Entre les lignes...

A Malinowski
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Re: Entre les lignes...

Message par A Malinowski »

20ème corps d’armée
Etat-major - 2ème bureau
Q.G. le 8 octobre 1917
Note de service

Les faits suivants se sont récemment passés sur le front de la IIème Division.
Dans la matinée du 2 octobre, vers 2 heures 30, des cris étaient poussés par des Allemands occupant leurs tranchées de première ligne et disant en substance :” Camarades français, la guerre est finie; c’est une guerre de capitalistes, nous voulons faire camarades avec vous”.
Au point du jour, dans les tranchées au sud de Lahayville, des Allemands se montraient les uns à mi-corps au-dessus du parapet, les autres (8 ou 10 ) complètement à découvert. Par leurs gestes et leurs paroles, ils manifestaient l’intention de venir se rendre dans nos lignes, mais semblaient demander la garantie qu’ils seraient bien accueillis.
Nos hommes ne doutant pas de la sincérité de ces manifestations, répondirent en les invitant à venir jusqu’à nos tranchées.
Vers 7 heures, un chasseur du 4ème B.C.P. commit l’imprudence de sortir de nos tranchées, malgré les observations de son camarade de poste. Brandissant un morceau de pain, il fit comprendre aux Allemands qu’ils pouvaient venir sans crainte. A ce moment, plusieurs coups de fusil étaient tirés de la tranchée ennemie située plus à l’est. Le chasseur était tué sur le coup.
Un peu plus tard, vers 9 heures, en face de nos tranchées au nord et au nord-ouest du bois de Remières ( secteur du 67ème régiment - 34ème division) un groupe de 25 à 30 Allemands, dans des tenues très diverses, semblaient se disputer avec animation, les uns cherchant à retenir les autres qui faisaient des gestes d’appel pour les nôtres comme s’ils avaient voulu se rendre. Un Allemand, coiffé d’une casquette, s’agitait beaucoup et parlait avec véhémence comme s’il avait voulu combattre le projet des siens disposés à se rendre. A un moment donné, ceux des Allemands qui, auparavant, semblaient prêts à se rendre, firent signe aux nôtres de se cacher. Au même instant une fusillade partait des tranchées ennemies situées un peu plus à l’est, ne nous causant aucune perte. Il y fut immédiatement répondu vigoureusement.
Quelques tirs de notre artillerie ont été exécutés dès le 2 octobre sur les points des tranchées ennemies où ont eu lieu les incidents signalés ci-dessus; d’autres auront lieu aujourd’hui 3 octobre.
Les scènes qui viennent d’être relatées ont eu lieu sur des points différents et très éloignés les uns des autres et ont eu ainsi le caractère de manifestations isolées.
Ces procédés de guerre indignes, qui constituent des véritables assassinats, seront portés à la connaissance des troupes au rapport journalier, et les hommes seont mis en garde contre des pièges de ce genre, auxquels d’ailleurs, les Allemands ont déjà eu recours sur le front de la VIIIème armée.
Signé : Berdoulat.

153ème division
Etat-Major 2ème bureau
Copie conforme notifiée pour exécution aux :
sous-secteur de Droite - Sous-secteur de Gauche
Artillerie - Génie
Au Q.G. le 10 octobre 1917
Le Général de Bde Goubeau commandant p.i. la 153ème D.I.
P.O. p. Le chef d’Etat-major.
CCM 25/02/2007




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