FANION - Contre-torpilleur

Rutilius
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FANION — Torpilleur d’escadre de 300 t. de type Branlebas (1909~1921).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

□ Le convoyage de l'Empress-Ekaterina II, ou Catherine-II, emportant vers Arkhangelsk la Mission fran-çaise d'aviation en Roumanie (10 ~ 11 octobre 1916).

― 10 ~ 11 octobre 1916 : Convoie jusqu'à 240 milles au large de Brest, en un point sis par 48° 11' N. et 10° 08' W., le paquebot russe Empress-Ekaterina, ou Catherine-II, qui emportait vers Arkhangelsk la Mission française d'aviation en Roumanie.

[• Torpilleur d'escadre Fanion — alors commandé par le lieutenant de vaisseau Auguste Théodore Henri Marie de SOLMINIHAC —, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 214, p. num. 355, note n° 70]
Dernière modification par Rutilius le sam. sept. 16, 2023 10:25 am, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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fredo64
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Re: FANION - Contre-torpilleur

Message par fredo64 »

bonjour,

puisque l'embarquement sur le Catherine II s'est fait en France, il doit bien y avoir un document de douane, ou quelque chose du genre s'y reportant, nous donnant la liste des embarqués, non?
le cas échéant, où faudrait-il fouiller pour trouver ce genre d'élément, svp?

Frédo
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Yv'
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Re: FANION - Contre-torpilleur

Message par Yv' »

Bonsoir,

Nouveauté sur Gallica :

Souvenirs de chasse aux sous-marins allemands. Les Patrouilles du contre-torpilleur Fanion
Auteur : Darde, Fernand (capitaine de corvette)
Éditeur : Perrin (Paris)
Date d'édition : 1919

Yves
alain13
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Re: FANION - Contre-torpilleur

Message par alain13 »


Bonjour,

Je ne sais pas si ce livre est rare, mais je viens de le voir à 60 euros dans une brocante !!!
En tout cas merci pour l'info et merci Gallica (j'ai économisé 60 euros).

Cordialement,
alain
olivierR
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Re: FANION - Contre-torpilleur

Message par olivierR »

Voici des photos du départ du Catherine II à Brest en octobre 1916.

Il semble que l'expédition ne fut pas sans danger !

Il fallait d'après mon Grand-pére éviter les sous marins Allemands et pour cela contourner très au nord _ Mon grand-père m'a dit avoir aperçu les cotes Islandaises pendant son voyage jusqu'à Arkengel _ Le parcours pendant la révolution Russe entre Arkengel et Yassi en Roumanie par le Train a été également assez épique !

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Rutilius
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FANION ― Torpilleur d’escadre de 300 t. de type Branlebas (1909~1921).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

■ Historique (complément).

― 10 ~ 11 octobre 1916 : Convoie jusqu'à 240 milles au large de Brest, en un point situé à 48° 11' N. et 10° 08' W., le paquebot russe Empress-Ekaterina, ou Catherine-II, qui emportait vers Arkhangelsk la Mission française d'aviation en Roumanie.

• Contre-torpilleur Fanion ― alors commandé par le lieutenant de vaisseau Auguste Théodore Henri Marie de SOLMINIHAC ―, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 214, p. num. 355, note n° 70.

« № 70.
Compte rendu hebdomadaire.

Du Jeudi 5 octobre au Jeudi 12 octobre 1916.

Jeudi 5, Vendredi 6, Samedi 7, Dimanche 8, Lundi 9 octobre

Dans l'avant-port de guerre de Brest, les feux éteints.
Installation des portes de communication entre les soutes à charbon de réserve et les chaufferies.
Changé la position du thirion de cale.


Mardi 10 octobre

Dans la matinée, reçu l'ordre de convoyer le vapeur russe Catherine-II à 240 milles au large.

Midi. – Allumé les feux.

4 h. 00 – Sorti de l'avant-port de guerre, et pris un coffre en rade abri en attendant le départ du paquebot.

