Bonsoir à tous,
j'aborde un sujet très sensible celui des condamnations pour désertion de soldats qui, à un moment donné, ont craqué comme tout un chacun aurait pu le faire.
Nous sommes le 24 décembre 1914, le prêtre brancardier note dans le récit de cette journée :
"Ce matin à Reminghelst a eu lieu l'exécution d'un soldat du 143e de ligne, père de 3 enfants : il avait déserté 2 fois. le malheureux! que n'eut-il trouvé une mort plus belle face à l'ennemi."
Plus loin à la date du 27 décembre 1914 on peut lire :
"L'un de ces derniers jours, c'était l'exécution d'un soldat du 143e, 2 fois déserteur, père de famille de 3 enfants. Aujourd'hui, à La Clytte, c'est la dégradation de 3 soldats du 53, 142, 163, tous trois déserteurs, condamnés 2 à 8 ans, 1 à 10 ans de travaux forcés."
Extrait du 2ème carnet de guerre du prêtre aveyronnais.
Eric
16e section d'infirmiers militaires
Re: 16e section d'infirmiers militaires
Cordialement
Eric ABADIE
Eric ABADIE
- martinez renaud
- Messages : 1462
- Inscription : lun. mai 16, 2005 2:00 am
Re: 16e section d'infirmiers militaires
Bonsoir Eric, bonsoir Corinne, bonsoir à tous
Merci encore Eric pour ces extraits. Comme vous le dites si bien, le 16ème Corps n'est pas épargné pas les exécutions. Je ne sais pas qui est ce soldat du 53ème. Je sais cependant qu'un seul soldat de ce régiment a été fusillé. c'était à Beauséjour en mars 1915. L'homme a déserté à l'ennemi pendant la prise de la côte 196.
Merci encore
Amicalement
Renaud
Merci encore Eric pour ces extraits. Comme vous le dites si bien, le 16ème Corps n'est pas épargné pas les exécutions. Je ne sais pas qui est ce soldat du 53ème. Je sais cependant qu'un seul soldat de ce régiment a été fusillé. c'était à Beauséjour en mars 1915. L'homme a déserté à l'ennemi pendant la prise de la côte 196.
Merci encore
Amicalement
Renaud
Gloire aux 53ème et 253ème RI
Re: 16e section d'infirmiers militaires
Joyeux Noël à tous,
voici des extraits du noël de l'année 1914 du prêtre brancardier aveyronnais partagé entre le cafard d'être loin des siens et la joie de célébrer cette fête.
Mercredi 23 décembre 1914 VANDENBUSCH
[…]
A 1 heures de l’après-midi, je vais à la relève des blessés sous la conduite d’un médecin auxiliaire, des brancardiers de Corps attachés ces temps-ci à notre formation. Halte à La Clytte d’où une voiture et 2 brancardiers partent pour Lacre ( ?) chercher 2 blessés ou éclopés. La voiture nous rejoindra à Dickelbusch. A La Clytte, nous entrons dans une maison acheter quelques brioches chaudes dont on se régale avec un bon verre de vin que l’on paye un peu cher : 50 sous le litre ; nous sommes 5, cela fait 5 sous chacun. Sur la route on charge des éclopés aux postes du 15e et du 53e. A l’ambulance de Dickelbusch, autre chargement d’éclopés. Une voiture est allée avec le major et 2 brancardiers sur la route de Wystraate, à l’ancienne division, au poste du 80e, chercher 2 ou 3 éclopés. Pendant ce temps, on va boire un café et visiter notre ancien cantonnement, on achète de la bière, du sucre. Rien ne manque à présent dans les magasins de Dickelbusch alors qu’ils étaient bien dépourvus lorsque nous y étions. Courte visite à l’église. Petit incident comique à l’ambulance et dont un tirailleur ignorant fait les frais (pistolet). Un sergent rengagé du 2e Génie évacué nous dit que cela ne peut durer et que les faces des choses vont inévitablement changer du fait des nombreux malades que le séjour dans les tranchées où l’on est dans l’eau jusqu’à mi-corps, aux genoux et aux épaules parfois, et du fait du trop grand rapprochement des tranchées. On y est parfois à 80, 60, 50, 30 et même 9 ou 10 mètres. On s’y lance des bouteilles. Notre sergent racontait qu’ils travaillaient à s’approcher des tranchées allemandes par les mines. Les Allemands d’ailleurs font de même. On les voit travailler comme ils les voyaient eux, et on ne s’inquiétait pas les uns les autres dans ce travail. Il raconte aussi qu’on va avoir des canons qui lanceront des grappins pour enlever les fils de fer. On va en faire l’essai.
