Bonjour à tous,
See also: http://www.uboat.net/wwi/ships_hit/5350.html
Best wishes,
Michael
SALAMBÔ - Patrouilleur auxiliaire
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- Inscription : sam. déc. 13, 2008 1:00 am
Re: SALAMBÔ - Patrouilleur auxiliaire
Bonjour Michael,
Merci pour le lien et les compléments d'infos, c'est noté

Bien cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Re: SALAMBÔ - Patrouilleur auxiliaire
Bonsoir à tous,
Le 19 avril 1918, le bâtiment était commandé par le Lieutenant de vaisseau Émile Edouard Jean CAMPION.
■ Le Temps, n° 20.857, Mercredi 14 août 1918, p. 2, en rubrique « Affaires militaires – Marine » :
« LA PERTE DU SALAMMBO (sic). ― Le premier conseil de guerre maritime permanent, sous la présidence du capitaine de vaisseau Florius, vient de se réunir à Toulon pour juger le lieutenant de vaisseau Campion, au sujet de la perte du chalutier Salammbo (sic), torpillé le 19 avril 1918, dans la mer Ionienne, et que commandait cet officier.
L’interrogatoire du commandant, la déposition des témoins n’ont fait que confirmer les résultats de l’enquête tout à l’honneur de ce bâtiment. Le commissaire du gouvernement a demandé au conseil de rendre un verdict d’acquittement, aucune faute ne pouvant être reprochée au lieutenant de vaisseau Campion.
Après plaidoirie du lieutenant de vaisseau Antoine, le conseil, après quelques minutes de délibération, est revenu en séance, acquittant, à l’unanimité, le commandant Campion, qui reçoit les félicitations du président. »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Re: SALAMBÔ - Patrouilleur auxiliaire
Bonjour à tous,
Citation du chalutier "Salambo" et rapport du Lieutenant de vaisseau CAMPION, commandant le chalutier, sur les circonstances de l'attaque du 19 avril 1918.
1 citation à l’ordre de l’Armée
Le chalutier SALAMBO de la 4ème escadrille de patrouille de la Méditerranée occidentale était commandé par le Lieutenant de Vaisseau CAMPION. Il a été torpillé le 19 avril 1918 dans la mer Ionienne. 12 hommes de l’équipage ont été sauvés et 12 ont disparu.
Texte de la citation à l’Ordre de l’Armée
(Journal officiel du 25 septembre 1918)
« Le chalutier SALAMBO : pour le sang-froid et la discipline dont tout le personnel a fait preuve lors du torpillage de ce bâtiment par un sous-marin ennemi le 19 avril 1918 ; le bâtiment a disparu avec la moitié de son équipage ».
Rapport du Lieutenant de Vaisseau CAMPION, commandant le chalutier SALAMBO
J’ai l’honneur de vous rendre compte des circonstances dans lesquelles s’est produite l’attaque à la torpille par un sous-marin ennemi du convoi du LOIRET, le 19 avril 1918 à 16 heures Greenwich par L : 38°40’ G : 18°10’.
Le convoi naviguait dans la formation prescrite : le CHAUVEAU en éclaireur à deux ou trois milles devant, le SALAMBO chef d ‘escorte, à 400 mètres environ à tribord et un peu sur l’arrière du travers du LOIRET, le JEAN DORE tenait le poste symétrique à bâbord. Les zigzags étaient exécutés jour et nuit conformément au graphique n° 6. La vitesse était de huit nœuds. Houle au sud, petite brise du sud-est, route vraie au nord 62 est.
Le convoi venait d’exécuter l’abattée de 30° sur la gauche lorsque le LOIRET aperçut un jet d’eau, puis un sillage de torpille à deux cents mètres environ par bâbord. La torpille menaçant l’avant du bâtiment, le Commandant du LOIRET fit mettre la barre toute à droite et parvint à éviter la torpille qui passa à deux mètres de l’avant. S’apercevant alors que cette dernière, continuant sa course, menaçait le SALAMBO, le LOIRET fit entendre cinq coups de sifflet brefs en hissant le guidon B.