18 h. 00 – Appareillé en même temps que la Catherine-II sort. Nous prenons l'escorte. La Catherine II fait route en un point situé à 16 milles dans le S.-O. de Créach et ensuite route à l'Ouest ; vitesse 11 nœuds 5 environ.

Beau temps ; petite brise de S.-O.; houle d'Ouest.

Mercredi 11 octobre. ―

Même temps qu'hier. Escorté la Catherine-II jusqu'à 15 h 00.

15 h. 00 – Par L. = 48° 11' N. / G. = 10° 08' W. Gr., quitté l'escorte de la Catherine II ; fait route sur Brest à 14 nœuds.

17 h. 00 – Rencontré le paquebot anglais Royal-George allant à Gibraltar avec des troupes.

Jeudi 12 octobre. ―

Même temps que les jours précédents. Route sur Brest.

2 h. 45 – Croisé l'Ardent escortant un vapeur.

3 h. 05 – Aperçu le feu de Créach.

7 h. 30 – Entré en rade.

7 h. 56 – Amarré dans le port de commerce. Éteint les feux.

Bord, Brest, le 12 octobre 1916,

Le Lieutenant de vaisseau, Commandant,


Signé : Auguste de Solminihac. »


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


― 22 octobre 1916 : Dans le Nord du phare du Four, recueille 8 naufragés du cargo norvégien Risøy, coulé à 13 h. 30 le même jour par l’UB-40 (Kapitänleutnant Karl Neumann), à 15 milles dans le Nord de l’île d’Ouessant, par 48° 45’ N. et 5° 5’ W., alors qu’il se rendait de Barry (Pays de Galles, Royaume-Uni) à Brest avec un chargement de charbon. (uboat.net)

Auparavant, il avait tiré pas moins de 26 coups de canon sur le frêle canot dans lequel avaient pris place ces infortunés marins ― fort heureusement sans les atteindre ―, tous les hommes présents sur la passerelle ayant cru avoir affaire à un sous-marin en demi-plongée !

Risøy – Cargo de 1.129 t. construit en 1909 par le chantier Laxevaags Maskin & Jernskibsbyg, de Bergen (Norvège), pour le compte de l’armement A/S Risøy (O. Bøckmann), établi dans la même ville.

▪ uboat.net —> http://uboat.net/wwi/ships_hit/5145.html


• Contre-torpilleur Fanion – alors commandé par le lieutenant de vaisseau Auguste Théodore Henri Marie de Solminihac –, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le bâtiment : Service historique de la défense, Cote SS Y 214, p. num. 356 et 357, note n° 72.


« n° 72.
Compte rendu hebdomadaire.

Du Jeudi 19 au Jeudi 26 octobre 1916.



Jeudi 19, Vendredi 20, Samedi 21 octobre. ―

Dans l’avant-port de guerre de Brest, les feux éteints.
Dans la soirée de Samedi, reçu l’ordre d’appareiller demain matin à la première heure pour aller croiser dans le Nord du Four, où des sous-marins sont signalés.

Dimanche 22 octobre. ―

5 h. 15 – Appareillé ; sorti de la rade abri pour le port de commerce, les autres passes étant fermées, et fait route pour les parages indiqués.
Vent de S. S.-E. par le Sud fort le matin, tournant progressivement jusqu’au N.-O. en passant par le Sud. Le vent est de force modérée de 10 h. à 14 h., pendant qu’il est au S.-O. ; il fraîchit de nouveau au N.-O., et à la fin de l’après-midi, la mer est creuse et bien hachée.
Un graphique de la sortie est joint au présent compte rendu.
(1)

7 h. 30 – Vapeur français Thérèse-et-Marie descendant le chenal du Four.

9 h. 00 – Vapeur anglais Hyson allant à Plymouth. Nous le détournons sur Brest.

