LA RANCE ― Cargo ― Compagnie générale transatlantique.

[Rutilius]

.
Bonsoir à tous,


■ La perte du cargo La Rance (2 décembre 1917).


● Commandant Émile VEDEL : « Quatre années de guerre sous-marine », éd. Plon-Nourrit, Paris, 1919, p. 276 à 278.


« [...] Le 2 décembre [1917] au matin, le s.s. français Rance, commandé par le capitaine au long-cours Gaillard, se trouvait à 25 milles au Sud de l’île Planier (atterrages de Marseille), lorsque l'officier de quart vit arriver une torpille, qui, suivant sa direction, devait frapper le navire par le travers des machines. Ayant mis immédiatement la barre toute à gauche, il obtint que la Rance fût atteinte beaucoup plus sur l'arrière, ce qui rendit les conséquences de l'explosion un peu moins foudroyantes. La pièce de poupe se trouvant hors de combat, le commandant ordonna d’armer celle de l'avant, mais le sous-marin ne se montra pas tant que le navire ne fut pas évacué.
Etant chargé de fûts vides, la Rance se maintenait à flots, mais s’enfonçait progressivement par l’arrière. Comme l’eau commençait à gagner les machines, le signal d'abandon fut donné, et l’équipage s'affala dans les embarcations. La mer était très grosse, et un canot où vingt-et-un hommes avaient pris place se défonça contre le bord. Ce que voyant, le commandant Gaillard fit immédiatement pousser la dernière baleinière, avec les 13 marins qu’elle portait, afin qu’il ne leur arrivât pas le même accident. C’était se sacrifier volontairement. Il savait d’ailleurs qu’il restait encore, sur la Rance, un officier mécanicien occupé à faire passer à la baleinière de quoi vider l’eau, et le télégraphiste en train de demander du secours. Tous trois disparurent avec le bâtiment, ayant accompli magnifiquement leur devoir.
Prévenu à 11 h. 25 par le S.O.S. de la Rance, le patrouilleur Gabriella arrivait une heure plus tard, surprenant le sous-marin, qui, maintenant qu’il n’y avait plus de danger, achevait sa victime à coup de canon. A peine la Gabriella avait-elle ouvert le feu sur lui qu’il plongeait. Le patrouilleur manœuvra alors pour recueillir les embarcations, opération rendue très difficile par les lames déferlantes.
Quatre hommes dans un youyou furent les premiers sauvés. A 2 heures de l’après-midi, ce fut le tour de la baleinière et des treize marins qu’elle contenait. A 4 heures, on accostait un radeau sur lequel ne se trouvait qu'un seul naufragé, mais qui glisse entre ses planches, au moment où on va le repêcher. En réalité, il venait de mourir d’épuisement. N’en sachant rien, deux hommes de la Gabriella sautent sur le radeau pris à la remorque, et brisent les planches avec une hache pour en retirer celui qui n’est plus qu’un cadavre. Mais l’amarre casse, et il faut exécuter une manœuvre des plus risquées pour rejoindre le radeau parti à la dérive et rembarquer ses occupants. Enfin, à 5 heures du soir, le dernier canot est atteint, celui qui s’était à moitié brisé contre le bord.
Tels étaient les dangers journellement encourus par nos marins de commerce, pour nous ravitailler, et par nos marins de l’État, pour les protéger et les sauver. Oh ! comme j’espère que cette fraternité dans le péril, la plus vraie de toutes, les aura rapprochés à jamais. [...] »


● L’Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 5.681, Mardi 12 févr. 1918, p. 4.

« A L'ORDRE DE L'ARMÉE. ― Sont cités à l'ordre de l'armée :

― GAILLARD, lieutenant de vaisseau auxiliaire : A fait preuve de courage et d'abnégation en refusant d'abandonner son bâtiment torpillé, sachant qu'il ne serait pas le dernier à quitter le bord. Disparu avec son navire.

― AUTRET, 2e mécanicien, Le Havre : Lors du torpillage de son bâtiment, s'est signalé par son courage et son abnégation en restant dans la machine jusqu'à l'ordre d'abandonner ; a concouru à l'organisation du sauvetage. Disparu avec son bâtiment.

― SIMONEAU, quartier-maître T.S.F. : Lors du torpillage de son bâtiment, a fait preuve de courageuse abnégation en continuant à transmettre des signaux pendant l'abandon du navire. Disparu victime de son esprit de devoir. »


― SIMONEAU Eugène Paul, né le 9 juillet 1896 au Mans (Sarthe) et domicilié à Paris, au 21, rue Davy (17e Arr.), mort le 2 décembre 1917, étant « disparu en mer avec le vapeur La Rance (D. M. du 3 décembre 1917) », Quartier-maître électricien T.S.F., Front de mer de Marseille, Matricule n° 100.307 – 2 (Jug. Trib. Bordeaux, 28 oct. 1918, transcrit à Bordeaux, le 6 déc. 1918).

[Terraillon Marc]

Bonjour

Pour l'instant, je ne retrouve pas trace de ce navire dans la flotte de la CGT.

A bientot

[Terraillon Marc]

Re Bonjour

J'ai retrouvé le navire

http://www.frenchlines.com/ship_fr_272.php

Son nom est LA RANCE

A bientot

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

Vu pour La Rance, la fiche est en cours.

