Source: Panorama de la guerre 14-19.
Le 7 septembre 1917, le voilier Français Le Kléber, de 277 tonnes, était rejoint par un sous-marin ennemi au large du Morbihan.Celui-ci ouvre le feu. Le capitaine du voilier est tué; le chef de la pièce de 47 dont est armé le Kléber, Jain, âgé de 19 ans, est blessé mais reste à son poste. Le second capitaine, Plessix, décide de ne garder avec lui que les hommes nécessaires au tir, et ordonne aux six autres de descendre dans le canot et le doris qu'il fait mettre à la mer. Il est mortellement blessé à son tour. Le maitre d'équipage Monnier assure le commandement et poursuit l'exécution du projet de son chef. Quatre hommes prennent place dans le canot, deux dans le doris, qui s'éloignent. Le sous-marin se dirige sur le canot, fait passer sur son pont les quatre matelots, court sur le Kléber. A bord de ce dernier, un seul homme est valide, Monnier.Un blessé, Bazile, se tient à la pièce, tandis que Jain, tout blessé qu'il est lui même, panse le troisième blessé.
Ils voient se rapprocher le sous-marin, portant sur sa plate-forme, auprès de ses canonniers, les quatre otages, fermes et tranquilles, sous la double menace d'un obus du Kléber et du révolver des Allemands. A 300 mètres, le sous-marin fait feu. Le voilier répond. Son pointeur reçoit une nouvelle blessure, et c'est le maitre d'équipage qui tire les derniers des cent quatre-vingts ou deux cents coups de canon échangés au cours de cette lutte inégale de trois heures.
Ce fut le pirate qui lâcha pied. Il s'immergea si brusquement qu'un homme de son équipage fut précipité à la mer avec les quatres Français et recueilli par eux dans leur canot. Le Kléber faisait à présent route vers Groix, et ses embarcations l'y ralliaient, à la rame, le 8 au matin. Le voilier fut cité à l'ordre de l'armée ainsi que les douzes braves qui le montaient au moment de l'attaque. Un peu plus tard , on décernait au maitre d'équipage Pierre Monnier la croix de la Légion d'Honneur et la médaille militaire à sept de ses compagnons.