9 h. 00 – Vapeur norvégien Alix allant à Middleborough avec du minerai. Le Hyson et l’Alix faisait sensiblement même route le long de la terre et naviguaient l’un près de l’autre ; à 11 h., l’Alix était coulé par un sous-marin.
(2)
A 9 h. 00, nous interceptons un télégramme anglais : " Sous-marin ennemi en vue par 48° 49’ N., 4° 56’ W., à 7 h. 30. "
Nous faisons immédiatement route à 220 tours sur ce point qui est à 12 milles de nous.
En y arrivant, nous voyons sur l’eau un grand nombre d’épaves, bouts et caisses, provenant très certainement du chargement d’un bâtiment coulé.
Nous continuons notre route à l’O.N.-O. pour aller reconnaître un certain nombre de bâtiments dans le Nord d’Ouessant ; parmi ceux-ci, reconnu trois bâtiments neutres que nous laissons continuer et, à 10 h. 15, le transport anglais Hatunet, allant à Gibraltar avec du charbon.

11 h. 30. – Le paquebot anglais Hightland-Pride allant à Londres avec de nombreux passagers. Nous détournons ce paquebot sur Brest.

14 h. 00. – Croisé le vapeur norvégien Kingston allant à Barcelone avec du coke.

17 h. 25. – Reconnu le vapeur français Saint-Marc allant en Manche. Je le préviens de la présence d’un sous-marin au Nord du Pontusval et lui conseille de naviguer les feux masqués.

17 h. 38. – A 10 milles dans le Nord du Four, aperçu par le travers tribord deux ou trois éclats rouge très brillants.
Mis immédiatement la barre à droite toute et réglé les machines à 190 tours, allure maxima permise par l’état de la mer.
Nous voyons alors un point noir apparaissant sur la crête des lames ; prenant ce point noir pour un sous-marin, je fais ouvrir le feu d’abord à 3.000 mètres, puis à 2.000 mètres.
Après quelques coups, l’objet ayant été perdu de vue et le tir s’égarant, je fais cesser le feu.
Puis l’objet paraît de nouveau ; repris le feu à 1.200 mètres, puis 800 mètres ; le but est encadré, mais le tir est naturellement très dispersé, à cause des mouvements désordonnés du bâtiment dans la grosse mer.
A 700 m ou 800 m, nous reconnaissons que ce que nous avions pris pour un sous-marin est un canot et recueillons 8 hommes de l’équipage du navire norvégien Risøy qui a été coulé par un sous-marin à 13 h. 30, à 17 milles dans le Nord d’Ouessant.
Nous avions tiré 26 coups de canon. Aucun n’avait atteint l’embarcation et notre méprise n’a pas eu heureusement de conséquences fâcheuses. Elle ne se serait pas produite en plein jour ; mais à 5 h 38, le soleil était couché depuis 20 minutes et il faisait presque nuit ; à cause de la mer très hachée, le feu Coston rouge brûlé par les naufragés nous est apparu sous la forme de plusieurs éclats très brillants d’une lampe électrique, qui nous a semblé des plus suspect ; le canot avait un mât et il n’y a eu qu’une voix sur la passerelle
: " On distingue le kiosque et le périscope ! " Tout le monde a eu la même impression d’un sous-marin en demi-plongée.
Après avoir recueilli les 8 hommes, nous avons dû abandonner le canot, ne pouvant l’embarquer à cause de la mer, et jugeant absolument inutile pour la même raison de le prendre à la remorque. Cette embarcation très creuse était d’un très joli modèle et tenait remarquablement la mer.

18 h. 00 – Fait route sur Brest.

21 h. 10 – Entré en rade abri par le port de commerce.

21 h. 20 – Pris un coffre sous le château. Constaté qu’un tube de la chaudière avait été crevé. A minuit, une chaloupe de la Direction du port vient prendre les naufragés.
[...] »

__________________________________________________________________________________________

(1) Non joint à la transcription du rapport de mer.

