MARCEAU Trois-mâts

Répondre
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MARCEAU

Trois-mâts morutier de Saint Malo
Armateur CHEVALIER, de Saint Malo

Parti de Saint Pierre et Miquelon le 6 Septembre 1917 pour La Pallice avec un chargement de 4500 quintaux de morues.

Voici la composition de son équipage

Image

Le 24 Septembre, le voilier est arraisonné par un croiseur auxiliaire anglais qui lui donne sa position et contrôle ses papiers.
Le 25 Septembre , vers 04h00 du matin, un bruit de moteur est entendu sans que l’on puisse voir aucun navire. Le bruit s’éloigne et disparaît.

A 05h00 du matin, à environ 300 milles de la côte, le voilier fait route à 2 nœuds, très beau temps, mer calme, petite brise de NNW, lorsqu’apparaît à tribord un sous-marin faisant route sur lui à 10 nœuds.
Il tire une trentaine de coups de canons, espacés d’une minute, sur le MARCEAU. Le premier obus passe à travers la mâture, entre le grand mât et la misaine, et tombe long. Le deuxième tombe court, le 3e à 40 m sur bâbord et le 4e à 10m court. Pas de tués ni de blessés.
Le capitaine vient alors vent debout et donne l’ordre d’abandonner. L’équipage descend dans huit doris, déjà préparés. Le capitaine avait effectué une répartition par doris : 1 officier et 1 patron ou bien 2 patrons, accompagnés de 2 avants ou bien d’1 avant et 1 novice. Il les avait pourvus en eau et biscuit. Il avait fait mettre dans chaque doris un compas et une corne de brume.

Les doris s’écartent du MARCEAU que le sous-marin continue à canonner. Puis il s’éloigne vers l’ouest en demi plongée. Le MARCEAU se mâte et coule par l’avant vers 08h30.
Le sous-marin était très grand, la taille d’un bâtiment de 1000 tonnes. Son avant était semblable à celui du VALMY. Il avait un canon de 105 ou 120 sur l’avant du kiosque, et rien d’autre. Coque noirâtre et complètement lisse. Aperçu de loin 4 ou 5 hommes sur le pont. Sur des shchémas qu’on leur présente les marins semblent reconnaître un sous-marin de type U.
Voici le dessin effectué sur les indications du capitaine Le Tallec.

Image

Les huit doris font route vers l’est, suivant les consignes du capitaine. Mais dès le second jour, tous se perdent de vue.

Les archives contiennent les copies d’une série de télégrammes retraçant les découvertes successives de ces naufragés et leurs diverses odyssées.

28 Septembre

Un premier doris est récupéré par 45°34 N et 06°51 W par le vapeur SENEGAMBIE. (Ce petit vapeur de 75 m de long, construit à Nantes en 1902 appartenait à un armement de Bordeaux. Il disparaîtra en 1918 suite à une collision).

Ce sont les rescapés suivants LE RENARD François
KAVORZIN Louis
TARDIVEL Alexandre
COMBE Charles Novice

Jusqu’au 27, ils avaient navigué à la voile cap au SeqE. Le 27 au soir, ils ont progressé à l’aviron, faute de vent. Le 28 au matin , ils ont aperçu une voile à 5 milles au nord ; ils ont hissé la voile pour tenter de lui couper la route et ont hissé une chemise blanche sur un aviron. Mais le voilier a continué sa route. Le soir, ils ont aperçu la fumée et le feu rouge et blanc du SENEGAMBIE. Ils ont forcé sur les avirons pour lui couper la route et crié pour attirer l’attention. Le vapeur a stoppé et les a recueillis.
Depuis le 25, ils ne disposaient que de 15 l deau et de 20 galettes de biscuit, le reste étant avarié. Ils se sont soutenus en mangeant une galette par jour et se disposaient à réduire la ration pour tenter de tenir trois ou quatre jours de plus.
Ils sont débarqués le 4 Octobre à Casablanca.

29 Septembre

Le deuxième doris est repéré à 11h00 du matin et récupéré par le vapeur danois MERCURE sur lequel les hommes sont réconfortés.

