Le jour du naufrage est indéniable.
Les deux positions sont précises, correspondent entre elles et semblent confirmées par l'arrivée des naufragés à Roscoff à 17h00.
De plus, le trajet Falmouth - Tréguier ne peut justifier un passage au NE de Barfleur.
Vu le rapport d'enquête côté français, je pense qu'il faut attribuer ce navire à un autre sous-marin que l'UB 18 s'il n'était pas sur zone ce jour-là.
Cdlt
(NB : j'ai aussi le même genre de problème avec l'ANAÏS dont la fiche est à venir. Du travail en perspective... )
Nouvelles variations sur l'origine de l'interjection À Dieu-vat, ou À Dieu-va. Néanmoins, j'avoue humblement ne pas avoir saisi tous les termes utilisés par Pierre de Bonnefoux pour décrire l'ultime manoeuvre correspondant à cet ordre ! Mais, diable !, quelle merveilleuse poésie que celle du language maritime ! Pour « chercher à aider l'opération », il importait en effet de filer l’écoute de misaine, tout « en choquant la boulinette » ...
■ Pierre de Bonnefoux : « Dictionnaire de la marine à voile et à vapeur », 1856, réédité en fac simile par René Baudouin, Difunat, Paris, 1980, p. 10 et 11 :
« A-DIEU-VA ! A-DIEU-VAT ! Helm’s a lee ! ― Second commandement d’un virement de bord vent devant. Pour l’exécution de ce commandement, la barre du gouvernail se met sous le vent, mais en douceur, afin de ne pas amortir trop brusquement l’air du bâtiment ; en même temps, on hale la bôme au vent jusqu’au milieu du couronnement pour que la brigantine contribue, avec le gouvernail, à faire loffer le navire ; et, quand les voiles carrées commencent à ralinguer, on file les écoutes des focs.
Si le bâtiment s’arrête et paraît ne pas devoir franchir le point douteux, qui est celui où les voiles carrées vont commencer à être coiffées, on peut chercher à aider l’opération, en filant l’écoute de misaine et en choquant la boulinette : l’utilité de ce supplément de manœuvre est, il est vrai, contestée ; mais il ne saurait être nuisible en ne l’employant que lorsque l’oloffée vient à s’interrompre. Plusieurs faits, au besoin, en prouveraient, même, l’avantage, et, notamment, celui que nous allons citer, parce qu’il est très-remarquable, et qui eut lieu à bord de la Recherche, commandée par M. d’Auribeau, capitaine de pavillon de l’amiral d’Entrecasteaux : trois virements manquèrent près des brisants de la Nouvelle Calédonie ; l’alarme était à son comble, car c’en était fait, si la quatrième ne réussissait pas et la Recherche était perdue. M. d’Auribeau fit filer l’écoute de la misaine et le virement s’effectua !
On voit que la partie de la manœuvre exécutée par suite du commandement d’A-dieu-va ! dépend celui de l’exécution entière ; on voit encore quelle est l’importance, en certains cas,, de cette même évolution ; et l’on ne saurait trop désirer l’application à bord d’un agent mécanique pour suppléer, alors, à l’effet du gouvernail, car celui-ci devient nul lorsque le navire n’a plus de vitesse, c.-à-d., au moment critique de l’opération. P. p. a. d. voy. ÉVOLUEUR. Le commandement d’A-dieu-va ! se faisait, autrefois, avec une certaine emphase ; les navires, en ce temps, avaient peu de qualités nautiques ; ils manquaient souvent à virer de bord, et il en pouvait résulter de fréquents naufrages lorsque l’évolution avait lieu près de la côte. Aussi, trouve-t-on, dans les termes eux-mêmes d’A-dieu-va ! une invocation à la divinité, dont on implorait directement la protection. Aujourd’hui, on préfère supprimer ce commandement, et on en fait exécuter les diverses parties, chacune à son tour. Quand le moment est venu d’effectuer un virement de bord, le commandant, s’il est sur le pont, indique ce moment à l’officier de manœuvre ou de quart, en lui disant : ENVOYEZ ! et celui-ci se sert souvent aussi de ce mot, en s’adressant au timonier, pour lui prescrire de mettre la barre dessous. »
■ Maurice GREVISSE: « Le bon usage. Grammaire française avec les remarques sur la langue française d’aujourd’hui », Éditions Duculot, Paris-Gembloux, 11e éd., 1980, n° 1466, p. 730, §. 2, et note n° 62 :
« 2. La locution interjective Adieu-va ! (LITTRÉ) ou À Dieu-va (Id., Suppl.) s’écrit le plus souvent : À Dieu-vat ! [62] [...] »
« 62. L’expression à Dieu vat ! traduit un sentiment complexe où se mêlent la résignation, la confiance, la conscience d’avoir fait tout ce qu’on devait ; elle signifie " advienne que pourra ! à la grâce de Dieu ! ". Elle s’employait, dans l’ancienne marine, comme second commandement donné par le timonier à l’équipage pour virer de bord vent devant, quand le navire se trouvait en danger, près de récifs ou de brisants (le premier commandement concernait les opérations préparatoires). ― Pour l’explication du t de vat, il ne semble pas indiqué de considérer l’ancienne forme vat (ou vait), qui a existé à côté du va, à la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif : vat, dans à Dieu vat, est bien un impératif. Toutefois il y a lieu d’observer que va est commun à l’indicatif et à l’impératif ; le t de vat paraît bien être le même que celui qui s’ajoute, dans la langue populaire, à va (indicatif ou impératif) suivi d’une voyelle (cf. Malbrough s’en va-T-en guerre ; les marins, dit Nyrop, prononcent souvent : un va-T-et-vient) : on observera aussi que le t des formes interrogatives comme va-T-il ? ira-T-il ? a pu exercer son influence. ― Ainsi le vat, employé d’abord devant une voyelle, se serait ensuite employé aussi devant une pause. (Sur cette question, voir NYROP, Études de gramm. fr., 19.) »
■ « Dictionnaire culturel en langue française », sous la direction d’Alain Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2005, T. I., p. 100 :
« ADIEU VA ou À DIEU VAT, À-DIEU-VAT, loc. interj. (1684 ; de à, Dieu et impér. de aller)
1. – Vx. Mar. Ancien commandement pour virer de bord vent devant (manœuvre particulièrement périlleuse qui justifiait cette formule solennelle).