(2) Alix – Cargo de 1.584 t. construit en 1889 sous le nom de Loch-Katrine par le chantier Gourlay Bros & C°, de Dundee (Écosse, Royaume-Uni ), pour le compte de la Dundee Loch Line Steam Shipping Co. Ltd. (Leitch), dont le siège social était établi dans la même ville ; renommé Veloz en 1901, puis Alix en 1915, après sa cession à l’armement D/S A/S Alix (A. Salvesen), de Tvedestrand (Sørlandet, Norvège).

The Wrecksite —> http://www.wrecksite.eu/wreck.aspx?134675

Arraisonné, puis coulé par une torpille, le 22 octobre 1916, par l’UB-39 (Kapitänleutnant Werner Fürbringer) à 15 milles dans l’Ouest du phare des Triagoz, par 49° 10’ N. et 3° 40’ W., alors qu’il se rendait de Bilbao à Stockton (North Yorkshire, Royaume-Uni) avec un chargement de minerai de fer.

▪ uboat.net —> http://uboat.net/wwi/ships_hit/6772.html


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

― 1er décembre 1916 : A 5 milles au N. 83 W. de l’île Vierge, recueille dans deux doris les huit hommes d’équipage de la goélette Thérèse, canonnée puis coulée au moyen de charges explosives le 30 no-vembre 1916 par le sous-marin allemand UC-21 (Oberleutnant zur See Reinhold SALTZWEDEL), à 32 milles dans le N. 17 W. de l’île d’Ouessant. Remet les naufragés au Torpilleur 304 alors stationné en baie de Bertheaume.

Thérèse — Goélette de 165 tx jb construite en 1903 par la société Chantiers Bonne-Lesueur (Émile Bonne), établie à Poulafret en Kérity ― aujourd'hui quartier de Paimpol (Côtes-du-Nord ― désormais Côtes-d’Armor) ―, pour le compte des consorts Louis Choplin, de Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), et P. Fresneau, de Paimpol.

• Torpilleur d'escadre Fanion ― alors commandé par le lieutenant de vaisseau Auguste Théodore Henri Marie de SOLMINIHAC ―, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 214, p. num. 361, note n° 77.

« № 77.
Torpilleur d’escadre Fannion.
Commandé par M. de Solminihac, Lieutenant de vaisseau.

Du Jeudi 23 novembre au Samedi 2 décembre
[1916]

...............................................................................................................................

Jeudi 30 novembre

8 h. 55 ― Appareillé pour aller croiser sur la côte Nord de la Bretagne.

................................................................................................................................

18 h. 45 ― A 7 milles à l’Ouest de l’île Vierge, reçu un télégramme du préfet maritime informant que le sémaphore de l’Aberwrac’h avait entendu des coups de canon dans le N. N.-O. Nous allons dans la direction indiquée, mais sans rien voir.

20 h 20 ― Entré en baie de l’Aberwrac’h.

20 h 50 ― Mouillé au mouillage de Cézon.

Vendredi 1er décembre

Très beau temps ; grosse houle de N.-O. ; petite brise de N.-E.

6 h. 30 ― Appareillé.

7 h. 15 ― A 5 milles au N. 83 O. de l’île Vierge, recueilli les 8 hommes d’équipage de la goélette française Thérèse de Saint-Servan, coulée hier par un sous-marin à 30 milles au Nord d’Ouessant, et embarqué ses deux doris.

................................................................................................................................

9 h. 45 ― Reçu l’ordre de conduire à l’arraisonneur de Saint-Mathieu l’équipage de la Thérèse.

11 h. 33 à midi ― Mouillé à Bertheaume pour débarquer les doris et remettre les naufragés au Torpilleur 104.
[...] »
_________________________________________________________________________________________
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Rutilius
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Re: FANION - Contre-torpilleur

Message par Rutilius »




― 18 janvier 1917 : Recueille les cinq hommes de l’équipage du dundee Louise, coulé au moyen de charges explosives le même jour par l’UC-18 (Oberleutnant zur See Wilhelm Kiel) à 14 milles dans le S. 25 W. de l’île de Penfret alors qu’il allait de Bordeaux à Swansea (Pays de Galles, Royaume-Uni) avec un chargement de 65 t. de poteaux de mines. Débarque les naufragés à Concarneau. Alors affrété par Gabriel Beaumartin, de Bordeaux et commandé par Albert Gossin, inscrit à Paimpol, n° 466.

