Merci pour cette contribution Francis
N'y a-t-il aucune précision quant aux survivants de la Fourche ? Embarquant sur quel navire ? à quelle date ? éventuellement quel journal ?
Ces clichés "passe-partout" abondamment utilisés dans la presse de tous pays et de tous les temps postérieurs à la photographie sont bien dommageables à l'Histoire.
Avec mes respects au matelot clairon.
Pour les initiés :
"Les habitants de la Basse Bretagne sont dégourdis comme des... "
"Ceux de Calais sont encore plus..."
"Ceux de Toulon sont encore plus..."
Le meilleur moyen mnémotechnique pour retenir une sonnerie de clairon était d'y ajouter quelques phrases
Cdlt
Yves
FOURCHE - Contre-torpilleur
Re: FOURCHE - Contre-torpilleur
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
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Re: FOURCHE - Contre-torpilleur
bonjour yves,
une coupure presque illisible de l'agence HAVAS,je cite..
AVANT DE COULER ,LA FOURCHE AVAIT COULE UN SOUS MARIN
Toulon 28 juin soixante des rescapés de la fourche ont quitté Toulon ce soir allant en congés.
tous les survivants font le plus grand éloge de l'accueil que leur ont fait les italiens après leur
sauvetage .ils affirment qu'ils ont réussi à couler le sous marin ennemis qui avait couler la citta
di messina .ils l'ont coulé disent-il par l'envoi de treize grenades ,ils ont ensuite coopéré au
sauvetage de l'équipage du citta di messina ,quand un autre sous marin ennemi qui n'avait pu
etre signalé est venu a son tour atteindre leur batiment.
une coupure presque illisible de l'agence HAVAS,je cite..
AVANT DE COULER ,LA FOURCHE AVAIT COULE UN SOUS MARIN
Toulon 28 juin soixante des rescapés de la fourche ont quitté Toulon ce soir allant en congés.
tous les survivants font le plus grand éloge de l'accueil que leur ont fait les italiens après leur
sauvetage .ils affirment qu'ils ont réussi à couler le sous marin ennemis qui avait couler la citta
di messina .ils l'ont coulé disent-il par l'envoi de treize grenades ,ils ont ensuite coopéré au
sauvetage de l'équipage du citta di messina ,quand un autre sous marin ennemi qui n'avait pu
etre signalé est venu a son tour atteindre leur batiment.
Re: FOURCHE - Contre-torpilleur
Francis
Il va de soi qu'il faut toujours prendre avec la plus grande circonspection ces affirmations de sous-marin coulés. Les faits démontrent amplement que c'est rarement le cas. Bien évidemment, le sous-marin autrichien KuK U 15 n'a pas été coulé. Il a même survécu à la guerre puis cédé à l'Italie et déconstruit en 1920 au chantier de Pola. Cela dit, il a aussi coulé ce jour là le Citta di Messina, un vapeur italien de 3500 tonnes. Il n'y a donc aucune intervention d'un "autre sous-marin" non signalé qui serait venu atteindre La Fourche (voir plus haut dans ce post).
Cdlt
Yves
Il va de soi qu'il faut toujours prendre avec la plus grande circonspection ces affirmations de sous-marin coulés. Les faits démontrent amplement que c'est rarement le cas. Bien évidemment, le sous-marin autrichien KuK U 15 n'a pas été coulé. Il a même survécu à la guerre puis cédé à l'Italie et déconstruit en 1920 au chantier de Pola. Cela dit, il a aussi coulé ce jour là le Citta di Messina, un vapeur italien de 3500 tonnes. Il n'y a donc aucune intervention d'un "autre sous-marin" non signalé qui serait venu atteindre La Fourche (voir plus haut dans ce post).
Cdlt
Yves
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et autres thèmes d'histoire maritime.
