AUGUSTE CONSEIL
Vapeur lancé le 15 Juin 1912 au chantier de Dunkerque pour la Sociétés des Affréteurs Réunis (Cie Stern) de Rouen.
2952 tx JB
Longueur 93 m Largeur 13,20 m
Machine à vapeur à triple expansion
1 hélice
La perte de l’AUGUSTE CONSEIL
Le navire a quitté Cardiff le 10 Mars 1915, avec une cargaison de charbon pour Le Havre, sous les ordres du capitaine SCELLE.
Le 11 Mars vers 16h30, il se trouve à 22 milles au sud de Start Point, lorsqu’un sous-marin est aperçu à bâbord, à 1 mille de distance, par deux quarts sur l’arrière.
Le capitaine Scelle fait augmenter la vitesse au maximum, mais celle du sous-marin est nettement supérieure et celui-ci le rejoint.
Il reçoit l’ordre d’évacuer le navire en dix minutes.
Les embarcations mises à la mer et le vapeur évacué, elles viennent accoster le sous-marin sur lequel l’équipage français est alors rassemblé.
Des marins allemands descendent dans les canots, et après avoir pris quelques objets sur le cargo, ils le détruisent au moyen de bombes. Mais ils doivent s’y reprendre à deux reprises.
L’équipage est ensuite libéré, et récupéré par un vapeur danois qui les déposent à Falmouth.
La commission d’enquête conclue que le capitaine Scelle a fait son devoir en faisant tout ce qui était possible pour éviter la capture de son navire et, en conséquence, lui conserve la faculté de commander.
Pourtant, une polémique va naître, encouragée par certains journaux anglais, et à laquelle va complaisamment se prêter le consul de France à Falmouth. Il va d’ailleurs s’y prendre d’une façon particulièrement insidieuse en envoyant le message suivant aux autorités maritimes :
« L’AUGUSTE CONSEIL, vapeur français appartenant à La Sociéte des Affréteurs Réunis, a été torpillé par un sous-marin allemand (nota : ce qui est déjà inexact puisqu’il a été coulé par bombe)
Je crois devoir vous transmettre, à toutes fin utiles, le télégramme suivant.
Je ne vous importunerais d’ailleurs pas de cette affaire, si je n’avais été péniblement impressionné de l’incident rapporté aujourd’hui par les journaux anglais. Il me semble en effet que les officiers de l’AUGUSTE CONSEIL n’auraient pas du accepter du commandant du sous-marin allemand les rafraichissements et les cigares qu’il leur a offerts. Le capitaine allemand aurait très bien compris que, tout en se montrant courtois, nos marins déclinassent cette hospitalité. Il y a là une marque de la fraternité qui existe entre gens de mer.
D’ailleurs, je constate que le capitaine anglais de l’INDIAN CITY ne s’est pas montré plus difficile.
Mais nous sommes en guerre et mon opinion est que nos marins ne doivent rien accepter de celui qui vient de couler leur navire… »
Le capitaine Scelle va donc être inquiété et interrogé à nouveau avec sans doute quelque suspicion. Ulcéré par ces allégations, il va se fendre d’une lettre cinglante. Rappelant qu’il a déjà fourni un rapport circonstancié des évènements, il écrit :
" Je n’ai rien à ajouter à mes déclarations précédentes. En ce qui concerne « l’hospitalité » reçue à bord du sous-marin, voici ce que j’ai à déclarer :
- il est exact que le commandant du sous-marin a offert des rafraichissements et des cigares à mon équipage qui les a acceptés. Lorsque j’ai accepté ce fait, je n’ai pas pensé un instant qu’il doive donner lieu à la moindre critique, étant donné que nous étions trempés, à peine vêtus et que nous pouvions nous considérer comme prisonniers de guerre. Je ne peux croire qu’il soit jamais venu à l’esprit de quelqu’un de dénier aux prisonniers le droit d’accepter un réconfortant proposé par leurs capteurs".
Finalement, l’officier enquêteur fait retomber le soufflé en écrivant :
« Il n’y a pas lieu, étant donné l’heure déjà tardive et les circonstances, de s’attarder sur ce point.
Le commandant de l’U 29 a fait passer aux naufragés une bouteille de porto, un seul verre et quelques cigares. Ce fut accepté par le capitaine Scelle qui m’a affirmé et répété que Français et Allemands n’ont pas trinqué et qu’il n’y a eu aucune manifestation de camaraderie, même maritime.
Si les allégations (nota : du consul) sont exactes, je doute fort qu’il faille en imputer l’origine aux Français.
La seule chose qu’on pourrait reprocher au capitaine et à l’équipage de l’AUGUSTE CONSEIL, c’est d’avoir oublié qu’ils avaient devant eux les sujets d’une nation ennemie…et qu’il eût mieux valu que rien ne soit accepté, témoignant ainsi que les Français ne pouvaient à aucun degré avoir une relation amicale avec les Allemands.
Mais il me semble que les reportages de la presse ne soient finalement que des racontars aussi naïfs que malséants… »
En bref, on avait effectivement bu le porto, mais sans trinquer. L’honneur était donc sauf et la guerre pouvait continuer.
Le sous-marin attaquant
C’était effectivement l’U 29 du KL Otto WEDDIGEN.
Voici sa photo. (source histomar.net)

Il avait obtenu la croix « Pour le Mérite » le 20 Octobre 1914.
Il sera abordé et coulé une semaine plus tard, le 18 Mars 1915, dans le Pentland Firth par le HMS DREADNOUGH au point 58°20 N 00°57 E
L’U 29 disparaitra avec ses 32 hommes d’équipage.
Cdlt