En entendant le sifflet du LOIRET, je bondis du pont où je me promenais sur la passerelle et, scrutant l’étendue de mer qui nous séparait du convoyé, je finis par apercevoir, se projetant sur le remous de son hélice, un bouillonnement d’eau anormal, bientôt suivi d’un affleurement de la torpille qui fut signalée par plusieurs hommes du SALAMBO pour un marsouin. Je crus à ce moment que le LOIRET avait paré la torpille par son arrière.
La trajectoire, masquée par le LOIRET, n’était malheureusement pas visible, et je ne pouvais en tirer aucune indication sur la meilleure manœuvre à faire pour éviter la torpille. Toutefois, celle-ci venant de l’avant, la barre fut mise toute à gauche, seule manœuvre qui me parut rationnelle. Toute variation de vitesse pourrait être aussi dangereuse qu’inutile.
Le SALAMBO commençait à peine à obéir à la barre quand la torpille le frappa aux deux tiers de sa longueur vers l’arrière, à la hauteur du compartiment chaufferie-machine, 15 seconds au maximum après les coups de sifflet du LOIRET. La torpille, que je distinguai très nettement, était réglée pour deux mètres d’immersion et avait un cône en cuivre rouge. L’explosion mit en pièces l’arrière du bâtiment qui disparut aussitôt, des éclats étant projetés par-dessus le LOIRET qui se trouvait alors à 300 mètres environ. L’étrave se dressa hors de l’eau et la moitié avant du bâtiment disparut en glissant par l’arrière.
Le bâtiment n’avait pas mis plus de vingt secondes pour disparaître entièrement.
Je me trouvais sur la passerelle entouré de mes deux chefs de quart. Le maître de manœuvre DERVACLE disparut au moment de l’explosion et ne fut plus revu. Le second-maître ELDIN, blessé par des éclats de vitres à la face et ne sachant pas nager, parvint à se sauver. Lorsque la passerelle m’eut déposé dans l’eau, je nageai pour éviter le gaillard d’avant qui la surplombait. D’autres explosions attribuables aux grenades furent ressenties. Elles me parurent lointaines et venant d’une grande profondeur.
En disparaissant, le SALAMBO laissa sur la surface de l’eau les nombreux engins de sauvetage que je faisais toujours garder libres sur le pont en prévision d’un accident aussi rapide : flotteurs de filets indicateurs, boudins en liège, radeaux, bouées couronnes, ceintures de sauvetage supplémentaires qui étaient réparties dans tous les postes de faction, y compris la hune et la passerelle et à proximité des panneaux de sortie des postes.
Les survivants s’accrochèrent à ces engins en s’entraidant.
Pendant ce temps, le JEAN DORE cherchait à découvrir la trace du sous-marin ; le LOIRET se rapprochait un instant de nous, puis faisait toute à toute vitesse dans le sud-ouest.
Le JEAN DORE exécute habilement et rapidement le sauvetage des survivants, tandis que le CHAUVEAU rejoignait le LOIRET sur mon ordre.
Après ¾ d’heure de recherches sur les épaves, le JEAN DORE à son tour, essaya de rattraper le convoi encore visible à l’horizon. Ne pouvant le rejoindre avant la nuit et n’obtenant aucune réponse à notre demande de rendez-vous, je décidai de suivre le déroutement probable du LOIRET avec l’espoir de ne pas trop nous en écarter et de garder une chance de le retrouver au jour.
Aucune trace de périscope ne fut aperçue avant le torpillage et durant les opérations de sauvetage.
Signé : E. CAMPION
(source : livre d'or de la Marine - guerre 14/18)
Bien cordialement,
Gilbert
Citation du chalutier "Salambo" et rapport du Lieutenant de vaisseau CAMPION, commandant le chalutier, sur les circonstances de l'attaque du 19 avril 1918.
1 citation à l’ordre de l’Armée
Le chalutier SALAMBO de la 4ème escadrille de patrouille de la Méditerranée occidentale était commandé par le Lieutenant de Vaisseau CAMPION. Il a été torpillé le 19 avril 1918 dans la mer Ionienne. 12 hommes de l’équipage ont été sauvés et 12 ont disparu.
Texte de la citation à l’Ordre de l’Armée
(Journal officiel du 25 septembre 1918)
« Le chalutier SALAMBO : pour le sang-froid et la discipline dont tout le personnel a fait preuve lors du torpillage de ce bâtiment par un sous-marin ennemi le 19 avril 1918 ; le bâtiment a disparu avec la moitié de son équipage ».