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Re: FOURCHE - Contre-torpilleur

coupure de journal d'époque pas en très bon etat
Re: FOURCHE - Contre-torpilleur
Bonjour à toutes et à tous,
Un marin de la FOURCHE morts pour la France en dehors du naufrage :
APPAMON Jean Louis ne le 05/04/1894 à Roscoff (Finistère), Matelot de 2ème Classe Canonnier - Décédé le 04/02/1915 (20 Ans) à bord de la FOURCHE au large d'Antivari (Monténègro) des suites de blessures accidentelle par balle de révolver à bout portant étant en service commandé
Cordialement
Dominique
Un marin de la FOURCHE morts pour la France en dehors du naufrage :
APPAMON Jean Louis ne le 05/04/1894 à Roscoff (Finistère), Matelot de 2ème Classe Canonnier - Décédé le 04/02/1915 (20 Ans) à bord de la FOURCHE au large d'Antivari (Monténègro) des suites de blessures accidentelle par balle de révolver à bout portant étant en service commandé
Cordialement
Dominique
Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sangs ne font plus qu'un [ Ferdinand Gilson, France, Figaro Magazine n°19053 du 05 nov. 2005 ]
Re: FOURCHE - Contre-torpilleur
Bonjour à toutes et à tous,
Article du Nouvelliste du Morbihan N°160 du samedi 8 juillet 1916 :
LA PERTE DES TORPILLEURS FANTASSIN ET FOURCHE
Conformément aux prescriptions du code de justice maritime, les lieutenants de vaisseau Morris et Binos de Pombarat, qui commandaient respectivement les torpilleurs d’escadre Fantassin et Fourche, lors de la perte de ces deux navires, comparaîtront prochainement devant le 1er conseil de guerre maritime, à Toulon.
M. Morris a fait le choix de M. le contrôleur de la marine Caleward, pour présenter sa défense.
M. Binos de Pombarat n’a pas encore fait connaître le nom de son avocat.
Article du Nouvelliste du Morbihan N°176 du vendredi 28 juillet 1916 :
A LA MEMOIRE DES VICTIMES DE LA FOURCHE.
Ce matin à Toulon, sur la demande du lieutenant de vaiseau Binos de Pombarat, fils de l’ancien commissaire général de la marine à Lorien, une touchante cérémonie à eut lieu en l’église principale Saint-Louis. Un service à été dit en mémoire des officiers et matelots du contre-torpilleur Fourche dont le lieutenant de vaisseau Binos de Pombarat, était le commandant et qui coula dans l’Adriatique inférieure, après avoir lui-même coulé un sous-marin ennemi.
La cérémonie a été très impressionnante ; Beaucoup de parents des victimes y assistaient.
Cordialement
Dominique
Article du Nouvelliste du Morbihan N°160 du samedi 8 juillet 1916 :
LA PERTE DES TORPILLEURS FANTASSIN ET FOURCHE
Conformément aux prescriptions du code de justice maritime, les lieutenants de vaisseau Morris et Binos de Pombarat, qui commandaient respectivement les torpilleurs d’escadre Fantassin et Fourche, lors de la perte de ces deux navires, comparaîtront prochainement devant le 1er conseil de guerre maritime, à Toulon.
M. Morris a fait le choix de M. le contrôleur de la marine Caleward, pour présenter sa défense.
M. Binos de Pombarat n’a pas encore fait connaître le nom de son avocat.
Article du Nouvelliste du Morbihan N°176 du vendredi 28 juillet 1916 :
A LA MEMOIRE DES VICTIMES DE LA FOURCHE.
Ce matin à Toulon, sur la demande du lieutenant de vaiseau Binos de Pombarat, fils de l’ancien commissaire général de la marine à Lorien, une touchante cérémonie à eut lieu en l’église principale Saint-Louis. Un service à été dit en mémoire des officiers et matelots du contre-torpilleur Fourche dont le lieutenant de vaisseau Binos de Pombarat, était le commandant et qui coula dans l’Adriatique inférieure, après avoir lui-même coulé un sous-marin ennemi.
La cérémonie a été très impressionnante ; Beaucoup de parents des victimes y assistaient.
Cordialement
Dominique
Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sangs ne font plus qu'un [ Ferdinand Gilson, France, Figaro Magazine n°19053 du 05 nov. 2005 ]
Re: FOURCHE - Contre-torpilleur
Bonjour à tous...
GARY Paul Émile Charles
Né le 19 septembre 1890 à CAMBRAI (Nord) - Décédé.
