Bonjour à tous,
Rapport de l’EV JONNESKINDT, commandant le dragueur LAITA au CF commandant la 6e escadrille de patrouille. 10Juillet 1917
Commandant,
J’ai l’honneur de vous soumettre le dragage effectué le 10 Juillet au matin par le groupe de l’Ouest LAITA – SAINT JOACHIM.
Sortie des jetées à 04h00 et filé la drague à 500 m dans le Nord des jetées, cap sur la bouée n° 1 de façon à passer dans le Sud de cette bouée. Arrivé à hauteur de la bouée 1, venu sur la droite au N65W pour draguer la route des hôpitaux. Après avoir dragué 1,25 mille sur cette route, venu sur la gauche cap à l’Ouest de la bouée n° 1 de façon à laisser un bateau dans le Nord et un dans le Sud de la bouée. Venu ensuite sur la gauche de façon à faire passer un dragueur dans le Nord et par l’Ouest de la bouée n° 6 et l’autre dans le Sud. Fait ensuite 1/2 mille à l’Est et rentré les dragues à 08h45, après la pleine mer, sans aucun incident de dragage.
Voici les routes du dragage. Rapport transmis au CV Chef de Division avec la mention suivante : « Monsieur Jonneskindt a exécuté exactement les ordres reçus et a fait tout ce qu’il pouvait faire pendant cette première partie du dragage de la journée. »
Perte du dragueur JUPITER. Rapport au Ministre.
L’examen des rapports divers conduit aux conclusions suivantes :
- Le JUPITER a sombré sur une mine qui n’était pas mouillée sur la route en vigueur. Cette mine faisait partie d’un champ qui a été dragué le lendemain dans un zone qui habituellement est draguée chaque jour, mais qui ne l’avait pas été dans la matinée du 10 Juillet parce que l’heure matinale de la marée n’avait permis le dragage qu’après la haute mer. (Voir rapport Jonneskindt)
- Le groupe LORIENTAIS – JUPITER eût mieux fait de se tenir sur la route commerciale comme le prescrit mon ordre car le dragage d’une route est toujours plus sûr que le dragage zone. Ayant fait le dragage Est avant de prendre la patrouille Ouest, les deux bâtiments n’ont pas su que le dragage ouest habituel avait été incomplet. Il y a là un défaut de liaison dans l’ensemble des services de dragage et de patrouille.
- LORIENTAIS a très bien exécuté le sauvetage de l’équipage de JUPITER. Sans doute, le commandant a exposé son bâtiment à la rencontre d’une autre mine qui l’eût évidemment détruit lui aussi, mais il y a là un cas de conscience si délicat que je ne puis finalement qu’approuver l’Enseigne BOUYGUE d’avoir obéi à l’entraînement de son caractère généreux et entreprenant.
- Les ordres du chef d’escadrille exonèrent le LV BAYLE, commandant du JUPITER, de toute responsabilité du fait de n’être pas à bord de son bâtiment, ni pour les dragages, ni pour la patrouille dans la matinée du 10 Juillet. Normalement, un chef de section doit patrouiller avec sa section et tel est le service dans la 4e escadrille qui est aussi une escadrille de dragage. Mais l’importance numérique de la 6e escadrille ne comporte pas qu’une section soit au repos comme dans la 4e. Dans ces conditions, j’admets que les chefs de section de la 6e ne prennent pas part au service de patrouille qui les empêcherait de s’occuper du matériel spécial de leur section avec le soin désirable. J’admets aussi que la présence de 2 chefs de section est superflue pour le dragage d’un même groupe et que nous devons épargner des fatigues inutiles à nos officiers spécialistes. J’admets dans le principe les ordres du Chef d’escadrille relatifs à ces deux points, mais je n’en approuve pas l’application car cela pourrait être appliqué d’une façon plus régulière qui respecte celui de la responsabilité personnelle du commandant d’un bâtiment.
- Je ne pense pas qu’il soit bon et avantageux d’attribuer à l’un des chefs de section l’entraînement militaire de l’Escadrille et d’attribuer à l’autre la direction du service de dragage. L’entraînement d’une section appartient et incombe à son chef, et toute centralisation portant sur plusieurs sections appartient et incombe au chef d’escadrille. Il n’y a pas lieu de mélanger les responsabilités des chefs de section comme cela existe actuellement dans la 6e escadrille.
En résumé, la perte du JUPITER est due à un ensemble de faits qui ne mettent en cause que la responsabilité du chef d’escadrille pour une organisation de service courant défectueuse, qui peut et doit être améliorée.
J’appuie les propositions faites en faveur de l’Enseigne Bouygue et du QM Plumency et je les régularise.
Cdlt