Rapport du Lieutenant de Vaisseau CAMPION, commandant le chalutier SALAMBO
J’ai l’honneur de vous rendre compte des circonstances dans lesquelles s’est produite l’attaque à la torpille par un sous-marin ennemi du convoi du LOIRET, le 19 avril 1918 à 16 heures Greenwich par L : 38°40’ G : 18°10’.
Le convoi naviguait dans la formation prescrite : le CHAUVEAU en éclaireur à deux ou trois milles devant, le SALAMBO chef d ‘escorte, à 400 mètres environ à tribord et un peu sur l’arrière du travers du LOIRET, le JEAN DORE tenait le poste symétrique à bâbord. Les zigzags étaient exécutés jour et nuit conformément au graphique n° 6. La vitesse était de huit nœuds. Houle au sud, petite brise du sud-est, route vraie au nord 62 est.
Le convoi venait d’exécuter l’abattée de 30° sur la gauche lorsque le LOIRET aperçut un jet d’eau, puis un sillage de torpille à deux cents mètres environ par bâbord. La torpille menaçant l’avant du bâtiment, le Commandant du LOIRET fit mettre la barre toute à droite et parvint à éviter la torpille qui passa à deux mètres de l’avant. S’apercevant alors que cette dernière, continuant sa course, menaçait le SALAMBO, le LOIRET fit entendre cinq coups de sifflet brefs en hissant le guidon B.
En entendant le sifflet du LOIRET, je bondis du pont où je me promenais sur la passerelle et, scrutant l’étendue de mer qui nous séparait du convoyé, je finis par apercevoir, se projetant sur le remous de son hélice, un bouillonnement d’eau anormal, bientôt suivi d’un affleurement de la torpille qui fut signalée par plusieurs hommes du SALAMBO pour un marsouin. Je crus à ce moment que le LOIRET avait paré la torpille par son arrière.
La trajectoire, masquée par le LOIRET, n’était malheureusement pas visible, et je ne pouvais en tirer aucune indication sur la meilleure manœuvre à faire pour éviter la torpille. Toutefois, celle-ci venant de l’avant, la barre fut mise toute à gauche, seule manœuvre qui me parut rationnelle. Toute variation de vitesse pourrait être aussi dangereuse qu’inutile.
Le SALAMBO commençait à peine à obéir à la barre quand la torpille le frappa aux deux tiers de sa longueur vers l’arrière, à la hauteur du compartiment chaufferie-machine, 15 seconds au maximum après les coups de sifflet du LOIRET. La torpille, que je distinguai très nettement, était réglée pour deux mètres d’immersion et avait un cône en cuivre rouge. L’explosion mit en pièces l’arrière du bâtiment qui disparut aussitôt, des éclats étant projetés par-dessus le LOIRET qui se trouvait alors à 300 mètres environ. L’étrave se dressa hors de l’eau et la moitié avant du bâtiment disparut en glissant par l’arrière.
Le bâtiment n’avait pas mis plus de vingt secondes pour disparaître entièrement.
Je me trouvais sur la passerelle entouré de mes deux chefs de quart. Le maître de manœuvre DERVACLE disparut au moment de l’explosion et ne fut plus revu. Le second-maître ELDIN, blessé par des éclats de vitres à la face et ne sachant pas nager, parvint à se sauver. Lorsque la passerelle m’eut déposé dans l’eau, je nageai pour éviter le gaillard d’avant qui la surplombait. D’autres explosions attribuables aux grenades furent ressenties. Elles me parurent lointaines et venant d’une grande profondeur.
En disparaissant, le SALAMBO laissa sur la surface de l’eau les nombreux engins de sauvetage que je faisais toujours garder libres sur le pont en prévision d’un accident aussi rapide : flotteurs de filets indicateurs, boudins en liège, radeaux, bouées couronnes, ceintures de sauvetage supplémentaires qui étaient réparties dans tous les postes de faction, y compris la hune et la passerelle et à proximité des panneaux de sortie des postes.
Les survivants s’accrochèrent à ces engins en s’entraidant.