Entre dans la Marine en 1907, Aspirant le 5 octobre 1910; port BREST. Au 1er janvier 1911, sur le croiseur-cuirassé "EDGAR-QUINET", en préparation d'essais à BREST (Cdt Émile GUÉPRATTE). Au 1er janvier 1912, sur la canonnière "DÉCIDÉE", Division navale d'Extrême-Orient (Cdt Pierre VANDIER). Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1912. Au 1er janvier 1914, sur le cuirassé "SUFFREN", École des Électriciens (Cdt Auguste BEAUSSANT). Au 1er janvier 1915, port BREST. En 1916, Second sur le torpilleur "FOURCHE", cet Officier est cité à l'ordre de l'Armée navale : "Second de la FOURCHE. Jeune officier plein d'ardeur, sachant commander. A dirigé avec sang-froid le jet des grenades. A organisé et dirigé le sauvetage des naufragés de la CITTA DI MESSINA avec le plus grand ordre et beaucoup d'habileté professionnelle. Quand la FOURCHE a été torpillée, a contribué puissamment à augmenter le moral et la confiance.". Chevalier de la Légion d'Honneur. Croix de Guerre. Aux 1er janvier 1917, 1918, port BREST. Lieutenant de vaisseau le 30 mars 1918. Au 1er janvier 1921, sur le croiseur cuirassé "DESAIX", Division navale d'Extrême-Orient (Cdt Paul De MARGUERYE).
[:geneamar:8]
GARY Paul Émile Charles
Né le 19 septembre 1890 à CAMBRAI (Nord) - Décédé.
Entre dans la Marine en 1907, Aspirant le 5 octobre 1910; port BREST. Au 1er janvier 1911, sur le croiseur-cuirassé "EDGAR-QUINET", en préparation d'essais à BREST (Cdt Émile GUÉPRATTE). Au 1er janvier 1912, sur la canonnière "DÉCIDÉE", Division navale d'Extrême-Orient (Cdt Pierre VANDIER). Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1912. Au 1er janvier 1914, sur le cuirassé "SUFFREN", École des Électriciens (Cdt Auguste BEAUSSANT). Au 1er janvier 1915, port BREST. En 1916, Second sur le torpilleur "FOURCHE", cet Officier est cité à l'ordre de l'Armée navale : "Second de la FOURCHE. Jeune officier plein d'ardeur, sachant commander. A dirigé avec sang-froid le jet des grenades. A organisé et dirigé le sauvetage des naufragés de la CITTA DI MESSINA avec le plus grand ordre et beaucoup d'habileté professionnelle. Quand la FOURCHE a été torpillée, a contribué puissamment à augmenter le moral et la confiance.". Chevalier de la Légion d'Honneur. Croix de Guerre. Aux 1er janvier 1917, 1918, port BREST. Lieutenant de vaisseau le 30 mars 1918. Au 1er janvier 1921, sur le croiseur cuirassé "DESAIX", Division navale d'Extrême-Orient (Cdt Paul De MARGUERYE).
[:geneamar:8]
Cordialement. Malou
Re: FOURCHE - Contre-torpilleur
Bonjour,
Ci-dessous, le rapport du LV Binos de Pombarat, commandant le torpilleur d'escadre Fourche, sur la perte du bâtiment :
Rapport du Lieutenant de Vaisseau BINOS de POMPARAT au Capitaine de Frégate commandant la 1ère Escadrille.
La FOURCHE a appareillé de Valona pour la croisière des drifters avec la « Citta di Messina », le vendredi 23 juin 1916, à 6 heures du matin.
Conformément aux ordres donnés par le commandant de ce croiseur, la FOURCHE se tenait devant, entre 800 et 1000 mètres, vitesse 18 nœuds.
En sortant de Valona, les routes ont été, autant que je peux préciser les heures, en l’absence de documents :
S. 45 O. jusqu’à 7h.10
S. jusqu’à 7h.50
O après 7h.50
Le temps n’était pas très clair, l’horizon cotonneux, visibilité réduite à 4 ou 5 milles. Petite brise de N.N.O, mer clapoteuse, 1 mètre environ sans houle, très nombreuses crêtes déferlantes.
A 8h.40, la « Citta di Messina » tira deux coups de canon par tribord, les projectiles tombèrent à une centaine de mètres du bord ; en même temps, une torpille la frappait à tribord derrière où on aperçut une colonne d’eau et de fumée. Le bâtiment s’enfonça par l’arrière et coula environ en deux minutes. La plus grande partie des embarcations et des radeaux avait pu être amenée avec une très grande rapidité.
Je fis immédiatement passer du poste de veille au poste de combat en gardant la 2ème bordée de mécaniciens et de chauffeurs sur le pont et je fis capeler toutes les ceintures de sauvetage. En même temps, j’avis fait mettre à toute vitesse la barre 20° à droite, et était venu cap à l’est. Nous ne voyions ni sous-marin, ni périscope, ni sillage.
