ANNE DE BRETAGNE Trois-mâts barque

Memgam
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Re: ANNE DE BRETAGNE Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

La réglementation française obligeant les navires français à n'embarquer comme équipage que des nationaux, a conduit, parfois, pour cas de force majeure, à embarquer des étrangers en nombre réduit et pour lesquels il fallait une autorisation des autorités compétentes. En Nouvelle Calédonie, il faut se résoudre à embarquer des ex-bagnards.
En 1904, le capitaine Augé, de l'Anne de Bretagne, est ainsi amené à en recruter trois, qui n'ont pas retrouvé leurs droits et qui sont engagés pour 25 francs par mois, moins qu'un mousse.
En 1908, le capitaine Bugault, sur le même navire, engage un ex bagnard, qui, en échange de son rapatriement, ne sera pas payé mais devra aider à la manoeuvre.

Cordialement.

Source : Marc Métayer, Les voiliers du nickel, Alan Sutton, 2003.
Memgam
olivier 12
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Re: ANNE DE BRETAGNE Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Voici quelques extraits du rapport du capitaine Picard depuis son départ de Fredrickstadt jusqu’à sa capture par le KRONPRINZ WILHELM


ANNE DE BRETAGNE, du port de Nantes a quitté Fredrickstadt (Norvège) le 17 Septembre 1914 à la remorque du SAMESUND avec 600 tonnes de fonte et un complément de bois (planned boards) à destination de Newcastle d’Australie et Sydney.

Passé Svenoër à 16h00. La brise fraîchit, passe au SE et souffle en coup de vent à partir de 04h00 le 17. Passé Oxo à 14h00. Etabli la voilure et largué le remorqueur à 16h00 devant Lindernen.

19 et 20 Septembre
Tiré des bords le long de la côte de Norvège.
22 Septembre
Passé Stavanger
25 Septembre
Passé le nord des îles Feroë à 17h00 à 12 milles
26 Septembre
Vent d’WNW soufflant en tempête. Pris la cape. Le grand hunier volant se déchire.
27 Septembre
Aperçu Skull Skerry à 05h00. Viré de bord avec les deux bordées. Rétabli la voilure jusqu’aux perroquets volants pour relever le navire et ne pas dériver.
A 22h00, vent soufflant en ouragan. Petit hunier fixe et faux foc se défoncent et sont perdus. Mer démontée. Violents coups de roulis. Le navire garde de la gite sur tribord.
28 Septembre
Viré de bord à 03h00 du matin avec les deux bordées vu l’état de la mer.
29 Septembre
L’ouragan mollissant, rétabli la voilure à 08h00.
Du 29 Septembre au 10 Octobre, suite ininterrompue de coups de vent de SW à sud qui n’ont permis d’atteindre le parallèle des îles Scilly que le 11 Octobre.
Du 11 au 17 Octobre, fait route avec des vents de NW puis NE.
Le 17 Octobre, par 34°25’ N et 23°40’ W, rencontré EUGENE PERGELINE qui me signale que l’on était inquiet sur notre sort lorsqu’il a quitté Cardiff. Il donnera de nos nouvelles dès son arrivée à Montevideo.
Du 16 au 24 Octobre, petites brises de SSE qui nous font arriver à Boavista (Cap Vert) à 23h00.
Le 1er Novembre, rencontré le BOURBAKI entre les îles Santiago et Tayo.
Le 8 Novembre, rencontré ERNEST REYER ainsi qu’un trois-mâts barque de la maison Bordes, non identifié.
Le 9 Novembre, croisé à nouveau EUGENE PERGELINE courant tribord amures et un autre trois-mâts (peut-être BOURBAKI) courant bâbord amures.
Franchi la zone des calmes équatoriaux avec une brise fraîche d’ENE et le 21 Novembre à 04h00 du matin, aperçu un 4-mâts désemparé ayant près de lui un paquebot. Je pense que le paquebot porte secours au 4-mâts, lorsqu’il hisse la flamme et le pavillon de guerre allemand, ainsi que le signal donnant l’ordre de mettre en panne.
Le paquebot était le KRONPRINZ WILHELM, de la Norddeutscher Lloyd de Bremen, armé de 3 canons et de plusieurs mitrailleuses et transformé en croiseur auxiliaire.

Il envoie un canot avec deux officiers et des marins armés qui montent à bord. Un officier me remet un papier ainsi rédigé :

« C’est la proclamation officielle à vous, Monsieur.
- Votre bateau est ennemi
- Votre cargaison est contrebande
- Il vous faut aller à bord du croiseur auxiliaire tout de suite, vous et votre équipage. Vous êtes autorisés à emporter les choses personnelles.
- Chaque résistance résultera la force
Signé : der Kommandant
Fluerdfelder
Kapitanleutnant »

Emmené sur le croiseur, l’équipage est réuni dans un salon. Le commandant nous fait dans un mauvais français la déclaration suivante :

« D’après une convention entre la France et l’Allemagne, vous serez libres et déposés à terre si vous signez que vous ne tenterez rien contre l’Empire allemand. Autrement, vous resterez prisonniers. »

Le capitaine Picard conclut :
J’ai refusé de signer. Les autres membres de l’équipage ont signé ou n’ont pas signé, mais je n’ai pas voulu blâmer ceux qui ont signé.
Le 4-mâts le long du bord était l’UNION et j’ai retrouvé son capitaine et son second qui étaient prisonniers depuis 3 semaines.

Dans la suite de son rapport, le capitaine Picard raconte le naufrage de l’UNION, le pillage de son navire et les multiples tentatives infructueuses pour le couler, notamment les abordages avec l’éperon du paquebot qui ne donnent aucun résultat. Il pense que finalement des bombes ont été placées à bord. Mais personne n’a vu l’ANNE DE BRETAGNE couler.

Cdlt
olivier
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