Nous repartons de Dickelbusch à la nuit tombante. Nous avions vu un moment auparavant, avant d’y arriver, des automobiles blanches portant des mitrailleuses ou petits canons mobiles que des fusiliers marins assis à l’arrière devaient faire manœuvrer.
Sur la route de Reninghelsh (Reningelst), nous rencontrons des groupes de soldats belges chargés de la réparation ou de l’arrangement des routes qui rentrent la journée terminée. Il fait un temps assez doux, mais pluvieux et neigeux. Heureusement la lune quoique cachée derrière les nuages, rend la nuit moins obscure. Deux autos veulent nous croiser, la route est étroite ; c’est en vain que pendant longtemps elles « (…) » (?)
En in de compte on les oblige à s’arrêter, à faire descendre les blessés ou éclopés pour faire place. Un général, peut (être ?) le général du 16e Corps Grossetti, fait entendre qu’il a des ordres pressants à porter et qu’il doit passer. On lui fait place et les voitures se rangent comme elles peuvent sur le bord de la route trop étroite. Les éclopés remontent en voiture et on repart. Nous suivons derrière les voitures. A Reninghelsh, on dépose les blessés à une ambulance et on part vers Vandenbusch. Il pleut et neige à la fois. Il est 7 heures environ lorsque nous sommes rentrés. Nous mangeons notre souper qui n’est pas encore refroidi ou qu’on a conservé chaud. D’autres brancardiers de l’escouade vont à leur tour aux blessés.
Un de l’escouade est allé dans la journée à Bailleul à bicyclette et en rapporte 6 poules, du beurre, des gâteaux. Evidemment c’est pour fêter Noël, car nous allons avoir notre Noël.
Jeudi 24 décembre 1914 VANDENBUSCH
[…]
Le soir, je fus de faction sur la route à l’entrée de la ferme de 4 à 6 heures. Il faisait un beau clair de lune. Le ciel était étoilé, le temps frais, il gelait. Sur la route, je me mis à faire les cent pas. Des convois, des cavaliers passaient, me demandant parfois un renseignement. Là, je me pris à rêver au pays, à ma famille, à ma paroisse. Je regardais ce ciel rempli d’étoiles, cette lune que, à cette heure, à 8 ou 900 kilomètres, les miens pouvaient aussi contempler. (…), j’égrenais mon chapelet et fredonnais quelques cantiques de Noël.
Relevé par un camarade, j’allais souper à mon tour. Je lus ma correspondance assez nombreuse ce soir là. Je prêtais mon aide pour l’arrangement du lieu où devait se célébrer la messe de minuit. On se coucha 1 ou 2 heures. A minuit, l’on se réunit dans la grange où entre 2 meules de paille ou de foin se dressait le petit autel de campagne. En arrière de l’autel se placèrent les civils et les soldats. La «chorale» grimpa par une échelle sur la paille, où de cette tribune improvisée, elle fit entendre ses chants qui furent d’ailleurs bien réussis : chant du Minuit, chant par une belle voix ; d’autres cantiques (…)
L’aumônier célèbre la messe que l’on chante. On reste pendant les trois messes. Seuls nos officiers sortent après la 1ère messe. Le bon exemple ne vient pas de nos chefs, pour la piété au moins, il est triste de le constater. Il leur tarde probablement de goûter le fameux réveillon qu’ils se sont faits préparer.
[…]
Extrait du 2e carnet de guerre d’un brancardier de la 16e Section d’Infirmiers Militaires, prêtre du diocèse de Rodez
Cordialement
Eric
voici des extraits du noël de l'année 1914 du prêtre brancardier aveyronnais partagé entre le cafard d'être loin des siens et la joie de célébrer cette fête.