A tout hasard, je fis jeter deux grenades à 500 mètres environ par le travers du groupe d’embarcations de la « Citta di Massina ». A 200 mètres environ plus loin dans l’Est, il me sembla voir un sillage. Je fis jeter 4 autres grenades ; à la 3ème une explosion plus forte que les autres eut lieu et une grande tache de matière huileuse noire et verte, avec bouillonnement, se produisit sur l’eau.
Cette tache s’est étendue ensuite sur une superficie de 5 à 600 mètres de diamètre au moins ; elle persistait encore à 10 heures.
Mon impression très nette – certitude morale – est que nous avons touché le sous-marin.
J’avais fait faire le signal de détresse international et averti par C.S. Valona et Brindisi que la « Citta du Messina » était coulée, pour demander des secours.
Je pris ensuite les dispositions nécessaires pour commencer le sauvetage en attendant l’arrivée sur les lieux d’autres torpilleurs.
Après avoir décrit, à grande vitesse, quelques tours autour du groupe des embarcations, à qui je conseillais la patience en leur disant que les secours allaient arriver, j’amenai mon canot, ma baleinière et mon youyou (qui chavira) au vent de groupes de naufragés qui me paraissaient avoir particulièrement besoin d’aide. En passant au milieu d’eux, je fis de plus jeter à l’eau deux radeaux et une partie de la drôme.
Un petit motoscafo circulaire autour du lieu de l’accident et ramassait des isolés.
Je manœuvrai pour reprendre par deux fois mon canot pour le décharger des hommes sauvés et lui permettre d’en rechercher d’autres.
Le motoscafo m’amena trois fois un chargement. Je fus assez heureux pour prendre directement 6 matelots accrochés à une embarcation chavirée.
J’avais réussi à prendre ainsi une quarantaine de naufragés sur la FOURCHE, beaucoup épuisés, plusieurs blessés.
A 10 heures environ, je venais de prendre un dernier chargement, j’avais remis en route pour me rapprocher d’un radeau chaviré, la FOURCHE devait marcher environ à 14 nœuds (vitesse réelle), la barre 25 à gauche, quand elle fut frappée par une torpille venant à 45° environ de l’AR. À tribord, à hauteur de la machine AV.
Nous n’avions rien vu, le sillage de la torpille fut aperçu à quelques mètres du bord seulement ; les hommes de la pièce de 65 tribord AR eurent le temps de pointer la pièce, mais ne firent pas feu ne voyant pas le but.
La FOURCHE fut littéralement coupée en deux et coula en 30 secondes environ.
Au choc, j’avais commandé zéro et à la machine « les éjecteurs ». Mais aucune manœuvre de redressage ou de vidange ne pouvait être tentée. Quand je vis que nous coulions à pic, pour éviter que les hommes fussent pris dans les remous au moment du chavirement, je commandai : « A l’eau, mes enfants ! ».
Tout se passa avec le plus grand ordre. Les hommes se jetèrent du bord sans précipitation. Je me décidai à quitter moi-même la passerelle au moment où elle allait toucher l’eau, après avoir pris une ceinture de sauvetage.
Ma dernière vision fut la FOURCHE, en forme de V, coulant par le milieu.
Comme la plupart de nos moyens de sauvetage avaient été donnés aux naufragés de la « Citta di Messina », il ne nous restait qu’un seul radeau, deux berthons et des caillebotis, caisses, planches, avirons, espars, etc.…
Sachant que nous aurions très longtemps à attendre, car le CASQUE m’avait donné sa position et je n’avais pas de réponse de Valona, je conseillai aux hommes de se réunir par groupes, d’assembler tous les débris qui pouvaient constituer des radeaux très primitifs. Il se trouva constitué ainsi trois groupes principaux dirigés par des officiers et deux groupes moins importants.
Le moral des hommes resta excellent, sans défaillance, au-dessus de tout éloge. Plusieurs fois, après avoir vu des torpilleurs s’éloigner, ils chantèrent et poussèrent les cris de « Vive la France ».
Enfin, le CASQUE, puis le NEMBO et plus tard 4 torpilleurs italiens et le PROTET arrivèrent à notre secours.
Au moment où le PROTET arriva près du groupe où je me trouvais, mes hommes lui crièrent : « Hourra ! Vive le PROTET ! Commandant, ne stoppez pas, ne stoppez pas ! ».
Nous avons dû être recueillis vers deux heures.
Sur le PROTET se trouvaient 42 officiers et marins de la FOURCHE, 22 Italiens, dont 15 avaient coulé avec nous.
