JEAN BART II - Patrouilleur auxiliaire

Rutilius
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JEAN-BART-II ― Patrouilleur auxiliaire (1914~1916).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


La perte du patrouilleur auxiliaire Jean-Bart-II,
survenue le 2 février 1916 au large de Durazzo


Rapport de mer du lieutenant de vaisseau Martin Marie Jean Louis DAGUERRE,
commandant le torpilleur d'escadre Commandant-Lucas (3 février 1916)


• Torpilleur d'escadre Commandant-Lucas, Registre historique de la correspondance intéressant le per-sonnel et le matériel du bâtiment ― 13 mai 1914 ~ 20 oct. 1919 ―, note n° 38 : Service historique de la Défense, Cote SS Y 109, p. num. 1.265 à 1.267.

« № 38 ― 3 février 1916.

à Monsieur le Capitaine de Frégate,
Commandant la 1re Escadrille de torpilleurs.

Commandant,


Le 2 février 1916, à 2 h. 50 du matin, après être sorti de Durazzo avec un convoi, le Commandant-Lucas recevait par T.S.F. du Commandant-Bory l’ordre de croiser au large du cap Laghi et de piloter les navires entrant à Durazzo.
Les instructions générales pour ce pilotage, qui m’avaient été données verbalement le 27 janvier par le Chef d’État-major du Contre-amiral commandant la Division d’exploitation, prescrivaient de laisser les bâtiments connaissant bien l’entrée de Durazzo entrer seuls et de piloter seulement les autres.
A 6 h. 50, le Commandant-Lucas était à environ 3 milles dans l’Ouest de Laghi. Il y avait à ce moment là sept vapeurs en vue entre le S.-O. et l’O.S.-O.
Dans le S.-O., deux navires italiens, Molfetta et Melo, en ligne de file. Le Molfetta me dit qu’il n’a pas besoin de pilote et continue sa route pour passer à un mille environ du cap Laghi.
Fait route alors pour reconnaître un groupe de deux autres bâtiments en ligne de file. Ce sont les deux bâtiments anglais (pavillon de guerre) Gazelle et Fauvette. La Gazelle me dit qu’il connaît l’entrée et n’a pas besoin d’être piloté.
Mis le cap sur le 3e groupe de bâtiments composé de trois chalutiers français en ligne de file. Le bâtiment de tête, le Pétrel, me dit que si rien n’a changé depuis deux jours, il connaît l’entrée et n’a pas besoin d’être piloté.
A ce moment là, la Gazelle et la Fauvette me paraissant, de loin, faire une route trop Nord, je me dirige sur eux en donnant l’ordre de hisser le signal international
J.D. (« Vous faites route sur danger. »). Avant que cet ordre ait pu être exécuté, le bâtiment de tête (Gazelle) vient sur la droite, le cap sur les falaises blanches, au N. 50 E. environ. Cette route faisant parer tous les dangers, je ne m’occupe plus de ces deux bâtiments. Je reviens alors élonger la ligne des chalutiers français et fait route pour la contourner par l’arrière. Je demande au Miquelon, qui est le dernier de la ligne, le nom du 2e bâtiment ; il me répond que c‘est le Jean-Bart.
La situation de la ligne des chalutiers pendant que je l’élongeais et la contournais m’a paru être la suivante, vers 7 h. 45 : à six milles environ dans l’O. S.-O. du cap Laghi, route au N. 50 E. En tête, le Pétrel ; à six ou huit cents mètres derrière, le Jean-Bart ; loin derrière, à douze ou quinze cents mètres, le Miquelon.
Pendant que j’élongeais et contournais la ligne de chalutiers, je me préoccupais d’une fumée qui m’avait été signalée dans le N.-O. un instant auparavant, et j’apercevais la mâture d’un croiseur à trois cheminées. Les signaux de reconnaissance faits au projecteur à 7 h. 48 par ce croiseur m’indiquaient que ce devait être le Topaze.
Ayant été prévenu que le Topaze avait hissé un signal de jour que l’on ne pouvait distinguer, je mis le cap au N.-O. pour me rapprocher de lui. Il était 8 h.
