Un petit texte péché dans la Presse Médicale du mois d'avril 1915:
Moyen pratique pour éviter dans la mesure du possible l'infection des plaies
Par le dr Eynard
de Marseille
La teinture d'iode, le pansement individuel sont un moyen préventif très efficace, mais encore faut-il l'employer d'une façon utile.
Or, si vous appliquer la teinture d'iode sur une parti du corps plus ou moins souillée, plus souvent plus que moins, vous désinfectez la partie superficielle, tandis que les couches profondes de crasse continuent à cultiver une quantité énorme le micro-organismes, agents d'infection, agents du tétanos, qui ne demandent qu'à se propager par la porte ouverte faite par la blessure.
Le pansement aseptique sera aussitôt souillé si vous l'appliquez avec des mains sales, recouvertes de terre, de poudre, de graisse, que sais-je encore, dont il est impossible de se préserver sur le champ de bataille et même en dehors.
Les moyens de fortune qu'il faut employer en temps de guerre m'ont amené à me servir d'un produit que l'on trouve partout, même tout près du front, et qui doit pater en partie aux inconvénients que je signale plus haut. Il est à recommander aux blessés et à tous ceux qui donnent les premiers soins et même les soins ultérieurs.
Rien n'est plus facile, en effet, que de se procurer de l'essence de pétrole : autos, aéros sont partout ; des dépôts se trouvent à chaque ravitaillement.
Lavez vous les mains avec l'essence, vous les aurez aussitôt propres, presque aseptiques ; lavez largement autour de la plaie avec cette même essence, vous enlèverez plusieurs couches de crasse, même sur des tissus qui paraissent propres : appliquez ensuite la teinture d'iode et le pansement aseptique et vous éviterez bon nombre d'infection secondaires.
L'essence n'est pas irritante ni pour la peau, ni pour la blessure : une expérience de plus de cinq mois sur le pourtour de larges blessures et sur les mains, plusieurs fois par jour, ne m'a occasionné aucun désagrément : l'essence n'est pas irritante.
Un inconvénient (je le signale que pour mémoire ) : l'odeur désagréable. Il est secondaire.
Une autre précaution à prendre : ne pas s'en servir devant une flamme pour éviter tout accident.
Je l'ai employé en remplacement de l'éther dont j'avais coutume de me servir. Mais je la trouve préférable : moins volatile, moins dangereuse, moins chère.
Quel meilleur décrasseur aseptique, laissant la peau sèche (condition essentielle pour que l'iode agisse efficacement ) ?
L'essence est donc appelée à rendre les grands services.
NB de même que pour la teinture d'iode ne pas abuser de l'essence pour ne pas brûler la peau ou l'irriter. Si les pourtours de la plaie sont rouges , ou légèrement enflammés, excoriés, employer soit la pommade de Reclus, ou mieux une pommade contenant :
Résorcine à 10
Oxyde de zinc à 10
Vaseline 100
Recommander aussi dans les formations de la 1er ligne ou de la 2e ligne de laver avec l'essence et avec soin non seulement les pourtours de la plaie , mais aussi loin que possible. Pour une jambe, par exemple, ne pas craindre de décrasser depuis l'aine jusqu'aux ongles de pied
Que de blessés dont un lavage restreint et souvent trop superficiel ont eu des complications qu'on aurait pu éviter.
Je ne saurais argumenter la valeur aseptique de ce type de lavage, c'est loin de mon domaine de compétence, mais a la guerre comme a la guerre, il me semble que de l'eau javellisée rend et à rendu de plus grand service, il est vrai que l'on aussi l'inconvénient de l'odeur, et que les moteurs rotatifs des aéros, a ma connaissance ne fonctionnent pasà la Javel ...
