MAGELLAN Compagnie Bordes

olivier 12
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Re: MAGELLAN Compagnie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

En plus du MAGELLAN des Messageries Maritimes, un autre MAGELLAN fut torpillé en 1917. C'était le premier vapeur de la compagnie Bordes, qui armait alors des grands voiliers.

Construit par la Société des chantiers et ateliers de Penhoët à Saint Nazaire.
Lancé le 11 Août 1904
Longueur 124 m
Largeur 15,5 m
Machine de 3200 cv Une seule hélice
Port en lourd d'environ 6900t

A l'exception des quatre premiers voyages et de deux voyages en 1910-1911, il fut toujours commandé par le capitaine au long cours Louis Bégaud.
Il faisait en moyenne trois voyages du Chili par an en passant par le détroit de Magellan et rapportait du nitrate pour les poudreries, qu'il débarquait en général à La Pallice. A partir de Février 1916 il va emprunter le canal de Panama, ce qui raccourcit le voyage et permet d'en effectuer quatre par an, rapportant à chaque fois du nitrate raffiné.

Le 28 Décembre 1917, il reçoit une torpille, loin au large du cap Finisterre. Cinq hommes sont tués par l'explosion. Les autres, au nombre de 45, parviennent à se sauver dans les deux embarcations. Il vont devoir parcourir 400 km dans une mer hostile, en plein hiver, pour rallier les côtes espagnoles.

Le second capitaine, Yves Le Tarin, a laissé quelques notes sur ce naufrage :

" A 150 milles au SW de Finisterre, nous fûmes torpillés le 28 Décembre à 11h20, alors que j'essayais de faire un point, car nous devions zigzaguer à partir de midi. Il faisait moins 10°, et jusqu'à moins 12° la nuit.
Le 31 Décembre, je suis arrivé avec ma chaloupe et 17 hommes à Praïa d'Ancora, dans le rio Minho. Monsieur Bégaud est arrivé le même jour à 11h00, un peu plus au nord, à La Guardia.
Nous étions dans un état lamentable. Presque tous avions les pieds gelés et je n'ai pas pu renaviguer avant Août 1918."

Le sous-marin torpilleur était l'U 43 Kptlt Waldemar Bender

Voici le Magellan au mouillage de La Pallice

Image

Cordialement
Olivier
olivier
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Ar Brav
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Re: MAGELLAN Compagnie Bordes

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,
Bonjour Olivier,

Magellan, torpillé le 28.12.1917 à 150 milles du cap Vilano par 43°10N et 13°32W par le sous-marin U 43, commandant KL Waldemar Bender.

Bien cordialement,
Franck

Le sous-marin torpilleur était l'U 43 (Cdt ?)
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Yves D
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Re: MAGELLAN Compagnie Bordes

Message par Yves D »

Pour situer les lieux...

Image

L'U 43 tout comme Waldemar Bender ont survécu à la guerre.

Sa trace dans le Starke 1904
MAGELLAN FR 1T
6,265 A. D. Bordes & fils, Dunkerque 406.5 x 50.7
C Chant. & Atel. de St. Nazaire, St. Nazaire (12) #37
Torp. and sunk by U 43, 28 Dec 1917, 166 miles NW of Cape Finisterre, voy. Iquique - La Pallice, nitrate


Cdlt
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
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Terraillon Marc
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Re: MAGELLAN Compagnie Bordes

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

Le navire a l'indice (2) dans la base de données

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Memgam
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Re: MAGELLAN Compagnie Bordes

Message par Memgam »

C'est en 1904 que l'armement Bordes a acquis Magellan, son premier cargo à vapeur, pour le transport du nitrate du Chili. Il lui fallait entre trois mois et demi et quatre mois pour effectuer une rotation complète. De 1904 à 1907, en 7 rotations, il a transporté 32 703 T de charbon d'Angleterre et 45 860 T de nitrate du Chili pour un coût de 1 434 000 F, soit 18,27 F la tonne.
Dans le même temps, le quatre-mâts Atlantique va faire 6 aller-retour, transportant 41 216 T, pour 538 700 F soit 13,07 F la tonne. Le quatre-mâts Valentine fera 5 aller-retour transportant 35 943 T pour 509 000 F soit 14,13 F la tonne.
En conséquence, le Magellan est resté seul vapeur de la compagnie jusqu'à la guerre de 1914-1918. Pendant dix ans (1904-1914) il fera 23 voyages dont 6 déficitaires, Atlantique fera 2 voyages déficitaires sur 14 et Valentine, aucun voyage déficitaire sur 13.