A 8 h. 04, une violente explosion se produisit à deux quarts environ sur l’arrière de mon travers. En me retournant, je vis une haute gerbe d’eau et de fumée noire qui enveloppait la partie arrière du Jean-Bart. 40 secondes après environ, ce bâtiment coulait et, à 8 h. 05, on ne voyait plus rien sur l’eau, tandis que persistait pendant plusieurs minutes le nuage de fumée noire. Ce nuage m’a fait supposer que l’explosion avait dû être celle d’une mine. Je devais être à ce moment à une distance du Jean-Bart que j’ai estimée à deux milles environ ; un relèvement m’a permis de fixer à peu près la position de ce que je supposais être des mines, et c’est ce renseignement que j’ai envoyé par T.S.F. au Commandant-Bory, au Marceau et au Vittorio-Emmanuele.
Aussitôt après l’explosion, j’avais fait ordonner l’alerte aux pièces et fait mettre le canot en dehors. Mais, supposant que le Pétrel pouvait suffire pour sauver les hommes qui auraient survécu, et voyant le Miquelon changer de route et venir à droite, j’ai fait suspendre les préparatifs d’armement du canot et suis venu donner à la voix des ordres au Miquelon sur la route à faire pour aller m’attendre à un mille à l’Ouest du cap Laghi, où je l’aurais rejoint pour le piloter, à l’entrée de Durazzo.
Vers 8 h. 45, je me sépare du Miquelon pour rallier le Commandant-Bory que j’aperçois dans le Sud, faisant route au Nord. Je m’aperçois alors que le Pétrel continuait sa route sur Durazzo. Je mets le Commandant-Bory au courant de la situation en lui signalant à bras :
« Chalutier Jean-Bart a sauté à 8 h. 05 à 4 milles Ouest cap Laghi. Le Pétrel, qui était son chef de groupe, ne paraît pas être resté sur les lieux. Pourrait-on demander à Durazzo envoyer vedette faire recherches ? Il me paraît indispensable que bateaux entrant ou sortant passent à ranger cap Laghi... J’ai donné ordre à Miquelon faire route Est, puis passer un mille cap Laghi. Je vais le piloter. »
A 9 h. 10, le Commandant-Bory me signale : « Vais conduire Miquelon. Restez en surveillance. »
A 10 h., sur l’ordre qui m’a été donné par T.S.F. par le Commandant-Bory, je mets le canot à la mer et l’envoie explorer les lieux où s’était produit l’accident.
A midi, le canot me paraissait n’avoir rien trouvé (il était à la voile et n’avait à aucun moment amené la voilure), fait route pour le rallier
A 12 h. 45, pendant que l’on hissait le canot, deux
drifters anglais que l’on apercevait dans l’O.N.-O. ouvrent le feu et hissent le signal indiquant la présence d’un sous-marin. Fait route aussitôt à grande vitesse sur un point noir que l’on aperçoit dans le voisinage des points de chute des projectiles.
Au moment où je me préparais à ouvrir le feu, on s’aperçoit que ce point noir était un homme faisant des signaux. Bien que sa position soit très à l’Ouest du point où a sauté le Jean-Bart, je suppose que cet homme est un des naufragés ; je change légèrement de route en donnant des coups répétés de sifflet à vapeur, et je passe à la portée de voix des
drifters anglais pour leur faire cesser le feu et leur dire que ce sont des hommes à la mer sur lesquels ils tirent. J’aperçois en même temps deux hommes sur une épave et je fais amener le youyou pour les recueillir. Ces sont les nommés Gosselin, second du Jean-Bart, et Blondel, gabier. Le point où je les ai recueillis est à près de quatre milles dans l’Ouest de celui où le bâti-ment a sombré.
Le Commandant-Bory sortant à ce moment de Durazzo, je laisse les deux
drifters anglais continuer les recherches et je fais route pour me rapprocher du Commandant-Bory et le mettre au courant de la situa-tion et l’informer le plus tôt possible que l’un des hommes du Jean-Bart (le second Gosselin) affirme que c’est un sous-marin qui a coulé son bâtiment.
Cet homme m’a en effet affirmé avoir vu, très peu d’instants après avoir pris le quart sur la passerelle, un kiosque de sous-marin émerger et disparaître à 4 ou 500 mètres par le travers tribord du Jean-Bart, quelques secondes à peine avant l’explosion de la torpille.
Après en avoir reçu l’ordre du Commandant-Bory, j’ai fait route sur Brindisi, où je suis arrivé vers 16 h. 30. Les deux naufragés ont été conduits à bord du Marceau. »