Il porte les naufragés suivants GUERET Joseph
FORTIN Ernest
CHEINIER Jules
BUTON Louis

Ils sont débarqués à Cadix, puis dirigés sur Cerbère et Cette où ils sont interrogés. Ce sont les premiers de retour en France et ils ne peuvent donner aucun renseignement sur les 27 autres membres de l’équipage.
L’officier enquêteur écrit :

« Quoique l’évacuation du voilier ait été décidée un peu hâtivement, on ne peut critiquer le capitaine car il n’aurait pu éviter la perte de son bâtiment. Le sort de l’équipage n’aurait pu être amélioré en prolongeant sa présence à bord… »
Après un long calcul rempli d’explications il fixe la position du naufrage à 48°26 N et 08°10 W.
Il écrit aussi que les renseignements donnés sur le sous-marin sont vagues et que le croquis tenté par l’un des matelots est inutilisable.

30 Septembre

Le troisième doris, celui du capitaine, atterrit à Belle-Ile en mer.

Il porte les naufragés suivants : LE TALLEC Emmanuel Capitaine
LE VIGRANT François Maître d’équipage
ROUXEL Jean
ROUXEL Louis

Ce doris avait fait route à la voile et à l’aviron, cap vers la terre. Le 28 à 11h00 un paquebot à deux cheminées est aperçu et passe à 500 m sans voir ni entendre les signaux , vareuse cirée agitée au bout d’un aviron, balancement du tape-cul, appel à la corne de brume. Ce paquebot était probablement le PORTO RICO.
A 17h00 le 28, le pinceau du feu de Belle-Ile est aperçu. On fait route à l’aviron et le 30 à 08h00 du matin le doris est aperçu par un hydravion en patrouille qui le signale aussitôt au sémaphore. Trois heures plus tard, un cotre de pêche prend le doris en remorque et le ramène à Port Goulphar. Les hommes sont ensuite rapatriés sur Lorient où ils sont interrogés.

1er Octobre

Le quatrième doris est retrouvé et recueilli à 22h30 par le voilier français DOUAUMONT.

Il porte les naufragés suivants HELLIO Alexandre (parfois orthographié KELLIO)
YVET Jean-Baptiste
BOIXIERE Joseph
OLLIVIER François Novice

Ils sont déposés le 11 Octobre à Funchal de Madère, puis rapatriés sur Lisbonne à bord du vapeur SAN MIGUEL.
Toutefois, le novice François Ollivier est gardé à bord du DOUAUMONT, ayant signé un nouveau contrat
d’engagement avec le capitaine.
De Lisbonne, les trois autres marins sont rapatriés sur Bayonne où ils arriveront le 6 Novembre.

Nuit du 2 au 3 Octobre

Un cinquième doris atterrit au cap Ferret.

Il porte les naufragés suivants PERRU François
AUVRAY Eugène (parfois orthographié ANRAY)
LE BLANC Auguste
LE RENARD Victor

Ce doris n’a pu se servir de sa voile que deux jours seulement. Dans l’après-midi du 2 Octobre, entre 13h00 et 15h00, ils ont aperçu deux patrouilleurs à 2 ou 3 milles et ont fait des signaux qui n’ont pas été aperçus.
A la nuit, ils ont aperçu un feu à éclats blancs et rouges et se sont dirigés dessus. A minuit, ils ont atterri sous le phare du cap Ferret et ont été secourus par le garde-forestier et sa femme qui leur ont prodigué les soins les plus dévoués et auxquels ils expriment toute leur reconnaissance et leurs remerciements.
Ils ont beaucoup souffert de la soif, leur baril d’eau douce s’étant vidé tant par les faussets que par la bonde. Ils sont restés six jours ne buvant que de l’eau de mer et leur urine.
Ils sont extrêmement faibles et aspirent à prendre quelques jours de repos dans leurs familles. Satisfaction leur sera donnée et toutes les dispositions seront prises par l’Inscription maritime de Bordeaux, indique l’Administrateur.

3 Octobre

Un télégramme de La Rochelle annonce que le torpilleur TROMBLON a recueilli un sixième doris portant trois rescapés du MARCEAU.