Avec les hommes sauvés par d’autres bateaux, le nombre des survivants de la FOURCHE se monte à 67.
Signé : BINOS de POMBARAT
(source : livre d'or de la Marine française - guerre 14/18)
Cordialement,
Gilbert.
Ci-dessous, le rapport du LV Binos de Pombarat, commandant le torpilleur d'escadre Fourche, sur la perte du bâtiment :
Rapport du Lieutenant de Vaisseau BINOS de POMPARAT au Capitaine de Frégate commandant la 1ère Escadrille.
La FOURCHE a appareillé de Valona pour la croisière des drifters avec la « Citta di Messina », le vendredi 23 juin 1916, à 6 heures du matin.
Conformément aux ordres donnés par le commandant de ce croiseur, la FOURCHE se tenait devant, entre 800 et 1000 mètres, vitesse 18 nœuds.
En sortant de Valona, les routes ont été, autant que je peux préciser les heures, en l’absence de documents :
S. 45 O. jusqu’à 7h.10
S. jusqu’à 7h.50
O après 7h.50
Le temps n’était pas très clair, l’horizon cotonneux, visibilité réduite à 4 ou 5 milles. Petite brise de N.N.O, mer clapoteuse, 1 mètre environ sans houle, très nombreuses crêtes déferlantes.
A 8h.40, la « Citta di Messina » tira deux coups de canon par tribord, les projectiles tombèrent à une centaine de mètres du bord ; en même temps, une torpille la frappait à tribord derrière où on aperçut une colonne d’eau et de fumée. Le bâtiment s’enfonça par l’arrière et coula environ en deux minutes. La plus grande partie des embarcations et des radeaux avait pu être amenée avec une très grande rapidité.
Je fis immédiatement passer du poste de veille au poste de combat en gardant la 2ème bordée de mécaniciens et de chauffeurs sur le pont et je fis capeler toutes les ceintures de sauvetage. En même temps, j’avis fait mettre à toute vitesse la barre 20° à droite, et était venu cap à l’est. Nous ne voyions ni sous-marin, ni périscope, ni sillage.
A tout hasard, je fis jeter deux grenades à 500 mètres environ par le travers du groupe d’embarcations de la « Citta di Massina ». A 200 mètres environ plus loin dans l’Est, il me sembla voir un sillage. Je fis jeter 4 autres grenades ; à la 3ème une explosion plus forte que les autres eut lieu et une grande tache de matière huileuse noire et verte, avec bouillonnement, se produisit sur l’eau.
Cette tache s’est étendue ensuite sur une superficie de 5 à 600 mètres de diamètre au moins ; elle persistait encore à 10 heures.
Mon impression très nette – certitude morale – est que nous avons touché le sous-marin.
J’avais fait faire le signal de détresse international et averti par C.S. Valona et Brindisi que la « Citta du Messina » était coulée, pour demander des secours.
Je pris ensuite les dispositions nécessaires pour commencer le sauvetage en attendant l’arrivée sur les lieux d’autres torpilleurs.
Après avoir décrit, à grande vitesse, quelques tours autour du groupe des embarcations, à qui je conseillais la patience en leur disant que les secours allaient arriver, j’amenai mon canot, ma baleinière et mon youyou (qui chavira) au vent de groupes de naufragés qui me paraissaient avoir particulièrement besoin d’aide. En passant au milieu d’eux, je fis de plus jeter à l’eau deux radeaux et une partie de la drôme.
Un petit motoscafo circulaire autour du lieu de l’accident et ramassait des isolés.
Je manœuvrai pour reprendre par deux fois mon canot pour le décharger des hommes sauvés et lui permettre d’en rechercher d’autres.
Le motoscafo m’amena trois fois un chargement. Je fus assez heureux pour prendre directement 6 matelots accrochés à une embarcation chavirée.
J’avais réussi à prendre ainsi une quarantaine de naufragés sur la FOURCHE, beaucoup épuisés, plusieurs blessés.
A 10 heures environ, je venais de prendre un dernier chargement, j’avais remis en route pour me rapprocher d’un radeau chaviré, la FOURCHE devait marcher environ à 14 nœuds (vitesse réelle), la barre 25 à gauche, quand elle fut frappée par une torpille venant à 45° environ de l’AR. À tribord, à hauteur de la machine AV.
Nous n’avions rien vu, le sillage de la torpille fut aperçu à quelques mètres du bord seulement ; les hommes de la pièce de 65 tribord AR eurent le temps de pointer la pièce, mais ne firent pas feu ne voyant pas le but.
