SAINT-JEAN

Rutilius
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Re: SAINT-JEAN

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


■ Historique (complément).


— 22 mars 1918 : Avec le patrouilleur auxiliaire Wimereux, recueille les survivants de l’équipage du cargo Saint-Jean-II, de la Société navale de l’Ouest, torpillé par le sous-marin allemand UB-50 (Kapitänleutnant Franz Becker) à 61 milles dans le N.-W. du Cap Bon, alors qu’il allait de Bizerte à Messine.


• Patrouilleur Saint-Jean – alors commandé par le premier maître de timonerie Jean Marie GRALL –, Journal de navigation n° 2 / 1918 – 19 mars ~ 8 juin 1918 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 452, p. num. 450 et 451.


« Vendredi 22 mars 1918.

[...]

12 h. 00 – Appareillage du quai de la Gare.

12 h. 25 – Sorti du port de Bizerte.

16 h. 00 – ...

16 h. 55 – 8 milles au Nord du
[sémaphore] du cap Blanc. Reconnu le vapeur Saint-Jean-II. Pris escorte à tribord arrière. Filé le loch. Commencé les zigzags.

17 h. 30 – ...

20 h. 00 – ...

22 h. 00 – Constaté la disparition du loch et d'une partie de la ligne.

23 h. 30 – Entendu une détonation dans la direction du Saint-Jean-II qui laisse tomber à la mer sa bouée lumineuse. Aperçu une épaisse colonne de fumée et fait route sur lui comme il embardait sur la droite. Le navire disparaît au bout de deux minutes. Ayant mis l’équipage aux postes de combat, pris les dispositions pour opérer le sauvetage. Recueilli deux hommes sur un radeau : 1°) Lamarre Arsène, capitaine au cabotage, 1er lieutenant du Saint-Jean ; 2°) Brun Edmond, matelot canonnier. Exploré le lieu du sinistre pendant une heure parmi les épaves. Trois hommes du Saint-Jean-II sont manquants.


[En marge : « Position du torpillage : L. = 37° 55' N. ; G. = 10° 33' E. »

« P.M. : En embarquant le youyou, le matelot canonnier Jaudart s'est blessé au doigt. »]


Samedi 23 mars 1918.


Wimereux a sauvé 22 hommes.

0 h. 30 – Abandonné les recherches. Signalé à Friedland et Wimereux de faire route sur Bizerte. Ligne déployée : vitesse, 7 nœuds.
[...] »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: SAINT-JEAN

Message par olivier 12 »

Complément sur l'engagement du 27 Avril 1918

Rapport du second maître chef de quart ROUMEGUIERAS (figurant dans le dossier du LEOPOLD D’OR) Bizerte 30 Avril 1918

J’avais pris le quart à 04h00 suivant MANSOURA et ROMANY qui nous avaient dépassés dans la nuit, ayant une vitesse supérieure à la notre.
A 05h05, j’ai perçu des éclairs de coups de canon dans le Sud. Prévenu le commandant et mis la barre à droite pour faire route dans cette direction en appelant aux postes de combat.
A 05h20, aperçu le ROMANY tirant dans l’Ouest.
A 05h25, aperçu un point noir à droite du ROMANY. Ouvert immédiatement le feu dessus. Tiré 3 coups de réglage.
A 05h30, on distingue nettement le kiosque du sous-marin et on ouvre le feu en le prenant en chasse.
Vers 06h00, un de ses obus éclate au dessus de la passerelle. Le commandant est tué sur le coup et roule sur le pont, tombant dans les bras du matelot Montador. Le maître Le Saout et le second maître Delille s’affaissent sur la passerelle, très grièvement blessés et perdant du sang en abondance. J’étais sur le pont, dirigeant le passage des munitions de la soute à la pièce arrière qui commençait à en manquer. Je transmettais aussi les corrections de hausse et de dérive à cette pièce car le bruit de la canonnade et les éclatements d’obus rendaient impossibles tous autres moyens de communication.

Je monte alors sur la passerelle et prends le commandement du bâtiment qui présentait le travers à l’ennemi et était encadré sous un feu violent et bien réglé. Nous marchions à toute vitesse.
Jugeant la position intenable, je mets en fuite en maintenant l’ennemi dans le champ de tir des deux pièces par tribord. Quelques minutes après, un obus coupe le mât de misaine en deux. Ce dernier s’affale sur le pont qu’il traverse de part en part et ne s’arrête qu’au parquet de la cambuse.
L’ennemi ayant réglé son tir sur notre nouvelle route, je commence à faire des embardées, tirant tantôt par bâbord, tantôt par tribord. Aperçu un 2e sous-marin qui semble masqué par le ROMANY. Raccourci le tir à 3000 m puis allongé par bonds de 500 m.

J’ai pensé que nous étions en infériorité face aux deux sous-marins qui possédaient des pièces de fort calibre.

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A 06h40 fait route au S65E pour chercher du secours. Impossibilité de nous signaler, notre antenne TSF s’étant affalée sur le pont. Tenté d’installer une antenne de fortune qui n’a pas fonctionné.
Aperçu un torpilleur et une canonnière dans l’Est et mis le cap dessus. Reconnu BELIER et IMPATIENTE. Arrivé à portée de voix, BELIER nous a demandé des renseignements sur MANSOURA qui était devant, et sur ROMANY qui était en feu à 20 milles dans le N55W. Donné les renseignements et demandé à faire route sur Bizerte. Réponse de BELIER : Oui. Il nous donne la position car la notre était douteuse, ayant navigué à l’estime depuis Marseille.

09h15 Fait route sur le point P.
14h30 Aperçu La Galite par le travers.


L’interrogatoire de l’équipage ne permettra pas d’établir la présence d’un 2e sous-marin près du ROMANY. Il s’agissait plutôt d’une embarcation de ce navire en feu. Peu d’hommes l’ont vu et ceux qui l’on vu ne parle que d’un vague point noir toujours resté près du vapeur.

Cdlt
olivier
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