vu un sillage tout à fait analogue à celui d’une torpille, venant de ce point et passant à 40 m sur l’arrière de ROCHAMBEAU. L’objet noir a disparu à notre premier coup de canon.

Il ne m’est pas possible, en raison de l’imprécision des descriptions qui ont été faites, d’affirmer de façon absolue que nous avons été en présence d’un sous-marin. Après plusieurs évolutions infructueuses autour de ce point, n’ayant pas d’écouteurs pour entreprendre une recherche méthodique, nous avons fait route pour rejoindre le ROCHAMBEAU avant que la nuit ne soit devenue plus sombre.
Nous avons continué l’escorte sans autre incident jusqu’à 20h00 le 19 Avril et fait ensuite route sur La Pallice. Au retour, par 45°33 N et 03°55 W, nous avons rencontré une mine que nous avons coulée à coups de fusils.

Rapport de la commission d’enquête

Elle reprend tout le déroulement des faits et souligne :

La veille était bien faite. On se trouvait d’ailleurs dans les meilleures conditions, une heure après l’appareillage, à la chute du jour, dans une zone qu’on savait dangereuse. Il résulte, tant de l’enquête que de l’épreuve d’entraînement subie par le personnel militaire de ROCHAMBEAU à son retour à l’AMBC, que le service de veille est bien fait à bord de ce bâtiment.
En outre, le personnel commercial affecté à l’armement des pièces a rejoint son poste très rapidement et les passages de munitions ont fonctionné régulièrement.
Les moyens de défenses ont été mis en œuvre efficacement. Le capitaine est venu sur bâbord avec décision et rapidité afin de présenter l’arrière au sous-marin. C’était la manœuvre indiquée.
Chacun a fait son devoir. La commission estime qu’il n’y a pas lieu à récompense.

Lettre de la Compagnie Générale Transatlantique à l’Administrateur du quartier de Saint Tropez. 19 Septembre 1917

Nous avons l’honneur de vous accuser réception de la lettre que vous nous avez écrite le 12 Septembre pour nous demander notre appréciation sur le Capitaine au Long Cours JUHAM, commandant les paquebots de notre Compagnie.
Monsieur le Commandant JUHAM est entré à la Compagnie Générale Transatlantique le 29 Septembre 1892. Depuis 1906, il a commandé nos paquebots d’une façon si remarquable que nous n’avons pas hésiter à lui confier en 1910 le commandement de NIAGARA, paquebot de notre ligne de New York, et en 1916 le commandement de notre paquebot ROCHAMBEAU qui est actuellement une des unités les plus puissantes de notre Compagnie.
C’est vous dire en quelle estime nous tenons le commandant Juham qui a toujours fait preuve envers la Compagnie d’un zèle et d’un dévouement remarquable.

Veuillez ….

Note du 24 Septembre 1917 de l’Administrateur ROUAULT DE COLIGNY (de Saint Tropez) au Ministre de la Marine

Je m’empresse de vous faire connaître que Monsieur le Capitaine au Long Cours JUHAM sert à la Compagnie Générale Transatlantique depuis le 29 Septembre 1892. Les renseignements fournis par cette compagnie sont tout à l’éloge de ce capitaine qui a commandé depuis 1910 un paquebot de la ligne de New York et qui a maintenant sous ses ordres le ROCHAMBEAU, une des plus belles unités de notre flotte de commerce.
Tenu en grande estime par la Compagnie en raison de son rôle et de son dévouement remarquable, Monsieur Juham, qui a déjà reçu plusieurs distinctions, jouit d’une grande notoriété dans la région et son nom est entouré d’une légitime et très grande considération.

Récompenses obtenues :

- 04/03/1912 Félicitations de Ministre de la Marine pour la bonne tenue de son navire, le vapeur NIAGARA
- 23/12/1914 Décret confirmant campagne de guerre contre l’Allemagne du 2 Août au 23 Décembre 1914 à bord de l’éclaireur auxiliaire NIAGARA.
- 17/10/1916 Félicitations du Sous Secrétaire d’Etat pour la bonne tenue de son navire, le vapeur ROCHAMBEAU. Lettre de félicitations.
- 24/05/1917 Citation à l’Ordre de la Division pour l’esprit de décision et de sang froid dont il a fait preuve lors de l’attaque de son navire par un sous-marin. Croix de Guerre avec Etoile d’Argent.

Etats de service de Dominique JUHAM, Capitaine au Long Cours, Lieutenant de Vaisseau auxiliaire.

Commence à naviguer à l’âge de 13 ans sur des navires à voiles, au cabotage tout d’abord, puis au long cours pendant 6 ans.
4 ans de service militaire dans la Marine.
Reçu Capitaine au Long Cours à Saint-Tropez le 28 Mai 1891.
06/91 – 02/92 Embarque comme lieutenant sur ANATOLIE de la Compagnie Paquet sur la ligne de mer Noire.
03/92 Entre à la Cie Gle Transatlantique (Cadres de la Méditerranée). Embarque comme lieutenant sur plusieurs paquebots attachés au port de Marseille jusqu’en Septembre 1895. Admis alors aux cadres de l’Atlantique comme lieutenant de 2e classe et embarque 10 mois sur VILLE DE BORDEAUX navire affecté à la ligne inter-coloniale Martinique, Antilles, New York.
08/97 Embarque comme lieutenant sur SAINT LAURENT, ligne Le Havre – Colon.
09/98 Embarque sur LA NAVARRE, puis LA CHAMPAGNE et LA NORMANDIE.
06/1901 Embarque 2e capitaine sur LA GASCOGNE, puis SAINT SIMON.
1902 Désigné pour commander une annexe à Fort de France.