.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Terraillon Marc
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Re: JEAN BART II - Patrouilleur auxiliaire

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

Voici une image du JEAN BART (qui ne ressemble pas à un cargo..) ou JEAN BART II

Image

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Rutilius
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Message par Rutilius »

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olivier 12
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Re: JEAN BART II - Patrouilleur auxiliaire

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques précisions sur le naufrage du JEAN BART

Télégramme du commandant Lejay à Marine Paris du 2 Février 1916

Le commandant en chef italien me communique :
« JEAN BART coulé sur mine au large de Durazzo à 4 milles dans l’ouest du cap Laghi. Vous exprime ses vifs regrets. »

Vous télégraphierai quand renseignements complémentaires me parviendront.

Témoignages des rescapés

GOSSELIN Second maître réserviste de Gravelines. Second du JEAN BART

Prenait le quart à 08h00 et recevait les instructions du capitaine Bocage qu’il remplaçait. Etait à bâbord de la passerelle et a entendu le matelot Stéphan donner l’alerte. A vu sur tribord le kiosque d’un sous-marin à environ 400 m. A entendu l’ordre du commandant « A droite toute ». Puis a été projeté à la mer par l’explosion. Estime que la torpille a frappé au niveau des soutes à charbon tribord, à hauteur de la cloison entre machine et chaufferie.
A été recueilli par COMMANDANT LUCAS à 12h30 seulement. Sur la même épave se trouvait le chauffeur Fouesnant, d’Ouessant, qui est mort de froid après deux heures et demie passées dans l’eau.

BLONDEL Victor Gabier breveté, de Dunkerque

Faisait la chambre du capitaine quand l’explosion a eu lieu. N’a pas vu le sous-marin. A essayé de couper la bosse du canot, mais n’a pas eu le temps. A été recueilli par COMMANDANT LUCAS.

STEPHAN Jean Matelot de pont, de Groix

Etait homme de barre et gouvernait à peu près au Nord. A vu par tribord, milieu, à 100 m environ un périscope masqué de temps à autre par le clapotis et qui faisait route vers la terre (Nota : cette indication semblerait prouver que le sous-marin a tiré avec un tube arrière).
A vu le bouillonnement de départ de la torpille et une partie de la trajectoire. A mis immédiatement à droite toute et a prévenu le capitaine. La torpille a frappé le JEAN BART à hauteur de la porte de la chaufferie donnant sur le pont.
Dès l’explosion, a vu l’arrière s’engloutir, a sauté dans les haubans et a grimpé jusqu’à la pomme du mât. Puis a coulé, entraîné par le remous. Revenu à la surface, s’est retrouvé avec le zouave Duval qui l’a soutenu. Ont construit un radeau avec des épaves et ont planté dessus un aviron portant un mouchoir.
Ce radeau a été confondu avec un sous-marin par deux drifters anglais qui l’ont canonné. Vingt sept obus sont tombés près de lui. A conseillé à ses camarades de se coucher sur le plancher ou de s’éloigner à la nage. Quand le feu a cessé, a été recueilli à 13h00 par les drifters.