Source : Marthe Barbance, Vie commerciale de la route du Cap Horn au XIX ème siècle, l'armement A.D. Bordes et fils, S.E.V.P.E.N. 1969.
Memgam
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Re: MAGELLAN Compagnie Bordes

Message par Memgam »

Le capitaine Louis Théodule Bégaud dit "l'amiral" de la maison Bordes a navigué avant de naître, puisque sa mère naviguait alors avec son mari. Né à Loix, près de l'île de Ré en 1868, il a perdu son père en mer quand il avait huit ans. Il embarqua au cabotage à sa sortie du collège, à 19 ans et devint capitaine au long cours en 1895. Il entra à la maison Bordes et embarqua sur Rancagua (II), France (I), et commanda Alexandre en 1897 à 29 ans. Il commanda ensuite Nord pendant neuf voyages consécutifs. Il commandera Magellan pendant douze ans.
En mars 1915, il recueille les quarante deux hommes du Crown of Castille, réfugiés dans des canots.
A la mer, pendant la guerre, Bégaud mettait le long du bord un large écriteau avec le nom Magellan et arborait un pavillon chilien, parce qu'il y avait un navire de ce nom appartenant à ce pays.
Après la perte de Magellan, il deviendra capitaine d'armement et prendra sa retaite en 1919.
Il écrira un livre "Le premier capitaine au long-cours, Martin Alonzo Pinzon, associé de Christophe Colomb", publié par Peyronnet en 1944.

Source : Louis Lacroix, Les derniers cap-horniers français, S. Pacteau, 1940.Image
Memgam
Rutilius
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MAGELLAN ― Cargo — Armement Ant.-Dom. Bordes & Fils (1904~1917).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

□ Le 30 mars 1915, le cargo Magellan recueillit l’équipage, réfugié dans deux embarcations, du cargo britannique Crown of Castille, arraisonné et coulé au moyen de charges explosives par le sous-marin allemand U-28 (Kapitänleutnant Georg-Günther von FORSTNER), à 31 ou 34 milles dans le Sud-Ouest de Bishop Rock (Îles Scilly, Royaume-Uni), par 49° 25’ N. et 06° 50’ W., alors qu’il allait de Saint-Jean (Nouveau-Brunswick, Canada) au Havre avec un chargement d’avoine et de foin.

Par une décision du sous-secrétaire d’État à la Marine marchande en date du 19 juin 1915 (J.O. 24 juin 1915, p. 4.233), une médaille d’argent de 1re classe pour faits de sauvetage fut décernée dans les termes suivants au capitaine au long-cours Louis BÉGAUD, inscrit au quartier de Saint-Martin-de-Ré, n° 27, qui exerçait alors le commandement du cargo Magellan :

Image

[Lire : « 30 mars 1915 »]
Dernière modification par Rutilius le mer. déc. 13, 2023 8:33 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: MAGELLAN Compagnie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MAGELLAN (Cie Bordes)

Image
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Rapport du capitaine écrit le 8 Janvier à La Rochelle

Quitté Iquique (Chili) le 18 Novembre 1917 avec un complet chargement de 7200 tonnes de nitrate pour la France. Passé lé canal de Panama le 7 Décembre. Charbonné le 12 Décembre à Saint Thomas. Le consul d’Angleterre à Iquique nous a signalé la présence d’un quatre-mâts à moteur suspect dans le Pacifique. Le consul de France à St Thomas ne nous a donné aucune instruction mais a délivré un certificat comme quoi nous avions reçu les règlements de police de la navigation.