Mercredi 23 décembre 1914 VANDENBUSCH
[…]
A 1 heures de l’après-midi, je vais à la relève des blessés sous la conduite d’un médecin auxiliaire, des brancardiers de Corps attachés ces temps-ci à notre formation. Halte à La Clytte d’où une voiture et 2 brancardiers partent pour Lacre ( ?) chercher 2 blessés ou éclopés. La voiture nous rejoindra à Dickelbusch. A La Clytte, nous entrons dans une maison acheter quelques brioches chaudes dont on se régale avec un bon verre de vin que l’on paye un peu cher : 50 sous le litre ; nous sommes 5, cela fait 5 sous chacun. Sur la route on charge des éclopés aux postes du 15e et du 53e. A l’ambulance de Dickelbusch, autre chargement d’éclopés. Une voiture est allée avec le major et 2 brancardiers sur la route de Wystraate, à l’ancienne division, au poste du 80e, chercher 2 ou 3 éclopés. Pendant ce temps, on va boire un café et visiter notre ancien cantonnement, on achète de la bière, du sucre. Rien ne manque à présent dans les magasins de Dickelbusch alors qu’ils étaient bien dépourvus lorsque nous y étions. Courte visite à l’église. Petit incident comique à l’ambulance et dont un tirailleur ignorant fait les frais (pistolet). Un sergent rengagé du 2e Génie évacué nous dit que cela ne peut durer et que les faces des choses vont inévitablement changer du fait des nombreux malades que le séjour dans les tranchées où l’on est dans l’eau jusqu’à mi-corps, aux genoux et aux épaules parfois, et du fait du trop grand rapprochement des tranchées. On y est parfois à 80, 60, 50, 30 et même 9 ou 10 mètres. On s’y lance des bouteilles. Notre sergent racontait qu’ils travaillaient à s’approcher des tranchées allemandes par les mines. Les Allemands d’ailleurs font de même. On les voit travailler comme ils les voyaient eux, et on ne s’inquiétait pas les uns les autres dans ce travail. Il raconte aussi qu’on va avoir des canons qui lanceront des grappins pour enlever les fils de fer. On va en faire l’essai.
Nous repartons de Dickelbusch à la nuit tombante. Nous avions vu un moment auparavant, avant d’y arriver, des automobiles blanches portant des mitrailleuses ou petits canons mobiles que des fusiliers marins assis à l’arrière devaient faire manœuvrer.
Sur la route de Reninghelsh (Reningelst), nous rencontrons des groupes de soldats belges chargés de la réparation ou de l’arrangement des routes qui rentrent la journée terminée. Il fait un temps assez doux, mais pluvieux et neigeux. Heureusement la lune quoique cachée derrière les nuages, rend la nuit moins obscure. Deux autos veulent nous croiser, la route est étroite ; c’est en vain que pendant longtemps elles « (…) » (?)
En in de compte on les oblige à s’arrêter, à faire descendre les blessés ou éclopés pour faire place. Un général, peut (être ?) le général du 16e Corps Grossetti, fait entendre qu’il a des ordres pressants à porter et qu’il doit passer. On lui fait place et les voitures se rangent comme elles peuvent sur le bord de la route trop étroite. Les éclopés remontent en voiture et on repart. Nous suivons derrière les voitures. A Reninghelsh, on dépose les blessés à une ambulance et on part vers Vandenbusch. Il pleut et neige à la fois. Il est 7 heures environ lorsque nous sommes rentrés. Nous mangeons notre souper qui n’est pas encore refroidi ou qu’on a conservé chaud. D’autres brancardiers de l’escouade vont à leur tour aux blessés.
Un de l’escouade est allé dans la journée à Bailleul à bicyclette et en rapporte 6 poules, du beurre, des gâteaux. Evidemment c’est pour fêter Noël, car nous allons avoir notre Noël.
Jeudi 24 décembre 1914 VANDENBUSCH
[…]
Le soir, je fus de faction sur la route à l’entrée de la ferme de 4 à 6 heures. Il faisait un beau clair de lune. Le ciel était étoilé, le temps frais, il gelait. Sur la route, je me mis à faire les cent pas. Des convois, des cavaliers passaient, me demandant parfois un renseignement. Là, je me pris à rêver au pays, à ma famille, à ma paroisse. Je regardais ce ciel rempli d’étoiles, cette lune que, à cette heure, à 8 ou 900 kilomètres, les miens pouvaient aussi contempler. (…), j’égrenais mon chapelet et fredonnais quelques cantiques de Noël.