La FOURCHE fut littéralement coupée en deux et coula en 30 secondes environ.
Au choc, j’avais commandé zéro et à la machine « les éjecteurs ». Mais aucune manœuvre de redressage ou de vidange ne pouvait être tentée. Quand je vis que nous coulions à pic, pour éviter que les hommes fussent pris dans les remous au moment du chavirement, je commandai : « A l’eau, mes enfants ! ».
Tout se passa avec le plus grand ordre. Les hommes se jetèrent du bord sans précipitation. Je me décidai à quitter moi-même la passerelle au moment où elle allait toucher l’eau, après avoir pris une ceinture de sauvetage.
Ma dernière vision fut la FOURCHE, en forme de V, coulant par le milieu.
Comme la plupart de nos moyens de sauvetage avaient été donnés aux naufragés de la « Citta di Messina », il ne nous restait qu’un seul radeau, deux berthons et des caillebotis, caisses, planches, avirons, espars, etc.…
Sachant que nous aurions très longtemps à attendre, car le CASQUE m’avait donné sa position et je n’avais pas de réponse de Valona, je conseillai aux hommes de se réunir par groupes, d’assembler tous les débris qui pouvaient constituer des radeaux très primitifs. Il se trouva constitué ainsi trois groupes principaux dirigés par des officiers et deux groupes moins importants.
Le moral des hommes resta excellent, sans défaillance, au-dessus de tout éloge. Plusieurs fois, après avoir vu des torpilleurs s’éloigner, ils chantèrent et poussèrent les cris de « Vive la France ».
Enfin, le CASQUE, puis le NEMBO et plus tard 4 torpilleurs italiens et le PROTET arrivèrent à notre secours.
Au moment où le PROTET arriva près du groupe où je me trouvais, mes hommes lui crièrent : « Hourra ! Vive le PROTET ! Commandant, ne stoppez pas, ne stoppez pas ! ».
Nous avons dû être recueillis vers deux heures.
Sur le PROTET se trouvaient 42 officiers et marins de la FOURCHE, 22 Italiens, dont 15 avaient coulé avec nous.
Avec les hommes sauvés par d’autres bateaux, le nombre des survivants de la FOURCHE se monte à 67.
Signé : BINOS de POMBARAT
(source : livre d'or de la Marine française - guerre 14/18)
Cordialement,
Gilbert.
Excès de peur enhardit.
Re: FOURCHE - Contre-torpilleur
Bonjour à tous, ...
Du SOUICH Joseph Roger
Né le 16 mars 1894 - Décédé.
Entre dans la Marine en 1913; port BREST. Enseigne de vaisseau de 2ème classe le 5 février 1916. Embarqué sur le torpilleur "FOURCHE", il est cité à l'ordre de l'Armée navale : "Chargé des sections arrière du torpilleur FOURCHE. A contribué puissamment aux premières opérations de sauvetage des naufragés de la CITTA DI MESSINA. Lorsque la FOURCHE a été torpillée, a abandonné volontairement un radeau pour ne pas le surcharger.". Croix de Guerre. Enseigne de vaisseau de 1ère classe le 31 mai 1917. Au 1er janvier 1918, port BREST. Chevalier de la Légion d'Honneur. --- Lieutenant de vaisseau le 25 septembre 1920. Au 1er janvier 1921, Second sur le transport pétrolier "RHÔNE" (Cdt Léon BLANC).
[:geneamar:8]
Du SOUICH Joseph Roger
Né le 16 mars 1894 - Décédé.
Entre dans la Marine en 1913; port BREST. Enseigne de vaisseau de 2ème classe le 5 février 1916. Embarqué sur le torpilleur "FOURCHE", il est cité à l'ordre de l'Armée navale : "Chargé des sections arrière du torpilleur FOURCHE. A contribué puissamment aux premières opérations de sauvetage des naufragés de la CITTA DI MESSINA. Lorsque la FOURCHE a été torpillée, a abandonné volontairement un radeau pour ne pas le surcharger.". Croix de Guerre. Enseigne de vaisseau de 1ère classe le 31 mai 1917. Au 1er janvier 1918, port BREST. Chevalier de la Légion d'Honneur. --- Lieutenant de vaisseau le 25 septembre 1920. Au 1er janvier 1921, Second sur le transport pétrolier "RHÔNE" (Cdt Léon BLANC).
[:geneamar:8]
Cordialement. Malou