Le 26 Décembre à 11h15, par 43°15 N et 13°00 W Greenwich, par mer grosse de NE/NNW, violente explosion à bâbord dans la chambre des chaudières, juste sous le travers de la cheminée qui est couverte par le charbon des soutes. Il n’y avait rien en vue et les hommes de veille dans la mâture, sur la passerelle avec l’officier de quart et sur le roof arrière n’ont rien signalé. Le timonier Gilbert déclare avoir vu un bouillonnement par le travers bâbord à 5 ou 6 brasses au plus, juste avant la déflagration. Depuis deux jours, la vitesse était réduite à 7 nœuds à cause du mauvais temps.
Les 4 chauffeurs de quart, Audren, Nicol, Le Rolland Ludovic, Le Rolland Emile, et le soutier de quart Manselon furent tués sur le coup et les compartiments chaufferie et machine instantanément envahis. Mise aux postes de combat par le second, puis les hommes sont envoyés aux embarcations car l’ennemi ne se montrait pas et le milieu du navire commençait à être balayé par la mer. La baleinière de bâbord avait été coupée en deux par l’explosion. Il restait les deux embarcations sous le vent qui furent respectivement amenées par Monsieur VERDES, 2e lieutenant et 17 hommes, et Monsieur Le Tarin, 1er lieutenant et 15 hommes. L’embarcation qui restait au vent fut amenée par Monsieur Le Friant, 2e capitaine, qui resta néanmoins à bord avec moi et les matelots Le Goff (Joseph) et Petibon. Les documents secrets et les papiers du bord furent détruits, ainsi que les journaux.
L’opérateur TSF ne put mettre son moteur en marche. Un peu avant midi, j’ai fait faire une visite dans tous les logements par les hommes précités restés avec moi. Le navire s’enfonçait lentement et pour gagner l’arrière, je dus passer avec de l’eau jusqu’à mi corps dans la partie centrale du navire. L’eau s’engouffrait dans les coursives de la machine. En attendant que le second et les deux matelots soient revenus de leur visite des logements, je descendis dans les logements arrière pour m’assurer qu’il n’y restait personne. Nous avons embarqué tous les 4 dans l’embarcation qui restait le long du bord avec le 2e mécanicien. Elle frappait violemment contre les flancs du navire et se disloqua l’avant. Elle fit alors de l’eau en abondance, même lorsque plus tard nous allions à l’aviron, et un homme fut chargé de l’assécher en permanence.
Il était midi et MAGELLAN était toujours droit. Rien en vue. Monsieur Le Tarin passa quatre hommes à Monsieur Verdes qui avait la plus grande embarcation, et m’en donna un. Monsieur Le Tarin avait avec lui le chauffeur Evanno, brûlé aux pieds et aux mains. Je lui ai donné la route Est vrai pour le cap Villano et l’ai prié de la communiquer à Monsieur Verdes. Nous sommes restés sur les ancres flottantes à attendre le dénouement.

Nous avons alors aperçu un périscope, à toucher les embarcations. A 13h00, MAGELLAN, toujours droit, avait tout le milieu sous l’eau. Il s’inclina un peu sur bâbord et se mit debout, puis coula par l’arrière. Il était 13h37 et le sous-marin apparut alors en surface tandis que je donnais le signal de l’appareillage. Il nous rattrapa et, après avoir parlé à Monsieur Verdes, vint me donner l’ordre de le ranger. Je subis un interrogatoire tandis que les deux autres canots nous dépassaient. Le commandant du sous-marin m’a demandé en anglais nom du navire, nationalité, armateur, effectif de l’équipage, provenance et destination, nature et tonnage de la cargaison et consignataire. Il nous a ensuite indiqué d’un geste de la main que nous pouvions faire route.
L’embarcation de Monsieur Le Tarin, mieux voilée (deux voiles) était en tête. A la tombée de la nuit, les deux autres embarcations n’étaient plus en vue.

La nuit fut très dure avec grosse mer de WNW. L’embarcation, fatiguée par son voilage, faisait beaucoup d’eau. Nous étions trempés par les embruns et plusieurs hommes n’étaient presque pas vêtus. Dès le 2e jour, tous avaient les pieds enflés. Le 29 après midi, le temps s’améliora. Vers 14h00, nous avons rattrapé le canot de Monsieur Le Tarin qui laissa porter sur nous. Ses hommes étaient à moitié morts de froid et son canot faisait de l’eau quand il établissait la misaine. Il me demanda de naviguer de conserve, en vue l’un de l’autre jusqu’à 18h00. Il réduisait la toile quand il me dépassait et faisait ralliement dans les grains. Mais à 22h00, son canot, beaucoup plus rapide disparut sur l’avant.