Relevé par un camarade, j’allais souper à mon tour. Je lus ma correspondance assez nombreuse ce soir là. Je prêtais mon aide pour l’arrangement du lieu où devait se célébrer la messe de minuit. On se coucha 1 ou 2 heures. A minuit, l’on se réunit dans la grange où entre 2 meules de paille ou de foin se dressait le petit autel de campagne. En arrière de l’autel se placèrent les civils et les soldats. La «chorale» grimpa par une échelle sur la paille, où de cette tribune improvisée, elle fit entendre ses chants qui furent d’ailleurs bien réussis : chant du Minuit, chant par une belle voix ; d’autres cantiques (…)
L’aumônier célèbre la messe que l’on chante. On reste pendant les trois messes. Seuls nos officiers sortent après la 1ère messe. Le bon exemple ne vient pas de nos chefs, pour la piété au moins, il est triste de le constater. Il leur tarde probablement de goûter le fameux réveillon qu’ils se sont faits préparer.
[…]
Extrait du 2e carnet de guerre d’un brancardier de la 16e Section d’Infirmiers Militaires, prêtre du diocèse de Rodez
Cordialement
Eric
Cordialement
Eric ABADIE
Eric ABADIE
Re: 16e section d'infirmiers militaires
bonsoir Eric
merci pour ces nouveaux témoignages ..... De l 'eau jusque 'au genou ,voir meme jusqu 'au epaule , en plein hiver....Comment endurer cela...Comment ont ils fait pour tenir...
Je passe le réveillon dans la maison d'evariste , cyprien chancel ,et naturellement en lisant votre message , je pense à lui et à ses deux autres freres decedes en 1914 et 1916
merci encore eric pour vos retranscriptions de ce précieux carnet
cordialement
corinne
ps :bonnes fétes de fin d'année
merci pour ces nouveaux témoignages ..... De l 'eau jusque 'au genou ,voir meme jusqu 'au epaule , en plein hiver....Comment endurer cela...Comment ont ils fait pour tenir...
Je passe le réveillon dans la maison d'evariste , cyprien chancel ,et naturellement en lisant votre message , je pense à lui et à ses deux autres freres decedes en 1914 et 1916
merci encore eric pour vos retranscriptions de ce précieux carnet
cordialement
corinne
ps :bonnes fétes de fin d'année
corinne
- martinez renaud
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Re: 16e section d'infirmiers militaires
Bonsoir Eric
Merci encore pour ces lignes poignantes
Joyeux Noël à vous et à Corinne (aux autres aussi, bien sûr !)
Amicalement
Renaud
Merci encore pour ces lignes poignantes
Joyeux Noël à vous et à Corinne (aux autres aussi, bien sûr !)
Amicalement
Renaud
Gloire aux 53ème et 253ème RI
Re: 16e section d'infirmiers militaires
Bonsoir Corinne, bonsoir Renaud, bonsoir à tous,
Mardi 29 décembre 1914 VANDENBUSCH
Messe à 5 heures ½. Le petit autel portatif a été changé de place. La nuit, la pluie poussée par le vent pénétrait et tombait dans le galetas qui nous sert de chapelle. Le coin opposé est plus abrité. C’est là qu’on célèbre.
A 1 heures du soir, on nous conduit à Reninghelst pour prendre des douches. Oui, des douches, mêmes à la guerre. On appréhende un peu cette corvée ; cette opération, car on se dit que l’installation doit être plus que sommaire. Nous nous trompions. En effet, on ne pouvait guère désirer une meilleure installation. L’appartement est bien chauffé et la douche était à point. On n’aurait pas cru que, de l’intérieur d’une brasserie on put faire une salle de bains. Ceux qui y entraient, sortaient enchantés et se promettaient bien d’y revenir, quand on nous y conduirait à nouveau. Ce n’était pas besoin que l’on se nettoyait la « morne » ( ?) après avoir si souvent couché sur la paille, le foin, où n’importe où.