Bonne journée à tous,
Franck

[Yves D]

Bonjour à tous
Starke register 1906

LA RANCE FR 1T (10)
2,610 Cie. Générale Transatlantique, St. Nazaire 298.5 x 40.1
C Atel. & Chant. de Normandie, Rouen (9) #99
Torp., shelled and sunk by UC 67, 2 Dec 1917, 22 miles south of Planier Island, voy. Marseille - Algiers

UC 67, Oblt z.S. Karl Neumann
Patrouille du 21.XI au 12.XII
Opération de mouillage de mines devant Marseille et Toulon puis guerre de course
Appareillé de Cattaro le 21.11, en route vers les côtes françaises, il coule le 25 un petit voilier italien au sud de la Sicile. Le 29 il mouille 6 mines devant Toulon puis 12 le lendemain devant Marseille dans le secteur du Planier. Le 2, il torpille la Rance qu'il achève au canon. Il subit ensuite un violent grenadage de la part d'un chalutier armé (Gabriella à l'évidence).
Le lendemain soir toujours dans le secteur du Planier, il envoie par le fond le vapeur italien Carmen d'une torpille tirée en surface.
Le 5 alors qu'il est toujours en chasse dans le même secteur, il torpille l'anglais Greenwich et l'achève d'une seconde torpille "en coup de grâce". Cette dernière provoquait une très forte explosion (sans doute des munitions à bord du vapeur) qui occasionnait quelques dégats extérieurs sur le sous-marin.
Le 8, sur la route du retour, une nouvelle fois, il sabordait un petit voilier italien et rentrait à Cattaro le 12 Décembre où il était immobilisé jusqu'à la mi-janvier pour réparations.
Karl Neumann survivra à la guerre. Au total il aura coulé 68 navires pour 105000 tonnes.

Cdlt
Yves

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

LA RANCE Cargo (1906-1917)

Chantier :

Chantiers & Ateliers de Normandie, Grand Quevilly, Rouen.
Commencé : 1905 ?
Mis à flot : 11.05.1906
Terminé : 09.1906
En service : 1906 (MM)
Retiré : 02.12.1917 (MM)
Caractéristiques : cargo en acier ; 2 610 tjb ; 3 764 tpl ; 94,70 x 12,02 x 7,71 m ; TE 6,40 m ; 1 machine alternative à triple expansion ; 1 400 cv ; 2 chaudières cylindriques timbrées à 12,65 kg/cm² ; 1 hélice ; 11,7 nœuds ; 2 mâts ; 1 cheminée.
Armement : I pièce à l’avant, I pièce à l’arrière.

Observations :

Cargo La Rance de la Compagnie Générale Transatlantique construit à Rouen en 1906 de la série de La Garonne et La Rance, numéro de chantier 99. Ne semble pas avoir été réquisitionné.
1906 : mis en service, il est affecté à la ligne Saint-Nazaire-Algérie
31.12.1906 : il s’échoue dans l’estuaire de la Loire
01.01.1907 : il est renfloué, mais avec l’étambot et le gouvernail arrachés et de nombreuses avaries dans les fonds
02.12.1917 : au cours d’un voyage exceptionnel Marseille-Alger (Cdt Gaillard), il est torpillé et coulé à 22 milles dans le Sud du Planier par le sous-marin UC-67 (OL Karl Neumann) par 42°48N et 005°15E. Quatre hommes périssent dans le naufrage, les survivants sont recueillis par le chalutier-patrouilleur Gabriella.

Cordialement,
Franck

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

Une vue du cargo La Rance :



Cordialement,
Franck

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

Sur le Livre d’Or de la Compagnie Générale Transatlantique :

RANCE

2 décembre 1917

2748 tonnes (capitaine Joseph Gaillard). Attaqué à 10 h. 35, cinq heures après avoir quitté Marseille pour Alger. Au moment de l'explosion de la torpille, le capitaine monte sur la passerelle, pointe les canons ; mais on ne voit pas le sous-marin ; le navire commençant à s'engloutir, on l'évacue. Le capitaine Gaillard, le second mécanicien Aubret, le télégraphiste et un chauffeur ne peuvent s'embarquer et coulent avec le navire. Les survivants sont recueillis par le chalutier "Gabriella". Quatre morts :

† GAILLARD Joseph, capitaine.
† AUBRET Félix, deuxième mécanicien.
† AMBRON, chauffeur.
† SIMONNEAU, télégraphiste.

Témoignage officiel de satisfaction du ministre (25-1-18) :

Le personnel européen du vapeur " La RANCE "
Pour le sang-froid et l'énergie dont il a fait preuve lors du torpillage de son bâtiment.

Citation à l'ordre de l'armée (25-1-18) :

GAILLARD Joseph, capitaine au long cours.
A fait preuve de courage et d'abnégation en refusant d'abandonner son bâtiment, sachant qu'il ne serait pas le dernier à quitter le bord. Disparu avec son navire.

AUBRET Félix, deuxième mécanicien.
Lors du torpillage de son bâtiment, s'est signalé par son courage et son abnégation en restant dans la machine jusqu'à l'état d'abandon ; a concouru à l'organisation du sauvetage. Disparu avec son bâtiment.

SIMONNEAU Eugène, quartier-maître T. S. F.
Lors du torpillage de son bâtiment, a fait preuve de courageuse abnégation en continuant à transmettre ses signaux pendant l'abandon du navire. Disparu, victime de son esprit de devoir.

Citation à l'ordre de la brigade :

TULOUP Paul, deuxième capitaine.
A fait preuve de beaucoup d'énergie et de sang-froid lors du torpillage de son bâtiment, a réussi à assurer le sauvetage de son embarcation dans des circonstances difficiles.

Témoignage officiel de satisfaction du ministre :

GUEGUEN H., chef mécanicien
Pour son sang-froid et son esprit d’énergie lors du torpillage de son bâtiment.

LE RIGUIER J.
Pour le sang-froid et l’énergie dont il a fait preuve lors du torpillage de son bâtiment.

Cordialement,
Franck

[Yves D]

environ 22 milles au sud de l'Ile du Planier

Cdlt
Yves

[Terraillon Marc]

Bonsoir

Là, vous avez bossé !!!

A bientot