Circonstances du torpillage du torpilleur austro-hongrois 51 T
par le sous-marin de haute mer Papin
[Cap Planka (Mer Adriatique), 13 septembre 1915]
par le sous-marin de haute mer Papin
[Cap Planka (Mer Adriatique), 13 septembre 1915]
I. — Sous-marin Papin — alors commandé par lieutenant de vaisseau Jean Pierre Denys Marie COCHIN —, Rapport de mission, Cahier de correspondance du commandant : Service historique de la Défense, Cote SS Y 384, p. num. 47 et 48.
« Mission № 9
Rapport de mission du 7 au 11 septembre 1915
Veille en surface au large de Pelagora (18 milles Ouest de Pelagora)
Veille en plongée sous le cap Planka
Mardi 7 septembre
Rapport de mission du 7 au 11 septembre 1915
Veille en surface au large de Pelagora (18 milles Ouest de Pelagora)
Veille en plongée sous le cap Planka
Mardi 7 septembre
Appareillage à 4 h. 00 du matin pour Barletta. 275 tours. Jolie brise de N.O. tournant au Nord.
11 h. 00 — Trombe dans le Nord.
16 h. 30 — Arrivée à Barletta derrière le dragueur de mines Aventino qui sort de Moljetta pour se ren-dre à Barletta.
11 h. 00 — Trombe dans le Nord.
16 h. 30 — Arrivée à Barletta derrière le dragueur de mines Aventino qui sort de Moljetta pour se ren-dre à Barletta.
Mercredi 8 septembre
Appareillage à 2 h. 00 du matin. 300 tours. Fait route en contournant le Garzano à 1.000 mètres. Vu le Gianicolo (dragueur de mines) dans le port de Vesti. Passé entre Tremiti et Pianora. Arrivé à 12 h. 30 au point C. (L. = 42° 30’ N. ~ G. = 15° 41’ E. Greenwich). Veille en surface jusqu’à 19 h. 00. Rien en vue.
19 h. 00 — Route pour passer entre San-Andrea et Pomo.
23 h. 00 — Route sur le cap Planka.
19 h. 00 — Route pour passer entre San-Andrea et Pomo.
23 h. 00 — Route sur le cap Planka.
Jeudi 9 septembre
Plongé à 4 h. 00 du matin sous le cap Planka. Temps légèrement couvert. Petite brise de E.S.-E.
8 h. 15 — Pris la veille au périscope de nuit, le périscope de jour n’étant pas clair.
8 h.15 — Aperçu aussitôt une fumée sortant du canal de Zirona.
8 h. 25 — Reconnu un grand cargo de 1.000 tonnes, cheminée rouge et noire, pavillon autrichien sans écusson. Passé à 300 mètres. Pas attaqué.
9 h. 12 — Reconnu un deuxième cargo à peu près semblable au premier, sortant de Seberrico et lon-geant les terres pour s’engager dans le canal de Zirona.
14 h. 40 — Étant à l’Ouest de Mulo, route à l’Est ; aperçu 5 fumées en ligne de file venant du Sud et se dirigeant vers Mulo. (Le patron de quart au périscope de nuit les a aperçues le premier) Fait route pour attaquer.
14 h. 45 — Reconnu un huszár, chef de division, marchant seul devant, puis une quinzaine de bâtiments en paquet derrière. Fait route pour attaquer le divisionnaire. J’estime ensuite qu’il passe trop loin. Je ne lance pas, mais je suis obligé de revenir à droite pour attaquer les suivants. Je prends le deuxième huszár en relèvement constant. Au moment où il se rapproche en de bonnes conditions, un torpilleur à une cheminée et un mât débouche entre lui et moi, à 200 mètres du Papin. Vitesse estimée : 15 nœuds.