Pendant ce temps, le JEAN DORE cherchait à découvrir la trace du sous-marin ; le LOIRET se rapprochait un instant de nous, puis faisait toute à toute vitesse dans le sud-ouest.
Le JEAN DORE exécute habilement et rapidement le sauvetage des survivants, tandis que le CHAUVEAU rejoignait le LOIRET sur mon ordre.
Après ¾ d’heure de recherches sur les épaves, le JEAN DORE à son tour, essaya de rattraper le convoi encore visible à l’horizon. Ne pouvant le rejoindre avant la nuit et n’obtenant aucune réponse à notre demande de rendez-vous, je décidai de suivre le déroutement probable du LOIRET avec l’espoir de ne pas trop nous en écarter et de garder une chance de le retrouver au jour.
Aucune trace de périscope ne fut aperçue avant le torpillage et durant les opérations de sauvetage.
Signé : E. CAMPION
(source : livre d'or de la Marine - guerre 14/18)
Bien cordialement,
Gilbert
Excès de peur enhardit.
Re: SALAMBÔ - Patrouilleur auxiliaire
Bonjour à tous,
CAMPION Émile Edouard Jean M.P.F.
Né le 9 juin 1883 à CAMBRAI (Nord) - Décédé le 3 novembre 1918 à TOULON (Var).
Entre dans la Marine en 1901, Aspirant le 5 octobre 1904; port TOULON. Au 1er janvier 1906, sur le croiseur "JURIEN-DE-LA-GRAVIÈRE", Division navale de l'Océan Atlantique (Cdt Ernest GERVAIS). Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1906. Officier breveté Fusilier. Aux 1er janvier 1908, 1909, port TOULON. Au 1er janvier 1911, sur le "TOURVILLE", École de canonnage (Eugène BARTHE, Cdt). Au 1er janvier 1912, sur le cuirassé "MARCEAU", École des Électriciens (Cdt Jean PRADIER). Le 1er octobre 1913, Commandant un groupe de torpilleurs, Station des torpilleurs de TOULON. Lieutenant de vaisseau le 1er juin 1915. Il se distingue cette même année, Officier de tir sur le cuirassé garde-côtes "REQUIN". Chevalier de la Légion d'Honneur. Croix de guerre avec citation à l'ordre de l'Armée navale : " Officier du plus grand mérite, chargé de l'artillerie et de la direction du tir. N'est pas breveté canonnier, mais cependant a été l'inspirateur d'une méthode de tir et d'un dispositif spécial de pointage parfaitement adaptés aux circonstances et aujourd'hui généralisés à bord des navires affectés à la défense du canal de Suez. Leur application a donné les plus heureux résultats, le 3 février. A dirigé avec le plus grand sang-froid et avec une précision remarquables le tir. Très belle attitude sous le feu.". Le 19 avril 1918, Commandant le patrouilleur auxilliaire "SALAMBÔ" (ou SALAMMBÔ, selon les sources), il coule avec le bâtiment victime du torpillage du sous-marin U 38 au large de la CRÈTE, et dans l'eau, porte secours à ses hommes survivants qui seront recueillis comme lui par un doris. Nouvelle citation : " Commandant le SALAMBO : a fait tout on devoir pour éviter le torpillage de son bâtiment par un sous-marin ennemi, le 19 avril 1918. A coulé avec son bâtiment, à son poste sur la passerelle. Une fois à l'eau, s'est dévoué pour ses hommes à qui il a porté secours, a refusé d'être recueilli avant eux par le doris qui a ramené les survivants. Déjà cité à l'ordre de l'armée.". Le 3 novembre 1918, il décède à son domicile de TOULON de la grippe. Il commandait alors le patrouilleur auxiliaire "CIGALE-II"...

[:geneamar:8]
CAMPION Émile Edouard Jean M.P.F.
Né le 9 juin 1883 à CAMBRAI (Nord) - Décédé le 3 novembre 1918 à TOULON (Var).