Le temps s’était beaucoup amélioré et au jour, nous étions en vue de terre à 40 milles, mais avec du calme. A 10h00 le 30, nous avons commencé à ramer sans interruption jusqu’à l’arrivée le 31 à 10h00. Dans l’après midi du 30, j’ai vu loin devant nous, mais plus au Sud, l’embarcation de Monsieur Le Tarin.

Je suis arrivé le 31 à 10h00 à Guardia, Espagne. Mes hommes étaient extenués et je leur ai fait donner de suite du vin chaud et des lits, et distribué des vêtements. La population nous a très bien accueillis et s’est montrée très charitable. Le consul du Portugal s’est mis à ma disposition et a fait les avances nécessaires. Le consul de France à Vigo est venu nous rendre visite et je l’ai prié d’envoyer un vapeur de pêche à la recherche de l’embarcation de Monsieur Le Tarin. Mais il est revenu le 1er Janvier sans avoir rien trouvé.

Rapport d’interrogatoire des officiers

Chef mécanicien CHARLEMAGNE était sur le parquet supérieur de la machine au moment du torpillage. La cloison qui séparait la chaufferie de la machine n’était pas étanche. Les deux compartiments communiquaient par deux portes ordinaires sans aucun système d’étanchéité. L’explosion a eu lieu à bâbord par le travers du groupe arrière des chaudières. La chaudière bâbord arrière a du faire explosion car les brûlures du chauffeur Evanno, en traitement à l’hôpital de Camilhas au Portugal, ne peuvent s’expliquer que par l’explosion de cette chaudière. Au moment de l’explosion, il se trouvait à la chaudière auxiliaire située exactement au dessus de cette chaudière bâbord.
Monsieur Charlemagne a remarqué que la machine a stoppé d’elle-même au moment de l’explosion et que le compartiment machine a été immédiatement envahi par la vapeur. Une minute après l’explosion l’eau recouvrait complètement les cylindres ce qui ne peut s’expliquer que par une déchirure énorme.
Personne de la chaufferie n’a pu se sauver.

Le 1er lieutenant LE TARIN confirme qu’on avait reçu dans la journée précédant l’accident plusieurs « Avis de Guerre » et que l’un d’eux signalait la présence d’un sous-marin aux environs de Gibraltar. Ces avis étaient directement envoyés au commandant et les officiers n’en avaient pas connaissance.
Le commandant a fait tout son devoir et a débarqué le dernier après avoir fait une ronde générale. L’équipage a embarqué dans les canots sans aucun désordre.

L’élève de la Marine Marchande OULHEN était dans le canot commandé par Monsieur Le Tarin avec 16 hommes dont le chef mécanicien, le 3e mécanicien et le 4e mécanicien. Ils sont restés dans l’embarcation du 28 Décembre à 11h20 au 31 Décembre à 07h00 et ont débarqué à Praya de Ancona (Portugal) à l’embouchure du Minho. Le chauffeur Evanno, brûlé, réclamait sans cesse à boire.
Ils ont été recueillis par la Croix Rouge portugaise et très bien soignés. Ils ont été rapatriés par les soins du consul de France à Porto.
Le MAGELLAN était à son 9e voyage sur Iquique depuis le début de l’année 1915 et avait transporté plus de 60000 tonnes de nitrate vers la France.

Le 2e lieutenant VERDES a atterri avec son embarcation à Vigo le 31 Décembre à 17h00. Il avait été rencontré le même jour à 10h00 par le chalutier espagnol MARUCA qui avait récupéré les naufragés et pris leur canot en remorque. Cette embarcation était montée par 18 hommes et les Espagnols se sont très bien conduits.

Le QM TSF MALLET déclare avoir tenté à plusieurs reprises de mettre en marche le moteur qui n’a pu fonctionner, étant sans doute désaxé par l’explosion.