Je commande alors : « Feu ! Carcasses 1. 2. 3. 4. ! — 1. et 2. réglées à 3 mètres, tubes à 7° à l’ avant, torpilles ramenées à 2° par Obry dévié — 3. et 4. réglées à 1 m 50, tubes à 10° de l’avant, torpilles ra-menées dans l’axe par Obry dévié. »
J’estimais ainsi pouvoir ramasser peut-être un torpilleur et un huszár. Mais 1. 2. 3. partent seulement, le second maître torpilleur n’ayant cru entendre que 1. 2. 3. Je vois alors le torpilleur cueillir une des trajectoires, puis une explosion sèche et forte faisant vibrer la coque. Impression de trouble dans le périscope. A droite, toute ! 25 mètres ! puis route au Sud.
Nous descendons avec une forte pointe à 40 mètres. Le tube d’étambot tribord fuit.
En reprenant la vue à chaque heure, je vois chaque fois un torpilleur de très près, semblant nous guetter.
A 19 heures, rien en vue. A 20 heures, émergé, poussé les feux des deux chaudières, route pour doubler Pomo par le large. 280 tours en chargeant les accumulateurs.
8 h. 15 — Pris la veille au périscope de nuit, le périscope de jour n’étant pas clair.
8 h.15 — Aperçu aussitôt une fumée sortant du canal de Zirona.
8 h. 25 — Reconnu un grand cargo de 1.000 tonnes, cheminée rouge et noire, pavillon autrichien sans écusson. Passé à 300 mètres. Pas attaqué.
9 h. 12 — Reconnu un deuxième cargo à peu près semblable au premier, sortant de Seberrico et lon-geant les terres pour s’engager dans le canal de Zirona.
14 h. 40 — Étant à l’Ouest de Mulo, route à l’Est ; aperçu 5 fumées en ligne de file venant du Sud et se dirigeant vers Mulo. (Le patron de quart au périscope de nuit les a aperçues le premier) Fait route pour attaquer.
14 h. 45 — Reconnu un huszár, chef de division, marchant seul devant, puis une quinzaine de bâtiments en paquet derrière. Fait route pour attaquer le divisionnaire. J’estime ensuite qu’il passe trop loin. Je ne lance pas, mais je suis obligé de revenir à droite pour attaquer les suivants. Je prends le deuxième huszár en relèvement constant. Au moment où il se rapproche en de bonnes conditions, un torpilleur à une cheminée et un mât débouche entre lui et moi, à 200 mètres du Papin. Vitesse estimée : 15 nœuds.
Je commande alors : « Feu ! Carcasses 1. 2. 3. 4. ! — 1. et 2. réglées à 3 mètres, tubes à 7° à l’ avant, torpilles ramenées à 2° par Obry dévié — 3. et 4. réglées à 1 m 50, tubes à 10° de l’avant, torpilles ra-menées dans l’axe par Obry dévié. »
J’estimais ainsi pouvoir ramasser peut-être un torpilleur et un huszár. Mais 1. 2. 3. partent seulement, le second maître torpilleur n’ayant cru entendre que 1. 2. 3. Je vois alors le torpilleur cueillir une des trajectoires, puis une explosion sèche et forte faisant vibrer la coque. Impression de trouble dans le périscope. A droite, toute ! 25 mètres ! puis route au Sud.
Nous descendons avec une forte pointe à 40 mètres. Le tube d’étambot tribord fuit.
En reprenant la vue à chaque heure, je vois chaque fois un torpilleur de très près, semblant nous guetter.
A 19 heures, rien en vue. A 20 heures, émergé, poussé les feux des deux chaudières, route pour doubler Pomo par le large. 280 tours en chargeant les accumulateurs.
Vendredi 10 septembre
Passé entre Tresmiti et Pianora. Fort orage dans la matinée. Aperçu l’Ampère qui, en sortant de Se-berrico, a fait exactement la même route que nous. Arrivé à Bari à 18 h. 00. Trouvé sur le pont deux morceaux métalliques, un en acier semblant être un morceau de fond de réservoir, un autre en bronze étamé. Ce sont vraisemblablement des morceaux de torpille retombés sur notre pont.
Samedi 11 septembre.