A 8 heures du soir, je pars pour la relève des blessés. Nous partons 8 brancardiers et (… ?) voitures. On passe à La Clytte, Dickelbusch. Il fait clair de lune et beau temps. Après Dickelbusch, rencontre du 342e qui va aux tranchées faire la relève. A peine, nous a-t-il dépassés de quelques centaines de mètres, on entend siffler et éclater un puis deux fusants dans la direction du carrefour du café français, à l’intersection des routes qui conduisent à Ypres et à Vermezale (Voormezele). Nous tournons à droite vers Cruysstraate (Kruistraathoek ?). Des trous énormes encadrent la route de chaque côté. Le croisement des voitures est pénible. Pendant 2 ou 3 fois, la voiture s’enfonce et menace de verser. Nous aidons à la tenir. Moments pénibles. A Cruysstraate, nous tournons à droite sur Wystraate (Vierstraat). A 1 km on s’arrête. L’aumônier, le P. Launas, qui nous accompagne, croit que le poste du 15e est là. Mais depuis sa dernière visite, il a changé. Il est à 7 ou 800 mètres plus loin. Nous y allons, l’aumônier, un autre et moi. Les voitures attendent. L’aumônier nous montre un château à 200 m. environ de la route et qui a été bombardé tout le jour. Derrière se trouve la ferme où il a célébré la messe de minuit devant 200 soldats en armes, car on s’attendait à une attaque. […]
Au poste du 15e il y a 2 blessés. Nous allons prendre la petite voiture qui nous a suivi. On les charge. Pendant qu’on fait ce travail, une balle siffle à notre droite, à 100 m. environ. C’est une balle perdue. En repartant, nous entendons encore siffler et éclater vers le dangereux carrefour deux autres fusants. Un troisième dont on voit la lueur éclate plus près, sur Cruysstraate, semble-t-il. Ce n’est pas rassurant. On part tout de même et à pied, car les chemins sont mauvais et les voitures pouvaient verser. Nous ne sommes pas inquiétés, mais seulement retardés par des convois de régiments. A Dickelbusch, le major et les quatre autres brancardiers qui sont allés visiter les autres postes nous attendent. On repart, par Houderdom et Reninghelst où on dépose des blessés à la 6e Ambulance. A 2 h. nous rentrons au cantonnement où on prend avec plaisir un peu de repos.
Extrait du 2e carnet de guerre d’un brancardier de la 16e Section d’Infirmiers Militaires, prêtre du diocèse de Rodez
Cordialement
Eric
Mardi 29 décembre 1914 VANDENBUSCH
Messe à 5 heures ½. Le petit autel portatif a été changé de place. La nuit, la pluie poussée par le vent pénétrait et tombait dans le galetas qui nous sert de chapelle. Le coin opposé est plus abrité. C’est là qu’on célèbre.
A 1 heures du soir, on nous conduit à Reninghelst pour prendre des douches. Oui, des douches, mêmes à la guerre. On appréhende un peu cette corvée ; cette opération, car on se dit que l’installation doit être plus que sommaire. Nous nous trompions. En effet, on ne pouvait guère désirer une meilleure installation. L’appartement est bien chauffé et la douche était à point. On n’aurait pas cru que, de l’intérieur d’une brasserie on put faire une salle de bains. Ceux qui y entraient, sortaient enchantés et se promettaient bien d’y revenir, quand on nous y conduirait à nouveau. Ce n’était pas besoin que l’on se nettoyait la « morne » ( ?) après avoir si souvent couché sur la paille, le foin, où n’importe où.
A 8 heures du soir, je pars pour la relève des blessés. Nous partons 8 brancardiers et (… ?) voitures. On passe à La Clytte, Dickelbusch. Il fait clair de lune et beau temps. Après Dickelbusch, rencontre du 342e qui va aux tranchées faire la relève. A peine, nous a-t-il dépassés de quelques centaines de mètres, on entend siffler et éclater un puis deux fusants dans la direction du carrefour du café français, à l’intersection des routes qui conduisent à Ypres et à Vermezale (Voormezele). Nous tournons à droite vers Cruysstraate (Kruistraathoek ?). Des trous énormes encadrent la route de chaque côté. Le croisement des voitures est pénible. Pendant 2 ou 3 fois, la voiture s’enfonce et menace de verser. Nous aidons à la tenir. Moments pénibles. A Cruysstraate, nous tournons à droite sur Wystraate (Vierstraat). A 1 km on s’arrête. L’aumônier, le P. Launas, qui nous accompagne, croit que le poste du 15e est là. Mais depuis sa dernière visite, il a changé. Il est à 7 ou 800 mètres plus loin. Nous y allons, l’aumônier, un autre et moi. Les voitures attendent. L’aumônier nous montre un château à 200 m. environ de la route et qui a été bombardé tout le jour. Derrière se trouve la ferme où il a célébré la messe de minuit devant 200 soldats en armes, car on s’attendait à une attaque. […]
Au poste du 15e il y a 2 blessés. Nous allons prendre la petite voiture qui nous a suivi. On les charge. Pendant qu’on fait ce travail, une balle siffle à notre droite, à 100 m. environ. C’est une balle perdue. En repartant, nous entendons encore siffler et éclater vers le dangereux carrefour deux autres fusants. Un troisième dont on voit la lueur éclate plus près, sur Cruysstraate, semble-t-il. Ce n’est pas rassurant. On part tout de même et à pied, car les chemins sont mauvais et les voitures pouvaient verser. Nous ne sommes pas inquiétés, mais seulement retardés par des convois de régiments. A Dickelbusch, le major et les quatre autres brancardiers qui sont allés visiter les autres postes nous attendent. On repart, par Houderdom et Reninghelst où on dépose des blessés à la 6e Ambulance. A 2 h. nous rentrons au cantonnement où on prend avec plaisir un peu de repos.
