Bonjour à tous,
VILLE DE TUNIS
Traversée Alger – Marseille
Capitaine MARINETTI Joseph Bastia 165
1 canon de 75 mm à l’arrière modèle 1897
1 canon de 47 mm à l’avant Modèle 1885
Armement de la pièce avant
- AUFFRET Joseph 104625/2
- LAMURE Pierre 55699/5
Armement de la pièce arrière
- CALOIN Léon QM Bordeaux 5074
- NEDELEC Alain 108057/2
- BONIZEC Joseph Douarnenez 10666
457 passagers militaires et civils
63 hommes d’équipage tous Français
21 naufragés Grecs ramassés en mer
Attaque du 24 Juin 1917. Rapport du capitaine
Quitté Alger le 23 Juin à 03h30 autorisé par le commandant de la Marine à couper directement de Matifou, au lieu d’aller chercher Bougaroni de façon à se trouver au jour sur la ligne de patrouille.
Le 24 Juin vers 03h00, le lieutenant de quart m’avise qu’une embarcation montrant un feu blanc et de laquelle nous sont venus des coups de sifflet de marins, passe le long du bord, puis une deuxième. Faisions route au N65E à 13 nœuds. Temps couvert. Petite brise d’Est.
Certains qu’elles contenaient des naufragés, nous décidons après délibération avec mes officiers de porter secours, mais comme un sous-marin pouvait se trouver à proximité, nous attendons le petit jour en faisant des routes diverses à toute vitesse. A 04h30, sauvé les 21 naufragés faisant partie de l’équipage du KALYPSO VERGOTTI, 4600 tonnes, du port d’Argostoli (Céphalonie) allant de Gênes à Port Breira (baie de Beni-Kaoua) près de Ténés prendre un chargement de minerai de fer pour l’Angleterre.
Chargement du minerai de fer à Port Breira
Son capitaine, Spyros Hykiardopoulos, que j’ai questionné, me dit que la veille vers 21h00, par 37°54 N et 05°46 E, ils ont été canonnés par un sous-marin qui les a obligés à quitter le navire qui fut coulé par des bombes portées par trois hommes du sous-marin avec une des deux embarcations du navire.
Pour faire face à toute éventualité, mis aux postes de combat, avisé passagers et équipage de mettre leurs gilets de sauvetage et de se tenir autant que possible dans les salons en les engageant à être calmes en cas d’alerte.
Vers 04h45, aperçu à 4000 m du lieu de sauvetage un sous-marin en demi-plongée qui, aussitôt aperçu nous tira un coup de canon à boulet auquel nous avons répondu immédiatement. Pris allure de fuite au N45W, fait fonctionner l’appareil fumigène pour dérégler son tir et continuer le nôtre à intervalles distanciés pour ménager nos munitions
Envoyé signal SOS auquel il nous est répondu que du secours nous arrive de 50 milles dans le N90E. Le sous-marin redouble son tir, dont quelques coups doubles tirés en même temps de deux pièces. Sa longueur est d’environ 60 m, son pavillon ne peut être distingué et ne semble pas arboré. Son tir, d’abord mauvais, devient meilleur et plusieurs coups tombent très près de nous. Les gerbes d’eau atteignent le bord et les garde-corps de notre gaillard avant a eu les tringles et les jambettes endommagées.
Le canonnier Pierre LAMURE est légèrement blessé à la cuisse gauche par un éclat d’obus.
Si le tir du sous-marin se précise, le nôtre aussi avec la pièce de 75 placée à l’arrière. Nos deux derniers coups tombent si près du sous-marin qu’il disparaît dans les gerbes d’eau et ne reparaît pas. Nous ne savons pas exactement les causes de sa disparition.
Le combat a duré une heure trente. Le sous-marin a tiré environ 60 coups dont plusieurs doubles. Nous avons répondu par 35 coups de 75. Pendant l’attaque, tout en suivant l’allure de fuite, nous faisions des embardées du côté d’où les coups nous venaient très près. A 06h10, avisé par TSF que nous nous étions échappés.
Je me félicite du calme de tout le monde à bord. VILLE DE TUNIS a eu la bonne fortune, tout en échappant à l’attaque, de favoriser la fuite d’un cargo qui se trouvait à proximité et a sans doute lui aussi échappé au sous-marin.
Récompenses
Citation à l’Ordre de l’Armée
MARINETTI Joseph CLC Commandant
A réussi, après une manœuvre habile et avoir pris toutes les mesures de prudence à sauver les naufragés d’un bâtiment torpillé. A échappé à l’attaque et à la poursuite d’un sous-marin qui a paru être atteint par le tir de son bâtiment.
Le commandant Marinetti est aussi inscrit au tableau spécial de Chevalier de la Légion d’Honneur
Citation à l’Ordre de la Division
ROQUEBLAVE Pierre CLC 2e capitaine
A bien secondé son capitaine pour le sauvetage des naufragés d’un bâtiment torpillé. A dirigé avec calme et sang froid le tir de l’artillerie du bord pendant l’attaque du sous-marin qui a disparu après avoir semblé être atteint par deux coups successifs. A déjà eu un TOS pour l’attaque du MOÏSE.
ROBIN Jean CLC Lieutenant Lorient 51
A fait preuve de beaucoup de calme et de sang froid en assistant le 2e capitaine dans la conduite du tir et les dispositions de sauvetage. A déjà été torpillé sur le VILLE DE MOSTAGANEM et a eu un TOS pour l’attaque du MOISE.
Citation à l’Ordre de la Brigade
CALOIN Léon QM canonnier
A fait preuve du plus grand calme et du plus grand sang froid dans la manœuvre de sa pièce pendant l’attaque d’un sous-marin qui a paru être atteint. Avait parfaitement entraîné son personnel.
LAMURE Pierre Canonnier breveté
A été blessé par un éclat d’obus pendant l’attaque d’un sous-marin. N’a déclaré sa blessure que lorsque la poursuite a été finie. A concouru pendant tout le combat au service de la pièce dont il était venu renforcer l’armement.
Témoignage Officiel de Satisfaction
ORSINI Simon Chef mécanicien
A fait preuve du plus grand sang froid dans la direction de sa machine pendant l’attaque et la poursuite de son bâtiment donnant un bon exemple à tout son personnel.
AUFFRET Joseph Canonnier breveté
NEDELEC Alain Canonnier breveté
BONIZEC Joseph Canonnier breveté
Ont manœuvré avec calme et sang froid pendant l’attaque de leur bâtiment par un sous-marin, faisant preuve d’esprit de discipline et d’entraînement militaire.
Etat-major, équipage et passagers
Ont fait preuve de calme, de sang froid et d’esprit de discipline pendant l’attaque et la poursuite du bâtiment par un sous-marin.
Le sous-marin attaquant
C’était très certainement l’U 63 du Kptlt Otto SCHULTZE, qui avait coulé par bombes (et non torpillé comme répété à de multiples reprises par les officiels) le vapeur grec.
Cdlt