Note de l’officier enquêteur
:

Cet homme est intelligent et énergique. Il a commandé pendant 5 ans un thonier de Groix. A servi dans l’active et, en 1914, dans la 2e escadre légère où il a subi plusieurs attaques de sous-marins.

MALABARRE Henri

Etait dans le poste équipage et n’a pas vu le sous-marin. A été recueilli en même temps que Stephan par les drifters.

DUVAL Gaston Territorial du 1er zouave, 2e bataillon, d’Alger

Avait été embarqué à Moudros comme pointeur de marchandises. Etait dans le poste équipage lors de l’explosion. A saisi une ceinture de sauvetage et a ainsi pu être sauvé bien que ne sachant pas nager. Recueilli par les drifters.

Note de l’Amiral Lacaze, au Ministre et au commandant en chef de la 1ère armée navale. 8 Mars 1916


Les rapports des commandants témoins du torpillage du JEAN BART sont confus, mais on peut en conclure ce qui suit :

- PETREL, JEAN BART et MIQUELON en ligne de file, route au Nord à 4 milles ouest du cap Laghi
- COMMANDANT LUCAS à 2 milles par le travers du JEAN BART, route au NNW
- COMMANDANT BORY à 10 milles au Sud, route au Nord.

A 08h05, JEAN BART est torpillé et coule en moins d’une minute, avec près de lui trois bâtiments armés pour l’attaque de sous-marins : PETREL à 400 m en avant, MIQUELON à 600 m en arrière, LUCAS à 1200 m. Leur double devoir était de sauver les naufragés et de rechercher le sous-marin pour l’attaquer et le détruire.

Or voici leurs réactions :

PETREL : le commandant croit à une attaque de sous-marin car on a vu le sillage de la torpille. Il vient sur tribord, déborde un canot, puis continue sa route sur Durazzo. Arrivé au port, il comprend son erreur, retourne sur les lieux qu’il explore pendant deux heures, mais ne trouve rien.

MIQUELON : le commandant croit aussi à une attaque de sous-marin. Il vient sur tribord, stoppe, met aux postes de combat, se prépare à déborder les embarcations. Mais il n’entreprend rien et suit COMMANDANT LUCAS qui lui ordonne de partir vers le sud.

COMMANDANT LUCAS : le commandant croit à une mine, mais ne fait rien pour vérifier. Donne pourtant l’alerte aux pièces, déborde un canot puis … vire de bord et fait route plein sud. Il dit supposer que PETREL suffira à sauver les naufragés. Mais il signale pourtant à COMMANDANT BORY que PETREL a quitté les lieux ! Il dit aussi craindre de tomber dans un champ de mines.

Il y a eu chez ces trois commandants une incompréhension complète de leur devoir. Il est regrettable que le CF Frochot, commandant du BORY, n’ait même pas demandé au LUCAS des précisions sur le sort de l’équipage du JEAN BART, et que le LUCAS soit resté muet sur ce sujet.

La conduite du PETREL est inexplicable étant donné les qualités professionnelles dont son commandant avait fait preuve lors de l’évacuation du SAINT JEAN DE MEDUA. Il était tout près des naufragés et, au lieu de leur porter secours, il a continué sa route et est rentré à Durazzo. Ce n’est qu’une fois au port qu’il a compris son erreur et est retourné sur les lieux. Aucune des raisons invoquées pour expliquer sa conduite n’est valable.

Les raisons invoquées par le CF Frochot, du COMMANDAN BORY, sont plus acceptables. N’étant pas sur les lieux, il a pensé que les bâtiments présents avaient porté secours. Plus tard, en réfléchissant au texte du COMMANDANT LUCAS, il a pensé que les secours pouvaient ne pas avoir été fournis et il a donné l’ordre au LUCAS d’envoyer une embarcation.