Ce sous-marin coula le même jour, avec le même modus operandi, à 6 milles dans le S. 34 E. du Guilvinec, le trois-mâts mixte Louis-Joseph, bâtiment de 197 tx jb appartenant à l’armement Faustin & Cie, de La Rochelle.


Louise – Dundee de 101,56 tx jb et de 79 tx jn construit en 1902 par le chantier ... pour le compte de l’armement Ed. Amélineau, de Bordeaux (Gironde). Francisé le 28 novembre 1902. Coût de construction : 7.533, 54 F.


I. – Torpilleur d’escadre Fanion – alors commandé par le lieutenant de vaisseau Auguste Théodore Henri Marie de Solminihac –, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 214, p. num. 363 et 364, note n° 80.


« n° 80.

Torpilleur d’escadre Fanion.

Commandé par M. de Solminihac, Lieutenant de vaisseau.


Rapport de croisière

Sortie du Mercredi 17 au Dimanche 21 janvier 1917


....................................................................................................................................................


Jeudi 18 janvier.


6 h. 00 – Appareillé ; passé l’Est de Penfret et fait route pour rallier la ligne Belle-Isle ~ Armen et croisé sur cette route vers le N.-O.

8 h. 00 – Aperçu l’Étourdi et la Sainte-Jehanne.

9 h. 04 et 9 h. 15 – Reconnu près de Penmarc’h les vapeurs norvégien Follo-Asmund et anglais Islandia faisant route à l’E. S.-E.
Deux autres vapeurs, arraisonnés par les autres patrouilleurs, font aussi route dans la même direction.
Nous revenons alors vers l’E. S.-E. pour protéger ces vapeurs.

10 h. 45 à 11 h. 00 – A 9 milles dans le S. S.-O. de Penfret, croisé les trois vapeurs français Château-Laffitte, Château-Yquem et Barsac faisant route au N.-O.

11 h. 00 – Revenu vers le N.-O. avec l’intention d’escorter ces vapeurs, lorsque M. l’Enseigne de Vaisseau Le Merdy, officier de quart
(1), me signale un sous-marin par bâbord (Dundee Louise, chargé de poteaux de mine).
Mis aussitôt le cap sur le sous-marin, machines à 260 tours, et rappelé aux postes de combat. En même temps, nous signalons par T.S.F. la présence du sous-marin.

11 h. 07 – Une explosion se produit à bord de la Louise.

11 h. 07 – Tiré deux salves de deux et trois coups sur le sous-marin à 8.000 mètres. Les coups tombent courts (mais assez près, au dire du capitaine de la Louise). Le sous-marin disparaît.
Nous patrouillons à grande vitesse pendant une heure dans les environs du sous-marin.

12 h. 30 – Reconnu à 11 milles au S. 14 O. de Penfret le vapeur danois Tomsk, route au S. 52 E., qui nous déclare aller à Marseille. Ce vapeur ayant été signalé autrefois comme suspect, j’informe le Chef de Division de cette rencontre, et en attendant une réponse, nous restons en vue du Tomsk.

12 h. 45 – Recueilli l’équipage de la Louise.

15 h. 12 – Reçu l’ordre de laisser passer le vapeur Tomsk. Nous revenons croiser au Sud des Glénans.

18 h. 30 – Mouillé à Concarneau.

.......................................................................................................................................................

Bord, Lorient, le 23 janvier 1917,
Le Lieutenant de Vaisseau, Commandant,

Signé : de Solminihac.
»

___________________________________________________________________________________________


(1) LE MERDY Jacques Cyr Léopold Guillaume Victor, né le 27 juillet 1893 à Saint-Cyr-l’École (Seine-et-Oise – aujourd’hui Yvelines –) et décédé le ... à ... (...).