Entre dans la Marine en 1901, Aspirant le 5 octobre 1904; port TOULON. Au 1er janvier 1906, sur le croiseur "JURIEN-DE-LA-GRAVIÈRE", Division navale de l'Océan Atlantique (Cdt Ernest GERVAIS). Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1906. Officier breveté Fusilier. Aux 1er janvier 1908, 1909, port TOULON. Au 1er janvier 1911, sur le "TOURVILLE", École de canonnage (Eugène BARTHE, Cdt). Au 1er janvier 1912, sur le cuirassé "MARCEAU", École des Électriciens (Cdt Jean PRADIER). Le 1er octobre 1913, Commandant un groupe de torpilleurs, Station des torpilleurs de TOULON. Lieutenant de vaisseau le 1er juin 1915. Il se distingue cette même année, Officier de tir sur le cuirassé garde-côtes "REQUIN". Chevalier de la Légion d'Honneur. Croix de guerre avec citation à l'ordre de l'Armée navale : " Officier du plus grand mérite, chargé de l'artillerie et de la direction du tir. N'est pas breveté canonnier, mais cependant a été l'inspirateur d'une méthode de tir et d'un dispositif spécial de pointage parfaitement adaptés aux circonstances et aujourd'hui généralisés à bord des navires affectés à la défense du canal de Suez. Leur application a donné les plus heureux résultats, le 3 février. A dirigé avec le plus grand sang-froid et avec une précision remarquables le tir. Très belle attitude sous le feu.". Le 19 avril 1918, Commandant le patrouilleur auxilliaire "SALAMBÔ" (ou SALAMMBÔ, selon les sources), il coule avec le bâtiment victime du torpillage du sous-marin U 38 au large de la CRÈTE, et dans l'eau, porte secours à ses hommes survivants qui seront recueillis comme lui par un doris. Nouvelle citation : " Commandant le SALAMBO : a fait tout on devoir pour éviter le torpillage de son bâtiment par un sous-marin ennemi, le 19 avril 1918. A coulé avec son bâtiment, à son poste sur la passerelle. Une fois à l'eau, s'est dévoué pour ses hommes à qui il a porté secours, a refusé d'être recueilli avant eux par le doris qui a ramené les survivants. Déjà cité à l'ordre de l'armée.". Le 3 novembre 1918, il décède à son domicile de TOULON de la grippe. Il commandait alors le patrouilleur auxiliaire "CIGALE-II"...

[:geneamar:8]
Cordialement. Malou
Re: SALAMBÔ - Patrouilleur auxiliaire
Bonjour à tous
Extrait du JO du 25 septembre 1918 :

Bien amicalement
Marpie
Extrait du JO du 25 septembre 1918 :

Bien amicalement
Marpie
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- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: SALAMBÔ - Patrouilleur auxiliaire
Bonjour à tous,
SALAMBO
Naufrage du 19 Avril 1918


Rapport du Commandant LV CAMPION
SALAMBO est un chalutier de 300 tx JB, construit à Aberdeen en 1912 et réquisitionné. Armateur Monsieur PETIT de Rouen.
Effectuait une traversée Toulon – Corfou par Messine. 24 personnes à bord. Pas de passagers.
Je me trouvais sur la passerelle au moment de l’explosion qui se produisit à 18h03 la 19 Avril à la position 38°31 N et 18°10 E. Le sous-marin n’a été aperçu par personne et l’équipage a coulé avec le navire en 20 secondes au plus. Le navire a été frappé 10 secondes après qu’on ait aperçu le sillage de la torpille.
Nous faisions une route moyenne au N62E à 8 nœuds avec zigzags et on venait de terminer une abattée sur la gauche. Nous étions alors au N30E. Beau temps couvert, légère houle de
Sud et faible brise de SE. Bonne visibilité.
Après avoir aperçu le sillage, mis la barre à gauche toute et le bâtiment a eu le temps d’abattre d’un quart environ sur bâbord avant d’être frappé.
Il y avait le CHAUVEAU à 2 milles en avant du convoi, le LOIRET à 400 m sur l’avant du travers bâbord et le DORE à 800 ou 900 m sur bâbord avant. LOIRET a lancé 5 coups de sifflet et hissé le guidon « B ».
Le navire était pourvu de TSF mais n’a eu le temps de lancer un signal.
Tous les documents secrets ont coulé avec le navire. Ces documents étaient enfermés dans le coffre et dans un tiroir de commode fermé à clé dans la chambre du commandant. Seul le CB 85 était sur la passerelle, à la disposition de l’officier de quart. Aucun document n’a été vu flottant parmi les épaves, ni par les survivants, ni par le DORE qui est resté trois quarts d’heure sur les lieux.