La grave méprise commise par les chalutiers anglais, et qu’a aussi failli commettre le LUCAS en canonnant le radeau sur lequel s’étaient réfugiés trois rescapés, vient de ce que ces malheureux avaient mâté un pavillon sur le panneau de cale qui leur servait de refuge. Aucun homme n’a été atteint bien que 27 coups de canon aient été tirés, ce qui prouve leur imprécision de tir sur des petits bâtiments.

En résumé, tout le monde a un peu perdu la tête, ne songeant qu’au danger couru par son propre bâtiment et comptant sur le voisin pour porter secours aux naufragés. La méprise des Anglais montre combien la hantise d’un sous-marin fausse le jugement et les facultés d’observation, même de gens du métier.

Aucun des navires n’a pris les mesures commandées par les circonstances et les trois premiers sont responsables de la méprise déplorable des chalutiers anglais.
En conséquence :

- Le lieutenant de vaisseau Daguerre (COMMANDANT LUCAS)
- L’enseigne de vaisseau Couillaud (PETREL)
- Le maître Fredenucci (MIQUELON)

sont remplacés dans leurs commandements.

Ordre n° 26 de l’Amiral Dartige du Fournet

A l’occasion des opérations d’évacuation de l’armée serbe, le Vice Amiral commandant en chef de la 1ère Armée Navale porte à l’Ordre du Jour de l’Armée :

Le second maître de manœuvre Bocage, commandant le caboteur JEAN BART.

« N’a cessé de montrer, depuis le début de la guerre, le plus grand courage et un dévouement inlassable. S’est particulièrement distingué lors de l’évacuation de l’armée serbe de Durazzo à Corfou. A disparu avec son bâtiment, torpillé par un sous-marin. »

Avril 1916. Note de la 3e section au Ministre. Réponse envoyée au député de Loire Inférieure


Madame Veuve Mornet voudrait être renseignée de façon certaine sur le sort de son fils, Marc Mornet, mécanicien à bord du JEAN BART, coulé devant Durazzo le 2 Février dernier.

Il ressort du dossier de cette catastrophe que la torpille a frappé le JEAN BART précisément par le travers de la machine. Par un fatal concours de circonstances, c’était l’heure de la relève de quart et tout le personnel mécanicien se trouvait dans le compartiment qui fut touché.
Les cinq survivants sont très affirmatifs sur deux points :
- C’est une torpille qui a frappé le bâtiment
- Il a coulé en 2 ou 3 minutes

Aucun d’eux n’a vu émerger le sous-marin. Il est donc malheureusement certain qu’aucun homme n’a pu être recueilli par l’ennemi.

Liste des disparus, donnée de mémoire par le second Gosselin, à son arrivée à bord du cuirassé MARCEAU, à Brindisi, le 3 Février 1916.


BOCAGE Charles Lieutenant au long cours Capitaine
VERHAEGUE Georges Chef mécanicien
TOULOUSE Charles Maître au cabotage Sd maître de manœuvre, de Gravelines. Marié
MORNET Marc Sd maître Second mécanicien, de Nantes
LEFEBVRE Georges Ouvrier mécanicien, de Dunkerque
PICARD Louis Ouvrier mécanicien Marié
HOUBERT Henri Chauffeur, de Dunkerque Marié
FOUESNANT Daniel Chauffeur, d’Ouessant
BECUWE Gustave Chauffeur, de Dunkerque Marié
MARQUIER Guillaume QM de manœuvre
POTIN Jean-François Fusilier breveté De l’Ile Vierge
LE CORRE Jean Marie Fusilier breveté
LE GUIRRIEC Auguste Gabier breveté d’active (17 ans, de l’école des mousses)
COLLETER Michel Soutier, matelot de pont
GUILCHER Jean-François Matelot de pont, de l’île de Sein
LONGIS Jean Cuisinier, de Bayonne
SALAUN Emile Matelot de pont, d’Audierne
LE GALL Jean-Pierre Quartier maître Chauffeur

Cdlt
olivier
Rutilius
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JEAN-BART-II ― Patrouilleur auxiliaire (1914~1916).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Commandant Émile VEDEL : « Sur nos fronts de mer », éd. Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1918, 319 p., 2 cartes.