Extrait du 2e carnet de guerre d’un brancardier de la 16e Section d’Infirmiers Militaires, prêtre du diocèse de Rodez
Cordialement
Eric
Cordialement
Eric ABADIE
Eric ABADIE
- martinez renaud
- Messages : 1462
- Inscription : lun. mai 16, 2005 2:00 am
Re: 16e section d'infirmiers militaires
Bonsoir Eric,
Ce carnet est décidément une mine d'or. En effet, je fais de nombreuses recherches sur les soldats du 16ème Corps et sur leur fin au combat. aucun historique, aucun JMO ne donne avec autant de précision certains emplacements.
Merci encore pour cette mine d'or
Joyeuses fêtes
Amicalement
Renaud
Ce carnet est décidément une mine d'or. En effet, je fais de nombreuses recherches sur les soldats du 16ème Corps et sur leur fin au combat. aucun historique, aucun JMO ne donne avec autant de précision certains emplacements.
Merci encore pour cette mine d'or
Joyeuses fêtes
Amicalement
Renaud
Gloire aux 53ème et 253ème RI
Re: 16e section d'infirmiers militaires
bonsoir eric et renaud
je suis du meme avis que Renaud, vraiment il aurait été dommage que vous ne vous lanciez pas dans la retranscription de ces precieux carnets
merci encore
joyeuses fetes
amicalement
corinne
je suis du meme avis que Renaud, vraiment il aurait été dommage que vous ne vous lanciez pas dans la retranscription de ces precieux carnets
merci encore
joyeuses fetes
amicalement
corinne
corinne
Re: 16e section d'infirmiers militaires
Bonne et heureuse année à vous Corinne et Renaud mais aussi bien entendu à tous,
1915
5ème mois de guerre
Vendredi 1er janvier : VANDENBUSCH
1915!!! A notre départ, celui d'entre nous qui aurait dit qu'à cette époque nous serions encore en guerre, aurait été traité de fou. Celui-là ne serait pas fou et la guerre dure encore. Que nous réserve cette nouvelle année ! La Victoire, la Paix, la joie du retour ? Il faut bien l'espérer ! Qui vivra verra.
Extrait du 2e carnet de guerre d’un brancardier de la 16e Section d’Infirmiers Militaires, prêtre du diocèse de Rodez
Cordialement
Eric
1915
5ème mois de guerre
Vendredi 1er janvier : VANDENBUSCH
1915!!! A notre départ, celui d'entre nous qui aurait dit qu'à cette époque nous serions encore en guerre, aurait été traité de fou. Celui-là ne serait pas fou et la guerre dure encore. Que nous réserve cette nouvelle année ! La Victoire, la Paix, la joie du retour ? Il faut bien l'espérer ! Qui vivra verra.
Extrait du 2e carnet de guerre d’un brancardier de la 16e Section d’Infirmiers Militaires, prêtre du diocèse de Rodez
Cordialement
Eric
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Eric ABADIE
Eric ABADIE
- martinez renaud
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Re: 16e section d'infirmiers militaires
Bonjour Eric
Dire qu'il lui reste encore presque 4 ans de guerre !
Amicalement
Renaud
Dire qu'il lui reste encore presque 4 ans de guerre !
Amicalement
Renaud
Gloire aux 53ème et 253ème RI