SALAMBO était armé de deux pièces de 75 mm, d’une mitrailleuse, et possédait 8 grenades Guiraud à main. Les couleurs n’étaient pas hissées, pas plus que sur les navires du convoi.
Une seule torpille a frappé SALAMBO à 2 m au plus sous la flottaison. Le bâtiment a été sectionné en deux à l’arrière de la cheminée. L’arrière a coulé instantanément. L’avant s’est mâté en l’air, s’est incliné sur tribord et a coulé 20 secondes après l’explosion.
12 personnes ont été tuées ou ont disparu, 2 sont grièvement blessées et 2 sont légèrement contusionnées. L’attitude de l’équipage a été admirable. Tous les hommes de service sont restés à leur poste avec le plus grand sang froid. Les hommes non de quart sont allés prendre leurs ceintures de sauvetage sans désordre et une fois à l’eau, nombreux ont été les actes d’entraide et de dévouement.
L’équipage a été recueilli par le chalutier JEAN DORE qui, après avoir exploré la mer à l’endroit présumé où se trouvait le sous-marin ennemi, est revenu sur les lieux de la disparition du SALAMBO.
Rapport fait à bord de JUSTICE, à Corfou le 23 Avril 1918.
Rapport du Lieutenant de Vaisseau De L’ESCALE, commandant du LOIRET
Le 19 Avril 1918, LOIRET faisait route au N62E escorté par JEAN DORE à bâbord sur l’arrière du travers à 700 m, SALAMBO sur le travers tribord à 500 m et CHAUVEAU devant en éclaireur.
J’étais sur la passerelle de commandement quand le maître de quart Le Hoerff me dit tout à coup en m’indiquant un sillage à bâbord : « Commandant, on dirait une torpille ». « C’est une torpille » m’écriai-je. « A droite toute » dit le maître. « A droite toute » confirmai-je énergiquement et je commandai : « Hissez le signal sous-marin par bâbord ». En même temps je sifflai des coups brefs pour mettre aux postes de combat. Les ordres furent exécutés sans retard.
Le sillage de la torpille venant de l’arrière du travers arrivait sur l’avant du navire. LOIRET évoluant très vite avait abattu sur la droite de 40° au moment où la torpille, à moins de 2 m d’immersion, passait à 2 m de l’étrave d’après l’estimation des canonniers à leur poste de combat à la pièce avant.
Sitôt la torpille passée, je montai sur le banc de quart et essayai par signal d’attirer l’attention de SALAMBO craignant qu’il ne puisse voir le sillage à temps. C’est ce qui a du malheureusement se produire car 25 secondes après le passage de la torpille, SALAMBO sautait. Il était à 40° de l’avant tribord de LOIRET.
L’explosion, formidable, projeta en l’air de nombreux débris dont plusieurs, d’un fort volume, passèrent au dessus de LOIRET. En même temps, une violente secousse ébranla le navire et je crus avoir reçu une 2e torpille. « Je donnai l’ordre « Postes d’évacuation. Gardez la pièce arrière armée et prête à faire feu. »
Quelques secondes suffirent pour me convaincre que le navire n’avait pas été touché et que la secousse provenait de l’explosion d’une grenade Guiraud projetée en l’air par l’explosion de la torpille. Je laissai malgré tout les armements aux embarcations prêtes à être amenées et ordonnai à la machine de marcher le plus vite possible. Je suis passé à 100 m des survivants du SALAMBO auxquels j’aurais laissé tomber une baleinière sans stopper si je n’avais vu le JEAN DORE s’approcher pour leur porter secours.
Je suis venu au 90 afin de pouvoir utiliser les Berger (nota : écrans de fumée). Je fis mettre les fumigènes à la mer 1 mille plus loin. J’étais à 1 mille du 2e rideau de fumée quand un projectile vint tomber à 50 m sur tribord, suivi d’un second à 30 m par le travers de la passerelle. Je fis aussitôt 25 à gauche et un 3e projectile tomba à 20 m, puis le feu cessa. Je vins alors au S40W.