___________________________________________________________________________________________



II. – Torpilleur d’escadre Fanion, Journal de navigation n° 1 / 1917 – 17 janvier ~ 12 février 1917 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 213, p. num. 160 et 161 (extraits).


« Jeudi 18 janvier 1917.

.....................................................................................................................................................


Quart de 8 à 12 h.

.....................................................................................................................................................


11 h. 06 – Poste de combat. Aperçu un sous-marin à l’horizon près d’une goélette.

11 h. 07 – Commencé le feu.

11 h. 09 – Cessé le feu
(1). La goélette coule. Le sous-marin disparaît.

11 h. 11 – 14 milles au S. 25 W. de Penfret. Autour du canot des naufragés.

11 h. 30 – Rompu du poste de combat. Bordée de quart au poste de veille.

11 h. 50 – Route sur le youyou des naufragés.

11 h. 50 – Communiqué à la voix avec canot. Les naufragés continuent leur route.


Quart de 12 à 16 h.


12 h. 00 – Bordée de quart au poste de veille.

12 h. 05 – Route sur un vapeur.

12 h. 00 – Reconnu le vapeur danois Tomsk allant à Marseille avec chargement de charbon et cargaison assortie.

12 h. 27 – 11 milles au S. 24 W. de Penfret.

12 h. 38 – 11 milles 2 au S. 24 W. de Penfret. Recueilli les 5 naufragés de la matinée. Dundee Louise de Bordeaux allant à Swansea avec des poteaux de mine.

13 h. 00 – Resté en vue du vapeur Tomsk.

13 h. 57 – 17 milles 5 au S. 21 E. de Penfret.

15 h. 07 – Manœuvré pour recueillir une barrique.

15 h. 25 – 10 milles au N. 78 W. de Goulfar.


Quart de 16 à 18 h. 30.


16 h. 00 – Bordée de quart au poste de veille.

16 h. 24 – Pour reconnaître une épave.

16 h. 30 – Reconnu une caisse. Revenu à la route.

17 h. 00 – 9 milles au S. 13 W. de Penfret.

17 h. 38 – Passé entre Penfret et Basse Jaune.

18 h. 30 – Mouillé bâbord par 10 m. de fond. Filé un maillon ½. Mouillage de Concarneau.
»

___________________________________________________________________________________________

(1) Furent tirés 3 obus de 47 mm et 2 de 65 mm (Journal de bord n° 1 / 1917 – 8 janvier ~ 3 février 1917 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 211, p. num. 16).


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


― 17 mars 1917 : Recueille sur un radeau, par 49° 31’ N. et 08° 53’ W., 9 chauffeurs arabes du cargo charbonnier Balaguier, de la Société des charbons agglomérés du littoral méditerranéen, torpillé le 15 mars 1917 à 16 h. par le sous-marin U-70 (Kapitänleutnant Otto Wünsche) à 150 milles dans le S.-W. de Bishop-Rock, par 48° 40’ N. et 09°. 30’ W. Les débarque le 20 à Brest.


I. – Torpilleur d’escadre Fanion – alors commandé par le lieutenant de vaisseau Auguste Théodore Henri Marie de Solminihac –, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le bâtiment : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 214, p. num. 379 et 380, note n° 91.


« n° 91.

Compte rendu hebdomadaire

du Jeudi 15 mars au Jeudi 22 mars 1917.


.......................................................................................................................................................


Vendredi 16 mars [1917].

Dans l’arsenal de Brest.
Embarqué 57 tonnes de charbon.

19 h. 30 – Reçu l’ordre d’appareiller demain matin à 8 h 00 pour aller chercher l’épave du vapeur français Circé, signalée à 97 milles dans le S. 70 O. de Bishop-Rock.


Samedi 17 mars.

.......................................................................................................................................................

9 h. 00 – Rencontré deux chalutiers armés anglais
(1) qui recherchent comme nous l’épave du Circé.

10 h. 00 – L’Atlas nous signale qu’en passant au point indiqué pour le Circé, il a rencontré de nombreuses épaves.