Ce sont DARCEL François Second capitaine
COTARD Jean-Marie
CHICHERY Eugène

Ils ont été récupérés à 4 milles seulement au large d’Oléron. Ils sont débarqués à La Rochelle, mais on ne possède pas de récit de leur odyssée.

Le même jour, un autre télégramme annonce que quatre rescapés du MARCEAU viennent de débarquer à La Rochelle.

Ce sont LE SAULNIER Eugène
BOURGET Henri
VINCENT Guillaume
LE MOINE Auguste

Aucun renseignement n’est donné sur la façon dont ils sont arrivés à La Rochelle.

En fin de compte, il semblerait qu’un seul doris n’ait jamais été retrouvé, celui dans lequel avaient pris place

LE PENVEN Yves Patron
LE PENVEN Eugène Avant (fils)
JOSSELIN Mathurin Saleur
AVREUIL Jean-Baptiste Novice

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 54 du KL Kurt HEESELER.
Nous avions déjà rencontré ce sous-marin au sujet MARTHE MARGUERITE.

Cdlt
olivier
Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3875
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir Yves

L'image n'apparait pas :(

Le navire a l'indice (2) dans la base de données

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
kgvm
Messages : 1126
Inscription : ven. janv. 18, 2008 1:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par kgvm »

Mais le voilier est grée comme barque, pas comme goélette??
Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3875
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

Je rejoins l'avis de Klaus .... c'est un beau 3 mats barque

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par olivier 12 »

Bonsoir à tous,

Je viens de relire le rapport d'enquête. Il n'y a aucun doute, le navire est bien désigné sous la domination de trois-mâts goélette d'un tonnage brut de 250 tx (tonnage qui me paraît d'ailleurs faible, mais pour une goélette, c'est possible)
Or ce navire me paraît beaucoup plus volumineux, peut-être entre 600 et 800 tx.
Cette photo ne doit pas être celle du MARCEAU, à moins que l'officier enquêteur n'ait fait une erreur en qualifiant le gréement. Mais cela m'étonne.

La veille, l'U 54 avait coulé le voilier Louis Bossert. Ne serait-ce pas lui? Etait-ce un trois-mâts barque ? Il était norvégien. Le pavillon semble français, mais à cette distance, ce pourrait être une illusion d'optique.

Bref, beaucoup de questions à éclaircir....

Cdlt
olivier
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Voici les caractéristiques exactes du MARCEAU relevées sur les rôles de 1914 et 1915.

Trois-mâts immatriculé à Cancale n° 325
Armé à la grande pêche à Saint Malo pour la pêche à la morue dans la zone de Terre Neuve, avec sécherie.

Tonnage brut 292,38 tx
Tonnage net 222,87 tx

Armateur J. CHEVALIER Capitaine HAMON

En 1915, on trouve déjà à bord le lieutenant Eugène LE SAULNIER, né le 21/08/83 à Cancale et inscrit à Cancale.
En 1917, le reste de l'équipage a changé.

On note toutefois que le rôle ne porte aucunement la mention "Goélette" alors que c'est le cas pour tous les autres navires malouins possédant ce type de gréement.

Peut-être faut-il se méfier du rapport d'enquête, qui d'ailleurs ne donne pas le bon tonnage, et s'agissait-il bien d'un trois-mâts barque ? Dans ce cas, la photo mise en ligne précédemment par Yves pourrait être la bonne...!

Image

Cdlt
olivier
Rutilius
Messages : 15390
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par Rutilius »

.
Bonjour à tous,



Image


Photographie supposée du trois-mâts goélette terre-neuvier Marceau, qui aurait été prise le 25 septembre 1917 depuis le sous-marin U-54.

Source —> http://www.u54.suedholland-ferienhaus.d ... t__2_.html
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
Messages : 15390
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par Rutilius »

.
Bonjour à tous,


Il résulte des énonciations du Journal de navigation du torpilleur d’escadre Tromblon – alors commandé par le lieutenant de vaisseau Albert Armand Marius Eugène GUILLAUME – que les trois rescapés du naufrage du trois-mâts goélette Marceau recueillis par ce bâtiment le 3 octobre 1917 le furent à 9 h. 50, à « 800 mètres dans le S.-E. de la bouée d’épave du Giorgios ». Ils furent débarqués au Verdon peu avant 13 h. 00.