Description du sous-marin

80 m de longueur
Couleur gris verdâtre, peinture fraîche
Pont entouré de batayolles avec filière en acier, au ras de l’eau. Légèrement arrondi et partie avant légèrement surélevée.
Gouvernail de direction à l’arrière en forme de voute-pont, complètement dégagé. Manœuvre rapide.
Un seul canon à 2m sur l’avant du kiosque, à volée longue, probablement de 88 mm, avec traces de rouille. Culasse très massive.
Aucun mât, mais tube métallique rabattu sur le pont tribord, pouvant servir de mât.
Pas de tubes visibles, mais des ouvertures latérales par le travers du kiosque, pouvant servir au passage des tubes (40 à 50 cm de diamètre)
Antenne TSF allant de l’avant à l’arrière et passant au dessus du kiosque
Kiosque à section elliptique à l’avant et carrée à l’arrière, haut de 4 m, avec un seul périscope, prolongé à l’arrière par une plateforme surélevée de 2,5 m au dessus du pont.
Compté 23 hommes, y compris le commandant et son second.
Commandant était de grande taille, rasé, blond, portant une combinaison cirée. Parlait anglais avec un fort accent allemand. Second petit, maigre et brun, avec moustache et barbiche en deux pointes. Aucun des deux n’avait plus de 30 ans.

Le sous-marin n’a pas fait de prisonniers.

Voici la silhouette du sous-marin, dessinée par le second capitaine

Image

Rapport du LV POT commandant le centre AMBC de La Rochelle-Pallice

Veille assurée par le commandant sur la passerelle inférieure, l’officier de quart, Mr. Le Tarin, une vigie (Le Morvan) dans la hune avec des jumelles, le canonnier Bigot à la pièce avant et le canonnier Quinio à la pièce arrière. Par suite du mauvais temps, ce dernier avait quitté la pièce pour veiller à la passerelle. Personne n’a vu le sous-marin avant l’explosion, qui n’a pas été très violente. Le commandant a d’abord cru à une attaque au canon et a appelé aux postes de combat. Un nouvel ordre a mis aux postes d’abandon.
Evacuation sans désordre. L’équipage avait plus de place qu’il n’en fallait dans ces chaloupes prévues chacune pour 50 hommes. Elles en contenaient 17 en moyenne et les approvisionnements, largement calculés en biscuit, endaubage et eau douce ont permis à l’équipage de s’alimenter facilement jusqu’à l’arrivée sur la côte.

Rapport de la commission d’enquête

Il reprend les divers récits et souligne :

MAGELLAN naviguait sans que les autorités consulaires d’Iquique n’aient donné à son commandant la moindre indication sur les routes à suivre ou sur les ports américains où le navire aurait pu trouver un convoi.

L’attaque à la torpille a été facilitée par le fait que MAGELLAN ne zigzaguait pas.

Le fait qu’il n’y ait pas eu de cloison étanche entre machine et chaufferie a contribué à la perte du navire.

Le commandant du sous-marin n’a offert aucune aide aux embarcations, bien qu’elles fussent par mauvais temps à 60 milles de terre.

Pendant leur voyage dans les embarcations, par mauvais temps, les marins ont montré leurs qualités habituelles d’endurance et d’énergie. La conduite de tous, commandant, officiers et équipage mérite des éloges.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’U 43 du Kptlt Waldemar BENDER.

Waldemar Bender, né à Danzig le 28 Décembre 1885, survivra à la Grande Guerre. Il poursuivra sa carrière dans la Kriegsmarine. Il n’avait coulé que 3 navires avec U 76 et 6 avec U 43, dont le vapeur français TUNISIE le 19 Juin 1917.
Nommé Capitaine de Vaisseau le 1er Avril 1932, il deviendra Contre Amiral le 1 Juillet 1942. Il est décédé à Kiel le 6 Décembre 1950.