« Commandé par le second maître Bocage, le petit chalutier Jean-Bart était parti de Valona le 1er février, avec le Miquelon et le Pétrel-II, pour aller prendre des Serbes à Durazzo. Le lendemain matin, à 4 milles dans l’Ouest du cap Laghi (pointe méridionale de la baie de Durazzo), ses deux conserves le virent tout d’un coup s’envelopper d’un voile de fumée noire, pencher sur bâbord et sancir par l’arrière. Tout cela en moins de trois minutes. Il venait d’être torpillé (*), et seulement cinq hommes de l’équipage (sur vingt-trois) purent être recueillis. L’un d’eux, le matelot Stéphan, un Ouessantin, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus marin au monde, avait vu le périscope et partir l’engin. Pendant que son bateau coulait, il grimpa le long du mât et fut entraîné assez profondément pour que les oreilles lui saignassent. Péniblement remonté, il parvint à rassembler quelques panneaux de cale qui flottaient, les attacha avec ses vêtements et en fit une sorte de radeau sur lequel il recueillit un camarade et un zouave. Ayant vu l’explosion du bout de l’horizon, des chalutiers anglais accourent, prennent l’épave pour un kiosque de submersible et se mettent à tirer dessus, de sorte que voilà nos rescapés obligés de se rejeter à l’eau pour éviter les projectiles. Les Anglais reconnurent alors leur erreur et vinrent ramasser les trois pauvres diables qui purent se vanter d'être vraiment revenus de loin. » (op. cit., p. 169 et 170).

____________________________________________________________________________________________

(*) En réalité, selon le Journal de navigation du patrouilleur auxiliaire Pétrel-II, le 2 février 1916, à 8 h. 05, à 4 milles ½ dans le N. 35 W. du cap Laghi, le Jean-Bart heurta une mine qui lui fut fatale (Service historique de la Défense, Cote SS Y 401, p. num. 53.)
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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JEAN-BART-II ― Patrouilleur auxiliaire (1914~1916).

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Bonsoir à tous,

Jean-Bart ― Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque. ~ Jean-Bart-II ― Patrouilleur auxiliaire (1914~1916).

Le patrouilleur auxiliaire Jean-Bart-II fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre du 25 août 1914 au 2 février 1916, date de sa perte.

[Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. : Bull. off. Marine 1922, n°14, p. 720 et 748.]

Il prit part à l’évacuation d’Albanie et à l’occupation de Corfou du 2 janvier au 27 février 1916.

[Circulaire du 17 décembre 1931 relative à l’attribution de la Médaille commémorative serbe aux personnels militaires et civils de la Marine, Annexe I., Partie I., B. : J.O. 20 déc. 1931, p. 12.904.]
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Daniel.
olivier 12
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Re: JEAN BART II - Patrouilleur auxiliaire

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Une autre photo du patrouilleur JEAN BART

Image

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olivier
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Bonjour à tous,


JEAN-BART - Cargo - I - .jpg
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JEAN-BART-II ― Patrouilleur auxiliaire (1914~1916).

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Bonjour à tous,


Récompenses consécutives à la perte du patrouilleur auxiliaire Jean-Bart-II


Citation à l’ordre de l’armée

□ Le second maître de manœuvre Charles BOCAGE, qui commandait le bâtiment, fut cité à l’ordre de l’armée dans les termes suivants (J.O. 26 avr. 1916, p. 3.528) :

J.O. 26-IV-1916 - .JPG
J.O. 26-IV-1916 - .JPG (40.88 Kio) Consulté 1059 fois

Inscriptions à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire

□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 18 novembre 1921 (art. 2 ; J.O. 26 nov. 1921, p. 12.995 et 13.006), furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

J.O. 26-XI-1921 - .JPG
J.O. 26-XI-1921 - .JPG (125.03 Kio) Consulté 1059 fois
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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JEAN-BART-II ― Patrouilleur auxiliaire (1914~1916).