Appareillage à 9 h. 00. Route sur Brindisi à 320 tours.
13 h. 50 — Aperçu une mine autrichienne dérivante à 3 milles au large de Osturi (L.= 40° 50’ Nord ~ G.= 15° 20’ Est Paris). Cette mine a sa boucle de désarmement. Un oiseau de mer est posé sur la boucle. Nous coulons cette mine à coup de canon de 37 mm. (La mine a été aperçue par le quartier-maître David).
Arrivée à 16 h. 00 à Brindisi.
Samedi 11 septembre.
Appareillage à 9 h. 00. Route sur Brindisi à 320 tours.
13 h. 50 — Aperçu une mine autrichienne dérivante à 3 milles au large de Osturi (L.= 40° 50’ Nord ~ G.= 15° 20’ Est Paris). Cette mine a sa boucle de désarmement. Un oiseau de mer est posé sur la boucle. Nous coulons cette mine à coup de canon de 37 mm. (La mine a été aperçue par le quartier-maître David).
Arrivée à 16 h. 00 à Brindisi.
Conclusions
Je regrette vivement de n’avoir pas réglé toutes mes torpilles à 1 m 50, les bâtiments légers sortant seuls. Je craignais un peu le renouvellement de l’incident du Dublin, ne coulant pas après avoir reçu une torpille de surface, puis je pensais pouvoir atteindre les huszár calant 3 mètres.
Je regrette surtout que la torpille 4. ne soit pas partie, car elle aurait pu faire du bon travail.
Il était bien dans mon intention de choisir le moment favorable, puis de lancer mes torpilles en gerbe pour corriger les erreurs d’estimation de vitesse. Je crois pouvoir dire que j’ai manœuvré comme j’en avais l’intention, car je me suis proposé avant tout de lancer très près. Or, le torpilleur était à 200 mè-tres au maximum.
Le succès est probable ; il n’est pas absolument certain, puisque je n’ai pas vu couler le torpilleur, mais la torpille a frappé au but.
Le sang-froid de tout le personnel a été remarquable, pendant l’attaque comme pendant la poursuite dont nous avons été l’objet. Les manœuvres ont été exécutées avec rapidité et précision.
Enfin, j’ai été particulièrement soutenu et aidé par l’officier en second, M. l’enseigne de vaisseau Laboureur (A.) et par le patron du bord, premier maître pilote Duvey, qui, si le succès est affirmé plus tard, y auront contribué pour une grande part, ainsi que le second maître torpilleur Guézennec qui a aura assuré par ses efforts continus l’excellent entretien des torpilles et leurs parfaites trajec-toires.
Bord, le dimanche 12 septembre 1915.
Je regrette surtout que la torpille 4. ne soit pas partie, car elle aurait pu faire du bon travail.
Il était bien dans mon intention de choisir le moment favorable, puis de lancer mes torpilles en gerbe pour corriger les erreurs d’estimation de vitesse. Je crois pouvoir dire que j’ai manœuvré comme j’en avais l’intention, car je me suis proposé avant tout de lancer très près. Or, le torpilleur était à 200 mè-tres au maximum.
Le succès est probable ; il n’est pas absolument certain, puisque je n’ai pas vu couler le torpilleur, mais la torpille a frappé au but.
Le sang-froid de tout le personnel a été remarquable, pendant l’attaque comme pendant la poursuite dont nous avons été l’objet. Les manœuvres ont été exécutées avec rapidité et précision.
Enfin, j’ai été particulièrement soutenu et aidé par l’officier en second, M. l’enseigne de vaisseau Laboureur (A.) et par le patron du bord, premier maître pilote Duvey, qui, si le succès est affirmé plus tard, y auront contribué pour une grande part, ainsi que le second maître torpilleur Guézennec qui a aura assuré par ses efforts continus l’excellent entretien des torpilles et leurs parfaites trajec-toires.
Bord, le dimanche 12 septembre 1915.
Le lieutenant de vaisseau commandant le Papin,
Signé : Jean Cochin »