Commande ensuite HUDSON 1905-1906, SAINT LAURENT 1906-1909, CALIFORNIE 1909-1910, NIAGARA 1910-1916, ROCHAMBEAU depuis le 23 Septembre 1916.

Depuis le début de la guerre jusqu’à Août 1917 il avait effectué 28 voyages postaux sur la ligne de Colon et 27 sur la ligne Bordeaux New York.

Cdlt
bonsoir , merci beaucoup pour les photos et messages, c est très interessant; je me permets de venir vous demander s il est possible de trouver sur internet la liste des passagers du Rochambeau a partir de 1916 . Y A t il un site facile a consulter ... MERCI d avance christiane Brizard , genealogiste amateur depuis 22 ans a la recherche d une parente partie sur un bateau en Amérique , accompagnée d un americain militaire sans doute (j ai deja consulté une dizaine de bateaux depuis LE Havre, Bordeaux, Cherbourg; il me reste donc le Rochambeau entre autres a consulter .)..
Rutilius
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Message par Rutilius »

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Dernière modification par Rutilius le dim. déc. 22, 2019 9:31 am, modifié 3 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: ROCHAMBEAU - Paquebot

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin le 20 Août 1917

Rapport du capitaine Dominique JUHAM

Le navire se trouvait par 45°37 N et 08°40 W le 20 Août 1917 à 09h30 et faisait route Ouest vrai à 16 nœuds en zigzaguant depuis sa sortie de la Gironde. Beau temps clair et mer calme.

Par le travers à 1500 m est alors aperçu un objet rond paraissant avoir un sillage et être le dôme d’un sous-marin. Sillage en sens inverse de notre marche. Venu en grand sur la droite, jusqu’au Nord, pour lui présenter l’arrière. Lancé un « Allo » au poste de Kerlauer.

Navire armé avec une pièce de 75 mm sur l’arrière, et une pièce de 90 mm modèle 1878 sur l’avant. Ouvert le feu avec la pièce arrière armée par

- REIMOND Edouard. Canonnier 106456.2
- LE HENO Fusilier auxiliaire. Groix 1402

1er coup hausse 1000 m
2e coup hausse 1200 m

Le sous-marin a tiré 4 coups dont 2 très rapprochés et les deux derniers à intervalles de 1 à 3 minutes. Il a disparu à notre 2e coup de canon en plongeant. Sa silhouette ressemblait à celles des U 52 - U 53.

Le sous-marin aperçu


Ce pourrait bien être l'U 93 du Kptlt Helmut GERLACH, qui se trouvait alors dans les parages.

Cdlt
olivier
Rutilius
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ROCHAMBEAU — Paquebot mixte — Compagnie générale transatlantique.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Rochambeau — Paquebot mixte — Compagnie générale transatlantique (1890~1934)

Paquebot en acier à classe unique, équivalant, comme confort, à la 2e classe des grands paquebot postaux, plus rapides et plus luxueux, mais aux tarifs de passage plus élevés ; par suite, destiné à une clientèle moyenne, notamment d’émigrants. Lancé à Saint-Nazaire en 1911 par la Société des chantiers et ateliers de Saint-Nazaire (Penhoët) pour le compte de la Compagnie générale transatlantique. Construit sur un modèle allongé du paquebot Chicago, de la même compagnie, inauguré le 29 mai 1908. Coût : 7 millions de francs de l’époque. Mis en service en 1911 sur la ligne Le Havre ~ New-York. Durant la Grande Guerre, admis comme transport postal sur la même ligne avec le paquebot La Touraine ; après guerre, assure principalement le transport d’immigrants, notamment italiens et polonais. Vendu à la démolition en 1934.

Caractéristiques : 12.678 tx jb, 13.400 t de déplacement 7.737 t pl ; longueur, 163,01 m ; largeur, 19,47 m ; deux alternateurs à triple expansion, 4 cylindres et deux turbines à basse pression ; puissance, 13.000 cv ; 4 hélices ; vitesse, 17,5 nœuds. Capacité de transport : 1.876 passagers —1.148 en entrepont et 628 en cabines — et 5.000 t de marchandises.

Marthe BARBANCE : « Histoire de la Compagnie générale transatlantique. Un siècle d’exploitation maritime », préface de Roger Vercel, Art et métiers graphiques, 1955. Annexe : « Flotte de la Compagnie générale transatlantique depuis son origine » et passim.


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Bonjour à tous,

Le paquebot Rochambeau à Bordeaux en Décembre 1916


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Le paquebot Rochambeau à New-York en Mars 1917


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