Voici sa photo prise vers 1942. (Source : forum.valka.cz/topic)

Image

Note du 15 Février 1918 du CF commandant le Front de Mer à l’Administrateur de l’Inscription Maritime de Nantes

« Je prie Monsieur l’Administrateur de l’IM de Nantes de bien vouloir donner l’ordre au Capitaine au Long Cours Bégaud, ancien capitaine du cargo MAGELLAN, domicilié 30 rue Leroy à Nantes, de se rendre sans retard à La Rochelle où il se mettra à la disposition du Commandant de la Marine.
Au cas où le capitaine Bégaud serait absent, je prie Monsieur l’Administrateur de me faire connaître son adresse exacte. »

Le 18 Février 1918, le gendarme qui s’est rendu chez le capitaine Bégaud écrit à la main sur l’ordre de convocation :

« Monsieur Bégaud est en cours de voyage pour se rendre à Norfolk comme Capitaine Inspecteur des voiliers de la maison Bordes réquisitionnés par les Etats-Unis. »

Le 19 Février, l’Administrateur de l’IM de Nantes ajoute sur la convocation :

« Si des renseignements plus précis nous parviennent par la suite, ils vous seront communiqués d’urgence ».

Lettre du 26 Février 1918 du CF commandant la Marine à La Pallice au Sous Secrétaire d’Etat à la Marine de Guerre

J’ai l’honneur de vous informer que la capitaine Louis Bégaud, ancien capitaine du MAGELLAN, a été envoyé en mission aux Etats Unis par la Maison Bordes pour une durée indéterminée. Il n’est donc pas possible de faire l’enquête contradictoire que vous avez prescrite.

A ce sujet, je vous signale que le cargo EUGENE GROSOS, de la Compagnie Havraise Péninsulaire, a quitté Le Verdon le 17 courant pour le Chili, via Colon (Panama). Ce bâtiment doit rapporter en France un chargement de nitrate. Il y aurait intérêt à ce que le consul de France à Colon lui remette des instructions pour son voyage de retour qui aura probablement lieu dans la 1ère quinzaine d’Avril.

Vous trouverez ci-joint le dossier du MAGELLAN.

Note du 8 Janvier 1921 au Ministre de la Marine Marchande. Objet : Dossier cartes de combattants pour Louis Begaud et Gustave Charlemagne

Le vapeur MAGELLAN a été torpillé le 28 Décembre 1917 à 180 milles dans l’Ouest de la côte d’Espagne sans avoir aperçu le sous-marin ou son périscope. Le bâtiment menaçant de couler, le capitaine a ordonné l’évacuation. A l’exception de 5 hommes tués dans la chaufferie par l’explosion, l’équipage entier fut réparti dans trois embarcations qui atterrirent trois jours après, une sur la côte du Portugal et Deux sur la côte d’Espagne.

La traversée dans ces canots fut très dure et le capitaine dit dans son rapport que tous les hommes avaient les pieds enflés. Mais il n’est mentionné dans aucun rapport que des hommes aient eu les pieds gelés. Il n’est cité qu’un seul blessé, par brûlures, qui fut laissé à l’hôpital de Praya de Ancona.

Aucune récompense n’a été accordée au MAGELLAN, d’abord parce que dans les circonstances du torpillage il n’y avait aucune défense possible, mais surtout parce que le capitaine, avant de quitter Iquique, avait délibérément négligé de s’informer des routes à suivre.

Le 30 Mars 1915, le vapeur anglais CROWN OF CASTILLE avait été attaqué au canon, obligé de stopper, puis coulé par bombes et à coups de canon après évacuation. L’équipage de 44 hommes, réparti dans deux canots, avait été recueilli le même jour par le MAGELLAN du capitaine Bégaud.
A cette occasion, MAGELLAN n’avait pas aperçu le sous-marin alors que leur routes avaient du se croiser après le torpillage de CROWN OF CASTILLE.
Le capitaine Bégaud avait alors reçu une médaille pour le sauvetage.

(Commentaire : on se demande un peu comment des instructions de routes à suivre données par un consul au fin fond du Chili mi Novembre auraient pu changer quoi que ce soit au torpillage subi fin Décembre, soit un mois et demi plus tard, au large des côtes d’Espagne. S’il fallait trouver un convoi, c’est à Saint Thomas que les autorités auraient dû s’en préoccuper).