14 h. 30 – Par L. = 49° 39’ N. ~ 8° 34’ W. Gr., rencontré une embarcation crevée et abandonnée et un grand nombre d’épaves.

16 h. 07 – Aperçu un radeau avec des naufragés par L. = 49° 31’ N. ~ G. = 8° 53’ W. Gr.

16 h. 15 – Recueilli sur un radeau neuf chauffeurs arabes du vapeur français Balaguier. L’un d’eux est sans connaissance.
Ces hommes nous déclarent que leur bâtiment a été torpillé Jeudi dernier, à 16 h, que le capitaine et l’équipage blanc sont partis dans deux embarcations et qu’eux ont été abandonnés sur ce radeau, sans eau et sans vivres. Ils ajoutent que le bâtiment ayant mis plusieurs heures à couler, le capitaine a pu retourner à bord prendre ce qui était nécessaire pour lui et ses hommes, mais qu’il a refusé de leur prêter aucune assistance, leur disant seulement qu’aussitôt arrivé à terre, il les enverrait chercher.
J’estime qu’il y a lieu de vérifier les dires des chauffeurs arabes et qu’une enquête s’impose sur la conduite du capitaine du Balaguier.

........................................................................................................................................................

Lundi 19 mars.

........................................................................................................................................................


13 h. 15 – L’état d’un des naufragés ayant subitement empiré, je demande à l’Atlas liberté de manœuvre pour rallier Brest.
Fait route à 14 nœuds.

17 h. 20 – Décès d’un des naufragés.

20 h. 30 – Atterri à Ouessant.

Minuit – Mouillé à Morgat.

Mardi 20 mars.

Vent de N.-O. fort ; mer grosse.

6 h. 30 – Appareillé pour Brest.

8 h. 50 – Amarré à l’avant-port de guerre.
(2)

Dans la matinée, une voiture ambulance vient prendre le corps du chauffeur arabe décédé et emmener les autres naufragés à l’hôpital.

........................................................................................................................................................

Bord, Brest, le 22 mars 1917.

Le lieutenant de vaisseau, commandant,
Signé : de Solminihac.


Remarques.

1° – Je dois de signaler que pendant la journée du 17 mars, Land’s End a signalé en clair la position de l’épave du Circé ; comme il y avait un sous-marin ennemi qui opérait dans la région, il est possible qu’il ait coulé cette épave avant notre arrivée sur les lieux.

2° – Les épaves rencontrées le 18 à 14 h. 30 devaient provenir d’un bâtiment français ; tout au moins, une plaisanterie écrite sur une armoire à pavillons que nous avons ramassée doit le faire supposer, et l’embarcation crevée et chavirée fait penser qu’il s’agit du vapeur Balaguier.
»

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(1) L’un des deux chalutiers britanniques armés partis à la recherche de l’épave du Circé était le F.D. 243 (Journal de bord du Fanion n° 3/1917 – 4 mars ~ 2 avr. 1917 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 211, p. num. 94).

(2) Amarré sur le contre-torpilleur Gabion (Ibid., p. num. 97).

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II. – Torpilleur d’escadre Fanion, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le bâtiment : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 214, p. num. 380 et 381, note n° 92.


« n° 92.

Le Lieutenant de vaisseau de Solminihac, commandant le torpilleur d’escadre Fanion,
à Monsieur le Capitaine de Vaisseau, Chef de division des Escadrilles de Patrouilles de l’Océan.