Pendant ces diverses manœuvres, malgré l’attention la plus soutenue, il n’a pas été possible d’apercevoir le moindre indice révélant la présence du sous-marin. J’ai mis en route à 9 nœuds jusqu’à la nuit, direction normale au barrage de fumée, puis à l’Est vrai jusqu’à 22h00, et ensuite sur Paxos. Le chalutier CHAUVEAU m’avait suivi. A la nuit, j’ai diminué la vitesse et repris les zigzags pour lui permettre de me rattraper et de conserver le contact. Les engins Berger ont fonctionné d’une façon parfaite et j’estime que leur utilisation a été efficace.
Je signale l’ordre et le calme avec lesquels tout l’équipage a exécuté mes ordres, la bonne veille, le sang froid et l’initiative dont a fait preuve le maître temporaire LE HOERFF, chef de quart qui a aperçu la torpille, le calme avec lequel les canonniers de la pièce avant à leur poste de combat ont vu la torpille arriver sur eux et passer à 2 m de l’étrave.
Le sous-marin attaquant
C’était donc l’U 38 du Kptlt Clemens WICKEL.
On note qu’il avait en réalité visé le plus gros navire, le LOIRET qui fut manqué de justesse, et que SALAMBO a été la victime collatérale de ce torpillage.
Cdlt
SALAMBO
Naufrage du 19 Avril 1918


Rapport du Commandant LV CAMPION
SALAMBO est un chalutier de 300 tx JB, construit à Aberdeen en 1912 et réquisitionné. Armateur Monsieur PETIT de Rouen.
Effectuait une traversée Toulon – Corfou par Messine. 24 personnes à bord. Pas de passagers.
Je me trouvais sur la passerelle au moment de l’explosion qui se produisit à 18h03 la 19 Avril à la position 38°31 N et 18°10 E. Le sous-marin n’a été aperçu par personne et l’équipage a coulé avec le navire en 20 secondes au plus. Le navire a été frappé 10 secondes après qu’on ait aperçu le sillage de la torpille.
Nous faisions une route moyenne au N62E à 8 nœuds avec zigzags et on venait de terminer une abattée sur la gauche. Nous étions alors au N30E. Beau temps couvert, légère houle de
Sud et faible brise de SE. Bonne visibilité.
Après avoir aperçu le sillage, mis la barre à gauche toute et le bâtiment a eu le temps d’abattre d’un quart environ sur bâbord avant d’être frappé.
Il y avait le CHAUVEAU à 2 milles en avant du convoi, le LOIRET à 400 m sur l’avant du travers bâbord et le DORE à 800 ou 900 m sur bâbord avant. LOIRET a lancé 5 coups de sifflet et hissé le guidon « B ».
Le navire était pourvu de TSF mais n’a eu le temps de lancer un signal.
Tous les documents secrets ont coulé avec le navire. Ces documents étaient enfermés dans le coffre et dans un tiroir de commode fermé à clé dans la chambre du commandant. Seul le CB 85 était sur la passerelle, à la disposition de l’officier de quart. Aucun document n’a été vu flottant parmi les épaves, ni par les survivants, ni par le DORE qui est resté trois quarts d’heure sur les lieux.
SALAMBO était armé de deux pièces de 75 mm, d’une mitrailleuse, et possédait 8 grenades Guiraud à main. Les couleurs n’étaient pas hissées, pas plus que sur les navires du convoi.
Une seule torpille a frappé SALAMBO à 2 m au plus sous la flottaison. Le bâtiment a été sectionné en deux à l’arrière de la cheminée. L’arrière a coulé instantanément. L’avant s’est mâté en l’air, s’est incliné sur tribord et a coulé 20 secondes après l’explosion.
12 personnes ont été tuées ou ont disparu, 2 sont grièvement blessées et 2 sont légèrement contusionnées. L’attitude de l’équipage a été admirable. Tous les hommes de service sont restés à leur poste avec le plus grand sang froid. Les hommes non de quart sont allés prendre leurs ceintures de sauvetage sans désordre et une fois à l’eau, nombreux ont été les actes d’entraide et de dévouement.
L’équipage a été recueilli par le chalutier JEAN DORE qui, après avoir exploré la mer à l’endroit présumé où se trouvait le sous-marin ennemi, est revenu sur les lieux de la disparition du SALAMBO.