Le Giorgios, cargo de 2.875 tonnes de l’armement grec Embiricos frères, fit naufrage dans la nuit du 22 au 23 octobre 1911 « sur la roche des Bassets, à l’entrée de la Gironde, près du phare de la Coubre » (Le Temps, n° 18.377, Mercredi 25 octobre 1911, p. 4).

[Journal de navigation n° / 1917 – 26 sept. ~ 15 nov. 1917 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 604, p. num. 981].
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
Messages : 3648
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par Memgam »

Bonjour,

Marceau, 3 mâts brick-goélette, construit en 1911 par G. Gautier à Saint-Malo.
292 tjb, 228 tjn, 400 tpl, 35,87 x 8,26 x 3,88 m.

En 1912, immatriculé à Saint-Malo, armateur, Chevalier, capitaine Nollier.

Le gréement de Marceau comprend un mât de misaine à phare carré (mât avant équipé de voiles rectangulaires), et les deux autres mâts à voiles auriques (voiles trapézoïdales)
Il ne correspond donc pas à la photo présentée par Rutilius.

Pour le dernier doris, le matelot Josselin et le novice Avreuil sont donnés comme ayant été débarqués à Montevideo le 27 novembre 1917 par le quatre-mâts barque Wulfran Puget, capitaine Yves-Marie Leff, qui avait quitté La Pallice le 25 septembre, pour son 30 ème voyage.
Les conditions de la disparition des Le Penven, père et fils, ne sont pas précisées.

Le Penven Yves, né le 18/07/1868 à Plouaret (22), n° 700, à Cancale, patron de doris.
Le Penven Eugène, né le 19/07/1899 à Cancale (35), n° 146 à Cancale, avant de doris.

Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne Provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, vol 1 et vol 2, Association Bretagne 14-18, 2010, 2012.

Cordialement
Memgam
Rutilius
Messages : 15390
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

Re: MARCEAU Trois-mâts

Message par Rutilius »

.
Bonjour à tous,


Marins disparus en mer après la perte du trois-mâts goélette Marceau survenue le 27 septembre 1917


[2]


— LE PENVEN Yves Marie, né le 18 juillet 1868 à Plouaret (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –). Patron de doris, inscrit au quartier de Cancale, n° 700. [Jugement déclaratif de décès transcrit à Cancale, le 25 oct. 1919].

Fils d’Yves Marie LE PENVEN, né le 23 février 1825 à Plouaret et y décédé, le 10 mai 1895, cultivateur, et de Marie Yvonne KERLEAU, née le 28 février 1825 à Ploumilliau (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –) et décédée le 15 janvier 1870 à Plouaret, « ménagère » [domestique en 1853] ; époux ayant contracté mariage à Plouaret, le 4 mai 1853 (Registre des actes de mariage de la commune de Plouaret, Année 1853, f° 11, acte n° 9 – 371. ~ Registre des actes de naissance de la commune de Plouaret, Année 1868, f° 42, acte n° 82.).

Époux d’Anne Marie GOURIOU, née le 11 février 1873 à Ploubezre (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –), avec laquelle il avait contracté mariage à Cancale (Ille-et-Vilaine), le 5 décembre 1896 (Registre des actes de mariage de la commune de Cancale, Année 1896, f° 39, acte n° 58.).


— LE PENVEN Eugène Joseph, né le 19 juillet 1899 au village de La Gaudichais, commune de Cancale (Ille-et-Vilaine). Avant de doris, inscrit au quartier de Cancale, n° 146.

Fils d’Yves Marie LE PENVEN et d’Anne Marie GOURIOU, précités (Registre des actes de naissance de la commune de Cancale, Année 1899, f° 12, acte n° 51.).


[Aucune récompense posthume]
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Répondre

Revenir à « Navires et équipages »