Bonjour à tous,
Deux images sonar de l'épave du DANTON
et l'article qui les accompagne (source meretmarine.com - section histoire)
13/03/2009
Un profond sommeil de 92 ans. L'épave du Danton, un cuirassé français de la première guerre mondiale, a été découverte le 19 février dernier au large de la Sardaigne. À l'intérieur reposent encore les corps de près de 300 marins. C'est une société néerlandaise de géotechnique qui a retrouvée ce vestige naval. Le navire hydrographique auteur de la découverte, accomplissait des études détaillées du fond marin pour établir le tracé d'un gazoduc entre l'Italie et l'Algérie. Si ce type de découverte est fréquent, l'excellent état de conservation du vaisseau a soulevé l'intérêt des publics et des historiens pour le récit de la fin du cuirassé.
Les derniers « pré-dreadnought »
Long de 145 mètres pour une largeur de 25.8 mètres et un déplacement de 18.300 tonnes, le Danton fut le premier d'une nouvelle série de six cuirassés commandés en 1906. Ces navires succédaient aux cinq unités de la classe Patrie, qui avaient mis fin à la fameuse période de la « flotte d'échantillons ». Subissant encore le contrecoup des thèses de la « Jeune école », la marine française avait pris un retard certain en matière de navires de ligne. Au moment où le Danton est commandé, la Grande Bretagne met à flot le Dreadnought. Avec une artillerie principale composée d'un calibre unique, ce navire va révolutionner l'approche des cuirassés. Si les Allemands emboitèrent rapidement le pas aux Anglais, les Français attendront le Courbet pour disposer de leur premier bateau de ce type (mis en service en 1913). En attendant, la Marine nationale poursuit la réalisation des Danton. Souvent considérés comme « déjà dépassés » lors de leur mise en service, ces bâtiments n'en demeuraient pas moins très puissants. Ils disposaient de deux tourelles doubles axiales de 305 mm et, sur chaque bord, de trois tourelles doubles de 240 mm, soit 12 canons de ce type. L'artillerie secondaire était constituée de 16 pièces de 75 mm. Lancé en 1909 à l'arsenal de Brest, le Danton est opérationnel en juin 1911.
Affecté à Toulon, le cuirassé passe la guerre en Méditerranée, protégeant notamment les convois de troupes.
19 Mars 1917. Le conflit s'étend jusque dans les eaux méditerranéennes où le Danton fait route vers l'île grecque de Corfou. La veille, le bâtiment et son équipage de 1000 hommes ont quitté Toulon. Ils sont escortés par le torpilleur d'escadre Massue. Des renseignements faisant état de la présence de sous-marins ennemis en mer Tyrrhénienne obligent le commandant du Danton, le capitaine de vaisseau Delage, à modifier son cap pour passer par l'ouest de la Sardaigne.
Pas de vent, une mer calme. Des conditions climatiques qui ne laissent pas prévoir le drame. Il est 13h15 lorsque le veilleur de hune aperçoit un sillage dont l'origine est à environ 500 mètres du bateau selon les témoins. L'alerte donnée, un seul coup de canon put être tiré. Au jugé. Deux torpilles, l'une à l'avant et l'autre au centre, frappèrent coup sur coup le monstre d'acier. Le commandant crût d'abord que son navire supporterait le coup. Lorsqu'il ordonna d'évacuer 10 minutes après, il était déjà trop tard. Tous les équipements électriques hors de service, il fut impossible de mettre les embarcations à la mer. Des radeaux de fortune furent composés dans la hâte. Le bâtiment qui s'inclinait, mit 30 minutes à sombrer. «Vive la France!» salua le commandant, imité par les naufragés. 296 marins n'ont pu être secourus par le Massue qui a assisté à la scène. Certains succombèrent à la congestion, d'autres à la fatigue. Le commandant est resté agrippé à la passerelle jusqu'au bout. Ironie de l'histoire, c'est un sous-marin qui est l'auteur des tirs alors que le Danton s'était justement dérouté pour les fuir.
Aujourd'hui, les anciens se souviennent, les témoins racontent, l'histoire refait surface. Et il y a la mer, profonde et infiniment sombre, qui lève le voile sur les derniers instants du Danton. L'interprétation de données sonar réalisée par la société à l'origine de la découverte révèle la présence d'une épave de 125 m de long et 27 m de large parmi un groupe de plus petits impacts. Sans doute les débris du fier cuirassé. Les données indiquent également que la proue de l'épave est inclinée sur le fond marin et émerge sur quelques 15 mètres. L'agonie du Danton, la dispersion des débris et le choc final avec le fond marin ont ainsi pu être reconstitués. «Il est fort peu probable que l'épave soit remontée à la surface, car elle se trouve à une très grande profondeur» avance la firme de géotechnie, «aucun plongeur ne peut l'atteindre, seulement des robots. Ce n'est pas réaliste». Le Danton conservera jalousement ses derniers secrets à plus de 1000 mètres sous la mer.
cdlt