Rapport fait à bord de JUSTICE, à Corfou le 23 Avril 1918.
Rapport du Lieutenant de Vaisseau De L’ESCALE, commandant du LOIRET
Le 19 Avril 1918, LOIRET faisait route au N62E escorté par JEAN DORE à bâbord sur l’arrière du travers à 700 m, SALAMBO sur le travers tribord à 500 m et CHAUVEAU devant en éclaireur.
J’étais sur la passerelle de commandement quand le maître de quart Le Hoerff me dit tout à coup en m’indiquant un sillage à bâbord : « Commandant, on dirait une torpille ». « C’est une torpille » m’écriai-je. « A droite toute » dit le maître. « A droite toute » confirmai-je énergiquement et je commandai : « Hissez le signal sous-marin par bâbord ». En même temps je sifflai des coups brefs pour mettre aux postes de combat. Les ordres furent exécutés sans retard.
Le sillage de la torpille venant de l’arrière du travers arrivait sur l’avant du navire. LOIRET évoluant très vite avait abattu sur la droite de 40° au moment où la torpille, à moins de 2 m d’immersion, passait à 2 m de l’étrave d’après l’estimation des canonniers à leur poste de combat à la pièce avant.
Sitôt la torpille passée, je montai sur le banc de quart et essayai par signal d’attirer l’attention de SALAMBO craignant qu’il ne puisse voir le sillage à temps. C’est ce qui a du malheureusement se produire car 25 secondes après le passage de la torpille, SALAMBO sautait. Il était à 40° de l’avant tribord de LOIRET.
L’explosion, formidable, projeta en l’air de nombreux débris dont plusieurs, d’un fort volume, passèrent au dessus de LOIRET. En même temps, une violente secousse ébranla le navire et je crus avoir reçu une 2e torpille. « Je donnai l’ordre « Postes d’évacuation. Gardez la pièce arrière armée et prête à faire feu. »
Quelques secondes suffirent pour me convaincre que le navire n’avait pas été touché et que la secousse provenait de l’explosion d’une grenade Guiraud projetée en l’air par l’explosion de la torpille. Je laissai malgré tout les armements aux embarcations prêtes à être amenées et ordonnai à la machine de marcher le plus vite possible. Je suis passé à 100 m des survivants du SALAMBO auxquels j’aurais laissé tomber une baleinière sans stopper si je n’avais vu le JEAN DORE s’approcher pour leur porter secours.
Je suis venu au 90 afin de pouvoir utiliser les Berger (nota : écrans de fumée). Je fis mettre les fumigènes à la mer 1 mille plus loin. J’étais à 1 mille du 2e rideau de fumée quand un projectile vint tomber à 50 m sur tribord, suivi d’un second à 30 m par le travers de la passerelle. Je fis aussitôt 25 à gauche et un 3e projectile tomba à 20 m, puis le feu cessa. Je vins alors au S40W.
Pendant ces diverses manœuvres, malgré l’attention la plus soutenue, il n’a pas été possible d’apercevoir le moindre indice révélant la présence du sous-marin. J’ai mis en route à 9 nœuds jusqu’à la nuit, direction normale au barrage de fumée, puis à l’Est vrai jusqu’à 22h00, et ensuite sur Paxos. Le chalutier CHAUVEAU m’avait suivi. A la nuit, j’ai diminué la vitesse et repris les zigzags pour lui permettre de me rattraper et de conserver le contact. Les engins Berger ont fonctionné d’une façon parfaite et j’estime que leur utilisation a été efficace.
Je signale l’ordre et le calme avec lesquels tout l’équipage a exécuté mes ordres, la bonne veille, le sang froid et l’initiative dont a fait preuve le maître temporaire LE HOERFF, chef de quart qui a aperçu la torpille, le calme avec lequel les canonniers de la pièce avant à leur poste de combat ont vu la torpille arriver sur eux et passer à 2 m de l’étrave.
Le sous-marin attaquant
C’était donc l’U 38 du Kptlt Clemens WICKEL.
On note qu’il avait en réalité visé le plus gros navire, le LOIRET qui fut manqué de justesse, et que SALAMBO a été la victime collatérale de ce torpillage.
Cdlt
olivier