Commandant,

Le Dimanche 18 mars, à 16 h. 15, par L. = 49° 31’ N. ~ G. = 8° 53’ W. Gr., nous avons recueilli sur un radeau neuf matelots chauffeurs arabes du vapeur français Balaguier, torpillé dans l’après-midi du Jeudi 15 mars par un sous-marin allemand.
L’un des naufragés avait déjà perdu connaissance ; il est mort au bout de 24 heures passées sur le Fanion. Les huit autres se plaignaient surtout de la soif ; ils avaient tous les pieds enflés et l’un d’eux souffrait d’une profonde brûlure au poignet, reçue au moment de l’explosion de la chaudière du Balaguier. Tous ces hommes ont été transportés à l’hôpital maritime de Brest dès la rentrée du Fanion dans la matinée du 20 mars.
Leur état d’affaiblissement, joint à leur très médiocre connaissance de la langue française, rendait très difficile d’obtenir d’eux des renseignements complets précis. Voici, néanmoins, ce que nous avons compris de leurs explications :
Le Balaguier, parti d’Angleterre depuis trente heures, avait été torpillé le Jeudi 15 mars à 16 h. L’explosion, qui s’était produite dans la chaufferie, avait tué un chauffeur arabe.
Aussitôt après, on avait mis deux embarcations et un radeau à la mer ; une des embarcations s’était crevée ; le capitaine et l’équipage blanc avaient pris place dans l’embarcation qui restait à flot, et les 13 chauffeurs arabes sur le radeau, ou plutôt sur deux radeaux amarrés ensemble.
Puis, comme le Balaguier continuait à flotter (il n’avait coulé que le Vendredi matin), le capitaine était retourné à bord et avait pris pour lui et ses hommes des vivres et des vêtements ; puis il avait fait mettre à la mer une embarcation plus petite que les deux autres.
Quand les Arabes demandèrent à leur capitaine de leur donner les moyens d’aller prendre à leur tour des vivres, de l’eau et des vêtements, il leur opposa une fin de non recevoir absolue. A cette demande
: " Donnez-nous au moins un peu d’eau.", il avait même répondu : " Vous n’avez qu’à boire de l’eau de la mer." Puis, il leur dit : " Nous allons aller à terre et, dès que nous seront arrivés, je vous enverrai chercher."
Quatre des naufragés étaient morts dans la journée du Samedi ; le mauvais temps survenu dans la nuit du Dimanche au Lundi aurait certainement amené la perte des survivants si nous ne les avions pas recueillis. D’ailleurs, ils étaient légèrement vêtus, absolument dénués de tout, et n’avaient, comme moyen de navigation, qu’un aviron, un petit mât et un bout de voile.
Si les dires des naufragés sont exacts, le capitaine du Balaguier a manqué à ses devoirs les plus élémentaires ; dans tous les cas, une enquête sur sa conduite me paraît s’imposer. Et il serait également nécessaire de savoir combien d’embarcations disposait le Balaguier, s’il était possible de les mettre toutes à la mer, et, enfin, combien d’hommes pouvaient contenir les deux canots qui ont atterri en Angleterre avec l’équipage blanc.
Le 18 mars, à 18 h 34, nous avons intercepté la fin d’un télégramme de Land’s End, dont le début avait été brouillé
: " ... men are survivors of french steamer Balaguier."

Bord, Brest, le 22 mars 1917. »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
lepuy
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Re: FANION - Contre-torpilleur

Message par lepuy »

Bonjour,

Je ne sais pas si ce livre est rare, mais je viens de le voir à 60 euros dans une brocante !!!
En tout cas merci pour l'info et merci Gallica (j'ai économisé 60 euros).

Cordialement,
alain
Lors de ma visite au vide grenier de Montaigu (pas loin de Nantes…) j'ai acquis ce livre , ainsi que d'autres de la même époque, à 1 € le livre. Chance? C'est un livre passionnant.
Cordialement.
lenny
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Re: FANION - Contre-torpilleur

Message par lenny »

Bonsoir à tous ,

Voici deux photos montrant le Fanion en cale sèche à Brest après son abordage par le cargo américain Wyandotte et une autre où l'on voit quelques matelots de ce même navire , dont mon grand-père .

Cordialement.

Hervé.
lenny
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Re: FANION - Contre-torpilleur

Message par lenny »

Bonsoir à tous ,

Voici une photo du Fanion en cale sèche à Brest suite à sa collision avec le cargo américain Wyandotte.Image

Cordialement.

Hervé.
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