bonsoir à toutes et à tous,
bonsoir Ory,bonsoir Véronique
j'aimerais apporter quelques compléments d'infos sur ce qui a déjà été dit
-
concernant le personnel désigné pour ramasser et enterrer les morts
au début de la guerre,le temps de s'organiser,l'armée a fait appel à du personnel varié.
le Génie a été bien sollicité (après,lors de la guerre de position,on lui trouvera d'autres "occupations")
mais aussi de nombreux fantassins qui s'en trouvèrent très ébranlés
ensuite,dès l'automne 1914,ce sont les
services de santé,les brancardiers des bataillons et le G.B.D (groupes de Brancardiers Divisionnaires) qui assumèrent cette tâche,avec évidemment
la priorité au transport des blessés vers les postes de secours et les H.O.E
Henri Barbusse a été l'un de ces brancardiers en 1915
cette activité,moins belliqueuse que les autres,accueillit un grand nombre de
prêtres-soldats et d'aumôniers bénévoles,auxquels se joignirent souvent les aumôniers militaires officiels;il y a eu beaucoup de citations parmi eux
alors si les Territoriaux ont participé à ce travail pénible,c'était au même titre que les autres,ce n'était qu'une de leurs multiples tâches souvent méconnues,il faut savoir aussi qu'ils ont été bien souvent employés en tant que combattants
-
concernant le constat de décès et sa déclaration:
il fallait bien sûr un officier d'état civil compétant ,c'est-à dire celui de l'unité à laquelle appartient le soldat décédé,ou celui de la formation sanitaire dans laquelle il était en traitement
il fallait également 2 personnes ayant
connu le mort et constaté son décès
en temps de guerre,l'obligation faite à l'officier d'état-civil de constater de visu le décès était le plus souvent irréalisable
les directives ministérielles se sont adaptées en permettant d'abord une déclaration de décès si un médecin avait constaté le décès
puis il a été possible de déclarer un décès avec seulement les 2 témoins obligatoires présents
si on avait un mort
sans témoins l'ayant connu,on dressait alors un
procès-verbal de décès avec le maximum de renseignements possibles (pièces et objets,plaque d'identité,mensuration,descriptions des effets,endroit où le corps a été trouvé,etc...)
ensuite le Ministère de la Guerre pouvait déclarer qu'il y avait présomption de décès et saisir les tribunaux pour rendre un jugement de décès
-
les états de pertes et les disparus
après chaque combat,il y avait des états de pertes numériques et nominatifs distingant les blessés,les prisonniers,les morts et les disparus pour lesquels un
"acte de disparition" devait être établi par l'officier d'état-civil
ces listes étaient envoyées au Service de l'état-civil du ministère de la Guerre,mais elles étaient souvent incomplètes ou mal établies,les conditions de leur rédaction (la confusion après la bataille) expliquant cela.
-
les carnets de champ de bataille
le plus souvent,le personnel chargé d'inhumer les morts ne connaissaient pas les victimes,donc aucun acte de décès ne pouvait être dressé
les officiers chargés de procéder aux inhumations tenaient donc des "
carnets de champ de bataille" sur lesquels ils notaient tous les renseignements possibles afin de permettre l'identification ultérieure des corps inhumés
chaque page du carnet était établie en triple expédition:
-une envoyée au ministère (service de Renseignements aux Familles) qui pouvait la confronter aux états de pertes
-la 2ème était remise à l'officier désigné dans chaque secteur pour établir les P.V de constatation de décès,s'il n'avait pas été possible d'établir ni acte de décès,ni P.V de déclaration de décès
la même page était remise au maire de la commune sur le territoire de laquelle se trouvait la sépulture
-la 3ème expédition restait dans les archives de l'autorité chargée de l'inhumation
c'est un peu complexe,mais cela explique les différentes informations ,parfois contradictoires,concernant le sort d'un soldat manquant à l'appel,ainsi que le délai important entre le décès proprement dit et sa déclaration officielle
enfin,une remarque personnelle qui n'engage que moi:je trouve que des mots trop forts ont été dits
"la sale boulot" : oui,c'est un travail affreux et pénible que de ramasser et d'enterrer des morts,mais c'était un devoir (moral et sanitaire) que de le faire,ce n'était pas de la saleté mais des hommes,et les soldats qui le faisaient en étaient trop bien conscients
"il ment":le mensonge n'avait pas sa place dans ces circonstances,il y a eu des erreurs,des omissions,mais c'était compréhensible,et je trouve que l'appareil administratif a toujours été en fonction malgré tout
"la débandade":ce mot induit la fuite et le désordre.....
à Verdun,le 23 février 1916,il fallait avoir le coeur bien accroché...le bruit infernal des bombardements s'entendait jusqu'à Paris
une fois,j'ai rencontré un vieux monsieur né en 1914 qui m'a dit qu'il avait fait partie des derniers habitants de Verdun avant son évacuation;il m'a dit "j'entends encore le bruit du canon"..et c'était un bébé de moins de 2 ans
les soldats qui ont vécu Verdun après le 21 février 1916 en ont eu du courage,et ils sont restés,et s'ils ont reculé,c'est pied à pied...on ne peut parler de débandade
il ne faut pas m'en vouloir,mais il fallait que je le dise
amicalement,
Mireille
sources:
"combattre et mourir pendant la Grande Guerre " de Thierry Hardier et Jean-François Jagielski