Trois-mâts ANNE DE BRETAGNE
Lancé le 18 Février 1901 aux chantiers Dubigeon de Nantes, pour la Société Bretonne de Navigation, dont le siège était 2 rue Contrescarpe à Nantes.
Voilier type SAINT LOUIS et FRANCOISE D’AMBOISE, gréé en trois-mâts barque avec 2560 m2 de voilure.
2800 tonnes de port en lourd.
2062 tx JB et 1570 tx JN.
Longueur 79,75 m Largeur 11,83 m Creux 6,83 m TE 6,20 m
Pris au neuvage par le capitaine Brégeon.
EN 1905, suite à un violent coup de pampero, comme on en rencontre parfois au large de La Plata, le navire se retrouve démâté et désamparé. Il sera remorqué jusqu’à Montevideo par le vapeur anglais PLYMTON qui l’avait trouvé en détresse. Ce dernier demandera 100 000 francs pour le sauvetage.
L’ANNE DE BRETAGNE démâté devant Montevideo en 1905. (nota : erreur sur la photo; il s'agit du 4-mâts LOIRE)

En Septembre 1914, il prend un chargement complet de bois du nord à Fredrikstad (Norvège), complète son chargement avec un lest en fonte et appareille pour Sydney. Pour éviter de rencontrer les croiseurs allemands, il évite la Manche et passe par le nord de l’Ecosse. Il croise l’ERNEST REYER, qui va lui aussi finir tragiquement.
Extrait du rôle
ANNE DE BRETAGNE, immatriculé à Nantes, n° 558, armé au long cours à Nantes en date du 16 Juillet 1914 par la Société Nouvelle d’Armement.
L’équipage a embarqué à Londres le 25 Juin 1914.
Capitaine Auguste PICARD CLC né le 16 Février 1877 à Cancale Inscrit à Cancale
Second Jacques CHASSARD OMM né le 20 Mai 1882 à Montbéliard Inscrit à Nantes
Lieutenant Paul LAVANANT né le 10 Mai 1874 à Lampaul Inscrit au Conquet
Le 7 Septembre 1914, étant à Fredrikstad, le capitaine Picard n’a trouvé aucun marin français pour compléter son équipage. Avec dérogation fournie par le consul, il a embarqué trois matelots norvégiens.
« Le navire a été capturé par le croiseur KRONPRINZ WILHELM le 21 Novembre 1914, en mer, par environ 26°57 S et 33°59 W et coulé ensuite. Le rôle bord et tous les documents ont été pris par le capitaine du navire ennemi, à l’exception de l’acte de francisation.
Les 24 hommes de l’équipage présents à bord ont été embarqués sur le KRONPRINZ WILHELM à bord duquel ils sont restés jusqu’au 20 Décembre 1914. Embarqués le 20 Décembre sur le vapeur allemand OTAVIE qui les a débarqués à Las Palmas le 4 Janvier 1915. Embarqués le même jour à bord du vapeur anglais ORONSA qui les a rapatriés à La Pallice le 11 Janvier 1915. »
Récit de l’équipage
Aperçu le 21 Novembre un grand quatre-mâts franc ayant l’apparence d’un navire de la maison Bordes et semblant désemparé. A côté de lui, un paquebot mixte semblait lui porter assistance. Notre route passait à peu de distance des navires en vue. Ayant approché, le paquebot hisse le signal « Stoppez immédiatement ».Le paquebot était en fait le croiseur auxiliaire allemand KRONPRINZ WILHELM qui avait capturé la quatre-mâts UNION et tranbordait dans ses soutes le charbon de la cargaison.
Mis en panne. Une embarcation se détache du croiseur et un équipage de prise monte à bord, sous la direction de deux officiers. Ils enlèvent tout ce qui peut être utilisé, tandis que l’équipage est rassemblé sur l’arrière. Dans un français médiocre, mais compréhensible, un officier nous informe que le navire est prise de guerre et que l’équipage est prisonnier. Il annonce qu’il sera libéré s’il s’engage à ne rien entreprendre contre l’Allemagne durant les hostilités. Le capitaine refuse de signer.
L’équipage est alors conduit sur le croiseur allemand où il retrouve de nombreux prisonniers, notamment des hommes de l’UNION.
Les accostages fréquents qu’avait nécessités le transbordement du charbon avaient bosselé la coque de l’UNION et provoqué des entrées d’eau. Le lendemain de la capture de l’ANNE DE BRETAGNE, l’UNION chavira et disparut dans les flots.
Le commandant allemand s’occupa alors du trois-mâts nantais. Après avoir mis sur le croiseur tout ce qui pouvait servir, et ne pouvant tirer profit du chargement de bois du nord, il décida de le couler afin de ne laisser aucune trace.
Pensant le couler facilement, il commença par l’éperonner violemment, mais ne réussit qu’à se faire de graves avaries. Maintenu à flot par son chargement de bois, l’ANNE DE BRETAGNE ne s’enfonça pas. Après avoir essayé des bombes, sans succès, il se plaça à petite distance et tira 25 obus. Mais à la nuit tombante, le trois-mâts n’avait pas sombré.
Alerté par TSF (sans doute présence de navires alliés) le KRONPRINZ WILHELM abandonna l’ANNE DE BRETAGNE qui flottait encore et fit route à toute vitesse cap WSW.
Récit du capitaine Grégoire, de l’UNION.
Le 21 Novembre au matin, aperçu un navire à voile. Le KRONPRINZ WILHELM court dessus. C’est le trois-mâts nantais ANNE DE BRETAGNE, chargé de bois du nord et faisant route sur l’Australie, parti de Fredrikstad le 17 Septembre. L’ayant capturé, il revient dans l’après midi avec sa prise, auprès de l’UNION.
A ma connaissance, antérieurement à l’UNION, il avait déjà capturé et coulé trois vapeurs anglais. Le 21 Novembre, il prit l’ANNE DE BRETAGNE, et le 4 Décembre les vapeurs BELLEVUE (anglais) et MONT AGEL (français).
Voici une vue de l’ANNE DE BRETAGNE prise depuis la mâture.

Extrait du journal nantais « Le phare de la Loire » 9 Janvier 1915
« Le vapeur allemand OTAVI est arrivé le 4 Janvier à Las Palmas avec les équipages du vapeur anglais BELLEVUE, du vapeur français MONT AGEL, du voilier français ANNE DE BRETAGNE, ainsi que deux officiers et un marin de l’UNION. Ces navires ont été coulés par le KRONPRINZ WILHELM. L’OTAVI a ravitaillé le corsaire en charbon, vivres et munitions. Le nombre d’officiers et marins débarqués à Las Palmas s’élève à 61 hommes qui seront rapatriés à La Pallice par le vapeur anglais ORONSA. »
Nota 1 : il y a une ambiguité sur les trois hommes de l'UNION qu'une autre source (Lacroix) dit avoir été débarqués à Buenos Aires. Un contrôle s'imposera avec le rôle de désarmement de l'UNION non trouvé pour l'instant.
Nota 2 : l'ORONSA sera torpillé le 24 Avril 1918 par le sous-marin U 91.
Cdlt
Olivier