Cdlt
olivier
Rutilius
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MAGELLAN ― Cargo — Armement Ant.-Dom. Bordes & Fils (1904~1917).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Magellan ― Cargo — Armement Ant.-Dom. Bordes & Fils (1904~1917).

Cargo en acier lancé le 11 août 1904 (1) par le chantier de Saint-Nazaire de la société anonyme dite « Société des Chantiers et ateliers de Saint-Nazaire (Penhoët) » [Siège social : Paris, 5, rue des Mathurins (IXe Arr.) — en 1900 ~ puis 6 bis, rue Auber (IXe Arr.) — en 1908] pour le compte de l’armement Ant.-Dom. Bordes & Fils [Siège social : Paris, 11, boulevard Malesherbes (VIIIe Arr.). Succursales : Dunkerque, 12, quai de la Citadelle ; La Rochelle, 16, rue Réaumur ; Bordeaux, 4, rue Michel] ; № de chantier : 37. Francisé le 14 décembre 1904 à Dunkerque, n° 3.661. Immatriculé audit quartier, f° ..., n° ... Signal distinctif : K.C.B.M. (2)

Initialement armé au long-cours pour un voyage au nitrate à Iquique (Chili), via Cardiff (Pays de Galles, Royaume-Uni), le 14 décembre 1904 à Saint-Nazaire, n° 171 ; désarmé le 23 avril 1905 audit quartier, n° 54. Capitaine Marie Joseph Alexis Théophile LOQUEN, né le 26 mars 1857 à Pleslin (Côtes-du-Nord — aujourd’hui Côtes-d’Armor), capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Dinan, n° 46. (3)

Par l’article 5 de l’acte constitutif de la société anonyme dite « Compagnie française d’armement et d’importation de nitrate de soude » (C.F.N.S.) (Fondateurs : Louis Barthélémy Alexandre BORDES et François Joseph Antoine – dit AntoninBORDES), en date, à Paris, du 11 décembre 1917, apporté, avec 22 grands voiliers long-courriers, à cette nouvelle personne morale, venue aux droits de la précé-dente et ayant même objet et même siège sociaux. (4)

Torpillé le 28 décembre 1917 à 166 milles dans le N. 88 W. du cap Finisterre (Province de La Corogne, Espagne), par 43° 10’ N. et 13° 32’ W., par le sous-marin allemand U-43 (Kapitänleutnant Waldemar BENDER), alors qu’il allait d’Iquique à La Palice avec un chargement de nitrate. Capitaine Louis Théo-dule BÉGAUD, né le 20 janvier 1868 à Loix-en-Ré (Charente-Inférieure — aujourd’hui Charente-Mari-time), capitaine au long-cours, inscrit au quartier de l’Île de Ré, n° 27, lieutenant de vaisseau auxi-liaire. Cinq victimes.

Caractéristiques générales. — Jauge : 6.265 tx jb et 3.826,21 tx jn. Port en lourd : 6.900 t. Dimen-sions : 121 x 15,40 x 9,83 m. Propulsion : Machine verticale à pilon et à triple expansion, comportant trois cylindres et développant 3.250 cv ; une hélice. Vitesse : 12,5 nd à demi-charge. (1) (2) (4)

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(1) Le Phare de la Loire, n° 27.167, Mercredi 10 août 1904, p. 2. Le Phare de la Loire, n° 27.170, Samedi 13 août 1904, p. 2.

(2) Lloyd’s Register of Shipping 1905~1906, Steamers, Lettre M., n° 85, p. num. 560. Lloyd’s Register of Shipping 1917~1918, Steamers, Lettre M., n° 107, p. num. 628.

(3) Inscription maritime ~ Quartier de Saint-Nazaire ~ Désarmements des bâtiments (1905), n° 54 : Archives départementales de Loire-Atlantique, Cote 7 R 6 / 238, p. num. 24 à 29.

(4) La Gironde, Mardi 22 janvier 1918, p. 2 — Publication des statuts.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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MAGELLAN ― Cargo — Armement Ant.-Dom. Bordes & Fils (1904~1917).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Le Phare de la Loire, n° 27.170, Samedi 13 août 1904, p. 3.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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