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Bonjour à tous,


Officiers mariniers disparus le 2 février 1916 avec
le patrouilleur auxiliaire Jean-Bart-II


[Jug. Trib. civ. Toulon, 22 août 1916, transcrit à Toulon, le 5 sept. 1916]


— BOCAGE Charles François Joseph Cornil, né le 27 juin 1881 à Rosendaël (Nord) et y domicilié. Second maître de manœuvre, capitaine au cabotage, inscrit au quartier de Dunkerque, n° 369. Commandant.

• Fils de François Louis BOCAGE, né vers 1851 à Coudekerque-Branche (Nord), maître de pêche, et d’Emma Corneille FLAMEIN, née vers 1851 à Coudekerque-Branche, repasseuse ; époux ayant contracté mariage à Rosendaël, le 3 octobre 1876 (Registre des actes de mariage de la commune de Rosendaël, An-née 1876, f° 19, acte n° 30 ~ Registre des actes de naissance de la commune de Rosendaël, Année 1881, f° 26, acte n° 107).

— TOULOUSE Jules Charles, né le 24 novembre 1882 à Gravelines (Nord) et y domicilié. Second maître de manœuvre. Officier en second.

• Fils de Pierre Charles TOULOUSE, né le 19 mars 1852 à Gravelines, marin, et de Marie Célina BOUVEUR, née le 6 janvier 1854 à Gravelines, pêcheuse ; époux ayant contracté mariage dans cette com-mune, le 18 décembre 1872 (Registre des actes de mariage de la commune de Gravelines, Année 1872, suppl. f° 2, acte n° 100 ~ Registre des actes de nais-sance de la commune de Gravelines, Année 1882, f° 61, acte n° 238).

• Époux d’Yvonne Léontine FOURMANTIN, née le 22 janvier 1891 à Dunkerque (Nord) et décédée le 25 juin 1971 à Lille (– d° –), avec laquelle il avait contracté mariage dans cette ville, le 31 décembre 1912 (Registre des actes de naissance de la ville de Dunkerque, Année 1891, f° 18, acte n° 94).

— VERHAEGHE Georges Louis, né le 30 mars 1878 à Dunkerque (Nord) et y domicilié. Maître mécanicien à titre temporaire, inscrit au quartier de Dunkerque, n° 3.412. Chef mécanicien.

• Fils de Gaspard Louis VERHAEGHE, né le 12 mars 1852 à Dunkerque, menuisier, et d’Hélène Marie Sophie SPANNUT, née le 25 novembre 1857 à Dunkerque, couturière ; époux ayant contracté mariage à Dunkerque, le 31 mars 1877 (Registre des actes de mariage de la ville de Dunkerque, Année 1877, f° 34, acte n° 62 ~ Registre des actes de naissance de la ville de Dunkerque, Année 1878, f° 61, acte n° 333).

— MORNET Théophile Marcel Eugène Louis, né le 27 août 1888 à La Roche-sur-Yon (Vendée). Second maître mécanicien, officier mécanicien breveté de 2e classe de la Marine marchande (Brevet conféré le 9 février 1910), inscrit le 10 octobre 1913 au quartier de Nantes, n° 17.107. Second mécanicien.

• Fils d’Henri Ferdinand MORNET, né vers 1859, ajusteur, et de Louise Constantine TALLON, née vers 1856, sans profession, son épouse (Registre des actes de naissance de la ville de La Roche-sur-Yon, Année 1888, f° 56, acte n° 208).
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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