Bonjour Olivier et à tous
Pour élucider cette affaire, il va falloir consulter le KTB de l'UB 18 (que je n'ai pas) car à la lecture de Spindler comme de Bendert il y a des éléments qui ne concordent pas ou pour le moins qui sont peu clairs.
Pour Spindler, cette patrouille du 10 au 20 mars effectuée à partir de Zeebrugge a eu pour secteur d'opération la Manche et la côte française avec la plus grande partie en Baie de Seine, précise-t-il.
Selon ma dbase les navires coulés par UB 18 dans cette patrouille sont :
TOPAZ GBR 696 12 3 1917 27m ExN½N Cape Barfleur 4950N 0040W
ADIEU VA (s/v) FRA 64 15 3 1917 NE Cap Barfleur
MARIE LOUISE (s/v) FRA 291 16 3 1917 SE of Start Point
SIR JOSEPH (s/v) GBR 84 16 3 1917 30m SSE Start Pt
HENRI LOUIS (f/v) FRA 50 18 3 1917 between Antifer and Barfleur
MARIE LOUISE (f/v) FRA 33 18 3 1917 between Antifer and Barfleur
Dans Spindler, les tonnages des 2 Marie Louise sont différents et il n'y a pas de Henri Louis. Quant à Bendert pour qui il n'y a qu'une Marie Louise, je pense qu'il y a une erreur dans les positions très imprécises d'ailleurs car il situe Henri Louis devant l'Ile de Ré ! Cependant les deux auteurs mentionnent bien le dundee Adieu Va.
A l'examen des cartes dressées par Spindler, la position portée pour être celle d'Adieu Va correspondrait en gros à celle donnée par Olivier et dans ce cas contrairement à ce qu'il me semblait de prime abord, le sous-marin aurait bien fait une incursion jusqu'au large de Batz.
Je fais appel à Michael et Oliver qui ont peut être le KTB et on en reparle.
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
The information in Spindler matches what is in UB 18's KTB: Correct dates for ships sunk by UB 18 on March 15 - 18, 1917:
ADIEU VA, FRA, March 15, 1917
SIR JOSEPH, GBR, March 16, 1917
MARIE LOUISE, FRA, 426 grt, March 17, 1917
MARIE LOUISE, FRA, 291 grt, March 17, 1917
HENRI LOUISE, March 18, 1917
UB 18's KTB includes the exact tonnages for the two MARIE LOUISEs and estimates for the other vessels.
The sinking of both MARIE LOUISEs on March 17, 1917 is also given at the tonnages indicated in Lloyd's War Losses. LWL, however, lists "HENRI LOUISE" as, yes, yet another MARIE LOUISE...
17/03 MARIE LOUISE VOILIER 426 32 milles S60E de Bill of Portland, trois-mâts goélette, coulé au canon par un sous-marin, Charles Le Borgne et Cie Fécamp.
17/03 MARIE LOUISE VOILIER 291 35 milles S79E Starpoint, trois-mâts coulé au canon par un sous-marin, Mr le Directeur de l’Ouest-Eclair, Rennes
18/03 MARIE LOUISE VOILIER 33 15 milles N22W La Hève, dundée coulé par un sous-marin, armt Théodore Petit, Trouville.
Bonjour à tous
Il y a donc bien eu confusion entre toutes ces Marie Louise et celle du dossier d'Olivier n'est pas celle qui a été coulée dans le NNW de La Hève. Trois Marie Louise en 2 jours, ça fait quand même beaucoup ! Quant à Henri Louise il n'existe donc pas sous ce nom et pour une fois nous sommes induits en erreur par le Lloyd's
Cdlt
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.